emilien

J’ai survécu à mon premier prime. Sans crise, ni larme. Non mais c’est carrément un exploit. Je ne suis pas certaine que tout ira aussi bien à chaque semaine, mais pour l’instant je trouve que je m’en suis plutôt bien sortie. Et je crois que la raison est plutôt simple, il s’appelle Emilien. Je ne le connais pas, je ne sais rien de lui de sa vie, de ce qu’il aime. Mais il est calme. Gentil. Je ne me suis pas sentit jugé en sa compagnie, ce qui se produit la plupart du temps habituellement. Peut-être que mon opinion de lui sera modifier avec le temps, parce que c’est ce qui arrive lorsque j’apprends à connaître quelqu’un. Et je vais finir par le fuir, pour me fuir moi-même. Bon, je vois trop loin encore une fois, puisque pour l’instant nous en sommes au point de la connaissance, et c’est tout. Je lui ai bien avoué l’apprécier et même avoir envie de l’embrasser, mais ça, ce n’est pas vraiment étonnant venant de moi. Une fois le prime terminé, je l’entraîne à l’extérieur du plateau, aucunement pressé de retrouver mon lit et surtout la présence de mon partenaire. Plus je suis loin de lui, mieux je me porte. Un sourire aux lèvres, je me faufile entre les candidats, ma main se glissant dans celle du jeune homme, faisant un détour vers le cellier. « Attends deux petites minutes. » J’ouvre la porte de celui-ci pour pénétrer à l’intérieur, cherchant un moment des yeux ce que je suis venue prendre, avant de tendre le bras pour saisir une bouteille de vin rouge. Je regarde le paquet de chips qui m’appelle, mais je préfère ressortir à toute vitesse du cellier sans le sac dans les mains et seulement la bouteille. « Et voilà. Maintenant, on monte ! » Satisfaite, je reprend possession de sa main en allant en direction des escaliers. Je ne sais pas vraiment où je vais malgré l’impression que je donne. On pourrait rejoindre son lit, comme je l’ai mentionné un peu plus tôt, mais on risque d’être dérangé par les autres candidats. Et après avoir été sur le prime en sa compagnie et celle de tout le nid, j’ai bien envie de me retrouver seule en sa compagnie. Je sais que j’ai laissé insinué beaucoup de choses un peu plus tôt, je ne sais toujours pas s’il m’a prit au sérieux, mais on verra bien. En attendant, j’ai décidé de l’endroit parfait où aller et je pousse finalement la porte de la salle de projection en me tournant vers lui. « T’as une préférence de film ? J’aime bien les films d’horreur bien sanglant. » Je le fixe un moment, ne bougeant plus. « Ou on peut s’occuper autrement… » En parlant. Il est évident que ce que je voulais dire ici, c’est que nous pouvions nous occuper en parlant.

Le temps lui paraissait long. Extrêmement long. C’était pourtant faux de penser cela. Le temps, ce n’était qu’une notion abstraite que l’on matérialisait avec quelques mots. Le temps, ce n’était pas quelque chose de palpable, bien au contraire. Pourtant, il avait l’impression que les minutes défilaient de plus en plus lentement au fil de la soirée. La fatigue devait le guetter. Déjà. Le prime était fini, enfin. Ce n’était pas trop tôt. Emilien savait qu’il allait pouvoir se coucher, tel un être raisonnable. Peut-être l’aurait-il fait. Il aurait rejoint Emmeline dans leur lit, lui aurait souhaité de passer une bonne nuit après un chaleureuse baisé amical, puis il se serait endormi. C’était inévitable que sa fin de soirée se serait déroulée ainsi, s’il n’avait pas eut sur son chemin cette jeune fille. Il eut fallu un joli tour du destin, ou du hasard, pour que l’un des deux la mette au travers de son passage. Elle s’appelait Harlow. Tout du moins, c’était comme cela qu’elle s’était présentée. Est-ce vrai ou non, il s’en fichait. Le plus important était-il de savoir si elle s’appelait vraiment comme cela ou si Emilien l’appréciait ? Car oui, il l’appréciait bien. Pour le moment. Elle avait l’air d’être gentille, bien qu’un peu vulgaire et impulsive par moment. Elle semblait à la fois douce et forte, délicate et rude, innocente et rusée. Elle était inspirante et intimidante à la fois. A la sortie du plateau, Emilien se laissa naïvement emporté par Harlow et ils se faufilèrent entre les candidats. Il ne savait pas vraiment où ils allaient. Elle non plus, certainement. Peut-être allaient-ils rejoindre leurs chambres respectives. Ou peut-être pas, en fait. On pouvait émettre mille et une hypothèses à cela. Ils s’étaient arrêtés une fois. Au cellier. Endroit où elle en profita pour emmener avec eux une bouteille de vin. Emilien regarda un peu intrigué la bouteille. Peut-être qu’elle avait l’habitude de dormir avec une bouteille de vin, au cas où elle avait un peu soif pendant sa nuit… une alcoolique ? Non, ce n’était pas possible. Un autre candidat oui, mais pas elle. Harlow leur indiqua qu’ils allaient monter. Sûrement pour rejoindre leur chambre. A vrai dire, ils continuèrent leur chemin jusqu’à la salle de projection.
Chacun à leur tour, ils entrèrent dans la pièce. Silencieuse. Un silence religieux régnait dans l’endroit. Un peu de calme, de tranquillité, loin des rires gras des candidats. Aussitôt, la jolie jeune fille se tourna vers lui. Un film ? Une grimace se peignit sur le visage d’Emilien, lorsqu’elle évoqua les films d’horreur. Si elle, elle aimait les films d’horreurs bien sanglants (comme elle l’avait si bien), ce n’était pas le cas d’Emilien. Elle lui proposa alors de faire quelque chose d’autre, « ils pouvaient s’occuper autrement »… Emilien haussa les épaules. A vrai dire, ça lui était égal qu’ils fassent l’un ou l’autre, ou même les deux en même temps. « On peut regarder un film si tu veux, mais… par pitié, pas un film d’horreur. » Et juste le fait de le prononcer, il en eut des frissons qui parcoururent le long de sa colonne vertébrale. Il lança un regard à Harlow, priant qu’elle ait un peu de pitié pour lui. S’il-te-plait, pas de séance film d’horreur. « Une comédie par exemple ? Puis rien ne nous oblige à nous concentrer sur le film. On a qu’à en choisir un au hasard, qu’en penses-tu ? ». Un léger sourire se dessina sur le visage d’Emilien. Bon, c’est certain qu’en choisissant au hasard, ils avaient le trois quart des chances de tomber soit sur un film vraiment nul, soit une comédie à l’eau de rose.

