Pavel & Danaé
#7

Je crois bien que je suis dans l’illégalité, mais je n’en suis pas sûre. Tout le monde sait que les candidats ont le droit d’apporter des photos de leurs proches pour pouvoir pleurer à chaudes larmes lorsqu’ils ont un petit coup de blues, mais je ne suis pas certaine qu’ils soient autorisés à apporter une clé usb pleine de photos et moi c’est ce que j’ai fait. J’ai dans mes affaires une petit clé usb toute rose qui est pleine à craquer de photos de mon fils et de ma famille en général, mais surtout de mon fils. J’avais presque oublié ce petit objet que j’avais apporté avec moi, mais je suis bien contente de le retrouver. Je vais pouvoir redécouvrir avec beaucoup d’émotions tous les clichés présentant mon poupon. Je n’ai pas vraiment envie de le faire dans ma chambre avec ma tablette où je ne sais quoi d’autre alors je vais m’isoler dans la salle informatique, là où il y a tout un tas d’ordinateur à notre disposition. Je me fais discrète parce que je ne veux pas du tout que quelqu’un me suive. J’ai envie de partager ce moment uniquement avec ma petite personne alors je m’enferme presque dans la pièce. Presque parce que quelqu’un retient la porte juste au moment où je vais pour la faire claquer. Je force un petit peu dans l’espoir que la personne abandonne, mais elle tient bon. Je passe un œil dans la toute petite ouverture qui me sépare de l’intrus pour apercevoir … Pavel. Un soupir s’échappe d’entre mes lèvres. Je me demande bien ce qu’il me veut. « N’entre pas je … j’suis … en train de regarder un truc pas intéressant. » Je ne sais pas vraiment à quoi il va penser là, mais à la limite je m’en fiche. Je tente de faire une démonstration de force en appuyant mon épaule contre le bois et en poussant le plus fort possible. Ça ne marche pas vraiment. Je termine par lâcher prise et par laisse la porte s’ouvrir en faisant un pas en arrière pour ne pas la prendre en plein tête. « Bon tu veux quoi ? » que je demande en croisant mes bras sous ma poitrine tout en cachant ma clé usb dans la paume de ma main. Je ne veux vraiment pas qu’il tombe là-dessus. Je ne veux pas qu’il se moque de mon fils parce qu’il est trop blond, trop pâle ou un petit peu trop joufflu.

« Eh mais, c'est quoi ce bordel... » Hors de question que quelqu’un me suive et surtout pas Pavel. Je n’ai pas envie de partager mon petit moment de nostalgie avec quelqu’un et surtout pas avec Pavel. Je le vois déjà en train de se moquer des clichés que je conserve précieusement dans ma clé usb. S’il ose rire en voyant la bouille quelque peu potelé de mon fils je crois bien que je vais lui en retourner une alors il vaut mieux pour lui qu’il n’entre pas. Je pousse contre la porte pour qu’il ne l’ouvre pas. « Bon tu bouges là ! J'te jure si tu restes derrière cette porte, j'vais te dégommer avec, tant pis. » J’suis sûre et certaine qu’il n’osera même pas me faire ça. Au fond, il est tout de même gentil, mais j’suis quand même certaine que monsieur ne va pas hésiter à se foutre de la gueule de mes proches, ou bien de moi parce que bien évidement je suis sur certains clichés. Je termine par lâcher l’affaire et par me pousser de devant. Je croise mes bras sous ma poitrine et je lui jette un regard noir. Il entre. « Mais euh, qu'est-ce que ça peut te faire, déjà. Cette salle est à tout le monde, j'y viens quand j'en ai envie, tsss. » Elle est peut-être à tout le monde, mais pas quand j’y suis. Il a l’air de me prendre pour une dingue. Ce n’est pas bien grave. Tout le monde me prend déjà pour une dingue. « Et l’intimité ? T’en fais quoi de l’intimité ? » Si j’avais envie de me promener à poil, toute seule, dans cette pièce, c’était la même chose hein. Je ne décroise pas mes bras. Je reste encore là à l’observer. « Et tu caches quoi, hm, j'peux savoir ? C'était quoi ce "truc pas intéressant" que tu regardais, soi-disant ? » Très bonne question. J’ouvre de grands yeux ronds. Je ne sais pas vraiment quoi dire. Je ne veux pas lui dire la vérité. Je regarde derrière moi, vers un écran allumé. « J-je … j’étais en train de … » Je ne sais pas quoi dire. Il y a tout un tas d’idées qui se passe dans notre tête. « regarder un porno. » Bon là c’est vraiment gros, mais après tout pourquoi ce ne serait pas la vérité hein. J’suis peut-être comme Betty, j’aime être spectatrice.