EIBHLIN

Bon. Je crois, je crois que j’ai un peu trop bu…Je dis ça parce que je ne marche pas très droit. C’est que ça tangue vachement, alors que je suis même pas sur un bateau. Enfin je crois, attendez. Un coup d’œil à gauche, un à droite. Nope, je suis pas sur une barque au milieu de l’étang. Par contre je suis pas très sur de savoir où je suis en fait. Merde, le chemin du château, c’est où ? Pourquoi ils ne flèchent pas le parcours. Avec de gros écriteaux clignotants pour qu’on retrouve nos quartiers. Baaaah tant pis. Je pousse finalement une porte. Oooh un temple. La tronche de Cupidon, partout. Surtout une grande statue là, dans le centre. « Bah alors Cupidon, on dit plus bonsoir ? C’est malpoli tu sais. » Il me regarde mais ne réponds pas. « Oh je vois, tu fais ton timide…Faut pas tu sais. » Je me rapproche, et grimpe sur l’autel. « T’sais que t’es mignon toi ? Regardes moi ces petites joues joufflues…Hm on les croquerait. » Je dépose un bisou sur la pierre froide. Sur sa joue. « B’soir mon chou » Je passe une main dans ma poche. Oh, mais…mais oui, c’est un marqueur. Je sais pas ce qu’il fou là, mais çe me donne des idées. « Attends, je vais te refaire une petite beauté tu vas voir, un vrai canon après. » Et je commence à gribouiller sur sa figure. Je lui fais des moustaches. C’est alors que j’entends un bruit derrière moi. Je me retourne d’un coup. « Qui va là ? Tention je suis armé » Que je dis en tendant mon marqueur en avant, tel une arme. Je plisse des yeux, tentant d'apercevoir une silhouette.

Eibhlin n’arrive pas à dormir. Bah attendez, imaginez, elle ne dort plus dans la tente avec Donia. C’est tout, c’est fini. Et même si elle retrouve son lit avec plaisir, elle n’en est pas moins triste de s’éloigner d’elle. Elle s’en branle de ce qu’on a dit d’elle au prime concernant sa tentative. Ou si on a vraiment dit quelque chose, elle n’en sait rien, puisqu’elle n’y était pas. Bref. Après avoir quinze fois le tour du château, elle décide d’aller faire un tour dehors pour se griller une cigarette. Ses pas la guide instinctivement vers le temple de Cupidon vers lequel elle se dirige assez régulièrement. Elle est en pyjama, couvert pas un manteau court en fausse fourrure un bonnet péruvien piqué près de ses affaires et d’un jogging pour recouvrir ses jambes nues. Elle n’a pas ses patins, non, elle est pieds nus. Quand elle arrive dans le temple, elle tombe sur un Lewis complètement à l’ouest et encore, dire ça est un doux euphémisme. Mais ce n’est pas tout. Il est là, tenant un marqueur dans sa main, tandis qu’à côté de lui, se tient une statue de Cupidon souillé de coup de marqueur, bien évidement. Les yeux d’Eibhlin s’arrondissent. Et rapidement, elle court vers lui. Il est dingue ce mec ! Il n’a pas peur de se faire frapper lui – bon d’accord elle ne peut pas… - et quel irrespect envers Cupidon, c’est ouf ! Elle s’en branle largement qui ai une « arme » ou non. Une fois arrivée devant lui, elle le tire pour le faire descendre de l’autel et de la statue déjà taguée de ridicules moustaches et autres trucs de gamins. « PUTAIN, MAIS T'ES CON ! Pourquoi t’as fais ça ! T’as d’la chance que j’peux pas te frapper ! » Qu’elle dit en le poussant en arrière. Elle a bien remarqué qu’il puait l’alcool. « Et puis ça y est, tu révèle ton alcoolisme ! T’as pris des cours avec Betty ? » Qu’elle dit en fronçant les sourcils, et une grimace de dégout sur le visage. « Pourquoi tu t’es bourré la gueule ? » Comme si elle en avait quelque chose réellement à faire.

