Je serais incapable de dire ce qui est le plus affreux. Les tonnes de miroir me donnant l'impression de faire partie du casting de la guerre des clones ou ce truc, cet affreux lourdeau que je tente de traîner depuis un moment déjà. Je pourrais m'habituer à n'importe quel bêtise de la chambre orientale. Aux bougies, à l'odeur qu'elle dégage, je crois même que je commence à aimer l'impression de chaleur étouffante que dégage la décoration. Mais ce truc, cet espèce de hublot de maltraitance animal, c'est non. C'est moche, c'est un bébé et à chaque fois que je butte dedans en me levant le soir, je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable à l'idée que je viens de flanquer pour la énième fois un coup de pied au postérieur d'une bestiole inanimé qui n'a rien demandé. Poussant encore un peu. Je me décide finalement à m'arrêter en plein milieu du couloir et m'adosse contre la bestiole. En vérité, je n'ai absolument pas réfléchi à ce que j'allais bien pouvoir en faire. Je voulais au départ l'emmener dans la forêt, lui trouver potentiellement un nom et l'abandonner là, quelque part sous les cocotiers, histoire qu'il vive une vie d'éléphant de rêve. Mais je devais bien me rendre à l'évidence, c'est bien trop loin et patrick pèse une tonne. La deuxième option était de le balancer dans la piscine et d'attendre que quelqu'un se noie suite à une crise cardiaque, comme archie par exemple, mais je suis trop sympa pour ça...et patrick ne mérite pas un tel sort. Alors voilà. peut être bien que je devrais tout simplement le laisser en plein milieu du salon, histoire de permettre aux autres candidats d'apprécier sa belle gueule au clair de lune. C'est qu'il est mignon quand même, lorsqu'il ne nous observe pas la nuit. Je tapote doucement le crâne de l'éléphanteau et souris bêtement. Bah alors patrick, on va faire quoi toi et moi ? je souffle un peu. Un régime déjà...parce que t'es lourd bon sang...et ne me traite pas de crevette! Je le fusille du regard et lève la tête. Et hausse un sourcil. Et...Ah non, y'a assez de miroirs pour savoir que ce blond-là, juste devant, ce n'est pas moi. Ce n'est pas moi... je pivote brusquement et tente de cacher Patrick derrière mon dos. Ce n'est pas ce que tu crois. Je réfléchis à vive allure. c'est...je le promène!

Je crois rêver. Un éléphant. Y a un putain d'éléphant dans le couloir et le pire, dans tout ça, je crois, c'est que ça choque que moi. C'est une blague. Y a un éléphant dans le couloir et personne ne réagit. J'ai les yeux écarquillés et puis là je vois ce type. C'est qui lui, déjà ? Ah oui, Manu, quelque chose comme ça. Il tient l'animal, pire, il s'adosse dessus et puis il converse avec aussi. Je rêve. Putain. Faut vraiment que j'arrête de dire putain, aussi. Et là, il me dit qu'il est occupé de le promener. Je. « Tu promènes un éléphant... » j'émets quelques réserves. Vous avez déjà promené un éléphant, vous ? Déjà, faut arriver à le tirer, le machin. Ça doit pas être facile, quelque part je le plains, le Manu. Et puis je me rends compte que c'est un faux - en même temps il aurait déjà écrasé le pauvre jeune homme qui fait quoi, trois kilos ? Et puis je suis un peu con aussi. Comme s'il y allait avoir un véritable éléphant dans cet immeuble, non je pense pas. Oui bon ça va hein. Je me rapproche du jeune homme et de la bête. Il a quand même vachement l'air d'un con avec son éléphant dans son couloir, çui-là. « Et vous comptiez aller où » que je demande. Ma curiosité aura été plus forte que moi. « Et il a un nom ou pas ? » ce serait dommage de ne pas lui en donner un, tout de même, à ce pauvre animal. Je pose ma main sur la chose, putain c'est vrai que c'est lourd, quand même. « Vu le poids de la chose tu ne risques pas d'aller bien loin ! » non parce que le type est fin comme un fil de fer ; je doute même que Jarek puisse arriver à pousser le pauvre animal. Alors lui.. Je ne suis pas contre lui donner un coup de main cependant. Enfin ça dépend où il veut le foutre, hein. « Tu penses qu'il passe dans l'ascenseur » que je demande négligemment. Clairement, j'en doute, mais c'est l'une de mes questions existentielles dans la vie. Alors pourquoi ne pas la poser n'est-ce pas. Par contre, on risquerait d'avoir des problèmes avec la production. Beh oui. Il risque de bloquer le machin au bout d'un moment. Dommage. Mais bon, c'est le genre de choses qui arrivent..

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