archie.

Tu n'avais jamais été un grand fumeur, mais tu en prenais une de temps à autre. Ça ne pouvait pas te faire de mal. Tu n'avais pas emmené de quoi fumer, mais en traversant une des chambres, le sac ouvert d'un candidat donnait une vue imprenable sur son paquet de cigarette. Alors sans vraiment réfléchir, tu t'étais servi, embarquant le briquet, et le paquet, direction le balcon. Tu remettrais tout à sa place initiale une fois que tu aurais pris 2-3 clopes. Rien de bien méchant. T'es appuyé sur la rambarde du balcon et tu admires le paysage qui s'offre à toi tout en savourant ta garro. C'est plutôt paisible. Peut-être était-ce dû au fait que la plupart des gens étaient encore dans un sommeil profond. Pour ta part, tu t'étais réveillé 30 minutes plus tôt, pris d'une soudaine envie d'aller aux toilettes. Et c'est en voulant retourner dans ton lit que tu avais trouvé le trésor caché. Ce qui expliquait ta tenue, à vrai dire : tu étais encore en caleçon. En fait, que ce soit le matin ou non, tu te promenais souvent en caleçon dans toutes les pièces, c'était une mauvaise habitude que tu avais, hm. En tout cas, tu ne t'attendais pas à avoir de la compagnie à cette heure ci, et pourtant tu n'es plus le seul présent sur ce balcon. C'était le mec qui t'avait prénommé Abercrombie. Archie, un truc comme ça, si tu te souvenais bien. « Tu en veux ? » tu proposes dans un sourire en ouvrant le paquet sous son nez. « Ah moins qu'elles t'appartiennent déjà. » franchement, ça serait vraiment de la malchance de tomber comme par hasard sur le candidat à qui tu avais piqué des clopes - et un briquet. « Si c'est le cas, il ne faut pas m'en vouloir... elles me faisaient de l'oeil. On me drague trop ici, que veux-tu. » Ouais, même les cigarettes te draguaient, c'était évident non ?

j'étais un lève tôt, principalement parce que je devais encore avoir le rythme du travailleur dans les veines. Une sorte d'habitude en soi. Il faut dire que pour me rendre sur le marché, chaque matin, je devais me lever à cinq heure, alors ça ne laissait pas franchement de place pour le sommeil. C'était peut-être pour ça que la peau de mon visage s'était petit à petit creusée, ce qui n'était pas plus mal puisque j'étais tout de même mieux ainsi qu'en étant trop bouffi, comme le visage de ma partenaire, par exemple. Bon, en vrai, elle ne l'était pas tant que ça non plus, j'avais juste ce souvenir d'elle près du buffet, lors de la première soirée, ancré dans ma tête. J'y pouvais rien, elle serait, dans ma tête, la petite grosse de l'aventure et ce probablement à vie, hm. Tragique, hein ? Poussant un léger soupir, je quittais mon lit, vêtu simplement d'un boxer noir, et enfilais les premiers habits qui me passaient sous la main, c'est à dire une veste en laine que je ne fermais pas, et un pantalon noir, cerné d'une ceinture en cuir. Bon, j'avais vraiment l'air du gars qui venait de quitter son lit, mais puisque c'était réellement le cas, je n'allais pas faire comme si je prêtais une attention particulière à mon look. J'avais toujours été du genre à me négliger un peu, pas dans l'hygiène hein, juste dans l'apparence. Principalement parce que je n'en avais pas grand chose à faire, en fait, et que par chance, tout m'allait plutôt bien. Passant une main dans ma barbe de trois jours, je jetais un coup d'oeil à mon sac, remarquant que mon paquet de cigarettes avait disparu. Et merde. Cela dit, je n'aurais pas de mal à retrouver le coupable, puisque tous les fumeurs se rendaient sur le balcon la plupart du temps, et ça ne pouvait être que quelqu'un de ma chambre. Poussant la baie vitrée me séparant de la rambarde en pierre, je remarquais un candidat à moitié nu s'éprendre de mon paquet comme s'il s'agissait du sien. C'était Faust, le partenaire de Babou, je lui avais vaguement adressé la parole lors de la première soirée. Je m'avançais donc à ses côtés, m'appuyant sur la bordure, alors qu'il prenait la parole. « Tu en veux ? » me dit-il en ouvrant le paquet « Ah moins qu'elles t'appartiennent déjà. » ah ouais, c'est vrai que ça serait sacrément con, pour le coup, hein ? « Si c'est le cas, il ne faut pas m'en vouloir... elles me faisaient de l'oeil. On me drague trop ici, que veux-tu. » mon regard détailla un instant son visage, avant de s'évader le long de sa musculature. Un