it's a wonderful life
ft. Teddy & Maxence

Le temps semblait faire la gueule aujourd'hui. Bon je ne vais pas vous dire qu'il faisait mauvais mais n'empêche que le ciel tenait plus du gris que du bleu, et surtout il faisait affreusement lourd. Et pour moi qui vivait dehors depuis une semaine c'était devenu tout bonnement invivable, à tel point que je devais faire mine de me cacher dans le Jack Rabbit quand en vérité je cherchais juste à échapper à cette sensation que le ciel s'affaissait peu à peu au dessus de nos têtes. Je devais avoir une dégaine affreuse, cela faisait cinq jours que je me "lavais" à l'eau de mer, que je n'avais pas donné un coup de ciseau dans ma barbe pour éviter qu'elle ne dérive n'importe comment ou même que j'avais croisé mon reflet dans un miroir. Je portais encore mon tee-shirt de la veille, j'attendais sagement que Rowan vienne ou envoie quelqu'un d'autre pour me filer des fringues propres, et j'en étais à m'asperger le visage d'eau et à me laver les dents directement dans l'évier du bar ... Bref, à cet instant je devais donner l'impression d'avoir confondu Fake Lover et Koh-Lanta. Et même que « J'ai faim, j'me ferais bien un milk-shake. » Oui, c'était à moi-même que je parlais. Vous sentiez la mesure de mon désespoir, là ? Mais je désespérais de croiser quelqu'un aujourd'hui, il faisait trop lourd et beaucoup semblaient rechigner à sortir ... Qu'est-ce que je donnerais pour pouvoir aller me vautrer au centre de thalasso là, par exemple. « Banane-Nutella-vanille-cookies ... parfait ! » A l'aide de mon bras valide - après avoir passé lundi et mardi à serrer les dents j'avais enfin pris la décision de remettre l'autre en écharpe, au moins le temps que l'inflammation passe - j'avais sortit tout ce que je venais de citer avant de l'étaler sur le comptoir, vidant une bouteille de lait dans le mixeur tout en me disant que si j'en faisais de trop cela ferait peut-être venir du monde. Je venais de terminer de couper les trois bananes en morceau, entreprise qui m'aurait sans doute coûté moins de temps si ma chute dans la douche (oh et ça va, évitez de rire, c'était déjà assez ridicule) ne m'avait pas dispensée d'un de mes bras, et j'avais refermé le mixeur avant de le mettre en marche lorsque découvrant Teddy sur le perron j'avais lancé « Ah ! Je savais bien que ces milk-shakes finiraient par appâter quelqu'un. Tu restes un peu ? J'ai croisé personne depuis le début de la journée encore ... » Je n'allais pas lui dire que j'étais à deux doigts de dépérir à force de ne voir arriver personne mais bon quand même. J'avais l'impression de gâcher mon temps, passer temps de temps tout seul alors qu'il s'agissait peut-être de ma dernière semaine et surtout peut-être de la dernière semaine de personnes que je n'avais aucune envie de voir partir et dont j'aurais voulu pouvoir profiter un peu plus de la présence cette semaine ...