Je brandis mon marqueur, tel une arme. Qui va la ? Qui ose venir me perturber dans mon antre ? Bon c’est l’antre de Cupidon certes… Puis soudainement, t’as Eibhlin qui apparaît dans mon champ de vision. Elle me laisse pas le temps de faire quoi que ce soit, qu’elle m’attrape et m’éloigne de la statue de Cupidon. Elle nous joue les femmes outrées. Genre on peut jouer avec de la nourriture, mais pas dessiner une moustache à Cucu. Faut dire que c’est son cupipi hein. Soit disant la chouchoute. Alors elle se montre protectrice. « Rho ça va hein ! Miss nichons coups triples, t’va pas me faire croire que tu t’es jamais bourrée la gueule. » Alors on se calme. « J’ai juste pris quelques verres avec Zozo, on faisait un jeu…et voilà. » Si on a même plus le droit de boire de temps en temps, où va le monde ? « Puis regardes, je l’ai amélioré ton Cupipi ! Cupipi 2.0, il en jette. Ne nies pas, il est beaucoup plus beau maintenant ! » Qu’elle ouvre les yeux. « T’es une fille bizarre, t’sais ? Tu devrais penser à investir dans des chaussures. Si t’es trop pauvre, on peut organiser une collecte pour t’aider. On trouvera, t’inquiètes. » Oui parce que là elle se balade pieds nus, c’est trop chelou. Genre elle ne peut mettre que des rollers, sinon rien. Elle doit souvent se blesser ses petits petons. Parce que bon y a une raison si le commun des mortes se déplace avec des chaussures, c’est pas juste pour faire joli. Ça protège les pieds. Je range mon marqueur dans ma poche, et me couche sur un des bancs. « Tu penses qu’il ressemble à quoi Cupidon en vrai ? Tu crois que quelqu’un l’à déjà vu ? Ou peut être que c’est une voix généré par ordinateur. Moi je m'imagine un vieux bedonnant, avec une moustache. » Je me le suis toujours demandé. Qui se cache derrière cette voix ?

« Et si je te dis que non, jamais de ma vie je m’suis bourrée la gueule ! » Faux. Ca lui est arrivé même trop souvent. « En fait si ! Mais moi j’tiens le coup ! J’suis un bonhomme ! » Quel dit avec une grimace. Contrairement à lui qui a dû être déjà bien beurré dès le deuxième verre. Ce qui l’énerve vraiment, c’est qu’il ne reste pas le lieu, pas qu’il soit bourré. Merde, sur le coup elle a l’air d’être une vieille mégère qui gueule sur un jeune. La honte. Du coup elle s’abstient de lui demander le jeu auquel il a joué, préférant croiser les bras et s’éloigner de lui. Non, mais il est dingue. Il n’a absolument pas amélioré Cupidon, puisqu’il est déjà parfait ! « Il est dégelasse comme ça ! DE-GEU-LASSE ! Tu vas voir toi, quand tu dormiras, moi aussi j’vais t’faire de sales moustaches et de la merde ! » Qu’elle dit en secouant ses mains. « Là on pourra dire que tu seras mieux avec que sans ! » Ou comment dire à nouveau qu’il est moche, mais ça, ça lui avait un peu manqué. Il part après sur un sujet qui n’a rien à voir. Apparemment le fait qu’elle n’ait rien aux pieds le gêne. Putain, il fait une fixation sur ses pieds ou quoi ! « J’m’en branle d’être bizarre. Mais parles pas, toi tu devrais investir dans un cerveau et j’pense pas qu’on aurait assez d’une collecte pour t’aider ! » Qu’elle lance, le visage fermé, une mauvaise aura tournant autour d’elle. « Et putain, lâche moi avec mes pieds, ça va m’saouler là ! » Il vient seulement de la mettre en colère là, un truc