22/10~ 23H00

Ah, ça fait quand même un bien fou de.. déposer le bilan, couler un bronze, libérer Mike Tyson, déposer les enfants à la piscine. Enfin, de chier quoi. Une fois mon affaire finie, je tire la chasse d'eau, vaporise les lieux d'un spray qui ne fera qu'étouffer cette odeur nauséabonde, puis finis par quitter le cabinet, prenant soin de refermer la porte derrière moi. J'aurais aussi bien pu me contenter de tout laisser comme ça, mais je suis un garçon propre. Si je n'ai aucun mal à chier en présence d'un tiers, je suis en revanche assez manique pour nettoyer toute trace de mon passage. Ainsi, alors que j'arrive au lavabo où je me lave aussitôt les mains avec du savon, je constate la présence d'un être tellement cher à mes yeux ! Ce fameux Pavel. Mon meilleur ami dans l'aventure. Mon âme-sœur, mon confrère. Ah que je l'aime ce petit pakistanais avec ses cheveux gras et son bouc dégueulasse. Il est tellement sexy que j'en banderais presque. Je sifflote en rinçant le savon que j'ai sur les doigts puis finis par fermer le robinet. J'espère qu'il passera juste derrière moi et qu'il s'étouffera à cause de l'odeur. Faut dire que je me suis lâché. « Wouh, y en a un qui a lâché une bombe dedans, j'te conseille pas d'y aller. », que je dis sur un ton tout à fait ironique. Ce n'est pas comme si je ne connaissais pas le coupable. « Quoi que tu dois être habitué.. Ça ne doit pas forcément sentir très bon dans ton bidonville, hein ? » Et le geste vient s'ajouter à la parole puisque je grimace doucement pour témoigner de ma compassion. Hahaha, je suis trop marrant. Je me kiffe.

Ce Pavel, là, je ne peux pas le supporter. Je suis sûr que même sa propre mère, lorsqu'elle l'a mis au monde, a dû regretter de ne pas l'avoir avalé. Franchement, un gosse aussi immonde et énervant, de surcroit, ça ne se garde pas. Les gens comme lui, faudrait les enfermer dans des cages, les foutre dans un centre d'élevage pour chiens. Parce que pour aboyer, là, il ne pose pas de problème. Enfin, je lui déconseille de pénétrer les chiottes, parce que ça fouette vachement là-dedans. Ah, vraiment, le petit malin qui est passé avant ne s'est pas gêné, hein. « T'es dans ton élément ici, c'est là que tu dors d'ailleurs, non ? » Ha, ha, ha. Je fais semblant de rire avant de lever les yeux au ciel. « Ne confonds pas MON toit et le TIEN, s'il te plait. » Depuis quand j'ai une tête à coucher dehors, moi ? C'est lui le paki, le clodo, le mec aux cheveux gras dans l'histoire. D'ailleurs, j'évoque LE sujet qui fâche, apparemment. « Oh, t'as de la chance que je sois sous le coup d'un avertissement connard. » J'arque un sourcil, puis les mains encore trempées, je viens lui éclabousser de l'eau au visage. « Tu crois que tu me fais peur, crétin ? » Je me suis déjà mesuré à beaucoup plus grand, ce n'est pas un type pareil qui va me faire fuir. Puis, faut qu'il arrête de se prendre pour un parrain de la mafia, le mec, il est à peine plus épais que moi. Enfin, je soupire, et attrape la serviette accrochée au mur pour me sécher les mains, tout en reprenant mes sifflotements.

« Okay t'sais quoi, je crois que je peux pas rivaliser avec tant d'immaturité et de bassesse. » Je l'avoue, je suis un gamin. Mais, je ne m'en suis jamais caché, en fait. Je crois même l'avoir clamé depuis le tout début. En même temps, j'ai vingt-trois piges, ce n'est pas comme si j'allais sur mes trente ans. Je m'amuse, ne me prends pas au sérieux et ignore les "mots doux" que l'on peut tenir sur mon compte. Je hausse les épaules pour lui montrer combien je me fous de tout ce qu'il peut bien déblatérer. Il est inintéressant.  Puis, ce n'est vraiment pas un mec de son genre qui va me faire chier dans mon froc. « T'es pas le premier à me dire ça... », qu'il balance, plus hautain que jamais. Je ne peux me contenir de rire plus longtemps. Je le regarde de la tête aux pieds avant de glousser à nouveau. « Tu crois quoi, p'tit con ? Que j'sais pas me battre ? T'as même pas de couilles, tu te laisses pousser les cheveux comme une meuf. » Puis, je soupire, avant de me diriger vers la sortie. Je me tourne une dernière fois vers lui et renchéris:  « Jebem ti mater, popuši mi kurac. » C'est une manie chez moi, j'ai beaucoup plus de facilités à insulter les gens dans ma langue natale plutôt qu'en Anglais. Normal, me direz-vous. Ainsi, donc, je lui tourne le dos, brandis mon majeur en l'air et le laisse s'étouffer, seul, dans l'odeur de ma merde. Haha, qu'il est con de rester là, à renifler les traces laissées de mon passage. De toute façon, il n'est bon qu'à ça. Vivre dans la merde. Je suis sûr que c'est en lien avec son secret : "Je suis le fils d'une putain de scatophile".

TERMINE POUR ZORAN