Mon partenaire me manque un peu. Je ne dirais pas que nos relations sont très proches, d’ailleurs je doute fortement de le revoir à l’extérieur à moins qu’il ne veuille me faire sympathiser avec sa fille mais je m’en passerai volontiers. La seule chose dont je tire avantage dans cette séparation est le fait d’avoir le lit à moi toute seule, sinon je dois bien avouer que les petits déjeuners en sa compagnie me manquent. Le pauvre devant vivre à l’extérieur sur ordre de la grande blonde je m’étais bien rendue compte que lui demander chaque matin de partager la nourriture était un peu trop. Alors je n’avais rien dit. Je me trouve parfois drôlement pathétique à prendre tant en compte le regard de Maxence, à vrai dire je ne comprenais même pas pourquoi mais sans doute était-ce parce que je veux sans cesse lui prouver que je ne suis pas une gamine. Allant pour lui rendre visite, mon partenaire est finalement abonné absent et je me contente d’hausser les épaules. Il reviendra bien, une fugue venant de sa part serait plus qu’étonnante. Cela dit je m’obstine à le chercher tout simplement parce que je me sens un peu mal en compagnie des autres en ce moment. Je ne sais pas, j’ai l’impression qu’après mon détecteur de mensonge et tout ça les choses ont un peu changé. Il est vrai que je l’ai cherché en mentant ouvertement et en l’avouant mais sur le moment je trouvais ça marrant et puis ce questionnaire était un peu compliqué pour moi, voyez-vous… disons que mon secret n’était pas si facile à garder et j’aurais voulu que les gens le comprennent plutôt qu’à se retourner contre moi, m’accusant d’hypocrite. Le détecteur m’avait fait redescendre de mon nuage. J’étais à chaque fois un peu plus blessée d’apprendre que j’étais plus naïve que je ne le pensais. Prenez Rowan, j’ai vraiment été surprise ! Et en plus c’est elle qui a mis mon partenaire dehors. Bien. Elle cumule. Laissant mes pieds me guider, voilà que j’arrive devant le Jack Rabbit Slim’s tandis qu’une voix m’interpelle. « Ah ! Je savais bien que ces milk-shakes finiraient par appâter quelqu'un. Tu restes un peu ? J'ai croisé personne depuis le début de la journée encore ... » Tournant vivement le regard vers l’origine de cette voix, je me retrouve avec mon partenaire devant le nez et autant dire une chose : je suis vraiment heureuse. « Oh Maxence je suis trop contente de te voir ! » Je sautille comme une enfant, tapant dans mes mains tel un phoque. N’avais-je pas dis que je ferais des efforts pour paraître moins enfantine devant lui ? Je me reprends. « Je suis désolée j’aurais dû venir plus tôt mais ça fait un moment que je te cherche ! Tu me manquais. » M’approchant de lui, je lui fais un câlin digne d’une… enfant. Mais reprend-toi que diable ! « Ton cocktail a l’air délicieux ! J’en ai pris un avec Jasmine la semaine dernière quand elle n’avait pas le moral, c’était un peu comme un café entre copines, c’était trop bien. Tu veux faire ma copine aujourd’hui c’est ça ? » Chacun son tour, il parait que je suis difficilement supportable.

Rarement l'expression bâiller aux corneilles ne s'était aussi bien appliquée à moi, puisque je bâillais littéralement. Pas de fatigue mais d'ennui, je dirais même un ennui mortel. Y'avait bien que Silas pour trouver qu'il y avait toujours de quoi s'occuper dans un bar, mais il trichait, moi je ne pouvais pas jongler avec les verres ou les bouteilles pour passer le temps ... Sauf si j'avais ensuite envie de passer trois plombes à balayer et nettoyer tout ce qui se serait écrasé au sol. Et je n'étais pas certain que Cupidon apprécie ce genre de pitreries. Il était quand même vraiment premier degré, le chérubin. Du coup autant vous dire que la préparation de milk-shake représentait le point culminant de mes activités de l'après-midi, et c'était aussi ma dernière chance de ne pas mourir d'ennui, littéralement ... Si balancer des ingrédients dans un shaker ne suffisait pas à m'occuper j'allais probablement m'allonger au milieu de la