monstre. D’ailleurs elle a cette moue énervée, avec ses sourcils tellement froncé qu’elle en aurait mal. C’est pas bon de l’énerver, mais on ne pourrait pas dire si c’est pire pour lui ou pour Eibhlin elle-même… Il revient sur Cupidon. Il ne peut pas le lâcher ? Ca aussi ça en devient chiant. « J’en sais rien, j’voudrais bien le savoir à quoi il ressemble ! » Qu’elle répond, toujours sur un ton sec. « Putain, mais t’arrêtes. J’suis sûr qu’il est trop mignon sous son image d’ange ! Pourquoi un gros et vieux ferait la voix d’un angelot ! T’es con ou tu l’fais exprès ? » Elle marque une pause, avant d’ajouter. « Putain ouai, on s’le demande si tu fais vraiment exprès d’être con ! »

« Je te répondrais que c’est pas bien de mentir ! » Parce que je n’y croirais pas une seule seconde qu’elle ne s’est jamais saoulée. Genre. On l’a tous au moins fait une fois dans sa vie de toute façon. Et je suis sur qu’elle, c’est plus d’une fois. « Bah je tiens le coup aussi ! Je te signale, que j’ai pas gerbé une seule fois. » Et que c’est pas deux verres que j’ai pris, houlalala non. J’ai même arrêté de tenir les comptes à un moment donné. Quelle rabat joie quand même. Venant d’elle en plus, qui l’eut cru. « Oh mais attends, je sais ce que c’est ton problème ! T’es vexée qu’on t'ais pas invité à notre petite soirée » Ouais voilà ça doit être ça je suis sur. Déjà la dernière fois comment elle a tenté de s’incruster dans notre petite fête privée entre mecs. Elle aurait aimé en faire parti là hein. Elle se serait surement plus amusée que s’emmerder toute seule. Elle gueule ensuite que mon Cupidon amélioré est dégueulasse. Elle en profite au passage pour attaquer mon physique. Bah tiens. Une journée passée sans qu’elle ne le critique, ce n’est pas une journée normale. « Tant qu’on se retrouve pas à se marier à Las Vegas après ! » Quoi ? C’est parfaitement logique dans mon esprit. Non mais je pense à Friends, Rachel et Ross, et voilà. Bref. « J’m’en branle d’être bizarre. Mais parles pas, toi tu devrais investir dans un cerveau et j’pense pas qu’on aurait assez d’une collecte pour t’aider ! » Haaan après le physique, l’intellect ! Elle est en forme ce soir. La pauvre en a marre que je lui parle de ses pieds. Ça va, c’est pas comme si je lui ai dis qu’elle avait des pieds moches. En plus je crois pas avoir fait de remarques auparavant, juste une curiosité concernant son mode de vie à se balader en roller. « Boouuuuh pauvre petite ! J’arrêterais peut être le jour ou tu laisseras ma gueule tranquille ! » A savoir, jamais donc. Je me couche ensuite sur le banc, et me pose des questions existentielles sur Cupidon. Forcément que je pense à lui, vu qu’on est quand même dans le temps de Cupidon. Et que tout autour de nous, nous le rappelle. La meuf s’énerve, alors que je cherche juste à savoir à quoi ressemble Cupipi. Sérieux elle a un problème. « Bordel, tu viens de te faire remballer une fois de plus par Donia ou quoi ? » Que je demande en me redressant. « T’es encore plus chiante qu’une mémé senile. » Voilou la comparaison. « J’aurais bien dit que t’avais tes règles, mais t’as pas dû encore atteindre la puberté pour ça » Bah ouais. « C’est toi qui aurait du boire, tu serais peut être plus drôle » Au lieu de nous la jouer rabat joie à mort.

