C’est toujours la même rengaine. Je me lève super tard donc je prends mon petit-déjeuner super tard aussi et puis je n’ai pas faim à midi, mais un petit peu plus tard et je mange n’importe quoi parce que plus personne n’est là pour me faire un bon plat de pâte, ou quelque chose dans le genre, et que j’ai la flemme de cuisiner rien que pour moi toute seule. Au final je vais encore manger une tranche de pain avec du jambon et un yaourt nature. Ce n’est pas franchement appétissants tout ça, mais au moins je ne prends pas un gramme. Bon je vais très certainement avoir super faim pour le goûter et je vais bouffer comme une ogresse, mais du coup le soir je n’aurais plus faim, je vais uniquement manger un yaourt ou un fruit et puis tout va recommencer pareil le lendemain. C’est un cercle vicieux. Un cercle vicieux dans lequel je ne prends pas un seul gramme et ça c’est plutôt cool. Mon ventre gronde quand même assez fort là donc du coup je prends la direction de la cuisine pour avaler mon fameux yaourt nature. Vu l’heure j’pense que je vais être toute seule, mais … non. Pavel est là. D’ailleurs il cesse toute activité quand je rentre et m’observe durant quatre ou cinq secondes. J’dois bien admettre que c’est quand même assez flippant. Je ne le calcule même pas et m’approche du frigo pour l’ouvrir et regarder ce qu’il cache dans son ventre tout froid. Pas grand-chose. Y’a plus de jambon et les seuls yaourts qui restent sont au chocolat, un truc qui fait grossir quoi. « Dis, tu me passes un couteau s'te plait ? » Ah, il me parle lui maintenant. En plus il le fait avec un minimum de politesse. J’suis certaine qu’il a de la fièvre ou un truc comme ça. En tout cas je ne suis pas méchante alors je ferme le réfrigérateur, j’ouvre le tiroir qui se trouve à côté et au moment où j’attrape un couteau, le monsieur aux cheveux longs reprends la parole : « Bon par contre t'avise pas d'en profiter pour me poignarder avec, hein. J'peux tout à fait comprendre que je t'inspire des pensées meurtrières mais de là à commettre un homicide à la vue de tous... » Au moins il sait que je n’ai pas envie d’être très tendre avec lui et ça c’est plutôt pas mal. J’agrippe un couteau et referme le tiroir d’un petit coup de bassin tout en me tournant vers lui et lui tendant le couvert, lame en avant. Je sais que ça ne se fait pas, mais s’il se taille un petit peu je dois bien avouer que je m’en fiche royalement. Puis de toute façon, Pavel c’est un gros dur, il ne va rien sentir. « Tiens. » que je dis en lui adressant un petit sourire presque hypocrite. Mes yeux viennent se heurter à l’image du saucisson qui se trouve devant lui. « T’apprendras que je préfère la torture à la mort, j’trouve ça bien plus jouissif. Cependant j’suis prête à abandonner toute envie de torture à ton égard si tu veux bien me filer un bout de saucisson et une tranche de pain. » C’est plus calorique que le chocolat, mais c’est tellement bon que je ne peux pas y résister. Histoire d’être certaine qu’il m’en coupe un petit bout, je lui adresse mon plus beau sourire.

Pavel et moi avons une relation assez conflictuelle depuis le début de l’aventure. Il a commencé par me traiter de pot de peinture avant de me demander de coucher avec lui puis tout s’est terminé lorsqu’il m’a qualifié de suceuse, chose que je suis pour un grand nombre de personnes étant donné que j’ai offert une petite gâterie à Zoran devant les caméras. Autant dire que je ne porte pas le garçon aux cheveux longs dans mon cœur. Ce n’est pas que je l’aime pas parce que je suis certaine qu’on peut faire de grandes choses lui et moi, on le dirait pas comme ça, mais je suis aussi démoniaque que lui, c’est juste qu’il ne me donne pas les moyens de lui prouver que je ne suis pas qu’une vulgaire petite blonde fine comme un fil de fer et qui taille des pipes dans tous les recoins du château. Surtout qu’il fait genre que je le dégoûte, mais la première fois qu’on s’est embrassé il n’avait pas l’air d’avoir envie de vomir vu la façon dont il a passé son temps à me tripoter comme un vieux pervers. Enfin là il n’est pas question de baiser ou de quoi que ce soit, mais uniquement de lui passer un couteau. Je le fais parce que je ne suis pas aussi vilaine que ce qu’il peut penser, mais je ne le fais pas vraiment gentiment. Lame en avant je suis en train de prier intérieurement pour qu’il se taille ou un petit truc dans l’genre, mais il fait bien attention et ne s’égratigne même pas. Nul. Trop nul. On parle de torture et de mort. Je lui dis que moi j’trouve plus jouissif de voir les gens souffrir que de les tuer sur le champ, d’une pauvre balle entre les deux yeux. Je ne sais pas trop ce qu’il pense de tout ça, mais je ne veux pas le savoir. Seul le saucisson qui se trouve devant lui à de l’importance à mes yeux. Je lui en demande une rondelle avec une tranche de pain. Il est obligé de s’exécuter. C’est un petit peu comme me rendre le service que je viens de lui rendre. Je l’observe en me demandant ce qu’il va bien faire. Il est en train de tailler une rondelle de saucisson et … coupe une tranche de pain pour me tendre le tout. Un sourire vient naître sur mes lèvres. « Madame est servie. Et avec ça ? Tu désires peut-être que je te décroche la lune, aussi. » Je ne lui en demande pas tant , mais c’est une idée. Machinalement je regarde le plafond. Il peut au moins essayer de me décrocher l’ampoule qui se trouve sur