léger sourire étira mes lèvres alors que je remontais jusqu'à ses yeux. « Pas très étonnant, si tu veux mon avis. » c'est qu'il était plutôt pas mal. « Surtout si t'abordes les gens dans cette tenue. » cela dit, il n'avait pas de quoi avoir honte de son corps, ça c'était certain. Déposant un nouveau regard sur le paquet de cigarette, je reprenais alors la parole. « Et il se trouve que c'est le mien, ouais, mais y'a pas de mal, je suis presque sûr que la prod' nous en fournira d'autres. » ou du moins, elle avait intérêt ou certains allaient vite tomber en dépression. Attrapant l'une des cigarettes comblant le paquet, je me redressais légèrement, me rapprochant du candidat. Là dessus, je me saisissais de celle qu'il avait coincé dans son bec, effleurant ses lèvres de mes doigts, je portais le bout enflammé de sa tueuse près de celui de la mienne, qui ne tarda pas à s'allumer à son tour. Lui tendant à nouveau celle ci, je portais ma cigarette à mes lèvres, avant de recracher la fumée. « Alors, qu'est ce qu'un gars dans ton genre viens faire par ici ? T'as pas déjà débuté une carrière de pantin... euh... mannequin ou un truc du genre ? » non parce qu'il en avait clairement le profil. Cela dit, y'avait bien des starlettes en recherche d'attention aussi, donc je suppose que ça ne serait pas bien étonnant.

Techniquement, on ne pouvait pas qualifier ce que tu venais de faire d’un vol, puisque tu avais la ferme intention de remettre le paquet de clope là où tu l’avais trouvé après t’être servi. C’était juste un petit emprunt. Un emprunt qui n’avait pas besoin d’être ébruité dans tout le nid, voilà, hm. Sauf que tu ne t’attendais pas à avoir de la compagnie de si bonne heure. Et pourtant, tu te retrouves à proposer une clope à Archie qui était désormais à tes côtés, trouvant par la même occasion une excuse dans l’hypothèse où le paquet que tu tenais entre tes mains était le sien. « Pas très étonnant, si tu veux mon avis. Surtout si t'abordes les gens dans cette tenue. » Tu grimaces un peu, t’en avais oublié que tu étais qu’en caleçon. De toute manière t’as toujours le donc d’oublier ce que tu portes, surtout quand tu es en caleçon justement. Parce que tu zappes souvent que ce n’est pas une tenue normale et habituelle pour les autres. « C’est une sale habitude que j’ai… va falloir que j’apprenne à m’habiller. » tu t’expliques en riant légèrement. Et encore, si ça ne tenait qu’à toi, et qu’il n’y avait pas des milliers de téléspectateurs qui pourraient s’offusquer, tu ne porterais même pas de caleçon. Et la chance – ou  la malchance, plutôt – veut que, comme par hasard, ce paquet que tu tiens entre tes mains appartienne à ce cher Archie. Mais il n’a pas l’air de t’en vouloir, et ça te soulage en quelque sorte. « J’allais remettre le paquet à sa place une fois ma clope fini de toute façon. » tu expliques avant de le gratifier d’un beau sourire, histoire qu’il sache que tu n’étais pas non plus un voleur qui fauchait tout ce qu’il avait sous les yeux. Après avoir tiré une latte, tu laisses le candidat s’approcher de toi pour lui permettre d’allumer sa cigarette, tandis que tu l’observais silencieusement. Une fois que tu reprends possession de ta cigarette – ou plutôt sa cigarette, théoriquement – le candidat reprend parole. « Alors, qu'est-ce qu'un gars dans ton genre viens faire par ici ? T'as pas déjà débuté une carrière de pantin... euh... mannequin ou un truc du genre ? » Tu ris spontanément lorsque ces mots sortent de sa bouche. « Moi, mannequin ? Oulah, non ! Jamais ! » Clairement pas, t’en étais loin. « Je suis gardien d’île. En gros je surveille les petites îles des mecs qui ne savent plus quoi faire de leur fric. » C’était plutôt bien résumé. Ce n’était pas parce que tu entretenais ton corps que tu étais mannequin, c’était un peu cliché, hm. « Mais puisqu’en en est à juger selon les apparences, je parie que t’es un de ces artistes torturés, non ? » tu demandes, intrigué, dans un sourire, sans aucunement chercher à l’offenser, soyons clair. Il avait la tête de l’emploi, avec son air négligé – mais qui lui allait drôlement bien. Parce que clairement, toi tu aurais l’air d’un clochard si tu t’habillais comme lui, si tu avais la même coupe de cheveux et la même barbe. Mais pas sur lui. Sur lui, ça faisait artiste mystérieux.

