INES

Je m'étais appliqué. Parce que je me disais qu'elle devait probablement beaucoup m'en vouloir, d'ailleurs, elle m'avait même plus réellement adressé la parole depuis la dernière fois. Voyez, moi, j'avais beaucoup culpabilisé, parce que j'en étais venu à refuser de lui faire un massage, et elle, elle avait cru que je l'aimais pas trop. Enfin, quelque chose du genre, je m'en souvenais plus trop bien de toute façon, parce que j'avais une mémoire sélective et que celle ci préférait bien souvent éliminer de ma tête les moments gênants (et autant vous dire qu'il ne restait parfois pas grand chose dedans, du coup). Mais je comptais bien me faire pardonner, oui, parce qu'elle n'avait pas mérité ça, et que je voulais lui prouver que je l'aimais bien moi. Je vois pas pourquoi je l'aimerais pas Inès de toute façon, c'est pas comme si elle était l'une des candidates les plus dérangeantes au sein du nid, enfin, moi je la vis plutôt bien sa présence. Du coup, j'avais demandé à deux, trois candidats pour savoir si ils pouvaient me dire où la jeune femme se trouvait, et c'est vers l'un des transat de la piscine que l'on me redirigea. Elle était là, allongée, profitant probablement de ce moment pour se reposer. Enfin, elle avait les yeux ouverts, c'était déjà ça. Timidement, je m'étais donc approché d'elle, sortant les mains de mon dos pour lui tendre une fleur en origami. « Je... c'est pour me faire pardonner... » avais-je lâché d'une petite voix en rougissant. Bon, c'était un peu ridicule, mais c'était le geste qui comptait non ? Et puis elle était très belle ma fleur ! C'était une rose, et je l'avais même peinte en rouge...

Oui, cela faisait maintenant deux petites semaines que toute cette histoire me travaillait. Parce qu'Inès devait probablement croire que je ne l'aimais pas. De toute façon c'était toujours comme ça que ça se passait, les gens comprenaient toujours tout ce que je disais de travers. Il faut dire que je n'étais pas non plus la personne la plus douée en expression orale, j'étais même carrément maladroit lorsque l'on y repensait. Mais je ne pouvais hélas pas changer qui j'étais, et ce même avec tous les efforts du monde. Je m'étais donc appliqué à faire une fleur en origami. Et sans vouloir me vanter, j'avais toujours été plutôt doué pour ce genre de choses. De toute façon tout ce qui touchait manuellement à l'art, j'arrivais à peu près à maitriser. Enfin, par contre, il ne fallait pas me demander de monter un meuble aussi quelconque soit-il. Oui, parce que c'était pas trop mon truc le bricolage, aussi beau soit-il. Enfin bref, lui remettant la fleur, la candidate avait fini par s'asseoir, avant de finalement prendre la parole. « Qu’est ce que tu as fait ? Ce n’est pas mes vêtements n’est ce pas ? Ou mes chaussures. S’il te plait, pas les chaussures. » me mordant la lèvre inférieure, je me demandais un court instant si elle ne se fichait pas un peu de ma figure -parce que je commençais à avoir l'habitude, vu que certains autres candidats s'y amusaient- avant de finalement en déduire qu'elle n'arrivait pas à mettre d'image sur mes excuses. « Euh non... tu sais, c'est pour l'histoire du massage... et tout... enfin, je voulais pas que tu penses que je t'aimais pas trop, ou quoi... » oui parce que c'était pas du tout ça. Et puis tout de même, y'avait une autre petite remarque que je ne pouvais m'empêcher de retenir « Et elles doivent être drôlement jolies tes chaussures, pour que tu les aimes autant. » un sourire s'esquissa finalement sur mes lèvres. Moi j'y connaissais pas grand chose en chaussures de femmes. Il y avait les chaussures plates, les bottes et les talons. Et puis voilà, hm.