Zoran & Danaé
#5

C’est officiel. Je suis considérée comme la plus grosse salope de l’aventure depuis que Monroe a eu la gentillesse de montrer des images peu catholiques de Zoran en ma compagnie. La chroniqueuse n’a pas hésité une seule seconde à m’insulter devant le monde entier avant de me descendre en flèche pour bien me faire comprendre que cette image allait me coller à la peau jusqu’à la fin de l’émission. Sympathique. Autant vous dire que du coup je ne suis pas vraiment dans mon assiette. J’ai peur de ce que l’extérieur va penser de moi. J’ai peur de ce que mes proches vont pouvoir penser de moi. Je n’ai pas envie que cela affecte mon petit bout lorsqu’il sera plus grand. Je n’ai pas non plus envie que son père fasse tout et n’importe quoi pour me qualifier de mauvaise mère et m’en retirer la garde ou un truc dans le genre. J’aurais peut-être du réfléchir avant de me laisser embobiner par Zoran et ses baisers fougueux. En plus tous les autres candidats n’arrêtent pas d’en parler et même de m’en parler. J’ai l’impression d’être devenu le sujet de conservation numéro un de tout un tas d’individus que finalement je ne connais pas tant que ça. J’ai honte. Un petit peu. Du coup je passe la plupart de mon temps toute seule dans mon coin à essayer de me faire oublier. Alors que tout le monde est en train de faire je ne sais quoi et surtout je ne sais où, moi je reste immobile, les pieds dans l’eau à attendre bien sagement que quelqu’un d’autre fasse quelque chose de plus sale qui fera oublier la petite gâterie que j’ai offerte à Zoran la semaine précédente. Je suis perdu dans mes pensées et je n’entends même pas que quelqu’un entre et s’approche de moi. De toute façon, je n’ai pas envie de parler alors autant que je fasse comme si je n’avais rien vu, ni entendu.

Alors que je suis assise bien sagement au bord de la piscine en train d’essayer de me relaxer en prenant un petit bain de pieds, voilà que deux bras puissants viennent s’enrouler tout autour de mon cou, sans trop serrer bien évidemment, et que des lèvres viennent déposer un baiser sur l’une de mes joues. Je suis plutôt surprise sur le moment, mais je ne tarde pas à lever très légèrement les yeux et apercevoir la silhouette de Zoran. Cela me fait plaisir, mais me gêne aussi d’un côté. Je me force à sourire alors qu’il prend la parole. « T'étais où ? Je t'ai pas vue de la semaine. » Comme c’est bizarre. Il n’a pas pensé un seul instant que je n’avais peut-être pas envie de le voir. Pas maintenant. Pas cette semaine. Cependant je n’arrive pas vraiment à me montrer distante envers lui maintenant qu’il se trouve à mes côtés. Je hausse les épaules et vient répondre d’une toute petite voix : « Je ne suis pas vraiment en forme. » Rien de plus. Je ne veux pas m’étendre trop sur le sujet. Alors que je crois qu’il va partir et me laisser tranquille, il approche sa bouche mon oreille pour l’effleurer de ses lèvres et me murmurer un petit quelque chose : « Tu m'avais manqué. » Je lui ai manqué ou bien ce sont mes petites gâteries qui lui ont manqués ? Je ne sais pas vraiment comment je dois prendre la chose. La dernière fois qu’il m’a murmuré quelques mots à l’oreille je me suis retrouvé en train de lui faire une fellation pour le plus grand bonheur de Monroe et des téléspectateurs qui peuvent à présent dire du mal de moi. J’ai comme l’impression de savoir où il veut en venir et je n’ai pas envie de devenir sa prostituée de service ou un truc dans l’genre. Je ne bouge pas, mais vient murmurer quelques mots en baissant la tête : « Je n’en ai pas envie là. » Je préfère le mettre au parfum dès le départ plutôt que de me laisser embobiner par ses murmures et ses baisers. J’ai pas envie que ça dérape encore une fois. Pas aujourd’hui.

J’essaye de ne pas trop lui montrer qu’il y a un petit quelque chose qui me chagrine alors je lui lance un petit sourire tout en espérant qu’il va simplement se laisser glisser dans l’eau, faire quelques longueurs et puis enfin partir, mais … non. Il reste assit à côté de moi et approche même ses lèvres de moi pour me murmurer quelques petit mots et … non. Non je ne compte pas me laisser embobiner par ses belles paroles et finir par me faire insulter de tous les noms d’oiseaux par Monroe. Si monsieur a des envies sexuelles il utilise sa main droite et puis c’est tout. Il semble un petit peu contrarié par ce que je lui dis là puisqu’il enlève sa main de ses épaules et pose sa tête dans ses mains. « J- » Je ne sais pas ce qu’il compte me dire, mais j’espère seulement qu’il n’est pas aussi violent que Pavel parce que j’ai pas envie de me retrouver avec une claque dans la figure juste parce que je refuse de devenir son esclave sexuel. Il se redresse légèrement. « J'ai fait quelque chose de mal ? » Bien évidemment que non il n’a rien fait de mal. Enfin, je ne sais pas vraiment pour être franche. Peut-être bien que si vu que tout le monde me dit de me méfier de lui ou encore me raconte que ce que nous avons fait ce n’est pas très bien. « Non. » que je me contente de dire d’une toute petite voix. Joignant le geste à la parole je secoue la tête de gauche à droite pour accentuer cette négation avant de pousser un soupir et de m’éloigner, un tout petit peu, de lui. « C’est juste que … » Je ne sais pas trop si je dois lui en parler. Peut-être qu’il ne partage pas le même avis que moi ? Je suis certaine qu’il ne partage pas le même avis que moi en fait alors du coup j’ai un petit peu peur qu’il me prenne pour une idiote de réagir comme ça. « En fait, tout le monde a tout vu. » que je termine par dire quand même en baissant brièvement la tête pour ne pas avoir à croiser son regard.

