L’aventure vient tout juste de commencer. Allez savoir pourquoi, ça a viré en bataille de nourriture et autres conneries dans le jardin. N’importe quoi. Même que j’ai dû y participer malgré moi. Une jeune femme inconnue m’a agressé d’une pomme d’amour. Et comme si ça ne suffisait pas, ma toute récente partenaire s’y ait mise aussi. Cette fois en attaquant mon costard. Lui qui m’allait si bien. Dans lequel j’étais si beau. Elle a osé. Du coup, sans même réfléchir, j’ai décidé d’agir. Autant l’autre elle subira mes représailles plus tard, autant celle-ci, ça sera tout de suite, non mais. Hop, sans lui demander son avis, je l’attrape et la fou sur mes épaules, tel un sac à patate. Vu ma carrure, et la sienne, ce n’est pas une opération bien compliquée. Même si elle tente de se débattre, elle n’y pourra pas grand-chose. Je me dirige vers la grande fontaine, à l’effigie de Cupidon, que j’avais repéré en rentrant. Et je la balance dans l’eau, sans autre forme de procès. Na. « Tiens, j’espère que ça te rafraichira les idées, t’en avais bien besoin je crois. » Evidemment je suis fier de moi. Maintenant elle saura qu’il ne faut pas jouer avec moi. « T’es quand même la première à prendre un bain dans cette fontaine, je sais pas si tu te rends compte de l’honneur. » La chance quoi. Heureusement que les températures sont plutôt douces, sinon elle pourrait choper la crève la pauvre.

Est-ce que je m'attendais à ça? Non pas précisément. Je m'attendais à ce qu'il me rend l'appareil, pas qu'il m'attrape comme un vulgaire objet et qu'il me balance à la flotte. Le fait qu'il me touche ne me donnait qu'une envie... Le frapper. Fort. J'avais beau être fine, ma force n'était pas comparable à un insecte, mais bien à un être humain qui était actuellement en colère. La violence ne résout rien et j'ai beau me dire que cela me ferait du bien de lui en coller une, les règles de ce satané Cupidon me revenait en mémoire. Ce serait tout de même ridicule de se faire pénaliser, à cause de son binôme, la première soirée... Je reste au fond de l'eau quelques secondes de plus, juste le temps pour me remettre les esprits en place. Je l'entends piailler à travers l'eau, dommage qu'il n'y est pas option sourdine. Je sors alors ma tête de l'eau et l'écoute terminer sa phrase. "Je pense que mes idées étaient très claires malheureusement!" dis-je en me relevant. Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour la styliste, elle qui m'avait forcé à porter sa foutue robe, voilà qu'elle était trempée. Elle n'aura pas fait long feu. "Je devrais te lancer mes chaussures dans ta figure." dis-je en les enlevant, dans l'eau. Oui j'ai la flemme d'en sortir à présent, puis j'ai peur de glisser en les portant. Ce sont tout de même des talons. "Oh si j'en suis toute émoustillée, regarde j'en tremble même!" dis-je en lui tendant mon bras, montrant mes frissonnements. Oui j'ai bien une idée en tête. Ni une ni deux je me rapproche de lui, l'attrape par le col et le tire de toutes mes forces. Je chute de nouveau dans l'eau, mais cette fois-ci j'ai un compagnon. Je ressors la tête de l'eau. Normalement, comme le dit le dicton, la vengeance est un plat qui se mange froid. Mais au vu de mon vécu, la vengeance est toujours beaucoup plus satisfaisante lorsqu'elle s'exauce rapidement. C'est comme une libération. En soit je n'avais rien contre lui, c'était juste ses manières qui bien que sympathique, drôle, peut-être trop? M'amenait à douter de lui. Je ne sais pas sur quel pied il voulait danser et pour l'instant je n'avais pas confiance. En même temps, maintenant... A qui je donnais ma confiance? Question personnelle. Hors-sujet. "Faut pas me chercher non plus!" dis-je à Eryk.