Elle hausse les épaules. Eibhlin est une très bonne menteuse. Elle pourrait prétendre être plus sage qu’elle en a l’air. Sauf qu’elle n’aime pas mentir justement et qu’elle est assez cash pour ne rien regretter ni ne rien cacher. « Tu peux garder tes détails, j’en ai rien à branler... » Qu’il n’ait pas gerbé ou qu’il l’ait fait. Ca ne le regarde que lui. Accessoirement Zoran aussi, mais pas elle. Elle, elle est juste là pour constater sa connerie. Et non pour jouer la bonne copine qui écoute et qui, oui, regrette de ne pas avoir été invité… « J’men fout de votre soirée de gamins, ça m’intéresse pas ! » La dernière fois oui, elle aurait voulu être avec eux. Avant, elle se sentait un peu comme eux, mais ça, c’était avant. Antwon c’était le plus intéressant des trois n’empêche et c’est lui s’est barré en premier...  Si c’est pour juste se bourrer la gueule avec deux débilos et se retrouver à faire des choses aussi connes que dessiner sur les locaux gentiment prêté par Cupidon, ça ne sert à rien. Elle n’a pas la même conception de l’amusement. Alors oui, il l’a complètement dégueulassé. Mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose de parler à un mec bourré ? Non, pourtant elle lui répond toujours : « Qu’est-ce que tu m’parles de se marier à Las Vegas, ça n’a rien à voir ! Et puis plutôt crever que d’faire ça ! » Ouai, vraiment, sans exagération. Ce n’est comme baiser avec lui, non, pas moyen.  Elle chuchote un de ses fameux « putain » sans répondre plus, parce qu’il sait ce qu’elle en pense déjà de ça. Ce n’est franchement pas de sa faute à elle, s’il est moche comme un pou. Alors s’il veut continuer avec ses pieds, ok, mais pas qu’il la lance sur le sujet Donia. « Qu’est-ce que ça peut te faire, hein ! Pourquoi tu m’parles d’elle ! Laisse là en dehors de ça ! » Qu’elle dit en fronçant les sourcils. Faut vraiment pas qu’il la fasse chier avec ça non plus ! « Si ça te fais chier que j’sois là, tu peux te barrer, j’te retiens pas ! Moi j’suis venue ici pour être tranquille !» On dit toujours que c’est le gêné qui s’en va et autant elle est bien énervée, c’est lui qui a l’air de ne pas aimer son caractère là. Alors il continue en la comparant avec une mémé, qu’elle pouvait avoir ses règles, mais ce n’est pas possible à cause de la puberté, et patati et patata. Elle sert les dents, pour ne pas faire un truc qu’elle regrettera, parce que la seule chose qu’elle a envie de faire c’est de lui foutre un véritable pain dans sa gueule. « Putain, mais j’t’emmerde, va te faire foutre ! J’ai pas besoin d’avoir atteint la puberté pour te faire la misère ! T’as vraiment d’la chance que j’peux pas te foutre une grosse tarte dans la gueule.» Qu’elle dit tout en se levant, pointant un doigt menaçant vers lui, avant de s’éloigner un peu. Elle n’a franchement pas envie de se faire bannir à cause de ça et à cause de lui. Elle pince ses lèvres en regardant ailleurs. « J’ai pas franchement envie d’être drôle avec des débiles dans ton genre ! J'commeçais un peu à te supporter, mais j'crois que ça sera jamais possible !»