piste de danse du bar, faire l'étoile de mer et attendre que l'ennui, Cupidon ou un autre candidat vienne m'achever. Bon d'accord, j'exagérais peut-être un peu ... Faut dire que je n'arrivais pas à me concentrer, ça n'aidait pas ma situation. J'avais ma méthode de malais ouverte, en bout de bar, mais cela devait faire deux heures que je buggais sur la même page sans que cela m'avance à rien. Et puis au bout d'un moment, répéter des associations de syllabes comme un disque rayé pour essayer de les imprimer finissait par monter au cerveau. J'avais besoin d'une pause, et plus encore que les milk-shakes ce fut l'arrivée de Teddy qui m'en donna vraiment la possibilité « Oh Maxence je suis trop contente de te voir ! » Et moi donc. Il fallait que ma partenaire et moi soyons nominés tous les deux - j'avais volontairement décidé de ne pas lui tenir rigueur de la façon dont je m'étais retrouvé nominé moi aussi, à mes yeux c'était de toute façon bien plus la roulette que Teddy que je considérais comme responsable - et pourtant avec cette obligation de passer mon temps dehors je ne l'avais pratiquement pas croisée depuis dimanche ... Restait plus qu'à espérer que ce n'était pas notre dernière semaine à elle ou à moi, j'avais un certain goût d'inachevé en étant coincé à l'extérieur de l'immeuble. « Je suis désolée j’aurais dû venir plus tôt mais ça fait un moment que je te cherche ! Tu me manquais. » J'avais esquissé un léger sourire, mais avant que j'ai pu répondre quoi que ce soit la jeune femme m'avait déjà rejoint et passé ses bras autour de moi avec spontanéité semblait-il. J'avais été un peu pris au dépourvu sur le coup mais finalement j'avais passé mon bras valide autour de ses épaules pour la serrer un instant contre moi. Je crois que c'était ma façon à moi de lui dire que je n'avais pas envie qu'elle s'en aille dimanche soir ; A défaut de trouver les mots pour le dire de vive voix. « Ton cocktail a l’air délicieux ! J’en ai pris un avec Jasmine la semaine dernière quand elle n’avait pas le moral, c’était un peu comme un café entre copines, c’était trop bien. Tu veux faire ma copine aujourd’hui c’est ça ? » J'avais souri à nouveau tout en relâchant finalement mon étreinte. Repassant derrière le bar tout en faisant signe à la jeune femme de s'asseoir au comptoir, j'avais sorti deux coupes à glace d'un placard et y avait versé le contenu du mixeur. « Si tu promets de rester un peu avec moi et de mettre fin à mon ennui et à ma solitude ... Je veux bien être à peu près tout ce que tu veux. » que je lui avais alors répondu d'un ton amusé, avant de rajouter une bonne dose de chantilly sur le dessus des deux coupes. Quitte à ce que ce soit bien lourd et bien calorique, un peu de chantilly en plus ou en moins ça ne faisait plus trop de différence, hm. « T'as pas d'allergies particulières ? » avais-je alors demandé comme si cela venait juste de me revenir, alors que je posais le milk-shake devant elle. On ne savait jamais, les bananes, les cacahuètes, le lait ... J'étais bien allergique au poisson, moi. Ce qui n'était pas une mince affaire quand j'étais en reportage dans certains pays d'Asie où la pêche était la principale ressource alimentaire, d'ailleurs. « Bon alors, dis-moi tout, il s'est passé des trucs à l'intérieur cette semaine ? J'espère que je te manque au moins un peu le soir ... » J'avais arqué un sourcil, l'air faussement sévère. Ça va, ce n'était pas non plus comme si elle était entre de mauvaises mains avec Ulysse, Danica et Amy dans la chambre, mais bon moi je devais bien avouer que je m'étais habitué à ne plus être seul pour dormir ... C'était pas du tout la même chose que de partager une tente ou une piaule avec mon équipe de travail, mais j'avais fini par m'y habituer, et ça me faisait bizarre depuis le début de la semaine de me lever sans plus trouver personne à côté de moi. Sans parler du fait de se réveiller dans un endroit incongru et avec un mal de dos sympathique ... Je rêvais d'un matelas, là.

