Elle m'en veut. J'en suis certain, à présent. Elle m'évite, elle me fuie. C'en est presque risible. Ce n'était qu'un baiser. Un baiser, un seul baiser. Depuis, elle ne m'accorde plus un regard. Peut-être que c'est mieux ainsi en fin de compte. Au final, j'ai opté pour l'indifférence totale. Je m'enfonce alors dans une profonde léthargie dans laquelle je fais abstraction de toute inconvenance. J'en oublie Judith pour le coup. Et c'est tant mieux. Elle ne m'adressera sans doute plus jamais la parole. Ainsi, je m'isole et je demeure distant, le reste de la semaine. Je fais semblant de ne pas la voir, je bifurque de chemin quand je la croise sur ma route. Je continuerai jusqu'à ce qu'elle m'oublie. Elle m'oubliera. Elle finira par le faire. Je me porterai mieux et je cesserai de me prendre la tête pour cette bêtise de ma part. Elle ne me le pardonnera jamais. Et je crois c'est ce qui me bouleverse le plus dans cette histoire. Je passe pour le pire des goujats alors que cela n'a jamais été mon intention. Ce qui est fait est fait désormais. Il y a comme un goût d'inachevé. Je ne saurai pas expliquer pourquoi. J'encombre mon esprit de futilités. Je ne fais que de tourner en rond. Il faut que cela cesse. Je m'effondre sur le canapé du salon, dépité. Elle ne le me pardonnera jamais, que je me répète inlassablement. Je renverse la tête en arrière et effleure d'un geste machinal la cime de mon front, massant les tempes pour évacuer la migraine qui est en train d'envahir peu à peu mon crâne. Le livre toujours ouvert sur mes genoux, je tourne les pages et me replonge dans ma lecture, confus et excédé. Mes paupières se ferment doucement. Je somnole quelques instants avant d'ouvrir abruptement les yeux. Il se fait tard. Mon regard se brouille tandis que je me lève et m'avance vers la sortie. J'ai hoquet de surprise, tombant nez à nez avec la ricaine. Elle est sur le point de faire demi-tour quand je la saisis par le poignet. Elle me tourne volontairement le dos. Je soupire. C'est ridicule. - Je t'en prie. Ne pars pas., dis-je en resserrant mon étreinte. Les pensées s'embrouillent. Je ne suis plus en mesure de dire quoique ce soit. Le silence, corrosif et insipide, s'installe. - Judith. , que je lui murmure. Je la tiens enfin, je ne lâche plus. C'est terminé. Jouons carte sur table. Ma patience a des limites. Elle vient de les atteindre. Je ne ressens aucun ressentiment à son égard. Je suis déçu de sa conduite envers moi. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai voulu m'excuser. Elle n'a rien voulu entendre. Je souffle : - Je m'excuse. Je n'aurai pas du. C'était totalement inapproprié. Je suis sincère. Je ne sais pas ce qui m'a pris, ce jour-là. Ce n'est pas mon genre de faire cela. J'ai beaucoup de respect pour elle. En l'embrassant, j'ai enfreins une des mes principes, c'est-à-dire ne jamais convoiter la femme d'un autre.

J'ai passé ma semaine en slalome. Je l'ai évité sciemment, j'ai le droit non ? Je crois oui, je n'en sais rien. Je sais que c'est pas forcément cool pour lui parce qu'en réalité il n'a rien fait de mal et surtout je ne lui en veux pas le moins du monde. Mais je n'y peux rien dès que je vois son visage je fais demi tour, dès que je sens son odeur je change de pièce, dès que j'entends sa voix je change une fois de plus de pièce parce que je ne veux surtout pas me retrouver dans la même pièce que lui et pire encore seule avec lui. Y a un truc dans ma poitrine qui se serre à cette idée et qui se serre encore à chaque fois que je le vois ou que j'ai connaissance de sa présence. Je déteste ça et je commence donc à culpabiliser, ça me ronge de plus en plus. C'est une horreur, je me dis que si je l'évite assez longtemps je vais juste finir par ne plus ressentir cette chose, que je vais juste oublier cet événement isolé. Mais le problème c'est qu'il me manque. Oui je sais c'est stupide, mais on passe beaucoup de temps ensemble enfin habituellement et là je dois dire que nos petites discutions, moi qui parle trop de ma vie, le thé, les tartes et la musique ça me manque mais peut être moins que le simple son de sa voix. Et ça aussi ça me fait culpabiliser encore plus. Je suis sûre qu'il pense que je lui en veut, ce qui n'est pas le cas. Je devrais peut être aller lui parler, aller le trouver. Non, non, non. Je souffle, je tourne en rond dans ma chambre et j'ai le cœur lourd trop lourd. J'expulse l'air de mes poumons dans un soupire long et douloureux. Allongé sur mon lit, un livre à la main, mes lunettes sur le bout du nez. J'observe le plafond et étire mes jambes vers celui-ci, avant de me laisser tomber de manière nonchalante sur le plat du matelas. Faut que je me bouge, que j'aille végéter ailleurs histoire d'avoir l'impression d'avancer dans cet espèce de sable mouvement qui m'entoure depuis quelques jours. Mais bon je crois que le truc c'est pas trop d’agité alors je vais pas aller trop loin non plus. Je passe une main lasse dans mes cheveux défait et traîne mes pieds nus vers le salon, mon livre à la main. Je le percute, angoisse et tente un demi tour. Sauf qu'il m'attrape par le poignet et dos à lui je mordille ma lèvre inférieur en signe de résignation. - Judith. Oui je sais, je sais. Je me tourne vers lui, je ne vais pas lui offrir mon dos comme seul interlocuteur. - Je m'excuse. Je n'aurai pas du. C'était totalement inapproprié.  