Elle s’en fou de notre soirée de gamins, c’est ça ouais. « J’avoue, tu préfères les passer toute seule. De toute façon, c’est pas comme si t’avais le choix, t’es tellement chiante, que personne veux de toi ! » J’sais pas pourquoi elle est si désagréable que ça avec moi ce soir, j’ai rien fait. Mais du coup je suis obligé de répliquer, je me laisse pas faire moi. Je parle de mariage à Vegas, je dévie un peu là, n’importe quoi. Mais je la rejoins bien, plutôt crever que ça arrive, on est d’accord. Je m’interroge sur les raisons de sa hargne ce soir, cette mauvaise humeur. Donia en serait elle la responsable ? La pauvre se serait faite jetée une fois de plus ? « Ce que ça peut me faire ? Bah que tu sois d’humeur massacrante, et que les pauvres innocents comme moi en paient les pots cassés. Mais j’y peux rien moi hein si tu t’es pas faite sautée ! Reporte pas ta frustration sur moi. » C’est fou ça. Puis elle veut que je me barre. « C’est toi la meuf enragée qui viens me gueuler dessus sans raisons, à peine que t’ais mit un pied ici je te signale ! Donc si ça te plait pas, libre à toi de te barrer. J’étais là le premier. » Elle est gonflée la fille. Je suis bien tranquille, c’est elle qui débarque, qui me prends la tête pour je ne sais quelle raison, et elle s’attend à ce que je me barre ? C’est quand même paradoxal, elle est soit disant venue pour être tranquille, mais depuis le début elle hurle comme une harpie. C’est pas l’attitude d’une personne qui veut le calme ça. Pas du tout. Y a plusieurs personnes dans sa tête ou quoi ? J’ai l’impression d’être le plus rationnel de nous deux, et pourtant je suis bourré. Voilà qu’elle continue a me crier dessus, se montrant vulgaire même. « Mais vas y, fou moi une tarte, je serais ravi ! Cupidon jartera peut être ton petit cul, et on aura enfin tous la paix ! » Et à nous les vacances yeaaaah ! En vrai je le pense pas, mais moi étant saoul, et elle supra énervante, bah voila. « Je suis peut être débile, mais au moins moi je suis pas une vieille mégère frustrée ! Y a pas une âme charitable qui veut te sauter à la fin ? On serait peut être tranquille ! » Que quelqu’un se dévoue pour notre bien être !

Elle ne répond rien, mais elle n'en pense pas moins. C'est clair qu'elle préfère passer la soirée seule que si mal accompagnée. Malgré tout, ça la blesse un peu de l'entendre dire ça. À moitié, parce que s'il dit ça, c'est qu'il est bourré. Elle aime croire qu'il ne dirait pas ça, qu'il ne serait pas aussi virulent, s'il était sobre. Elle sait pertinemment qu'elle est chiante, de là à dire que personne ne veut d'elle, c'est abusé. Même s'il s'est avéré que sa « chiantise » lui ait déjà joué de mauvais tours. Il continue. Il n'arrête pas. Selon lui son humeur « massacrante » serait dû au fait qu'elle ne se soit pas fait sauter. Qu'elle est frustrée. Mais c'est ouf, parce que ça n'a absolument rien à voir. C'est lui qui met ça sur le tapis alors que son humeur tient juste du fait qu'il dessiner comme ça, sur la tronche de Cupidon, sans la moindre honte. Mais non, il enfonce le clou avec encore et toujours l'idée que c'est Donia qui l'ai repoussé et elle, la frustrée de service. « Si j'suis d'humeur massacrante, c'est pas à cause de Donia, ni parce que j'baise pas... » Qu'elle dit, mauvaise. Sans s'étendre plus parce qu'elle n'a aucune envie de parler de ça avec lui. Surtout pas avec lui. « Sans raison ? Putain t'es culotté, mais un truc de dingue. Tu dégrades ce qui n'est pas à toi et en plus Cupidon quoi, et c'est sans raison pour toi ! » Sérieusement, l'alcool ne lui va pas. Il dit n'importe quoi et plus il dit n'importe, plus elle a envie de le frapper. Alors non, c'est sur qu'elle ne bougera pas, elle n'est pas si faible que ça. Elle pourra tellement le faire chier qu'il en dégagera vite fait, mais il semble si borné. Qu'elle en perd rapidement ses moyens. Qu'elle lui dit clairement qu'elle pourrait en devenir violente. Seulement, ça lui donne une occasion