La semaine dernière j’ai dormi seule et après comparaison je préfère largement la compagnie de Maxence car bien que j’ai moins de place au moins j’ai quelqu’un qui respire à mes côtés. J’aurais même pu accepter le chat s’il avait tenté de venir, mais le problème ne s’était pas posé puisque l’animal savait pertinemment qu’une seule moustache sur mon pyjama m’aurait provoqué une haine immense à son égard. Qu’importe, en voyant Ulysse jouer vivement et passionnément à la console dans la salle de maintenance je n’avais pu faire demi-tour (puisque de toute évidence moi je ne joue pas à ce genre de chose aliénante) et je m’étais dirigé d’un pas dynamique vers lui. « SALUT ULYSSE ! » Je hurle à son image lors du premier prime où je l’ai rencontré, ça ne doit pas avoir l’air très naturel et c’était un peu maladroit mais au moins j’aurais tenté et puis si ça pouvait lui faire peur ce serait super, dans la limite du possible. « J’ai rapproché nos lits ! » Me postant devant lui, et par conséquent la télévision, je lui adresse un grand sourire accompagnant mon mensonge. La semaine dernière Maxence m’a demandé pourquoi je n’avais pas rapproché notre lit de ceux des autres, j’avais fait ma mauvaise graine face à mon partenaire mais la raison était que je n’osais pas car je pensais que les autres ne le prendraient pas bien. Maintenant je voulais savoir si j’avais raison ou non, rien de tel qu’un petit bluff pour ça.

Ulysse est dans la salle de maintenance, à jouer à un jeu de course sur la console. Comme à chaque fois qu'il joue -ou qu'il fait quelque chose en général- il est assez concentré mais pour autant, il n'est pas surpris lorsque Teddy arrive avec son « SALUT ULYSSE ! » aussi étonnant que fort. Il tourne un instant le regard vers elle, le sourcil levé. Faut qu'elle arrête de penser que c'est un gueulard, c'est pas vrai. Elle véhicule une fausse image de lui là. Elle doit être une petite nature surement, mais il lui en tient pas rigueur. « J’ai rapproché nos lits ! » qu'elle continue. Bon cette fois, le jeune homme esquisse un sourire et arrête de jouer. « Maxence t'as enfin convaincu ? » qu'il demande tout d'abord en pensant que Maxence est à l'origine de tout ça. Faut dire que c'était le souhait d'Ulysse depuis le début de la nouvelle composition des chambres de coller tous les lits ensemble. Il avait commencé avec celui de Faust et Amy et ils ont dormi à quatre sans aucun soucis depuis. Et s'il ne s'était pas permis de faire de même avec le lit de Maxence, c'était par respect envers Teddy. Disons que ouais, il la voyait comme une petite nature justement, à penser qu'il parle trop fort, que son doudou pue... une petite princesse quoi donc bon, il lui paraissait évident qu'elle ne voulait pas se mélanger aux autres. « C'est cool en tout cas ! » Ce qui est con, c'est que quand une diva se mêle enfin au groupe, une autre arrive... Enfin, Ulysse l'espère pas en fait. Krisjana risque d'enlever toute la magie de la chambre quatre avec ces airs supérieurs et sa superficialité. Teddy est un peu comme ça, mais ça passe on va dire.