Il est clair que la dernière chose à laquelle je m'attendais était de tomber sur un mec à moitié nu penché au dessus de la rambarde. Non mais moi ça ne me dérangeait pas, hein, n'allez pas croire, c'était juste plutôt surprenant. Cela dit je n'étais pas encore habitué au fait qu'il faisait vraiment chaud ici, et ce même à huit heures du mat'. De par chez moi, j'étais toujours obligé de sortir avec un gros pull en laine, d'où la presque totale absence de vêtements légers dans ma valise. Il y en avait, bien entendu, mais clairement pas de quoi tenir une semaine. J'avais juste une multitude de débardeurs, probablement parce que c'était l'une des choses les moins chères dans le commerce, puisqu'après tout, ça ne nécessitait pas des masses de tissu. Ma mère était une experte en couture, alors j'en savais quelque chose. Je portais d'ailleurs bien souvent les pulls qu'elle me faisait, parce que ça revenait bien moins que de les acheter, logique. Et puis au moins ça l'occupait un minimum, vu qu'elle ne pouvait pas travailler. Mon père lui, il s'occupait bien différemment. Son truc, c'était ronchonner pour un rien, on se demandait de qui je tenais, hm. Toujours est-il que je fais remarquer au candidat qu'il est normal que tout le monde veuille de lui, si il se balade dans cette tenue toute la journée. C'est tout à son honneur après tout, chacun avait son moyen pour se faire remarquer. « C’est une sale habitude que j’ai… va falloir que j’apprenne à m’habiller. » j'hochais la tête. J'étais pas bien habillé non plus, puisque mon torse était encore à moitié à découvert. Mais bon, il faisait beau, alors je comptais bien en profiter un minimum. Et puis ça serait drôlement bizarre que je me mette à sortir mon gros pull en laine, alors qu'il doit facilement faire vingt degrés. « C'est loin de me déranger, ne t'en fais pas. » j'aurais pu ajouter que la vue était agréable, ce qui était le cas autant de son côté que celui de l'horizon, puisque nous nous trouvions à Hawaï, soit l'endroit où je n'aurais jamais pensé mettre les pieds un jour. Lorenn devait avoir envie de me tuer, devant son écran, haha. « J’allais remettre le paquet à sa place une fois ma clope fini de toute façon. » j'espérais bien, il ne manquerait plus qu'il en vienne à carrément me piquer toutes celles qui me restaient. Je décidais donc de me saisir d'une d'entre elles, l'allumant à l'aide de la cigarette du jeune homme, avant de la porter à mes lèvres. Je me demandais si il n'était pas mannequin, puisqu'il en avait la carrure. Cela dit, il était loin d'être le seul à pouvoir prétendre à ce job ici, bien qu'il était à mon sens, celui chez qui ça semblait être le plus évident. Je n'étais pas bien certain du pourquoi d'ailleurs, simplement que je le voyais ainsi. « Moi, mannequin ? Oulah, non ! Jamais ! » mon sourcil droit s'arqua à son étonnement. « Je suis gardien d’île. En gros je surveille les petites îles des mecs qui ne savent plus quoi faire de leur fric. » un léger sourire étira finalement mes lèvres « C'est un boulot de fainéant ça, non ? » parce que clairement, tu devais pas foutre grand chose sur une île, seul. « Mais puisqu’en en est à juger selon les apparences, je parie que t’es un de ces artistes torturés, non ? » un rire franc s'échappa alors de mes lèvres. Artiste, ouais, j'en étais quand même bien loin. « Je joue de la guitare, oui, mais clairement pas en tant que professionnel. Je suis juste un gars qui jongle entre les métiers, histoire de nourrir sa famille. » logique quoi, surtout que j'en avais des becs à remplir. « Mes trente cinq heures, je les fais facilement en trois jours. » ouais, j'avais pas franchement de temps à m'accorder. C'était ainsi. « Du coup, c'est un peu bizarre de se retrouver ici. Enfin, toi, ça doit pas trop te changer, non ? » il était habitué à rien foutre sur une ile, je suppose, vu son métier. Enfin, j'y connaissais rien, mais c'était l'idée que je me faisais. Il en fallait bien pour le faire de toute façon, je ne jugeais pas.

