Je ne sais pas trop quoi faire de ma peau. Je ne pouvais pas rester au fond de mon lit trop longtemps, je me suis levée tard, très tard, je ne sais pas l'heure qu'il était mais c'était au moins le début d'après midi. Je me suis baladée avec ma tête de zombie toute la journée sans me soucier des autres, sans vraiment prêter attention à l'endroit où je me trouvais, de toute façon j'étais plus passive qu'autre chose. La nuit a été difficile, j'ai passé la nuit a cauchemarder, à prendre garde à ne surtout pas toucher Ivan, parce que je pense que c'était interdit, honnêtement je ne sais pas trop quoi penser de tout ça, j'ai l'impression d'être totalement éteinte, inerte, c'est mon corps qui bouge, qui avance mais je ne contrôle quasiment rien. Si bien que je sors en maillot de bain sans prendre la peine de porter quoi que ce soit et vous allez me dire que ce n'est pas grand chose, sauf pour moi. Je suis pudique et je ne me change pas dans les toilettes pour faire beau, sauf que j'ai faim. Ce qui est plus que normal, il est doit être à peu près vingt trois heures et la dernière fois que j'ai mangé c'était... la veille, mes trois feuilles de salades que j'ai grignoté avant que Ivan ne vienne. Je récupère du beurre de cacahuète, du nutella et de la confiture, et des petites cuillères. très... équilibré comme repas. Je m'installe sur le transat, les écouteurs dans les oreilles et je commence à manger, du nutella à la cuillère je crois que je vais le regretter demain, ou ce soir, ou peut être dans deux minutes mais pour le moment je mange, et la porte s'ouvre et c'est un peu la honte même si finalement c'est Nicola. Je soupire, pas à cause de son arrivée, non parce que justement c'est elle mais parce que je dois faire pitié à voir. « Est-ce que tu as déjà pu avaler un pot de nutella en entier ? Parce qu'avec toute l'huile de palme que ça contient j'ai un peu peur que mes artères de sportives qui ne mange jamais de ces trucs se bouchent...  » Et les artères qui se bouchent c'est la mort assurée. Et oui je sais, je ne mange pas de ces cochonneries, je n'avais pas testé la balançoire, ma vie est nulle.

Et bien, c’est officiel, je n’ai plus de secret. Mais en fait, ça va très bien, je ne le prend pas mal, je ne vois pas pourquoi je le prendrais mal puisque j’adore mon secret moi. Ce n’était pas quelque chose de lourd à cacher, ce qui était difficile c’était de ne pas pouvoir parler de Sasha et Malia. Parce que bon, dans ma vie normale, je passe 80% de mon temps à parler d’elles je crois. Ok, peut-être pas tant que ça, mais c’est pour dire à quel point elles comptent. Il commence à ce faire tard, mais je n’ai aucunement envie de me coucher en fait. Et j’ai plutôt envie de me rendre à la piscine. Étrangement, ce n’est pas pour aller y lire, mais bien pour me baigner. J’en ai envie, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas après tout. J’enfile mon maillot et met mon peignoir par dessus avant de descendre à la piscine. Mais j’ai une surprise qui m’attend là-bas. Une India qui ne semble clairement pas dans son assiette, le pot de nutella à la main. Ça n’annonce rien de bon ça. Je ne perd pas une seconde avant de m’approcher d’elle, avant de lui voler le pot qu’elle a dans les mains, la forçant à se pousser pour me laisser une place à côté d’elle. On est petite on entre bien toute les deux. On est serré, mais ça va. « Est-ce que tu as déjà pu avaler un pot de nutella en entier ? Parce qu'avec toute l'huile de palme que ça contient j'ai un peu peur que mes artères de sportives qui ne mange jamais de ces trucs se bouchent...  » Je grimace, et trempe mon petit doigt dans le pot, avant de manger un peu de la substance chocolatée. « Hm... Bonne question. Non, je n’en ai jamais mangé un au complet... Mais clairement ça ne doit pas être très bon... » Enfin, bon au goût, ça c’est sur, pour ce qui est du reste... « Manger du nutella à la cuillère, c’est aussi cliché que de manger un pot de crème glacée tu sais... » Je lui dis en lui rendant son pot, une petite moue accompagnant mon geste. « Qu’est-ce qui se passe... ? » Je demande simplement. « Enfin, tu peux m’en parler, mais si tu n’as pas envie, je vais comprendre. » Oui, je ne vais pas la forcer à parler. Mais peut-être que ça lui ferait du bien aussi. Bref, je suis là.

