~ Vaughan

Je ne fume pas et il fait super froid, alors pourquoi suis-je en train de me peler le cul comme un gros débile sur le balcon ? Pourquoi ? Parce que je suis débile. Oui, je crois. Ou parce que j'ai besoin de prendre un peu l'air après mon entretien. Ou les deux, ouais, je crois bien que je suis un débile qui a besoin de prendre l'air. Alors voilà, je suis dehors, mon manteau fermé jusqu'en haut du cou, même presque jusqu'au menton et j'attends comme un con. Non mais je respire l'air frais et pure d'Irlande, hm. Froid et pollué seraient plus approprié pour décrire l'air, mais c'est partout pareil, dans toutes les capitales, que ce soit Madrid, New-York, ou Dublin, en l'occurrence, l'air des grandes villes est toujours pourri des égouts au toit du plus haut immeuble du centre urbain. Mais bon, ça ne me gêne pas tant que ça, j'y suis habitué à force de ne vivre que dans des capitales. Au bout d'un instant, alors que je m'apprête à sortir, une fille, plutôt jolie débarque à son tour pour braver le froid. « J'allais partir mais je peux pas te laisser là toute seule, tu risques de geler sur place, alors qu'à deux on se tiendra chaud si on reste pas trop loin l'un de l'autre. » Tentative de drague pourrie, bonjour. Elle doit me prendre pour un mec trop en manque qui a qu'une envie c'est de se coller contre une gonzesse. Surtout que je sais pas pourquoi mais elle je sens qu'elle va m'envoyer chier, rien qu'à son regard mauvais là. Mais si ça se trouve elle en a juste marre d'attendre qu'on la fasse passer son entretien, ou alors ça s'est mal déroulé, j'en sais rien. Je lui décroche un de mes plus beaux sourires digne d'une pub de dentifrice.

La fille plutôt mignonne que je viens de repérer et à qui j'adresse la paroles à pas l'air farouche, ça lui dit bien que je lui tienne compagnie sur le balcon, mais à condition que je lui prête ma veste. « Hm... » Je regrette presque de lui avoir parlé, merde. Non mais je suis coincé là, si je lui passe pas mon manteau je vais passer pour un connard mais j'ai froid moi aussi donc sérieux, elle pourrait se contenter du fait qu'on reste collé l'un à l'autre, non ? Je réfléchis un instant avant de finalement me décidé. Je me prépare mentalement à retirer ma veste et puis je le fais, sentant le froid s'emparer de mon corps à la minute ou je défait le premier bouton. Je suis un vrai gentleman, je sais. Je lui souris, un peu crispé tout de même, en lui mettant mon manteau sur les épaules.  « Voilà señorita. » Je commence un peu à grelotter, mais comme on est assez proche l'un de l'autre ça va. Enfin, je commence tout de même à avoir le dos geler, mais je suis solide, j'ai le sang chaud, je suis espagnol.  « Mais je te préviens, il s'appelle revient... » Je préfère préciser au cas où elle décide de se barrer sans me le rendre. Le pire c'est que ça m'ait déjà arrivé donc je préfère être prévoyant. Mieux vaut prévenir que guerrier, comme on dit.  « ...Et moi c'est Esteban. » Autant en profiter pour faire les présentations. Au moins maintenant elle saura à qui rendre « revient » .

J'ai froid, putain. Non mais les pays du nord c'est pas pour moi, c'est clair et net. Au fond, heureusement que ma mère m'a pas gardée avec elle sinon je me les serais caillée tous les jours de l'année pendant dix-huit ans. Moi je suis habitué au soleil, à la chaleur, à l'Espagne quoi ! C'est vrai que je me plains aussi quand il fait trop chaud à Madrid ou Barcelone mais à la limite quand j'ai chaud je peux me déshabiller alors que là si j'ai pas de manteau à me mettre dessus ou que je le passe à une fille j'aurais froid jusqu'à ce que je retourne à l'intérieur. En même temps je suis con, j'aurais dû rien dire et ne surtout pas faire le mec bien élevé, galant et tout le bazar. Mais non, il fallait que je lui propose de lui tenir compagnie et comme c'est une fille et que les filles, globalement, c'est chiant, elle m'a demandé mon manteau. Donc voilà, maintenant j'ai froid parce que je suis trop gentil. Trop bon, trop con. Tout ça pour me faire passer pour un gentleman. Ce qu'il faut pas faire, je vous jure. Je précise tout de même que j'aimerais bien en voir à nouveau la couleur de mon manteau, même si elle est pas terrible. Elle me demande alors si mon accent est vrai ou si je me donne juste un genre. « Pourquoi je ferais semblant ? Je suis espagnol, j'y suis pour rien si j'ai un accent. » Je me vante qu'à peine, hm. C'est sexy l'accent espagnol en plus. Elle me dit qu'elle a froid aux mains. Qu'est-ce que je dois faire ? Les prendre dans les miennes. Bon, d'accord. J'attrape donc ses mains qui sont en effet glacées. « Désolé, mes mains sont un peu tièdes, c'est parce que j'ai aussi un peu de sang russe...» D'après ce que je sais du moins, du coup le mélange du chaud et du froid ça fait que j'ai le sang tiède, c'est pas terrible, hm. « Tu ne m'as pas dis ton nom, toi, bella. » Que je lui fais alors remarquer.