Comme je le pensais il pense que je lui en veut. Et je rougis rien qu'en repensant à la situation. Je regarde le sol, je me sens stupide, je commence à enrouler mes doigts dans mes cheveux de manière hyper nerveuse. « Le problème c'est pas le baiser Orson. » Je dis n'osant pas rencontrer son regard. Mais je finis par le faire. « Le problème c'est … en faite le truc qui m'embête c'est juste que... tu vois ? » Non il voit pas, peut être parce que tu n'est pas du tout claire. « Le problème c'est que j'aurais aimé que ça dure plus longtemps, le problème c'est que j'ai aimé ce baiser. Et le problème plus mille c'est que je suis fiancé malgré nos problèmes. » Je dis rapidement jusqu'à en perdre haleine. Ça fait du bien trente seconde mais... après je me sens juste encore plus coupable de l'avoir dis à voix haute, devant les caméras.

Un fin sourire qui illumine son visage, des yeux noisettes empli de bienveillance et elle m'attendrit. Elle a ce je-ne-sais-quoi qui attire le regard et qui ne manque décemment pas de charme. Sa douceur me trouble, m'a toujours troublé pour une raison que je ne saisis pas encore. J'apprécie être en son compagnie. Rien ne me fait plus plaisir que de passer du temps avec elle. Notre entente était parfaite jusqu'à ce qu'un baiser vient gâcher le tout. C'est de ma faute, je l'avoue. Je n'ai pas été en mesure de me contrôler. Résultat : elle ne m'adresse plus la parole. Et cela dure depuis plus une semaine déjà. Je commence à trouver le temps long. Je ressens alors comme une sensation de manque. Ses sourires, son rire, sa voix. C'est difficile pour moi de l'admettre, mais elle me manque. J'aimerais retrouver ce que nous avions auparavant, avant que tout ceci n'arrive par ma faute. Je culpabilise trop peut-être et pour rien, qui sait. Surtout que je n'ai vraiment rien à me reprocher. Ce n'était qu'un baiser. Un baiser qui est censé de ne rien vouloir dire. En vérité, ce n'est réellement pas le cas. Je ne regrette pas. Non, je ne regrette rien. Pour le coup, je me sens bête et je m'en veux encore plus. Elle s'est effacée dans mon paysage et je n'ai rien fait pour améliorer les choses. Je les ai laissé telles qu'elles. Je sais faire preuve de patience, si je le veux. Je ne cesse d'y penser à ce baiser. Ce qui vire presque à l'obsession. Je ne souhaite plus y penser. Je veux oublier, c'est décidé. Hélas, ce soir n'est pas le bon soir pour cela puisque le hasard a voulu que nos chemins se croisent. Je reste là, hébété. J'en perds quasiment les mots tellement que la rencontre a été inattendue. Je commence à perdre espoir de toute rédemption. Je profite de sa présence pour lui faire mes excuses les plus sincères. Je conçois parfaitement que ce baiser était déplacé et irrespectueux vis-à-vis du statut de l'américaine. Elle est fiancée et je l'ai su dès notre première rencontre. J'ai peur qu'elle se méprenne sur mes intentions. Judith prend la parole pour m'expliquer les raisons de son éloignement. Elle tente une première explication. Elle développe et met l'accent sur le fait qu'elle a apprécié le baiser. Qu'elle aurait aimé que je le prolonge. Ce qui me fait légèrement sourire, malgré moi alors que je ne devrais pas. C'est mal, c'est inapproprié. Quand je l'entends dire le mot "fiancé", mon cœur se serre un peu. Je fronce les sourcils, la dévisage et soupire. Il faut résoudre ce problème et au plus vite. - Cela ne se reproduira plus. Je te le promets., que j'affirme d'un ton que je veux convaincant, même si le cœur n'y est pas. Gêné, je reporte mon regard sur le mur d'en face. Des pensées m'assaillent et je les chasse de mon esprit tourmenté. Je la regarde à nouveau, plongeant mes prunelles dans les siennes. Je suis à court de mots et cela ne m'arrive que très rarement. Les idées s'embrouillent dans ma tête. - Vaut mieux qu'on ne se voit plus pour le moment. Ça faciliterait les choses pour toi. Pour nous, de surcroît. Tout ce qui compte pour moi à présent, c'est son bien-être. Je ne tiens pas ce qu'elle se sente mal à l'aise à cause de moi. Je choisis de faire profil bas. Je ne veux pas me mettre en travers du couple qu'elle forme avec son conjoint. Égoïstement, j'aurai préféré ne pas en arriver là. Et si je m'écoutais, j'aurai sûrement envie de l'embrasser encore une fois. Je reste résolument stoïque face à tout ceci, ne laissant transparaître aucune émotion.