Rien n’entachera ma joie d’être entré dans le jeu. Pas même ma partenaire qui me pourri ma veste. Oh non. Puis au contraire moi ça m’amuse vous savez. Oui je suis de ceux qui peuvent gâcher de la nourriture en se la balançant dessus, et trouver ça drôle. Alors je sais bien, chuut, il faut pas le faire, pensons à tous ces pauvres africains qui meurt de faim dans le monde tout ça tout ça. M’enfin merde, c’est drôle, c’est drôle, j’y peux rien ! Puis que ça finisse par terre ou dans notre estomac, ça changera rien à leur situation de toute façon. Bref, pour l’heure, il y a plus important à m’occuper. Me venger de ma partenaire. Parce que son crime ne peut pas rester impuni. Il faut qu’elle apprenne qu’on ne se joue pas ainsi de moi, sans en subir les conséquences. Elle va l’apprendre à la dure. Par un petit plouf dans la fontaine. De quoi lui rafraichir les idées. Je suis fier de moi. Elle parle de me balancer ses chaussures à la figure. « Et oser abimer ce visage d’ange ? Tu n’oserais pas. » Jamais. Puis de toute façon elle n’est pas partisane de la violence. Oui je l’ai rencontré pour la première fois il y a genre 30 secondes mais je sais déjà tout d’elle. C’est alors que je regarde la demoiselle s’approcher de moi. Oh je sais pertinemment ce qu’elle a en tête. Il va de soit qu’en la balançant dans l’eau, je m’attendais à ce qu’elle cherche à m’y foutre aussi. Et c’est tellement mignon de la voir tenter de tirer de toutes ses forces pour me faire tomber. Plus de 90 kilos contre ses quoi, 50 kilos tout mouillés ? Mais comme je suis un type sympa et que je salue l’effort, je me laisse finalement tomber, la faisant croire qu’elle a réussi toute seule. Me voilà donc dans l’eau, avec elle. Faut pas la chercher qu’elle dit. Houuuuh. « Ah on a pas l’air malins comme ça. » A barboter dans la fontaine. Je desserre le nœud de ma cravate et ôte ma veste. « Je pense qu’on va bien s’entendre toi et moi. Je le sens, je le sais. Puis regardes, il parait évident que tu m’adores déjà. » Je lui fais un sourire colgate. « On va tout déchirer. » C’est une évidence.

Je me rappelle mon casting. Juste à l'instant. J'aurais dû m'abstenir sûr mes propos Encore une fois j'ai trop parlé. Puis maintenant je ne peux m'en dépêtrer. Je vais devoir assumer. Ça va être tout de même compliquer. Je n'ai jamais eu ce genre de personnalité dans mon entourage. Je ne sais pas comment m'adapter. Dois-je d'ailleurs le faire ou laisser-couler ? Peut-être qu'avec le temps nos deux caractères vont s'emboîter. On ne sait jamais, on a beau ne pas être de même niveaux on est peut-être compatibles ? C'est tout de même Cupidon qui nous a réuni ! Faut que j'arrête de jouer les naïves, ça ne me va pas. Dès qu'il ouvre de nouveau la bouche, deux sentiments s'empare de moi. Un certain agacement qui m'encourage de lui lancer la chaussure en pleine poire et l'envie de rire de cette situation totalement grotesque. Qui en devient encore plus ridicule lorsque, quelques minutes plus tard nous voilà tout deux pataugeant dans l'eau. « Oh ça ne me dérangerai pas, ça te donnerais un côté rebelle ou bien clown ! Au moins tu accomplirais parfaitement ton rôle. » Oui, j'ai beau ne pas le connaître depuis très longtemps, à peine deux heures, j'imagine déjà l'impact qu'il va avoir au cours de l'aventure. Le clown de service. Il en faut toujours un et au vu de son comportement je pense qu'il va tenir ce rôle avec perfection et grande envie. Pensant ne jamais, ô grand jamais être d'accord avec lui voilà qu'il sort une remarque pertinente. C'est vrai que pour une première soirée dans une télé-réalité je ne m'imaginais pas la passer dans une fontaine. « Au moins l'eau est propre. » dis-je en la faisant couler entre mes