Le logement est excellent, il aurait été difficile d'espérer mieux, et pour cause il y a même une piscine extérieure. Prête au grand plongeon, je pensais me glisser tranquillement dans l'eau mais c'était sans compter sur la brune là-bas. « Hey toi, t'en penses quoi ? » D’où elle se permet de me héler comme un vulgaire serviteur celle-là ? Mais soit, le but étant de franchir cette première semaine je serre les dents et m’avance bien que j’ai clairement envie de l’agripper par les cheveux pour lui demander si elle sait à qui elle parle mais de toute évidence elle n’est pas au courant. « Tu trouves que j'ai du style ? » Je fixe un moment la page. Y a du bon et du moins bons, à vrai dire elle porte des bonnes pièces mais certaines associations pourraient être qualifiées de catastrophe aisément. Je ne sais pas quoi lui dire, j’hésite entre être sincère ou lui servir les mots qu’elle a envie d’entendre. Il faudrait que je tente de balancer ma réponse, un parfait mensonge se dose avec du 50/50. J’espère qu’elle ne prendra pas mal mon hésitation. Finalement je me décide pour un « Oui. » accentué d’une grimace qui prouve la modestie de l’affirmation. Bon allez je ne peux m’empêcher d’être sincère pour le coup. « J’aime bien certaines de tes pièces mais si tu veux mon avis y a des associations à revoir. » Ses oreilles ont l’air sensibles, j’ose espérer que ça ne lui abimera pas les tympans de telles paroles. Mais attendez deux minutes… qu’est-ce qu’elle fou sur un magazine la fille ? Oh je m’excite pour rien… si c’est un feuillet où tous les candidats sont répertoriés sur du papier glace je ne dois très certainement pas y être. Quoi que ça m’a plus l’air de venir de l’extérieur. « Tu colles des propres photos de toi sur des magazines people ? » Clairement je l’accuse de fanatisme envers elle-même, le regard et le doigt pointé qui vont avec. A y regarder de plus près je ne saurais dire pourquoi cette tête m’est familière, comme si je l’avais déjà vue quelque part mais je ne sais plus où… difficile à dire. Ça me reviendra peut-être avec le temps.

A peine entrée dans l’aventure et intégrée, si j’ose dire, à mes nouveaux camarades que je suis déjà lassée de l’image lisse que je me construis afin de ne pas irriter les spectateurs. Bien que ces derniers soient en général attirés par fauteurs de trouble je préférais m’abstenir de toute remarque pouvant être mal interprétée. Du coup lorsque la candidate m'avait demandé mon avis j'avais fini par lui expliquer le fond de ma pensée. "Bonne critique"... mh oui forcément disons que s'habiller comme un sac lorsqu'on possédait l'argent plus que nécessaire à une belle garde-robe à l'ère internet et réseaux sociaux était devenu impossible et puis quand bien même je n'étais pas une "plouc". Son magazine me fit tout de même réfléchir, je ne comprenais pas pourquoi elle figurait dedans et c'était donc la raison pour laquelle je finis par proposer mon hypothèse. « Non pas vraiment... j'ai pas besoin de faire ce genre de choses en faite. D'ailleurs qui fait ça ? Y a des gens aussi bizarre ? »[i] Mauvaise tentative alors... mais je comprendrai un jour. « Je sais pas… le peuple parfois.  … … enfin les gens en général ! » Tentative de pirouette un peu paniquée… le mot venait de m'échapper tout seul et je pouvais dire que je venais de lamentablement échouer à mon objectif : ne pas montrer aux autres ma royaltie. Il est vrai, faire connaitre mon statut de princesse pourrait m’attirer les foudres ou encore les jalousies de certains de mes camarades. Le royalisme était si mal vu par certains de nos compatriotes de nos jours… [i]« Dernière fashion week de Londres non ? »  Mh ? Surprise ma tête eut pour réflexe d'avoir un mouvement arrière. Mes yeux se plissent légèrement, une sale manie lorsque j'analyse les gens. De part l'impression de l'avoir déjà vue sa réflexion m'intriguait d'avantage. Fashion week, donc... pourtant j'étais persuadée de l'avoir vue autre part. « Oui j'y étais mais c'est étrange j'ai vraiment l'impression qu'on s'est déjà rencontrées... ou croisées... » Quelle désagréable sensation que mon cerveau ne puisse se souvenir correctement des faits. « En tout cas si c'était à la Fashion Week je ne peux qu'être enchantée de faire ta connaissance, plus officiellement du moins. » Je lui offris un sourire, bien que son visage ne m'était pas pour autant familier j'étais quelque peu rassurée de rencontrer quelqu'un de "bien" aussi tôt après mon arrivée. Cela expliquait notamment pourquoi elle figurait dans un magasine people, ne me restait plus qu'à trouver pourquoi; je sens que ça coince de ce côté là.

L’impression de déjà-vu est quelque chose qui m’arrive très souvent lorsque je croise des personnes avec qui j’ai eu quelques évènements en commun mais cette fille là… impossible de remettre un nom sur son visage ou bien de l’associer à un endroit. En soi c’est étrange puisque ma mémoire ne flanche jamais de ce côté-là, c’est sans doute parce que nous n’avons jamais dû nous adresser la parole jusqu’à maintenant car sinon sa voix m’aurait interpellée, au moins ça. Le fait de parler de la Fashion-Week de Londres semble lui avoir provoqué un déclic. « Oh my god, t'es... une princesse … non ? » Quelle surprise ! Comment sait-elle ? Enfin… c’est plus compliqué que ça, je n’ai pas de titre à proprement parler, mes parents sont traders et je projette de me plonger à corps perdu dans ce métier à mon tour incessamment sous peu mais… wow. Trop bien. Je veux dire je n’ai pas douté un seul instant de ma capacité princière mais que le monde le reconnaisse ça me rend heureuse. « Oui, mais pas d’une lignée principale. » que j’annonce les mains jointes et sourcils battants. Et elle qui est-elle ? Si elle a des cartons d’invitation pour la fashion-week et qu’un magazine analyse ses tenues vestimentaires ça ne doit pas être n’importe qui. « Je suis Jasmine Seven, enchanté. » 3…2…1. Ma bouche s’ouvre en un oval parfaitement dessiné, l’une de mes mains venant le couvrir délicatement. « Oh mais… c’est donc à la télévision que je t’ai vue ! Mon dieu le programmateur de MTV doit t’adorer, tes musiques passent toujours en fond sonore chez moi !» Allumer la télé toute la journée pour créer un semblant de vie dans le manoir familiale était devenue une vieille habitude qui m’aidait plus ou moins à combattre la solitude en fonction des jours. « T'as le droit d'être là ? » Hm ? Et pourquoi donc je ne pourrais pas ? Loin de moins le statut de Kate Middleton. « Oui bien sûr, je me suis arrangée avec quelques personnes afin de gérer mes actions, d’autant plus que c’est mouvement ces temps-ci ! » Je devais être bien moins overbookée qu’elle qui bénéficiait du statut de star au niveau international. Waw, quelle réussite… j’aimerai briller autant dans mon domaine aussi, un jour. Comme mes parents. Je finis finalement par m'asseoir sur le transat d'à côté, en profitant pour lui demander ce qu'elle faisait là aussi puisque niveau protocoles elle doit être pas mal garnie.