Si quelqu’un te le demandait, tu irais probablement t’habiller. Ton but n’était pas de mettre mal à l’aise qui que ce soit, qu’on se le dise. « C'est loin de me déranger, ne t'en fais pas. » Et tu lui souris tout en hochant la tête. Tant mieux, tu étais beaucoup plus à l’aise comme ça qu’avec du tissu sur la peau, hm. « Ça tombe bien », tu annonces dans un sourire. Et alors qu’il s’allume sa cigarette à l’aide de la tienne, tu en profites pour le détailler un peu. Yeux bleus, barbe, cheveux quelque peu en bataille, et torse loin d’être mal bâti. Bon, ce n’était pas une mocheté de compétition quoi, loin de là. Et la demande d’Archie te fait inévitablement rire. Toi, mannequin. La grosse blague. Les mannequins se prenaient trop au sérieux. Ou peut-être pas assez, tu ne savais pas trop. Quoi qu’il en soit, tu savais très bien que ce n’était pas un métier fait pour toi, et que tu ne pourrais pas percer dans ce genre de milieu. Tu étais beaucoup trop banal comme mec, on ne voudrait sans doute pas de toi. Et puis, ça ne t’intéressait pas plus que ça en fait. Non, gardien d’île c’était franchement mieux. « C'est un boulot de fainéant ça, non ? » C’était loin d’être faux. « Franchement, ouais. En gros, je reste sur l’île avec la villa du proprio à disposition, et j’en fais ce que je veux. Je suis payé pour vivre dans une villa, sur une île privée. C’est le pied. » Tu assumais totalement d’avoir un boulot de glandeur. Tu aurais préféré faire de grandes études mais bon, on ne pouvait pas tout avoir, hein. Quant à Archie, il devait être une sorte d’artiste. Il avait une tête d’artiste. Mais lorsqu’il rit, tu devines que tu t’es trompé. « Je joue de la guitare, oui, mais clairement pas en tant que professionnel. Je suis juste un gars qui jongle entre les métiers, histoire de nourrir sa famille.  Mes trente cinq heures, je les fais facilement en trois jours. » ah ouais, c’était quand même vachement plus honorable que toi, avec tes malheureuses îles. Ça devait pas être facile ça. « Ta famille ? » Il était jeune tout de même, il avait déjà des gosses et tout ? Après tout c’était possible. Ça t’avait intrigué tout ça. « T’es courageux, en tout cas, mon vieux. » Même si bon, il devait déjà le savoir lui-même, qu’il l’était. « Du coup, c'est un peu bizarre de se retrouver ici. Enfin, toi, ça doit pas trop te changer, non ? » Il était clair que pour toi, ça ne changeait presque rien à ton quotidien. Alors que pour lui, ça devait changer du tout au tout. « J’t’avoue que non, ça change pas trop de d’habitude pour moi… ma vie à Hawaï ça a un peu toujours été ça. » Tu n’en as pas honte, ça te paraît normal pour toi tout ça, mais tu as bien conscience que ce n’est pas pareil pour tout le monde. « Tu m’étonnes, ça doit être cool pour toi de pouvoir te reposer. » tu dis en tirant sur ta cigarette.