d'en rajouter une couche. Elle a l'impression que plus elle parlera, et plus il l'attaquera et moins elle aura de moyen pour se défendre. Parce qu'il dit qu'ils auront tous la paix sans elle et ça la pousse donc à vouloir paraître toujours gentille rien que pour l'emmerder... Elle ne sait pas quoi répondre. Elle le ferait bien, le frapper, mais ça serait jouer avec le feu. Bien qu'il rajoute de l'huile sur celui-ci et cette fois, les barrières d'Eibhlin craque. « Putain, mais arrête de remettre ça sur le compte de la baise ! Personne ne veut m'sauter, je l'sais bien ! Pas besoin de me remettre ça à la gueule encore et encore ! J'sais pertinemment que personne ne viendra m'toucher ici, c'est bon ! T'es heureux ? Hein ? Est-ce que moi j'te répète que la seule manière pour qu'une fille veuille bien baiser avec toi, c'est de te mettre un sac sur la tête pour ne plus voir ta sale gueule de demeuré ? Non, parce que putain j'en ai rien à branler ! J'confirme, j'suis qu'une vieille mégère frustrée ! Mais maintenant arrêtes avec ça ! » Qu'elle lance de là où elle est, c'est-à-dire assez loin de lui et tant mieux. Le problème, c'est que ça voix tremble quand elle dit ça et son accent irlandais est plus appuyé que d'habitude. C'est limite si elle n'a pas envie de chialer. « Putain ! » Elle se laisse glisser contre la parois la plus proche, les mains sur le visage. Elle se sent tellement conne de gueuler contre un mec tellement bourré que ce n'est même pas certain qu'il puisse retrouver le château tout seul. Mais c'est blessant quand même ce qu'il dit. Elle est plus sensible qu'elle voudrait le faire croire. Elle a un cœur elle aussi. Ca ne l'empêche pas d'être un sale garçon manqué irlandais certes, mais elle a des sentiments et l'idée que personne ne veuillent d'elle, ça fait flipper.

« Si j'suis d'humeur massacrante, c'est pas à cause de Donia, ni parce que j'baise pas... » Oh bah alors va falloir m’expliquer pour quoi c’est hein. Il doit quand même y avoir une raison à son comportement à la con. « Sans raison ? Putain t'es culotté, mais un truc de dingue. Tu dégrades ce qui n'est pas à toi et en plus Cupidon quoi, et c'est sans raison pour toi ! » Elle est encore sur ce truc de Cupidon ? Merde, elle va s’en remettre ou bien ? Moi c’est déjà oublié, je suis passé à autre chose. « Ah oui, parce que mademoiselle, elle peut dégueulasser une cuisine, jouer avec de la nourriture, gaspiller, mais par contre, dès qu’on touche à son précieux Cupidon, ohlalala mon dieu, on crie au scandale ! » Tout ceci est complètement absurde. « Ce que j’ai fais est tellement horrible en plus, mon dieu ! Je suis condamné à griller en enfer là. » Bouuuh, je ne vais plus oser me regarder dans une glace après. « Franchement, va falloir que tu m’expliques ce que t’as avec Cupidon. Tu fais une fixette. A croire que t’en es tombée amoureuse ! » Cela serait l’explication la plus rationnelle, voilà pourquoi on ne peut rien dire sur monsieur. Ou qu’elle s’est insurgée quand j’ai pu dire que c’était un vieux bedonnant. « Ou alors…C’est toi Cupidon ! C’est ça hein ! Bordel j’ai ton secret ! » Je sautille sur mon banc. Mais c’est que limite j’y crois en plus là. C’est comme si j’avais eu une illumination. En tout cas je reste persuadé que son problème, bah c’est qu’elle est frustrée de ne pas avoir baisé. D’être rejetée. C’est pour ça qu’elle est exécrable avec moi là. Elle passe sa frustration sur les autres. Je lui dis. Ça lui plait pas. « Bah oui ! C’est l’hopital qui se fou de la charité là ! Je te signale que t’adoooooooooores dire à quel point je suis laid, ou qu’aucune fille ne pourrait jamais être attiré par moi hein ! A vrai dire il se passe pas une p’tain de journée sans que quelqu’un trouve à redire sur mon physique ! A vous entendre j’ai la gueule de Frankenstein ! Alors allez tous vous faire foutre ! » Grognasse. En plus c’est elle qui a commencé alors qu’elle n’aille pas se plaindre. Je suis un gentil moi normalement.