Je ne pensais qu'en entrant dans cet endroit je finirais dans ce genre de situation. Bien que je sois au courant des problèmes qui détruisent mon couple depuis quelques années, je ne suis pas entrée ici pour roucouler tendrement avec quelqu'un. Non j'ai un but ici et ce genre de chose est très loin de ce que je cherche. Mais j'apprécie être à ses cotés, je parle librement tout me semble si simple ça en est totalement déconcertant. Et je dois dire que ces quelques jours loin lui on été compliqué. Ce qui est dingue parce que je vis loin de mon fiancé et ça fait des moins maintenant que je ne l'ai pas vu et là je fais tout un cinéma parce que je me suis éloigné d'un homme qui n'a fait que m'embrasser plus longuement qu'il était demandé. Mon esprit ne dort jamais, j'ai l'impression de ressasser tout ça de jour comme de nuit. Et avec les nominations d'hier je dois dire que ça fait vraiment beaucoup de choses à ruminer. Mais je suis quand même contente en un sens de tomber de manière fortuite sur sa personne. Oui ça me trouble, mais peut être que les choses pourraient redevenir comme avant. Ou pas ? Je dois dire qu'avec la possibilité d'un départ dimanche les choses me semble totalement différente. Je lui explique que je ne lui fais pas la tête, que je ne lui en veux pas pour le baiser... pas réellement en tout cas. Je sais que je devrais pas y accorder autant d'importance mais c'est comme ça que je fonctionne. - Cela ne se reproduira plus. Je te le promets. Je n'arrive pas à le croire, peut être parce que si j'étais dans le cas inverse et que c'était moi qui disait ses mots je n'y croirais pas du tout. Je me mords la lèvre inférieur totalement dépassé par cette situation, totalement déstabilisé au son de sa voix et à nos regards qui se font rapides mais intenses. Je ne dis plus rien pourtant j'aimerais dire tout un tas de choses, de plus je suis tellement bavarde habituellement que c'est réellement signe de problèmes. - Vaut mieux qu'on ne se voit plus pour le moment. Ça faciliterait les choses pour toi. Pour moi ? Ou pour lui ? Je sais c'est moi dans l'histoire qui porte cette fameuse bague à laquelle je m'accroche comme si elle était tout ce qu'il me restait de cette relation qui à déjà implosé. Comme un débris auquel je m'attache de peur de finir par couler. « Ce n'est pas ce que veux. » J'articule difficilement. Mais qu'est-ce que je veux alors ? Je n'en sais rien. « Je … j'aime bien passer du temps avec toi Orson, j'ai pas aimé t'éviter... je crois pas que soit une bonne solution. » Mais je n'en ai pas de bonne solution, aucune. « Ce n'était pas si grave... » Si ça l'était, bien entendu que c'est important. Pour moi ça l'est en tout cas. « De toute manière il ne m'aime plus... » Je marmonne distraite plus pour moi-même en réalité. Et puis comme si c'était excusable ? Peut être bien, en réalité je m'accroche et je ne devrais peut être pas. Je devrais laisser tomber parce que ça me fait plus de mal que de bien. Mais je crois que je suis pas prête à laisser derrière moi cinq ans de vie de couple parfaite si on compte que les trois premières années. « On peut essayé de mettre ça derrière nous ? » Je n'en suis pas convaincu mais peut être que si on essaye, si j'essaye peut être que ça marchera, parce que je ne veux pas devoir l'éviter encore surtout s'il me reste que quelques jours ici j'aimerais vraiment passer le plus de temps possible avec les gens que j'apprécie ici. Et bien entendu il en fait parti. Je le regarde peu certaine de moi. En réalité je n'ai pas vraiment envie d'oublier et de toute manière je ne crois pas en être capable. Mais comme il dit ça ne se reproduira plus.