Je devais bien avouer que je trouvais un certain réconfort dans le fait de fumer. Peut-être était-ce parce que ça me rappelait mon père qui fumait encore aujourd'hui la pipe. Ouais, je trouvais un réconfort certain dans le fait de sentir cette odeur, et ce bien qu'elle n'avait rien de spécialement agréable. J'y attachais une valeur un peu trop sentimentale. C'était comme l'odeur de la lavande, que j'attribuais à l'image de ma mère. Je disais donc au jeune homme que le fait de le voir à moitié nu ne me posait aucun problème, car nous n'allions pas nous le cacher, il était loin d'être désagréable à regarder. De toute façon, aucun des candidats de ce jeu ne semblait être repoussant, que ce soit les femmes comme les hommes. A croire que la production avait fait exprès de faire une sélection de purs canons. Ce qui en y repensant, devait probablement être le cas. « Ça tombe bien » Je sens le regard du beau brun dévalait sur ma silhouette, mais décide de le laisser faire. Je n'ai jamais eu honte de mon physique. Pas que je me trouvais particulièrement attirant, simplement que je ne voyais pas pourquoi me cacher, puisqu'après tout, j'avais conscience qu'il y avait bien pire que moi. Ce qui m'étonnait déjà plus, c'était le fait qu'il ne soit pas mannequin, car il en avait tout à fait le physique. Il y avait même des mannequins clairement plus laids que lui, c'était une évidence, alors ouais, je trouvais ça étrange. Mais peut-être n'était-il pas attiré par le milieu des apparences, ce que je pouvais bien comprendre puisque je n'étais moi même pas du genre à me mélanger avec ce genre de personnes. Il était gardien d'ile, soit le boulot le plus relax du monde. « Franchement, ouais. En gros, je reste sur l’île avec la villa du proprio à disposition, et j’en fais ce que je veux. Je suis payé pour vivre dans une villa, sur une île privée. C’est le pied. » Ça pour être le pied, je voulais bien le croire tiens. Quand je voyais tout le boulot que je me tapais à côté moi, entre les vignes, la vente, les déchargements et toutes ces choses qui rythmaient mon quotidien... Je ne l'enviais pas, car j'étais quelqu'un qui avait besoin d'activité, mais il était certain que sa vie devait être beaucoup plus relaxante que la mienne. « Ta famille ? » Oh, c'est vrai que le terme pouvait être légèrement vague. « Mes parents... et mes frères et soeurs. On est huit, cinq soeurs, deux frères, et vu que mes parents ne peuvent pas travailler, on est deux à le faire pour le moment. » Laurenn, l'ainée des filles allait bientôt être en âge de réellement se mettre au travail, d'ailleurs. Ce qui n'était pas plus mal, car à deux, nous arrivions à peine à nourrir tout le monde. « Ne t'inquiètes pas, on ne m'a pas passé la bague au doigt, t'as encore ta chance. » repris-je finalement en un fin sourire. « T’es courageux, en tout cas, mon vieux. » « C'est surtout que je n'ai pas le choix. C'est pas trop mon rêve de vie, que de décharger des camions et vendre des fruits jusqu'à la fin de mes jours, hm. » ouais franchement, y'avait mieux, c'était pas difficile à deviner. « J’t’avoue que non, ça change pas trop de d’habitude pour moi… ma vie à Hawaï ça a un peu toujours été ça. Tu m’étonnes, ça doit être cool pour toi de pouvoir te reposer. » Ça c'était certain, bien que j'avais déjà l'impression de tourner en rond. « Et hormis rien faire, y'a un truc que t'aimes bien faire ? Non parce que je me doute que tu dois pas passer ta vie à te tourner les pouces sur ton ile, t'as bien des activités non ? » parce que sinon, c'était encore pire que mon métier, à mon goût.

Ce qui était sûr, c’était qu’Archie devait beaucoup plus se tuer à la tâche pour son boulot que toi. Et tu le respectais pour ça. Si tu avais dû travailler dur pour gagner ta vie, tu n’aurais pas hésité à le faire. Mais tu avais l’occasion de bien gagner ta vie tout en étant en « vacances », alors non, les efforts pour toi ce n’était pas encore d’actualité. Quoi qu’il en soit, tu trouvais ça très honorable de la part du jeune homme de travailler si fort pour nourrir sa famille. « Mes parents... et mes frères et soeurs. On est huit, cinq soeurs, deux frères, et vu que mes parents ne peuvent pas travailler, on est deux à le faire pour le moment. » Tu écarquilles les yeux en entendant ça. Huit. Huit enfants. C’était