Voilà que j’en arrive enfin à évoquer le sujet de mon mal-être depuis quelques jours. Depuis le dernier prime pour être un petit peu plus précise. J’ai comme l’impression que j’aurais mieux fait de rester silencieuse et de ne parler de rien du tout. Je le vois secouer sa tête de haut en bas et je me demande bien ce qu’il peut penser de tout ça lui. Je ne tarde pas à avoir ma réponse. « Si tu fais allusion à ce qu'on a fait la dernière fois, y a pas de quoi avoir honte. La plupart qui se sont permis d'ouvrir leur gueule sont justes jaloux de n'avoir rien d'autre que leur main droite pour se procurer du plaisir. Y a rien de honteux dans le fait d'avoir des relations sexuelles, Danaé. On est humains, c'est tout à fait normal. » Il a peut-être pas tort. En fait ce n’est pas vraiment que les gens puissent voir ce que nous avons fait qui me dérange le plus, c’est que tout le monde me donne des noms d’oiseaux à vomir alors que je suis certaine que je ne suis pas la première et encore moins la dernière à faire ce genre de chose. Je relève très légèrement la tête pour l’écouter, mais je n’ose pas encore le regarder. « Si tu prêtes attention à ce qu'ils disent à chaque fois, tu ne vivras jamais sereinement. » Là aussi il n’a peut-être pas tort. Je ne sais pas trop quoi répondre alors je commence à jouer avec la surface de l’eau du bout de mes petits petons. Le silence est un petit pesant et je décide donc de le briser pour me sentir, peut-être, un petit peu plus à l’aise en sa compagnie. « Pourquoi personne n’a insulté Kinga quand elle a couché avec Pavel ? » Et au bout de quelques jours à peine s’il vous plait. C’est une question comme les autres. Une question avec une réponse qui va peut-être me faire retrouver le sourire. Je n’en sais rien. En tout cas j’ai bien besoin de rire là, mais la seule chose que je pense à faire c’est … « En tout cas, j’suis désolé. » Ouai je m’excuse. Pourquoi ? Beh après tout lui aussi il passe pour un idiot ou pour je ne sais quoi d’autre d’ailleurs, même s’il a l’air de plutôt bien le vivre, et tout ça à cause mes fabuleuses idées. En tout cas c’est terminé, plus jamais de la vie je viendrais faire une gâterie à un jeune homme. Ils peuvent tous aller se brosser.

C’est idiot de ce mettre dans des états pareils pour une simple histoire de fellation et d’insultes devant des centaines de millions de personnes. Ce n’est pas parce que j’ai voulu faire joujou avec le pénis de Zoran que je dois me laisser traiter de tous les noms d’oiseaux, mais je ne comprends pas vraiment pourquoi tout le monde s’acharne de la sorte sur ma petite personne. Je ne suis franchement pas très à l’aise en compagnie de Zoran là, mais plus les minutes passent et plus j’arrive à prendre sur moi et à me relaxer. J’en viens alors à poser une question un petit peu étrange à laquelle mon interlocuteur a une réponse déjà toute faite. « On n'a pas insulté Kinga lorsqu'elle s'est tapé Pavel, parce qu'avant même qu'elle ne laisse ce gros dégueu la fourrer, elle avait déjà écopé de la réputation de salope. » Ce n’est pas faux, mais je fais quand même une petite moue. Ce n’est pas très gentil pour Kinga de dire cela tout de même, mais je ne dis rien de plus. Je me contente de hausser les épaules et de passer sur un tout autre sujet. Je viens m’excuser sans donne aucune précision. « Tu ne m'as rien fait.. ? » Oh là il se trompe. « Beh avec toute cette histoire tu risques de passer pour un goujat ou un truc dans l’genre alors que … ce n’est pas le cas. » que je viens lui confier d’une toute petite voix en baissant la tête. Je laisse passer quelques instants avant de finir par reprendre ma place de début, tout près de lui. Ma tête vient se poser contre son épaule et je ferme les yeux. « On la base sur quoi notre relation ? » C’est une question qui n’est peut-être pas très importante pour lui, mais j’ai bien envie de savoir comment je dois me comporter lorsque je me trouve en sa compagnie. Au moins tout le monde sera fixé et plus personne ne pourra jamais plus m’insulter de salope ou de je ne sais quoi d’autre. Sans bouger la tête, je lève très légèrement les yeux vers son visage pour observer sa réaction.