Une petite séance de ragots croustillants en compagnie de ma super copine Aliénor ? Je suis toujours partante. Alors quand elle me propose de la rejoindre dans la salle de vidéosurveillance, j’y cours. Après tout c’est comme ça qu’est née notre amitié, en se posant des questions sur la sexualité de deux de nos petits camarades, donc en nous intéressant à des rumeurs, à des ragots. Je viens tout juste de me réveiller alors je me contente d’embarquer un bol de café bien chaud et bien noir et de rejoindre le lieu de notre rendez-vous. La brune est en retard. Ce n’est pas bien grave. Je vais commencer sans elle. Je m’installe dans un fauteuil noir au dossier vachement haut, qui tourne sur lui-même et qui se déplace dans aucune difficulté. Bref, le genre de fauteuil que tous les grands chefs d’entreprises ont dans leurs bureaux. Je bois une gorgée de ma boisson tout en me penchant très légèrement pour activer le tout. Rien de bien intéressant. Certains sont en train de se laver pendant que d’autres prennent le petit déjeuner alors que les restants sont encore en train de dormir comme de gros bébés. Zoran fait d’ailleurs partie de ses gens-là. Je le sais parce que je ne tarde pas à le reconnaître. Je viens sourire machinalement en le voyant, mais m’arrête bien vite lorsque ma super copine fait son entrée dans la pièce avec un énorme plateau remplit de gourmandises et même de nourriture pour le repas du midi. Parfait. C’est souriante que je lui indique de venir se poser dans le fauteuil à mes côtés. « Bon, j'ai loupé quelque chose de croustillant ? » Pas vraiment. Je remue ma tête de gauche à droite tout en haussant les épaules. « Rien de rien. Juste Lewis en train de prendre sa douche. » que je dis en tournant ma tête vers elle avant de l’observer un très court instant. « Il te plaît ? » que je demande en me redressant pour discuter au mieux de ce sujet délicat. Je ne sais que ce ne sont pas mes oignons, mais tout de même, j’ai envie de savoir moi. Ils ont l’air de bien s’entendre comme partenaire alors peut-être bien qu’ils aimeraient aller un petit peu plus loin. Ce serait cool n’empêche.

« T'as l'air d'une grande méchante de films d'action comme ça. Il te manque plus que la boite de cigare, et le chat persan borgne. » Je ne sais pas vraiment si je dois prendre cela pour un compliment, mais en tout cas je trouve que c’est un rôle qui peut m’aller plutôt pas trop mal. Je fais un tour sur moi-même, sur mon fauteuil avant de m’arrêter de façon à pouvoir la scruter dans tourner la tête. « J’te fais peur ? » que je demande machinalement en lui adressant un sourire presque diabolique. Je me doute bien que ce n’est pas le cas. Le jour où je vais faire peur à quelqu’un, il va pleuvoir des grenouilles. Je lui fais partager le fait que Lewis vient de prendre sa douche il y a peu de temps. « Oh. Ok. » Elle semble n’en avoir rien à faire. Enfin, j’suis certaine qu’elle fait ça uniquement pour cacher sa gêne parce que je la vois bien qui rougit en apercevant son partenaire sur l’écran et surtout je la vois en train d’observer son sachet de thé comme si quelque chose est en train de la déranger. « Non. » J’suis certaine qu’elle est en train de me prendre pour une idiote. Je fais une grimace tout mignonne. Elle est en train de se buter. Moi je suis presque sûre que les deux candidats se plaisent l’un l’autre. « Pourquoi tu me demandes ça ? » Très bonne question. Je me redresse et prends un air presque hautain. « Oh pour pas grand-chose. Juste pour mon information personnellement. » Je hausse les épaules. Je m’attends à toutes les réactions, mais pas à ce qu’elle vienne essayer de me faire changer de sujet en me parlant de Zoran. « Et Zoran et toi ça en est où alors ? » J’ouvre de grands yeux ronds et me tourne pour me concentrer uniquement sur les écrans. Je fais la sourde. Je n’ai pas envie de lui répondre. Je ne veux pas parler de moi. Je pointe mon index sur elle. « Hors de question que tu te défiles ma belle. » C’est ce que moi je suis en train de faire, mais moi ce n’est pas la même chose. « Donc il te plait le petit Lewis ou pas ? » que je demande une nouvelle fois avec mon sourire taquin sur les lèvres.

Je suis certainement que je fais peur dans mon rôle de méchante. Peut-être pas à mon amie, mais à des petits enfants, pas plus hauts que trois pommes, devant leurs écrans en compagnie des adolescentes qui sont censées les faire jouer bien sagement en attendant le retour des parents de ces petits loups. « Énormément. Je suis à deux doigts de faire dans ma culotte tellement j'ai la frousse. » Un petit sourire amusé et complice vient se dessiner sur mes lèvres. « Si je fais un petit grognement, tu crois que tu pars en courant ? » Elle devrait faire attention parce que je suis plutôt du genre diabolique. Je ne vais pas hésiter à lui sauter dessus pour la bouffer toute crue si jamais j’en ai l’occasion. Si jamais je dois le faire. Alors que je viens lui parler de Lewis, son partenaire, je l’observe. Je crois bien qu’il y a un petit truc entre eux. Je suis certaine qu’ils n’osent pas s’avouer l’attirance qu’ils ont l’un pour l’autre. J’ai posé la même question au garçon la semaine précédente et lui aussi en essayé de fuir ce que je venais lui demander. Je la vois bien en train d’observer son sachet de thé. Je suis certaine qu’il lui plait. Je ne lève pas mon regard une seule fois de son doux visage. J’insiste. Je veux en savoir plus. Je lui dis que c’est juste pour mon information personnelle, qu’elle n’a pas à craindre mes intentions. « Bien, ta curiosité est assouvie ainsi. Il n'y a strictement rien à dire à ce sujet. » Hors de question qu’elle s’en sorte comme ça. Je l’observe encore, mais en fronçant les sourcils cette fois. Elle vient me poser une question sur Zoran. Oh la vilaine. Je ne veux pas lui parler de mes amourettes, je veux qu’on parle des siennes. J’en reviens donc à Lewis. « C'est pourtant exactement ce que tu fais, là, nan ? » J’suis prise à mon propre piège. Je fais une petite grimace sans répondre pour autant. Je reste concentré sur mon objectif premier. Savoir ce qu’il se passe entre Lewis et ma copine. « Je l'aime beaucoup, c'est mon partenaire, c'est normal, c'est tout. Y'a rien de plus. A mon avis, elle l’aime un petit peu plus que beaucoup et pas uniquement parce que c’est son partenaire. Un sourire vient se dessiner sur mes lèvres. Un sourire qui s’efface dès qu’elle reprend la parole. Et Zoran dans tout ça ? » Zoran revient sur la table. Je me tourne pour ne plus à devoir l’observer. Je ne veux pas croiser son regard. « Beh rien du tout. C’est juste un … ami. » Rien de plus, même si certaine personne pensent le contraire.