énorme. « Waw… ah oui quand même. Ça fait une grande famille ça. » Et pas qu’un peu. C’était évident qu’il devait bosser beaucoup pour nourrir tout ce beau monde. Ça ne devait pas être facile. « Ne t'inquiètes pas, on ne m'a pas passé la bague au doigt, t'as encore ta chance. » Tu lâches un rire amusé. « En l’espace d’un instant, tous mes espoirs et mes rêves s’étaient envolés, mais tu me rassures maintenant. » ajoutes-tu dans un sourire. En tout cas, il pouvait dire tout ce qu’il voulait, tu le trouvais courageux de faire tout ça. Certaines personnes sans scrupule n’auraient pas hésité à laisser tomber leur famille. « C'est surtout que je n'ai pas le choix. C'est pas trop mon rêve de vie, que de décharger des camions et vendre des fruits jusqu'à la fin de mes jours, hm. » Ça, tu aurais pu le deviner. Personne n’a réellement envie de faire ça toute une vie. Du moins, c’était ce que tu supposais, après pourquoi pas hein. « En tout cas, ce que tu fais reste plus respectable que de passer sa vie sur une île. » Bon, en fait, tous les métiers étaient plus respectable que le tien, il n’y avait pas à dire. « Et hormis rien faire, y'a un truc que t'aimes bien faire ? Non parce que je me doute que tu dois pas passer ta vie à te tourner les pouces sur ton ile, t'as bien des activités non ? » Bonne question. Tu aimais faire plein de choses, en fait. « Hm.. en fait j’aime faire pleins d’activités sans qu’aucune soit vraiment une passion qui rythme ma vie… tu vois ce que je veux dire ? J’adore faire du surf, nager, passer du temps avec mes amis, courir, danser, apprendre à jouer d’un instrument, tous ces trucs… Sans que ce soit pour autant mon truc. Tu saisis ? » Non, sûrement pas… « Non, en réalité, j’crois bien que j’ai une passion. » Sûrement la passion la plus ridicule qui soit. « Tu te moques pas de moi hein ? » Boum badaboum boum. « Ma passion, c’est de tomber amoureux. » Hm. « Ouais, j’crois que ce qui rythme ma vie, ce sont mes relations amoureuses… C’est le seul truc dans lequel je suis toujours à fond. J’vis pour ça. » tu dis, l’air pensant, analysant ta propre attitude. « Pas la peine de me dire que c’est ridicule, c’est bon, on me l’a déjà dit. » tu annonces en riant de bon cœur, comprenant que tout le monde ne pouvait pas avoir la même vision que toi à ce sujet. « Et toi, mis à part donner ta vie pour ta famille ? »

J'avais conscience que ma situation familiale n'était pas la plus aisée au monde. Des parents à la charge de deux enfants avaient déjà du mal, mais alors avec huit enfants et sans pouvoir exercer la moindre fonction, c'était clairement bien plus compliqué. Heureusement nous n'étions pas seuls, et mon oncle nous aidait de temps à autres, comme actuellement puisqu'il m'avait remplacé, le temps de participer à cette aventure. Je ne savais d'ailleurs pas ce que celle ci allait pouvoir changer de mon côté, mais j'espérais que nous ne serions plus dans la même galère quotidienne. « Waw… ah oui quand même. Ça fait une grande famille ça. » j'haussais les épaules « Il faut ce qu'il faut. » avec un peu de chance, un d'entre nous arriverait à avoir une grande carrière dans quelque chose, hm. Mais ça n'était pas prêt d'être mon cas, qu'on se le dise. Non pas que j'étais particulièrement mauvais à l'école ou quoi que ce soit, juste que maintenant que j'avais les pieds dans le monde du travail, je me voyais mal repartir de zéros et reprendre mes études. « En l’espace d’un instant, tous mes espoirs et mes rêves s’étaient envolés, mais tu me rassures maintenant. » me répondit-il en un sourire. En même temps, je me voyais bien mal me caser avec quelqu'un, du moins pas maintenant, pas dans cette situation. Peut-être lorsque j'aurai quarante ans, soit dans une dizaine d'années. « En tout cas, ce que tu fais reste plus respectable que de passer sa vie sur une île. » j'évitais de lui préciser, mais je n'en pensais pas moins en effet. Cela dit, chacun avait sa fonction, il en fallait bien pour faire le sale boulot. A mes yeux, tout travail était bon à prendre à partir du moment qu'il rapportait un minimum d'argent. Je lui demandais tout de même s'il avait une activité particulière sur son ile, parce que si c'était pour se tourner les pouces toute la journée, il allait vite en avoir marre à la longue. Personnellement, j'aurais déjà abandonné depuis