doigts. Ça aurait pu être pire. Bien pire. Je ne vais pas dire que nous sommes chanceux, mais bon, c'est tout comme. Fixant mes pieds, plus précisément mes doigts de pieds, mon attention est alors attirée par mon binôme qui se met à bouger dans l'eau. Je rapproche alors mes jambes de mon ventre. Lui se déshabille. J'aperçois par la transparence ses abdos. Bien fait le bonhomme. Petite attraction du soir que j'essaye d'éviter en fixant mon regard dans le sien. Manquerait plus qu'il ait remarqué mon voyeurisme et me voilà foutue. « Oh tu vois tout ça ? Explique-moi où tu caches ta boule de cristal ? Ou peut-être que c'est l'eau claire qui par un faux reflet t'as révélé des éléments du futur ? » Je sais qu'il essaye de bien faire, qu'il essaye de faciliter les choses. Nous allons tout de même devoir travailler en équipe. Il veut juste que tout se passe bien et moi je me comporte comme une chieuse. Je l'avais dit que je n'étais pas marrante. Ce qui est fort ironique vue la personnalité d'Eryk. « Pour qu'on déchire tout ! » dis-je en mimant les guillemets. « je pense qu'il faudrait apprendre à se connaître. » Au moins je ne peux pas être plus cash. Je sais que je dois faire des efforts et pour cela je dois me détendre. Et pour cela je dois apprendre des choses sûr lui. «C'est une carapace, cet humour exacerbé où tu es comme ça en général, depuis bébé ? » Oui j'exagère, je sais parfaitement qu'il ne peut se comporter de la sorte au bas-âge, mais bon, encore une fois je suis sûre qu'il ne va pas le relever et c'est une manière de parler pour voir s'il est du genre à se confier ou non.

« Oh ça ne me dérangerai pas, ça te donnerais un côté rebelle ou bien clown ! Au moins tu accomplirais parfaitement ton rôle. » M’abimer le visage me donnerait un air de clown ? Mouais. Pas sur. Rebelle, ou bad boy en revanche, ouais. M’enfin il faudrait juste éviter de dire que ça a été obtenu par une fille, parce que bon la honte quoi. Cela perd clairement de son charme. En tout cas je constate qu’elle me prend déjà pour le clown de service. Bon d’accord, elle n’a pas forcément tort. « Ouais mais après tu serais exclues du jeu pour violence, tout ça tout ça, et notre belle et grande amitié ne pourra jamais naître ! Et tu le regretteras jusqu’à la fin des temps. » Rien que ça. Et oui je suis un optimiste dans l’âme, je suis persuadé que de ce partenariat va en découler une treeees grande amitié. Bon hein, c’est encore très loin d’être gagné, on est d’accord. Mais bon j’ai envie de dire, il y a pire comme départ. On pourrait être en train de s’insulter par exemple. Ce n’est pas le cas, c’est déjà ça. Bref, je me dévêtis un peu, parce que patauger dans l’eau en costard, ce n’est pas très agréable. Les vêtements collent à la peau. Et forcément ma chemise blanche est devenue transparente. Pour un peu je croirais que la Ana a z’yeuter sur mes abdos. C’est que j’ai pas l’habitude, ils sont tout nouveau pour moi, habituellement c’est plutôt la bedaine que j’ai. Que je sois autant en forme est tout récent. « Arrêeeeeeetes de me mater, je me sens violé ! » que je cris, en faisant mine d’être gêné et croiser les bras pour me cacher. Je suis con je sais. En attendant moi je pense qu’on va bien s’entendre, voila. Elle se demande comment je peux être persuadé d’une telle chose.  