J'ai de plus en plus froid. Mon manteau me manque tellement tout à tout. C'est que je le regarderais presque avec des yeux amoureux pendant qu'il est en train de réchauffer la jolie demoiselle sur qui je viens tout juste de tomber. Elle pense que je fais exprès d'avoir un accent. Non mais ça serait totalement con de faire semblant, je me donne pas de genre, moi, j'ai un genre, je suis espagnol, voilà tout. Elle me sourit un peu. Bon, c'est bien si j'arrive à la faire sourire avec une remarque si débile que celle-là. Et puis elle dit qu'elle a froid aux mains. Ouais, bah moi j'ai froid de partout, voilà ce que j'ai envie de lui dire au début, mais je pense pas qu'elle le prendra très bien. Du coup je prends ses petites mimines dans les miennes mais je remarque qu'elles doivent être un peu tièdes, j'ai un peu de sang russe que j'ajoute. Je crois qu'elle s'en fout de ça par contre. Hm, difficile à cerner comme nana. J'aime bien ça. Mais je sais toujours pas son prénom. Mierda ! Qu'est-ce que j'attends pour lui demander. J'ose donc lui demander son petit nom mais elle se contente de me poser une nouvelle question. J'hausse les épaules. « Bien sûr que j'ai besoin de le savoir, je veux pouvoir mettre un prénom sur ta bouille d'ange. » Oui, elle est mignonne, mais je me demande bien ce qu'il se cache derrière. Parce qu'il se cache forcément quelque chose derrière son petit air que je ne saurais qualifier, j'arrive à le voir rien qu'en ayant échangé quelques mots et un manteau avec elle. Elle dit qu'elle préfère que je parle de moi. « Ah non, désolé, je suis pas sensé parler aux inconnus. Remarque, si tu me dis comment tu t'appelles, je pourrais plus te considérer comme une inconnue. » Non, ça fait pas du tout gamin de dire ça, au pire j'assume, je m'en fous.

Bon, et bien mademoiselle a décidé de ne pas me dire son nom. Tant pis. Que voulez-vous, je ne vais pas insister comme un boulet si elle n'en a pas envie. Si ça se trouve elle s'appelle Marie-Antoinette, donc ouais, forcément je comprends qu'elle veuille pas le crier sur tous les toits, mais bon, là on est entre nous. Et puis elle pourrait être un peu sympa en me donnant au moins son prénom, je lui ai filé mon manteau. Elle aime peut-être juste que je lui donne des petits surnoms espagnol. Moi ça me gêne pas, ça me fera toujours un prénom de moins à retenir, c'est déjà ça de pris. Elle me demanda donc à nouveau si c'est vraiment nécessaire que je sache comment elle s'appelle. « Non, j'imagine que non au fond. » J'hausse les épaules mais en fait je pense que j'aimerais bien savoir son petit nom, rien que parce que je la trouve plutôt intéressante, donc ça serait dommage de pas savoir mettre un nom sur sa bouille d'ange comme je lui avais dis. Remarque, ce n'était cette tentative pourrie d'affaiblissement de la gente féminine par le compliment qui avait réussi à la faire flancher. Puis elle me demande si je ne veux pas autre chose. J'arque un sourcil, je ne comprends pas bien sa question en fait. « Bah pour être tout à fait honnête, j'aimerais assez récupérer mon manteau, ou au moins qu'on retourne à l'intérieur. » Je me frotte la nuque comme si j'étais un peu gêné de lui dire ça comme ça, de casser le mythe de l'espagnol au sang chaud et du gentleman qui peut très bien vivre sans son manteau. Mais c'est pas de ma faute si je me les caille vraiment. Si au moins elle m'avait donné son prénom j'aurais pu commencer à juger de quel milieu elle venait peut-être ou un truc comme ça, mais avec si peu d'informations sur elle j'allais pas aller loin, alors autant rentrer, hm.