le deuxième sport en partant de la gauche, celui où il n’y a pas de plan de travail juste en dessous et qui donc va lui donner du fil à retordre. J’ai bien envie de lui demander, mais je me contente de hausser les épaules. « Un bouquet de fleur, demain matin, à mes côtés lors de mon réveil fera l’affaire. » J’suis pas trop chiante comme nana je sais. Mon sourire se veut volontaire un petit peu plus provocateur. Je le prends pour un idiot. Je sais qu’il ne va pas le faire. Il n’est pas assez gentleman pour ça. Zoran le ferait lui. Même si notre relation est purement sexuelle. « Vas-y mollo quand même, si tu veux pouvoir entrer dans la robe que t'as prévu pour dimanche. » Ou pas. J’avale mon morceau de saucisson et ma tranche de pain en un temps record comme une véritable femme des neiges. J’parle même la bouche pleine. « Au pire, j’irais au prime à poil. » Un petit air vicieux sur le visage, je tends mon bras vers son sandwich pour lui piquer une rondelle de charcuterie qu’il vient de poser sur le pain. J’ai un petit peu de mal parce qu’il est quand même assez loin alors du coup je m’allonge presque sur le plan de travail en croyant que je vais gagner quelques centimètres comme ça. « De toute façon ce ne sont pas deux vulgaires tranches de saucisson qui vont avoir raison de ma taille de guêpe. » Oui je suis tout à fait sérieuse en disant cela.

C’est plutôt étrange de discuter avec Pavel sans s’envoyer des vannes douteuses en plein figure. Enfin, sans que monsieur ne décide m’envoyer des vannes douteuses en pleine figure. C’est même trop beau pour être vrai. Je ne vais pas aller jusqu’à dire que j’ai l’impression d’être dans un rêve, mais presque. Il me demande un couteau, je le lui donne. Je lui demande une rondelle de saucisson ainsi qu’une tranche de pain et monsieur s’exécute. Je sais que j’ai peut-être tendance à me méfier de tout, mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il est peut-être en train de faire ça par intérêt. J’vous jure que s’il vient une nouvelle fois à me demander de lui tailler une pipe, j’accepte et à la place je lui coupe la queue d’un bon coup de hachoir. Il va voir de quel bois je me chauffe celui-là. Enfin pour le moment je suis loin de lui trancher le pénis d’un coup de hachoir puisque nous parlons de petites fleurs. Oui, je veux qu’il m’apporte un bouquet de fleur demain matin, à mon réveil. C’est stupide ? Je sais, mais après tout c’est lui qui me demande si je veux autre chose qu’une tranche de saucisson et un morceau de pain, alors j’en profite. « Des fleurs, très bien j'en prends note. Et mademoiselle désire-t-elle également que je lui amène la Tour Eiffel grandeur nature au pied de son lit ? » Je sens qu’il est en train de se foutre de ma gueule, mais ça tombe bien parce que je fais de même de mon côté. Non, mais sérieusement, ce n’est pas comme si Pavel allait réellement m’apporter des fleurs à mon réveil. C’est Pavel, pas un gentleman quoi. J’fais mine de réfléchir en levant brièvement les yeux vers le plafond. « J’te dirais bien que j’ai envie d’un petit-déjeuner au lit, mais j’ai peur que tu me réponde que tu vas cracher dans mon café et pisser dans mon jus d’orange donc du coup, j’crois que j’veux juste un bouquet de fleur en fait. » que je dis en haussant les épaules et en lui souriant comme pourrait le faire une gamine. Par la suite, je mange ma tranche de saucisson et mon morceau de pain avec une délicatesse qui ferait presque penser à celle d’une femme des cavernes. Il me provoque et je rentre dans son jeu, c’est tout. En plus j’aime bien jouer donc c’est plutôt amusant. Pavel fait des remarques sur mon poids et la robe que je veux enfiler pour dimanche, jour de prime. D’après lui si je mange trop de charcuterie alors je ne peux plus mettre ma tenue spéciale tapis rouge. Ce n’est pas grave. J’irais à poil. Ou pas. « Oh oui, excellente idée, ça devrait beaucoup plaire à Zoran ça. » Et voilà que Zoran revient sur le devant de la scène. J’observe mon camarade tout en arquant un sourcil et en lui montrant ma tête de blasé de la vie. « Pourquoi t’en reviens encore à Zoran ? » Je marque une courte pause. « J’suis certaine que y’a pas qu’à lui que ça pourrait plaire en plus. » Parce que moi je suis persuadé que le petit Pavel il serait bien content de pouvoir m’admirer en tenue d’Eve alors il n’a pas besoin de parler hein. Je profite d’un moment d’inattention de la part du jeune homme pour venir lui piquer une rondelle de saucisson. « Hey mais vas-y te gêne pas surtout ! » Ah beh non, ce n’était pas vraiment un moment d’inattention en fait. Je me dépêche de fourrer le saucisson dans ma bouche tout en lui jetant un regard amusé. Je n’ai franchement pas l’air fine en étant à moitié allongé sur le plan de travail. Je m’attends à vraiment tout de la part de Pavel, sauf à ce qu’il ne vienne planter son regard dans le mien pour me demander : « Ose me dire que t'as pas pris le moindre gramme depuis que t'es entrée dans ce nid. » Je n’ose plus bouger. Il me fait un petit peu peur quand même. Je remue ma tête de gauche à droite. « Pas un seul. » que je dis en levant les bras, paumes de mains dans sa direction. Je suis certaine qu’il ne va pas me croire, alors que pourtant c’est la vérité, et je dois bien avouer que je suis curieuse de savoir ce qu’il va me faire puisque j’ose lui dire que je n’ai pas pris le moindre gramme depuis le début de l’aventure.