La semaine dernière lorsque Maxence a évoqué l’idée de rapprocher les lits je me suis sentie comme une sorte de barrière, comme si je l’empêchais d’être avec ses amis. Pourtant ce n’était pas mon souhait, à vrai dire je n’avais même pas pensé à cette possibilité avant que mon partenaire ne l’évoque et puis peut-être qu’ils ne voulaient pas de moi les autres. « Maxence t'a enfin convaincu ? » Comment ça « enfin » ? Donc j’étais vraiment la raison pour laquelle ils ne bougeaient pas les lits. Je suis vexée et en même temps je m’en veux et puis zut, hein. « Non je me suis convaincue toute seule ! » Je ne sais pas pourquoi je lui réponds ça, plantée devant la télévision et les bras croisés. Je suis moins à cheval sur les détails concernant mon mélange au peuple maintenant à force de vivre avec alors ce n’est pas comme si l’idée de dormir avec eux me donnait de l’urticaire. « C'est cool en tout cas ! » Donc il n’aurait pas été contre si j’avais vraiment déplacé le lit ! Obtenant la réponse à ma question je suis tout de même flattée, décroisant mes bras dans un instant d’étonnement. « C’est vrai ? Ca ne te gêne pas ? » Il vient de dire le contraire alors forcément dans l’instant je me trouve ridicule à le faire répéter quelque chose qu’il a déjà dit puisque j’ai très bien compris, je ne suis pas stupide. A une exception près, tout compte fait. « Enfin ça ne te gênerait pas, parce que je ne l’ai pas fait. » Et là je suis un peu gênée forcément, parce qu’il m’aurait suffi de lui poser la question directement plutôt que de lui mentir ou de toute simplement courir à la chambre et de coller les lits comme si de rien était, mais non je me dénonce toute seule. Bravo, belle tactique, je me déçois. « Pas encore. » Je me rattrape avec une petite pirouette, lui lançant un regard déterminé dans lequel loge l’évidence que je vais le faire, as soon as possible.

Faut pas qu'elle prenne mal son 'enfin'. C'est un 'enfin' qui veut plutôt signifier que depuis le début, ils attendent qu'elle pour se mélanger à eux, qu'ils l'auraient accepté sans aucun soucis. « Non je me suis convaincue toute seule ! » C'est étonnant mais le résultat est le même après tout, il est content qu'elle ait changé d'avis, ou qu'elle se soit décidée il ne sait pas trop. Du coup, il se demande ce qui lui a fait prendre cette décision, le départ de Faust peut-être ? « C’est vrai ? Ca ne te gêne pas ? » Il fronce les sourcils, ne s'attendant absolument pas à ce qu'elle imagine qu'il aurait refusé. Ce n'était même pas une éventualité ! Qu'est-ce qui y a dans cette petite tête brune qui ne tourne pas rond, faut clarifier des trucs, qu'elle ne se prive pas des trucs en pensant des choses fausses. Il lui fout une petite pichenette au front amicalement. « Mais arrête, j'attends ça depuis le début que tu rapproches ton lit ! » qu'il lui avoue, en pensant juste avant que c'était pourtant évident. « Enfin ça ne te gênerait pas, parce que je ne l’ai pas fait. » Il lâche un sourire, un petit peu attendri par la jeune femme. C'était mignon quand même, le fait qu'elle ait peur de ne pas être acceptée encore aujourd'hui. « Pas encore. » Il se relève d'un bond déterminé. « Bah vient on n'y va maintenant ! On va le mettre à côté du notre, vous serez à côté de Danica ! » Oui, de toute façon il voyait mal Teddy déplacer le lit deux places à elle toute seule.

Plutôt que de rester debout devant une télé qui n’accapare plus l’attention d’Ulysse, je prends place à ses côtés. A mes risques et périls puisqu’il vient me fouetter avec son doigt. « Aïe. Eh ! » Je proteste, plaquant instinctivement une main sur mon front. Ça fait mal ces bêtises et en plus ça détruit des neurones inutilement ! « Mais arrête, j'attends ça depuis le début que tu rapproches ton lit ! » Depuis le début ? Donc j’étais bel et bien la barrière qui les empêchait de coller tous les lits entre eux. A la fois c’est vexant et d’un autre côté ça veut dire qu’ils m’estiment, alors je ne sais pas trop. Plus les jours passent et plus ma volonté d’être considérée s’estompe. « Pourquoi tu ne l’as pas demandé alors ? » S’il attendait, pourquoi ne pas prendre les devants et questionner. Ca me dépasse ces mentalités de passifs, mais il faut de toute pour faire un monde. « Bah vient on n'y va maintenant ! On va le mettre à côté du notre, vous serez à côté de Danica ! » Rectification : Maxence sera à côté de Danica. Moi je reste à côté de mon partenaire et personne d’autre, il ne faut pas trop m’en demander non plus. J’aime être en présence des autres et être le seul lit à l’écart de toute la tribu était frustrant surtout la semaine dernière lorsque j’étais seule à l’occuper mais ce n’est pas pour autant que j’affectionne le fait de dormir coincée en sandwich. Qui plus est l’alcool fait souvent ronfler et je ne voudrais pas avoir à subir ce type de bruit sonore d’aussi près. « C'est donc sans risque je peux être sûre qu’elle ne sautera pas sur Maxence pendant la nuit. » S’agissant d’une autre personne j’aurais pu m’inquiéter de ce genre de situation mais avec Danica je ne m’en faisais pas. Maxence peut bien faire ce qu’il veut de son corps mais comprenez que cela aurait été gênant, pour nous tous d’ailleurs. Je bondis du siège, motivée à aller pousser le lit de mes maigres bras. « Je peux t’encourager pendant que tu le pousseras si tu veux ! Ca sera plus utile que si j’y mets la main à la pâte. Tu ne voulais pas finir ta partie ? » Non finalement je ne pousserai pas le lit. D’un regard je désigne la télévision toujours allumée sur l’écriture « Pause » du jeu d’Ulysse.