un moment. « Hm.. en fait j’aime faire pleins d’activités sans qu’aucune soit vraiment une passion qui rythme ma vie… tu vois ce que je veux dire ? J’adore faire du surf, nager, passer du temps avec mes amis, courir, danser, apprendre à jouer d’un instrument, tous ces trucs… Sans que ce soit pour autant mon truc. Tu saisis ? » j'hochais la tête « Ouais, t'es un touche à tout quoi. » c'était comme ça que je le comprenais tout du moins. J'étais un peu pareil de ce côté là. « Non, en réalité, j’crois bien que j’ai une passion. Tu te moques pas de moi hein ? » mon sourcil droit s'arqua instantanément alors que je retenais un sourire « Je vais essayer de toutes mes forces, hm. » enfin, sauf si c'était vraiment ridicule, du genre aimer faire des tresses ou des conneries du genre. « Ma passion, c’est de tomber amoureux. » pouffant légèrement, je lâchais en demi teinte « Ahem, désolé, j'avais un truc dans la gorge. » non mais c'était pas une vraie activité ça, tomber amoureux, non ? « Ouais, j’crois que ce qui rythme ma vie, ce sont mes relations amoureuses… C’est le seul truc dans lequel je suis toujours à fond. J’vis pour ça. » Je n'étais jamais tombé amoureux donc je ne pouvais de toute évidence pas juger la qualité de cette "passion" même si ça me semblait toujours quelque peu étrange. « Pas la peine de me dire que c’est ridicule, c’est bon, on me l’a déjà dit. » mon rire se joignit au sien, alors qu'il reprenait la parole « Et toi, mis à part donner ta vie pour ta famille ? » ah oui tiens, je me moquais, mais c'était quoi ma passion à moi ? « J'adore la gratte, comme j'te l'ai dit. Après j'ai pas beaucoup de temps à m'accorder. Je crois que mon truc à moi, c'est m'occuper de mes cadets. Oh, et puis j'adore la moto aussi, enfin, j'ai pas un engin de super bonne qualité, mais rouler me fait du bien. » ouais, c'était à peu près les seuls moments où j'arrivais à me vider la tête. « Ouais, je sais, je suis carrément loin de ta passion à toi. J'ai jamais été amoureux d'ailleurs, j'crois que ça demande trop de temps. » ça devait être pour ça que je n'avais jamais recherché à me poser avec quelqu'un. Et puis pour se poser, il fallait déjà avoir un minimum d'argent, ce que je n'avais pas. « Cela dit, on n'a pas franchement besoin d'amour pour s'envoyer en l'air, toi et moi. » sifflais-je en reportant mon regard sur la ligne d'horizon qui s'étendait face à nous. Non, la différence entre être amoureux et faire l'amour était plutôt importante. Le dernier apportait beaucoup moins de contraintes.

Même si tu avais un métier de glandeur, comme Archie l’avait parfaitement souligné, tu ne faisais jamais « rien » à proprement parler. Tu avais toujours une activité pour t’occuper, des amis à qui parler, ou quelqu’un à qui penser. En somme, tu n’avais beau « rien » faire de la journée, tu ne t’ennuyais jamais. Pour rien au monde. Et quand il te demande si tu as une passion, un passe-temps favoris, rien ne te passe particulièrement à l’esprit en premier lieu. « Ouais, t'es un touche à tout quoi. » et toi, tu hoches la tête. « On peut dire ça, ouais. » affirmes-tu. Et puis tu te rappelles que t’es un fou de l’amour, toi. Et qu’on peut très bien appeler ça une passion. Ta passion à toi. C’était certes bizarre – trop bizarre, même – mais c’était ce qui te définissait : les relations amoureuses. C’était ce qui t’avait construit, et ce qui continuait encore de te former aujourd’hui. C’était grâce aux relations que tu avais découvert qui tu étais réellement, ce que tu valais. Et puis vu que tu tombais facilement amoureux, on pouvait dire que tu en avais eu pas mal, des relations, hm… Évidemment, t’es certain qu’il va se moquer de toi, ça paraît clair, tu t’y attends. Et puis tu as l’habitude, tout le te taquine sur l’importance que tu portes à tes relations. Mais tu n’y peux rien, t’es comme ça. Et la réaction arrive : il pouffe. Oh, ça ne te dérange pas. Tu sais très bien qu’il doit penser que tu es fou. « Ahem, désolé, j'avais un truc dans la gorge. » Tu arques un sourcil, parce que tu n’étais pas dupe. Comment l’être ? Surtout que ça ne te gênait en rien qu’il se fiche de toi, en fait. « Bah oui, bien sûr, j’me doute. » dis-tu ironiquement en hochant la tête, faisant mine de le croire. Sauf que ton sourire montrait bien que ce n’était pas le cas. Mais tu comprenais son point de vu, en quelque sorte. Enfin… en fait, tu comprenais qu’on puisse ne pas penser comme toi, tout simplement. Et tu lui retournes finalement la question, curieux de savoir ce qui pouvait bien animer ce cher Archie.  « J'adore la gratte, comme j'te l'ai dit. Après j'ai pas beaucoup de temps à m'accorder. Je crois que mon truc à moi, c'est m'occuper de mes cadets. Oh, et puis j'adore la moto aussi, enfin, j'ai pas un engin de super bonne qualité, mais rouler me fait du bien. Ouais, je sais, je suis carrément loin de ta passion à toi. J'ai jamais été amoureux d'ailleurs, j'crois que ça demande trop de temps. » « T’es pas sérieux.. » tu souffles spontanément et sans réfléchir, un brin choqué par ce que tu venais d’entendre. Il n’avait jamais été amoureux, à son âge. C’était une blague, non ? Ça te paraissait pourtant impossible. C’était sûrement pour ça que, même si tu étais bi, tu avais toujours eu beaucoup plus de relations avec des femmes. Elles étaient capables d’aimer. Parce que, quoi qu’on en dise, tu trouvais les hommes plus compliqués que les femmes – du moins pour ceux que tu avais connu. « Mais même pas une fois ? » tu rajoutes, histoire d’être sûr, quand même. D’un côté, il avait raison, une relation ça demandait du temps. Et toi, tu en avais pas mal, du temps pour toi, il faut dire. « Cela dit, on n'a pas franchement besoin d'amour pour s'envoyer en l'air, toi et moi. » Et tu lâches un franc rire. Pas que l’hypothèse de t’envoyer en l’air avec lui te fasse rire, ce qui te faisait rire c’est qu’il l’ait dit comme ça, de cette manière. « Tu risquerai de tomber amoureux, je ne voudrais pas gâcher ta vie. » dis-tu dans un sourire taquin.

J'aimais bien me lancer des défis, vous savez, me mettre à construire une cabane pour le chien, ou une maison de poupée pour ma soeur. J'avais passé plus d'un an à réaliser ce dernier cadeau, créant des chaises miniatures et tout ce qui allait avec. Je récupérais les matériaux sur le marché, un peu tout ce que je pouvais à vrai dire, mais au final, la maison était plutôt réussie. Il faut dire que j'avais passé un temps monstre à me renseigner. Ma plus jeune soeur avait été ravie le jour de son anniversaire. Et de toute évidence, le candidat semblait également être un touche à tout, puisqu'il n'avait pas d'activité favorite, mais plus un panel de loisirs plus étendu que la normale. Ce n'était pas plus mal, au moins il avait l'occasion de tester un peu tout et de se faire une idée sur chaque chose. « On peut dire ça, ouais. » Mais tout de même, je ne m'attendais pas à ce que son activité favorite soit l'amour. Tomber amoureux, ou la chose qui n'était pas prête de m'arriver. Ce n'était pas que je n'en avais pas envie, juste que je n'avais jusqu'ici jamais trouver le temps. Ma vie ne m'avait pas laissé une minute à moi, donc je suppose que c'était tout de même compréhensible. « Bah oui, bien sûr, j’me doute. » me répondit-il après que j'ai laissé échappé un rire quelque peu étouffé. Bon, d'accord, c'était pas hyper sympa de me moquer, mais j'y pouvais rien après tout. C'était plutôt inhabituel. Je lui racontais donc que j'étais jamais réellement tombé amoureux. Evidemment, j'avais eu des histoires, comme tout le monde, et on pouvait même dire que j'en avais eu un petit paquet, mais de là à parler d'amour au sens propre, non. J'en avais fait des déçus. « T’es pas sérieux.. » reprit-il à la fois surpris et outré. « Mais même pas une fois ? » « Jamais. » que je me contentais de répondre en fixant mon regard dans le sien. Est ce qu'on avait besoin de connaitre l'amour pour être heureux ? Franchement, j'en doutais. Finalement je lui explique que de toute façon, si nous en venions à nous envoyer en l'air, nous n'aurions pas franchement besoin d'être amoureux, ce à quoi il répondit en un rire. « Tu risquerai de tomber amoureux, je ne voudrais pas gâcher ta vie. » mes lèvres s'étirèrent en un sourire « Tu crois ça ? Pourquoi ? Ton charme n'a pas de limite, c'est ça ? » croisant les bras contre ma poitrine, je jetais un nouveau regard sur l'horizon, avant de recracher un peu de fumée. « Et donc t'es là pour trouver le grand amour, ou tu me racontes tout ça juste dans l'espoir que je veuille bien de toi ? » que je sois fixé quoi. Bon d'accord, j'étais peut-être un peu moqueur sur les bords.