« Le jour où tu me verras débarquer avec des fleurs, j'pense que j'aurai plus toute ma tête et qu'il faudra sérieusement songer à m'interner. » Après tout c’est Pavel. Lorsqu’il dit ces mots je ne peux pas m’empêcher d’esquisser un tout petit sourire. « N’empêche que ça me ferait plaisir de te voir débarquer avec un bouquet de fleur rien que pour moi. » J’hausse les épaules. Je ne mens pas. Ça fait toujours plaisir de se voir offrir un bouquet. Si ça se trouve il fait le gros dur, mais en réalité c’est un tendre. Je suis certaine qu’il a déjà, au moins une fois dans sa vie, eu la gentillesse d’offrir des fleurs à une femme, que ce soit sa mère ou une nana quelconque afin de pouvoir la mettre dans son pied. C’est bien connu de toute façon, les fleurs ça fait chavirer le cœur de n’importe quelle femme. Après c’est certains que je ne vais pas aller jusqu’à dire que Pavel est le genre de mec à jouer les grands séducteurs à chaque fois qu’il a envie de tirer un coup, mais j’suis sûre qu’il est capable de le faire. La preuve, il peut être gentil par moment puisqu’il vient me donner un bon de saucisson et une tranche de pain comme je le lui demande. Il me fait des remarques sur mon poids et sur la tenue que j’ai envie de porter lors du prochain prime. J’évoque le fait que je peux y aller entièrement nue et Pavel parle du fait que cela va plaire à Zoran. Je ne sais pas pourquoi il est tout le temps en train de me parler de Zoran, mais c’est assez pénible. « Détente, c'était même pas méchant c'que j'ai dit, tsss. » Peut-être bien, mais il n’a pas besoin de tout le temps faire allusion à Zoran lorsqu’il me parle. Je le provoque un petit peu en évoquant le fait que cela ne va pas plaire qu’au beau brun. « Oui bah c'est sûr que je m'en plaindrais pas moi non plus. » Exactement ce que je veux entendre. D’ailleurs un petit sourire satisfait et espiègle vient se dessiner sur mes lèvres. « De toute façon, Zoran, il n’a pas besoin d’attendre le prime pour me voir en tenue d’Eve. » Ce n’est pas comme s’il avait déjà eu, deux fois, l’occasion de vivre un petit moment intime en ma compagnie hein. Alors que je vole un bout de saucisson à mon interlocuteur, ce dernier vient encore me questionner sur mon poids. Non je n’ai pas pris un seul gramme. Il ne me croit pas. « Vraiment ? Et t'as une preuve de ce que tu avances ? Parce que bon c'est un peu facile, je ne connais pas ton poids d'origine, ni ton poids actuel... t'es peut-être tout simplement entrain de mentir, et moi, je devrais te croire c'est ça ? » Je l’observe tout en arquant un sourcil. Le pauvre devient complètement dingue. Je reste silencieuse un instant. Il n’a pas besoin de monter sur ses grands chevaux. Je suis presque sûre qu’il fait ça pour que je lui propose de regarder ou de toucher mon corps de déesse. Il peut se mettre le doigt dans l’œil là. Je me redresse, histoire de ne plus être couché sur le plan de travail. « Poids de départ, 52 kilos. Poids actuel, 50 kilos. Arrête de me chercher des défauts, je n’en ai aucun. Je suis tout simplement parfaite et ça tu devras bien l’admettre un jour ou l’autre. » que je dis sur un ton confiant tout en ponctuant ma tirade en venant heurter son torse de mon index accusateur.