« Pourquoi tu ne l’as pas demandé alors ? » Il lâche un rire. Est-ce qu'elle est sérieuse ou pas là ? Mais oui, elle en a tout l'air ! Il hausse les sourcils, un peu surpris par cette question. Y avait plusieurs raisons, dont la principale serait que la réponse lui était évidente. Elle a débarqué, avec ses airs de princesse, ses préjugés. Et lui, lui proposer un camp de vacances à la bonne franquette... Pour qui il serait passé à ses yeux, franchement ? Non, il avait quand même une fierté. C'était pas la peine alors qu'il était certain de sa réponse. Et admettons qu'elle aurait dit oui... « Je voulais pas te forcer la main. Si je t'avais demandé, t'aurais surement dit oui mais j'aurais bien été incapable de dire si c'était sincère ou pas. » qu'il fait avec franchise. Teddy est un peu hypocrite, on va pas se le mentir. Mais il voit pas ça comme un défaut majeur. Disons plus qu'il considère cela comme une preuve de maturité. Oui, il préférait pour le coup que ce soit elle-même qui vienne demander, histoire d'être sur que c'est ce qu'elle veut réellement. Et sinon, elle aurait dit non ? Ça aurait été surement pire. Personne n'aime être rejeté n'est-ce pas ? « C'est donc sans risque je peux être sûre qu’elle ne sautera pas sur Maxence pendant la nuit. » Entre Maxence et Danica ? Hm, ils s'entendent très bien c'est clair. Après est-ce que ça peut aller plus loin, Ulysse en a bien aucune idée. Disons que Maxence est un séducteur malgré lui, un vrai aimant à gonzesse. Il se dit que c'est possible mais dans tout les cas, jamais ils utiliseraient leur lit s'ils devaient se rapprocher. « Ah oui, y a aucun risque. » Bon, alors, ils le bougent ce lit ou pas ? Ils auraient pu attendre ce soir en fait, mais Ulysse est surexcité. « Je peux t’encourager pendant que tu le pousseras si tu veux ! Ca sera plus utile que si j’y mets la main à la pâte. Tu ne voulais pas finir ta partie ? » Il regarde un instant derrière lui, le jeu en pause. Franchement ? Il était en train de perdre donc ça l'arrangeait assez d'avoir une excuse pour ne pas terminer sa partie. « Oh non, c'était juste une partie comme ça. Ça me vas si tu m'encourages seulement ! » C'est vrai que pour le coup, ce serait plus un boulet qu'autre chose si elle tentait de l'aider pour le lit.