« On a nettoyé après ! Tu compte le faire toi ? Non ! » Evidemment que non, il ne va pas nettoyer la statue, donc ce n’est en rien comparable. En plus il a participé à cette « bataille de nourriture » alors qu’il ne parle pas. Il est en train de tout mélanger, de se moquer, de saouler Eibhlin. Le pire c’est qu’en disant ça, il n’a pas l’air si bourré que ça. Il a un discourt plus lucide qu’il ne l’est lui-même. Bien qu’il ne l’exaspère, oui, réellement. Elle lève les yeux au ciel pendant qu’il parle. Ca devient gonflant. Qu’il exagère tout et qu’il dise n’importe quoi. Elle souffle. Amoureuse de Cupidon, n’importe quoi. Elle de répond et prie pour qu’il se taise un jour, mais non, il continue. Pire, il sort un truc, pour le coup ça la fait sourciller et réagir vivement, mais elle finit par faire une petite moue et à secouer sa tête de droit à gauche. Elle, Cupidon. C’est absurde. Elle pince ses lèvres. Elle ne répond rien mis à part un mouvement d’épaule. Elle ne dit rien non. Il a l’air carrément certain et c’est tellement énorme qu’elle envie de le conforter dans cette idée. Oui oui, c’est bien moi Cupidon, c’est pour ça que je me suis donnée la possibilité de dormir avec la nana de mon choix et donc Donia. Evidemment. Mais c’est n’importe quoi. À présent, elle est maintenant assise à terre. Une putain de larme qui coule le long de sa joue, alors qu’il retourne le truc de son côté. Genre, c’est de sa faute et il est le vilain petit canard du nid. Mais c’est lui qui a mit ça sur le tapis. Elle, elle ne parlait que de Cupidon jusque là et c’est lui qui parle d’attirance, de baise, de beauté. L’hôpital qui se fout de la charité, c’est trop gros pour lui. C’est bien lui qui vient de l’assommer avec quatre ou cinq en gros « t’es trop moche pour qu’on ait envie de te baiser » et c’est elle qui se fout de lui. Elle essuie son visage. Avant de lui répondre, parce qu’elle ne peut pas s’en empêcher : « Je ne t’ai jamais dis une seule fois qu’aucune fille ne pourrait vouloir de toi ! Arrêtes d’halluciner ! » En vérité elle ne sait pas si elle l’a dit ou non, mais sur le coup elle en est convaincu. « Et j’suis pas fautive pour les avis des autres ! S’il te trouve moche, c’est pas de ma faute ! » Bah non, c’est limite ça qu’il dit pourtant. « Mais toi oui, tu t’fais une joie d’me dire que personne n’voudra de moi et qu’avoir des relations avec moi ça serait une corvée. Putain, c’est blessant ! Mais ça doit t’faire jubiler hein… Donc ouai, j’vais aller me faire foutre et toi aussi, tu devrais ! » En gros, elle lui dit d’aller de faire foutre également. Ca ne fera que la quinze millionième fois. Il doit bien le savoir que c’est blessant lui, puisque apparemment on le lui dit tout les jours. Ca doit lui faire plaisir de lui dire ça à elle, pour se sentir moins laid pour quelques instants. Elle ramène ses genoux sur son ventre. « J’sais même pas pourquoi je continue à te parler. Faut croire que j’suis maso… » Elle se parle plus à elle qu’à lui, en fait.