C’est une surprise que de retrouver Maxence, d’autant plus à faire des cocktails. Une telle surprise que je me suis précipitée vers lui pour m’y coller tel aimant. J’ai envie de passer un moment avec lui et la seule condition est de… rester avec lui. Il n’est pas très compliqué comme garçon, Maxence. Enfin si, mais dans l’instant il ne l’est pas. Je desserre mon étreinte tandis qu'il se déplace, j'aurais très bien pu rester collée et suivre le rythme de ses pas mais tout de même "de la tenue, jeune fille". « D’accord. » J’acquiesce car je ne vois aucune objectif, d’ailleurs j’ai un peu honte de l’avoir laissé si longtemps seul, il est tout de même de ma responsabilité de partenaire que de faire en sorte qu’il ait le meilleur parcours possible. Je suis tout de même censée y contribuer et au lieu de quoi je le nomine d’office et le laisse loger à la belle étoile sans m’en préoccuper. Enfin si je m’en suis préoccupée mais pas assez, j’ai été égoïste. « Je dois bien t'accorder cela, tu ne t’ennuierais pas et ne te sentirais pas seul si j’étais une partenaire attentive alors je dois me rattraper. » Droite dans le siège désigné auparavant pas Maxence, les mains jointes, j’arbore un sourire casi-parfait et des yeux pointés vers ceux de mon partenaire. Mon partenaire qui me demande d’ailleurs si je suis victime d’allergies particulières. Qui s’est serait préoccupé mis à part Maxence, 35 ans, papa ? Pas grand monde et je lui en suis reconnaissante ça me touche, ce qui n’est pas compliqué compte tenu du fait que la moindre attention se dirige toujours droit dans mon cœur. « Non aucune ! » Je me sens comme une enfant et à vrai dire j’aurais aimé vivre ce genre de situation plus tôt dans ma vie car à expérimenter l vie ne communauté je me rends compte que ma vie n’a jam ais rien eu de très amusante.Il y a bien sûr eu quelques moments mais tout était si règlementé… à en voir un peu les extérieurs mon petit monde ne me convient plus tant que ça. Avant pour moi l’amusement c’était des évènements tels que le bal des débutantes tandis que maintenant c’en était tout autre. L’échange réel avec les autres me plaisait, dans un lieu où le mariage de l’hypocrisie et l’image est mis de côté. « Bon alors, dis-moi tout, il s'est passé des trucs à l'intérieur cette semaine ? J'espère que je te manque au moins un peu le soir ... » J’ignore son sourcil arqué, d’ailleurs j’ignore même sa seconde question juste pour l’embêter. « Hm non tu sais… Ulysse dort toujours avec son linge qui pue. » Une moue sur le visage, j’en ai presque l’air dépitée mais au fond je trouve ça très mignon même si l’intéressé tente en vain de le cacher. « Et puis je n’aime pas dormir toute seule, le lit est trop grand pour moi toute seule. » Personne d’autre ne peut m’accueillir dans son lit mis à part Krisjana mais je doute qu’elle soit ravie que je vienne la rejoindre un soir alors… je m’abstiens. « Et toi où as-tu installé ton nouveau lit ? Tu as l’air un peu fatigué… » Je trouve ça injuste d’ordonner à une personne de rester hors de son pavillon, ce n’est vraiment pas respectueux. « Cette condition est grossière, dès que je le pourrai j’irai parler à la production car c’est vraiment inadmissible. » Les grands mots qui sortent de ma bouche traduisent ma pensée. « Mais tu as déjà vécu pire, n’est-ce pas ? » Je connaissais le métier de Maxence mais nous n’en avions jamais réellement parlé.