Je ne pensais pas que le fait de demander au peuple pourquoi il ne demandait pas directement les choses était drôle. Ca doit se lire sur mon visage, je suis surprise par sa réaction. Je m’attendais à une réponse normale comme pour toute conversation banale. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Je porte peut-être quelque chose de drôle sur moi que je ne remarque pas et Ulysse ne peut plus faire semblant de l’ignorer, qui sait. Selon l’explication qu’il donne ce n’est pas ça, le début étant sympathique ce n’est qu’à la fin de celle-ci que je comprends enfin la raison de son rire. D’accord. « Disons seulement que tu aurais été incapable de prédire ma réponse.» Une aversion a l’incertitude, je comprends. J’ai l’air un peu plus sérieuse que précédemment mais il faut dire que j’ai vraiment très mal pris sa remarque. Je suis susceptible, ce n’est pas nouveau, alors la moindre chose dite à mon égard est toujours écoutée, considérée et interprétée. Malgré ce que je peux penser Ulysse j’aurais vraiment aimé être en leur compagnie dans le lit commun la semaine dernière lorsque Maxence était privé de confort et être seule à l’écart ne m’avait procuré aucune sensation de bien-être et de supériorité. Qu’il ne me prenne pas pour une débile, je sais très bien ce qu’il pense. En fait je les ai assez observés pour tous les avoir tous plus ou moins cernés, qui plus est mes oreilles sont baladeuses et je ne peux rien y faire. L’avantage que j’en tire c’est que moi personne ne peut réellement me comprendre sauf peut-être Maxence mais il a triché alors il compte comme un joker. En parlant de lui j’aimerai beaucoup qu’il cesse de jouer avec le cœur de ces pauvres femmes et je crains vraiment de me retrouver expulsée du lit un jour pour laisser place à Yityish, par exemple. Enfin ça ce ne serait pas grave parce que je pourrais rejoindre Jouko, oui vraiment ça n’aurait aucune importance mais après elle devrait voir ça avec Danica. Je doute que Danica soit aussi tolérante que moi. Mais qu’on soit d’accord, je ne suis indulgente seulement s’il s’agit de Yityish sinon je refuse catégoriquement ! « Bien. » J’acquiesce. Et si on reparlait de ce lit, hm ? Ulysse et ses gros muscles sont impatients de le bouger, je le sais.  Cela dit ce remue-ménage peut attendre la fin de la partie de monsieur, je ne voudrais pas le déranger. « Oh non, c'était juste une partie comme ça. Ça me vas si tu m'encourages seulement ! »  Il joue souvent tout seul « comme ça » ? Ca m’intrigue mais je passe de question puisque finalement la réponse m’importerait peu. Excitée, je croise les bras comme une mauvaise graine ayant décidé d’embêter une nouvelle fois son monde. « Peut-être ou peut-être pas. A ton avis j’étais sincère ou je vais vraiment t’aider ? » Encouragement ou réelle aide, hm ? En plus d’être susceptible je suis très rancunière, bien que ça ne dure pas très longtemps en général.« Et peut-être que... je n'ai pas été sincère sur mon prénom. » J'en fais des tonnes alors qu'il a raison, Ulysse. Il a raison de ne pas me considérer comme honnête mais j'aime jouer dans le sens inverse.

Ulysse se décide à quitter sa console pour s'occuper du lit maintenant. Au moins ce sera fait ! Teddy avec ces petits bras ne risque pas de déplacer le lit seule, donc qu'elle l'encourage seulement c'est une bonne alternative, pendant que lui s'occupe de cette tâche. « Peut-être ou peut-être pas. A ton avis j’étais sincère ou je vais vraiment t’aider ? » Il hausse un sourcil, légèrement amusé. A quoi elle joue là ? « Et peut-être que... je n'ai pas été sincère sur mon prénom. » Il lâche un rire. Oh, c'est surement du au fait qu'il ait dit qu'elle n'était pas sincère quelques fois. Bah... oui, il le pense, il va pas s'en cacher. Il n'a pas eu l'award du candidat le plus franc, mais il l'est malgré tout, franc. « Hm, et peut-être que je suis un faux blond, peut-être pas... » qu'il s'amuse à dire, l'air faussement mystérieux. Non en réalité, ce serait plutôt l'air d'un gamin, avec ces sourcils qui dansent de haut en bas et ses yeux grands ouverts. Sa main est même dirigée vers la jeune femme, ressemblant pour le coup à une méduse ou je ne sais quoi qui a des tentacules qui gesticulent dans tous les sens... Dans le cas de Ulysse, les tentacules sont ces doigts. « Allez arrête tes bêtises, on n'y va !  » qu'il fait en éteignant la télé, une main dans son dos pour la diriger vers la sortie avec lui. C'est partit, ce lit les attends.