Nicola entre dans la pièce et je crois que je suis ravie de la voir, je n'aurais pas eu envie de voir qui que ce soit d'autre mais elle ça ne me dérange pas du tout, c'est une fille, et on s'est quand même un peu rapproché, et je l'aime beaucoup. Vraiment beaucoup, elle est adorable et, enfin non vraiment je crois que ça ne me dérange pas. Par contre, c'est surtout pour elle que ça risque d'être gênant parce que je ne suis pas de très bonne compagnie, j'ai tout raté aujourd'hui puisque j'ai passé la journée à pleurer dans mon lit. Elle se rapproche et me pique le pot, et s'installe sur mon transat alors je me pousse sans répliquer, je ne vois pas pourquoi je le ferais, sauf que je ne saurais pas si c'est bon ou pas si elle en mange elle aussi mais peut être que mon corps l'en remerciera. « Hm... Bonne question. Non, je n’en ai jamais mangé un au complet... Mais clairement ça ne doit pas être très bon... » J'esquisse une légère grimace, bon, je dois vraiment avoir l'air d'une désespérée mais je crois que ça m'est un peu égal. « Manger du nutella à la cuillère, c’est aussi cliché que de manger un pot de crème glacée tu sais... » Oui je sais, je sais tout ça. « Je ne savais pas quel parfum prendre... » Alors j'ai pris du nutella, et puis c'est tellement délicieux du nutella. Elle me donne mon pot alors je plonge automatiquement la cuillère pour manger encore. Plus par automatisme que par envie ceci dit. « Qu’est-ce qui se passe... ? » Je baisse la tête et fais la moue, je suis stupide.. « Enfin, tu peux m’en parler, mais si tu n’as pas envie, je vais comprendre. » Je soupire et pas à cause d'elle, mais à cause de moi, à cause de ça. De cette situation, tout ce qu'elle engendre, comme mon état. « Je n'ai jamais parlé de mon mari à qui que ce soit, je n'ai jamais osé dire ce que je ressentais parce que j'ai toujours cru que ça empirerait les choses. Mais peut être que j'ai tord, alors j'imagine que si je te parle de ce qu'il m'arrive, ça ne pourra pas être pire, peut être que... Tu es sûre ?  » Je n'ai pas envie de l'ennuyer avec mes problèmes mais j'aime à penser que si elle me le demande c'est que ça ne la dérange pas du tout et puis elle m'a vu avec Ivan, comme tout le monde, mais, enfin j'en sais rien, peut être que je peux en parler. « C'est... c'est Ivan, il m'a... Il a pris sa décision et... et ça fait mal... Ça fait beaucoup trop mal. Et je me sens stupide, tellement stupide de m'être fait des idées, de l'avoir désiré, de... d'avoir, enfin tu sais... et surtout d'être ... d'être tombée amoureuse de lui... » Je me sens stupide, j'aurais jamais dû. Et j'ai tellement pleuré que mes yeux me brûlent, ils brûlent et ça fait mal parce que j'ai envie de pleurer, mais d'un côté j'en ai marre de pleurer et je me sens bête de lui dire ça. Vraiment très bête. « Mais je... Je ne devrais pas t'embêter avec tout ça... Je suis désolée...  »