J'étais content de voir débarquer Teddy au Jack Rabbit alors que j'en étais presque à dire une prière en espérant que cela ramènerait quelqu'un, mais j'étais encore plus content qu'elle accepte de rester pour me tenir un peu compagnie. Mais elle me cherchait déjà à la base, visiblement ; A sa décharge, à sa place ce n'était pas ici que je serais venu chercher en premier non plus. Avec une telle chaleur j'aurais d'abord visé la piscine et la plage, voir même le phare, mais pas ce vieux diner retro perdu au milieu des arbres. Mais elle avait quand même par me trouver, preuve qu'elle devait vraiment bien me chercher ... J'espérais seulement qu'elle avait prévu de rester un peu. « Je dois bien t'accorder cela, tu ne t’ennuierais pas et ne te sentirais pas seul si j’étais une partenaire attentive alors je dois me rattraper. » J'avais penché la tête sur le côté, un sourire attendri sur le visage. Ça va ce n'était pas non plus comme si on m'avait abandonné à une mort certaine, en plein désert, sans eau ni nourriture ; J'avais juste hâte d'être à dimanche soir pour pouvoir prendre une douche, et m'occuper de cette barbe avant que ça ne devienne vraiment critique. « Ça va, j'ai passé l'âge d'être perdu sans baby-sitter, mais la compagnie est appréciée. » J'avais souri à nouveau. Et puis j'avais quelqu'un pour s'attaquer à ce milk-shake avec moi, je crois que j'avais vraiment eu la main lourde sur les proportions j'avais bien vu dès le départ que ça faisait bien trop pour une seule personne. J'avais juste préféré m'assurer avant que je n'avais rien foutu là-dedans qui ne lui convienne pas, mais puisque « Non aucune ! » j'avais poussé une des deux verres dans sa direction avant d'y rajouter une paille, et une cerise sur le dessus. Et voilà donc le seul truc productif que j'avais fait de la journée, ça en disait long. Puisque Teddy était là en tout cas j'en avais profité pour me renseigner un peu sur ce qui s'était passé à l'intérieur durant la semaine, qui sait j'avais peut-être loupé quelque chose d'important « Hm non tu sais… Ulysse dort toujours avec son linge qui pue. » J'avais froncé le nez d'un air amusé, je trouvais ça mignon ; Faut dire que la peluche qui me servait de doudou plus jeune traînait toujours dans un de mes placards. Elle était devenue borgne, après que bébé Alicia lui ait arraché un œil pour tester le pouvoir de sa dentition. « Et puis je n’aime pas dormir toute seule, le lit est trop grand pour moi toute seule. » J'avais souri à nouveau, buvant un instant avant de suggérer en haussant les épaules « Pourquoi tu rapproches pas notre lit des deux autres ? C'est déjà ce que voulait faire Ulysse à la base. » Et la seule chose qui l'en avait dissuadé en définitive c'était de se dire que peut-être Teddy n'apprécierait pas l'intention. Et en parlant de lit elle m'avait questionné sur le mien « Et toi où as-tu installé ton nouveau lit ? Tu as l’air un peu fatigué … Cette condition est grossière, dès que je le pourrai j’irai parler à la production car c’est vraiment inadmissible. » Les grands mots tout de suite. « Mais tu as déjà vécu pire, n’est-ce pas ? » Oui, c'est sûr qu'objectivement j'avais connu bien moins confortable, et bien moins sûr. C'était surtout que de passer d'un lit immense avec un matelas confortable à un vieux sac de couchage dans un coin de bar c'était un peu le jour et la nuit, je crois qu'après sept semaines ici j'avais un peu trop pris goût au confort voyez-vous. « Si il faut je dors partout. Là j'aime juste bien râler pour embêter Rowan. » avais-je finalement amusé d'un ton amusé. C'était de bonne guerre tout de même, c'était elle qui m'avait exilé dehors cette semaine.Pour répondre à sa question en tout cas, à savoir où je dormais, j'avais désigné un coin à l'autre bout du bar « Là-bas. Rowan m'a rapporté un oreiller et un sac de couchage en début de semaine, et Titi une couverture. Et de quoi m'occuper un peu. » Là j'avais désigné mon livre de langue posé au bout du comptoir. Une fois qu'il était tard et que la plupart des candidats étaient rentrés c'était un peu le seul truc que j'avais pour m'occuper, avec la cible de fléchettes face au bar, et le jukebox vieillissant. Mais écouter les standards de Sinatra ça allait un moment, après ça finissait par seulement vous donner le cafard. « Tu t'inquiètes pas trop, pour dimanche ? » que j'avais finalement demandé d'un ton concerné, reposant mes yeux sur elle. Je n'en voulais pas à Rowan, chacun faisait avec ses affinités, mais je devais bien avouer que d'avoir vu Teddy se rajouter à la liste des nominés avec Titi et Ulysse n'était pas pour m'enchanter. Je crois que je m'inquiétais plus pour eux que pour moi, en fin de compte.

