Il n'arrive pas trop à comprendre pourquoi il est encore là aujourd'hui. C'est stupide, il aurait pu être auprès de son fils. Il avait préparé sa valise, il était prêt à partir, et pourtant non il est encore au sein du nid. Franchement, il ne pourrait pas l'expliquer, c'est sans doute plus facile d'être là qu'ailleurs. Il ne cherche plus trop à comprendre, même s'il sait qu'ici il n'a plus grand chose à faire. Il ne sait pas combien de temps ce petit ménage va durer, s'il aura la force de rester encore plus longtemps. Il verra, il n'a pas encore pris de décision, il pourrait très bien partir demain comme dimanche, il n'a rien décidé. Ce n'est pas ce qui le préoccupe tellement en ce moment en réalité. Il se demande ce qu'il va pouvoir manger. Oui c'est nettement plus important dans son esprit à ce moment-là. Il regarde le riz et les pâtes, le regard un peu dans le vide quand il entend un bruit derrière lui. Il se retourne et remarque Henley. « Alors t'es soulagée de ne pas craindre autant que moi ? » Oui cela doit être un réel soulagement pour elle, et puis surtout une grande satisfaction d'être arrivée en demi-finale. Elle avait l'air stressée durant le prime, même s'il ne lui a jamais dit, il fallait voir la façon dont elle lui avait broyé la main lors de l'annonce des résultats. « Je ne te propose pas un verre pour fêter ça, sauf si tu veux du jus d'orange éventuellement. » Il esquisse un sourire. Elle ne va pas pouvoir le fêter dignement pour le coup, mais c'est mieux pour elle. « Tu comptes broyer mon autre main dimanche soir ? » Il sourit de nouveau, il avait les os solides il pouvait le supporter.

Bon, ça n'étonnera sûrement personne d'avouer que je suis allée dans la cuisine avec l'idée d'avaler un petit quelque chose. Ouais, ça paraît même plutôt normal donc on va passer ce détail pour en venir directement au pourquoi je te parle, là. Ouais, tu assistes qu'aux moments importants, évidemment. Donc, là, en l’occurrence, c'est parce que Amery me parle. Sa question me fait sourire. « Terriblement rassurée, oui. Bon, j'ai quand même de la marge, il faut dire. »  Roh, ça va, je le taquine. À peu près. C'est quoi cette idée de se faire éliminer si tôt, franchement. Bon au moins, je suis en demi-finale. C'est déjà pas mal, je trouve. Après, pour la finale, je doute un peu – beaucoup – mais eh, c'est déjà un super parcours, non ? Je trouve que si, moi qui suis si peu appréciée par les candidats. Oh et oui, on devrait célébrer ma place en demi-finale mais bon, c'est sûr que le jus de fruit, c'est pas top. « Trinquer au jus d'orange, il n'y a rien de mieux. » que je laisse entendre de ma voix habituelle. Oui, non, on va peut-être éviter. Au pire, on trinquera si je gagne. Ou si je vais en finale. Voilà. Et là, il me parle du prime, quand je lui ai quelque peu broyé la main. Ah, il a remarqué ? Hm. Je lève les yeux au ciel. « Oui. Et je pense que d'ici là, je vais te briser les deux jambes, quelques côtes aussi et peut-être quelques dents, histoire de ne pas laisser tes mains souffrir toutes seules. » Hm, non, je ne parle pas du tout d'être violente, jamais, j'oserais pas. Bon, je suis pas crédible deux secondes mais l'idée est là, hm.

Il pourrait bien y passer des heures devant ce placard à regarder sans grand intérêt le riz et les pâtes. Au final, heureusement que quelqu'un entre pour le tirer de là. Il se tourne et voit Henley derrière lui. Elle est encore là après sa nomination, elle doit être soulagée et ravie, enfin c'est ce qu'il imagine, et ne pas craindre autant que lui. Elle a encore de la marge, lui dit-elle, ce qui le fait sourire. « C'est vrai, c'est difficile de me rattraper. » Et puis lui cela faisait combien de temps, trois, quatre semaines qu'il avait été éliminé ? Il ne savait plus en réalité, ça ne lui importait pas vraiment. En tout cas il lui aurait bien proposé un verre pour fêter ça, mais elle ne buvait pas d'alcool, alors à part du jus d'orange il n'avait pas grand chose à lui proposer. Elle lui répond qu'il n'y a rien de mieux. « Ou au Coca si tu veux. » Il esquisse un nouveau sourire, non il n'est évidemment pas sérieux. De toute manière ce n'est pas trop grave. Pour plaisanter il lui demande si elle compte lui broyer l'autre main dimanche prochain. Elle ne pourrait pas dire qu'elle n'était pas stressée lors du prime maintenant. Ah et don elle comptait lui broyer tous les os désormais ? Bien. « C'est vraiment gentil de ta part d'épargner mes bras. » Oui au pire s'il se retrouvait en fauteuil roulant pendant un temps il aurait toujours l'usage de ses bras, c'était un vrai soulagement de savoir cela. « Tu le sens comment pour la finale ? » reprend-il, plus sérieusement. Il se le demande, simplement. Puis il se retourne vers ce placard ouvert et son regard se repose une nouvelle fois sur ces paquets. « Tu veux manger ? » Oh il imagine que oui, si elle est là en fait.

Il est marrant, Amery, il me dit jamais d'aller me faire foutre, il me dit jamais que je suis rien qu'une petite conne, non, il accepte ce que je lui dis, il prend même ça avec le sourire. Je sais pas si c'est amusant comme ça. En tout cas, c'est pas souvent que ça m'arrive, ça, c'est certain. Il est peut-être habitué à se dénigrer Amery, j'en sais rien. Bon, j'aimerais bien qu'il me renvoie balader de temps en temps, sinon, bah, je ne vois pas l'intérêt de continuer. Non, c'est juste... triste, en fait. Du coup, là, je lui réponds rien, parce que je vais pas l'enfoncer encore plus. Quant à cette idée de trinquer, on va la garder plus tard. Même si on décide de prendre du coca au lieu du jus d'orange. « Non, je crois que je vais m'en passer. » Autant ne pas crier victoire trop vite, après tout. Ce n'est que la demi-finale, c'est pas si énorme que ça. Bon, en tout cas, je remarque qu'il est plutôt souriant ce soir, ce qui, en soit, est presque étonnant parce que c'est bien connu que j'suis pas la meilleure pour le faire sourire. Mais bon, je ne vais pas m'en plaindre non plus. Bref, du coup, je lui balance que je vais lui briser quelques os en plus et tout ce qu'il trouve à faire, c'est me remercier de lui laisser ses bras. Eh bien, il sait trouver du positif partout, lui. « Je sais, je suis trop gentille. » Là, tout le monde y croit, bien sûr, hm. Bon, c'est pas crédible mais c'est pas fait pour l'être. Quant à la finale... Oh, je ne cache pas que j'aimerais y avoir ma place. Comme tout le monde, non ? Après, de là à savoir si je vais récolter assez de votes, c'est plutôt difficile à dire. « Hm, disons que t'as probablement tous les chouchous du public d'un côté et de l'autre, tu as ma petite personne. Bon, ça serait vraiment pourri d'être éliminée face à ceux-là mais eh, on peut s'attendre à tout avec le public. » Et puis, je suis pas très aimée, en général, c'est un peu un fait donc ouais, on verra bien. « Tu proposes de cuisiner pour moi ? » que je réplique à sa question suivante. Hm, je suppose, non ? Pourquoi il me demanderait si je veux manger sinon ?