Si une boule de cristal m’a aidé. « Mais pas loin ! J’ai lu mon horoscope ce matin, et il était dit que j’allais faire une rencontre qui va bouleverser ma vie. Ça ne peut être que toi. » C’est cela oui. Je suis simplement un gars optimiste voilà tout. Puis avec ma personnalité, il n’est quand même pas très difficile d’être ami avec moi. Même si bon je n’aurais pas la prétention de dire que tout le monde m’aime. Parce que bon, tout le monde n’adhère pas forcément à mon caractère. Faut aimer mon humour foireux. Supporter ma connerie. « Pour qu'on déchire tout ! je pense qu'il faudrait apprendre à se connaître. Baah c’est surfait. Bon évidemment elle a raison. «C'est une carapace, cet humour exacerbé où tu es comme ça en général, depuis bébé ? » Euuuuh, vraiment ? « Ah ouais d’accord, tu commences fort. On se lance déjà dans la psychanalyse. » Moi je pensais qu’on aurait pu commencer plus basique, genre profession, lieu d’habitat tout ça. Mais pas déjà à analyser ma personnalité. « Je devrais peut être m’allonger ou… ? » Pour être plus dans les conditions tout ça. « Je suis pas une tortue, je n’ai pas de carapace moi mademoiselle. Je suis un déconneur, et depuis toujours, faut pas chercher plus loin » Genre ça serait un mécanisme d’autodéfense pour me protéger de je ne sais quoi… Trop compliqué pour moi tout ça. Je suis comme je suis, et je n’ai pas franchement envie de réfléchir au pourquoi du comment. Un bon moyen pour déprimer tout ça. « Bon de mon côté, il est encore un peu trop tôt pour te psychanalyser, alors je vais en rester aux questions bateau tu m’excuseras. Du genre, tu fais quoi dans la vie ? »

Exclue du jeu pour violence? C'est vrai que je n'y avais jamais pensé. Je pourrais l'être. Cela ne se remarque pas, vu mon gabarit! Mais je peux l'être. Je sais me défendre et je sais donner des coups. Je ne dis pas que je le ferais ici, car je crois avoir entendu ou lu quelque part que c'était interdit. Mais rien que le fait de l'évoquer, me rappelle mes déboires. Il ne vaut mieux pas que je me mette en colère en effet. évidemment lorsqu'Eryk en parle, il ne peut s'empêcher d'en rajouter. D'agrémenter son argumentation avec un peu d'humour. "T'es vachement optimiste! Tu nous présages un bel avenir en tout cas!" Peut-être qu'avec le temps, je le deviendrais. Peut-être qu'il va avoir inconsciemment de l'influence sur moi. C'est parler bien loin de choses qui n'existe pas encore. Mais pourquoi pas? Seul l'avenir nous le dira et malheureusement je ne compte pas lui faciliter la tâche. Mon cerveau étant majoritairement et sept jours sur sept en auto-défense. Mais il peut toujours essayer. Enfin... il va falloir tout de même que je m'habitue à ses excentricités. Pourquoi, pourquoi je n'arrive pas à être discrète lorsqu'il est question de regarder, d'observer de joli garçons. Je fais mine de n'avoir rien entendu, ne voulant pas spécialement en rajouter puis ne sachant pas vraiment quoi répondre. "L'horoscope?" dis-je en me pinçant les lèvres. Ok. S'en est trop. J'ai beau mettre ma main devant ma bouche, rien n'y fait. Un rire se fait entendre. Bref, court. Mais il venait bien de sortir. "Excuse-moi." dis-je en reprenant très vite mon sérieux. Je sais qu'il rigole, mais je trouve cela tellement ridicule. Heureusement pour moi on change très vite de sujet, car même si Eryk est étonné de mon intervention, il décide tout de même d'y répondre. "Si tu t'allonges, tu te noies." Oui nous sommes toujours dans la fontaine. Donc en soit s'il le fait il risque de se noyer. Ce serait dommage, bien que son instinct le ferait remonter. Sa réponse m'étonne, me déçoit un peu. Je n'y crois pas. Un rigolo de naissance? Vraiment? C'est presque impossible. Mais au vu de ses propos je ne préfère pas approfondir, je n'obtiendrais rien pour le moment. C'est à son tour de me poser des questions, la sienne est plus banale. Certainement cruciale. "Je suis étudiante en sciences naturelles. J'étudie dans le Colorado et ça depuis quelques années déjà A côté je participe à des fouilles. Je ne suis pas une Américaine pure souche, apparemment j'ai encore mon accent anglais. Et toi alors? Le travail?"