Maxence a été isolé toute la semaine et j’avoue avoir été assez occupée, dès que je rencontre quelqu’un je ne peux m’empêcher de m’arrêter pour passer un peu de temps avec même si cela a le don d’agacer certaines personnes dont je ne citerais pas le nom, mais disons qu’il est blond et espagnol. Par exemple. De ce fait je n’ai pas passé beaucoup de temps avec mon partenaire et je m’en veux car j’aurais aimé qu’il le fasse si les rôles avaient été inversés. Je ne peux m’empêcher de lui exposer mon opinion d’ailleurs mais selon lui il n’a plus besoin d’une baby-sitter. Alors il le prend comme tel. D’accord. Je suis vexée. Je ne dis rien, le visage simplement un peu plus fermé qu’à l’accoutumée en me contentant de l’observer s’activer. Si j’ai des allergies ? Non. Puis je n’ai pas envie que ce beau milk-shake ô combien appétissant m’échappe, c’est l’eau à la bouche que j’observe Maxence ajouter les cerises. J’ai envie de les piquer et de les avaler à la vitesse de la lumière. J’ai l’impression de revivre mon moment avec Jasmine la semaine passée, lorsque nous discutions autour d’un cocktail car c’est exactement ce que je fais actuellement avec Maxence : discuter de banalités autour d’un encas. Oh mais il joue vraiment ma copine, alors ?! Dommage que je n’ai rien d’intéressant à lui raconter, il me tarde de dormir avec lui de nouveau d’ailleurs, c’est psychologique je préfère lorsqu’il y a quelqu’un. J’aurais pu rapprocher les lits comme il le suggère mais à vrai dire je n’y ai même pas pensé et puis… « Oui mais… c’est étrange non ? De toute façon la semaine est terminée alors c’est trop tard. Tu pourras le faire si tu veux quand tu reviendras. » La vraie raison est que je n’oserais pas le faire de moi-même. Je ne sais pas pourquoi mais je n’ose pas, voilà. Si on changeait de sujet, tiens ? Parlons du lit de Maxence, la transaction sera facile. Il n’a apparemment pas de problème pour dormir ici, ce qui ne m’étonne pas en réalité et j’approuve mentalement son intention d’embêter Rowan avec des complaintes. Oui oui. Moi-même j’avais obtenu des excuses de cette dernière et devinez quoi, j’en étais sortie très satisfaite emplie d’une réelle sensation d’accomplissement. Ça ne s’explique pas, c’était comme une sorte d’objectif que je m’étais fixée, un truc qui se passe dans mon cerveau et que je ne contrôle pas. Quelque chose qui me fait me sentir parfois comme un requin et en d’autres moments comme quelqu’un de vicieux. Inexplicable, vraiment. J’avais souris à Maxence sur le coup puis mon regard se dirigea vers son coin personnel. « Tu l’as plutôt bien aménagé. C’est à ton image. » Je souris car j’exagère un peu tout de même. « Tu dois être impatient de pouvoir revenir à l’intérieur. En tout cas si tu as besoin de quelque chose d’autre il est temps de passer commande. » Je n’ai même pas le mérite de lui avoir rapporté quelque chose, je suis pathétique dans mon comportement n’est-ce pas ? Buvant une gorgée, mon regard remonte vers Maxence qui me questionne à propos de mon anxiété pour dimanche. « Non. » Je lui souris et dans ma tête résonne le mot « mensonge ». Je ne veux pas lui avouer ça et paraître pour une petite fille incertaine ou quelque chose qui y ressemblerait. « Mais j’ai envie de rester car ce milk-shake est bien meilleur que ceux du commerce, j’aimerais avoir l’occasion d’en boire un encore une fois. » Délicieux. J’ai tendance à changer de sujet plus vite que mon ombre mais j’espère qu’il ne le notifiera pas. « Tu m'accompagneras faire du sport après ? Il faut éliminer tout ça et puis il faut que tu continues à te muscler car sinon toutes les filles qui votent pour toi vont changer d'avis pour Silas et tu sortiras dimanche. » C'est une réflexion qui se tient, je suis tellement convaincue par mes propos que oui c'est définitif: elle se tient.