J’avais beau avoir choisi la salle de projection sur un coup de tête, je crois que c’est finalement le bon endroit pour être seul avec lui. Et puis, si jamais un candidat vient à entrer dans la pièce puisqu’une soudaine envie de regarder un film lui prend, je ne vais certainement pas me gêner de le sortir d’ici à grand coup de pied au derrière. Mais espérons que nous n’aurons pas à en arriver là. Je fixe Emilien sans aucune gêne alors que je me rends bien compte que les films d’horreurs ce n’est pas son truc. Pourquoi je ne suis pas si étonnée que ça ? « Une comédie par exemple ? Puis rien ne nous oblige à nous concentrer sur le film. On a qu’à en choisir un au hasard, qu’en penses-tu ? » Un faible sourire glisse sur mes lèvres un bref instant avant d’effectuer une moue de gamine. « Et moi qui rêvait de regarder Massacre à la tronçonneuse 12, je suis trop, trop déçue ! » dis-je comme si j’étais sérieuse. Je sais même pas y’a combien de film qui porte ce nom. Surement pas douze. « Mais ça va… Pour tes yeux chastes, on peut regarder autre chose ! » Je sers doucement sa main qui était encore dans la mienne, alors que je l’avais légèrement oublié, la lâchant finalement pour filer vers le meuble où sont disposés les DVD. Je ferme les yeux et en sélectionne un au hasard, comme le jeune homme l’avait proposé. « Dirty Dancing… » J’exprime fortement en lisant le titre avant d’éclater de rire. « Je te jure, j’ai pas triché ! En plus… Tu me crois si je te dis que je n’ai jamais vu ce film ? » Peut-être ne l’a-t-il jamais vu lui aussi. Même si j’en doute, je dois bien être la seule sur cette planète qui n’a pas visionné ce film. Je connais l’histoire, mais je n’ai simplement jamais eu la chance d’y jeter un coup d’œil. J’insère le disque dans le DVD avant de retourner vers mon compagnon, avant de m’installer confortablement sur un des canapés. Je lui tend la main pour qu’il vienne me rejoindre, lui souriant finalement. « Est-ce que y’a un des personnages qui meurt à la fin ? » Non, je ne suis pas obsédée par la mort, j’ai simplement la fâcheuse manie de vouloir savoir la fin d’un film avant de l’avoir vu. Des images apparaissent sur l’écran géant, pourtant j’ai la tête tournée vers Emilien et je suis plus concentrée à analyser les traits de son visage plutôt que de connaître l’histoire d’amour de Patrick Swayze. Il est beau. Pas Patrick, mais Emilien. Enfin, bref, ça n’a pas d’importance.

Harlow semblait d’accord de choisir à tout hasard le film qu’ils visionneraient. Au moins, ça éviterait la dispute de savoir si tel ou tel film est bien, de chercher à savoir si ce film allait plaire à l’autre, etcétéra. En proposant cette idée, Emilien avait donc éloigné toute susceptible prise de tête. La jolie jeune fille partit alors en direction du grand meuble où était disposé de nombreux DVDs. Ils devaient bien en avoir … à vue d’œil, des dizaines de milliers. Peut-être bien plus. Elle avait lâché la main d’Emilien. Il ne semblait pas être gêné par le fait qu’elle lui tienne la main. Il trouvait ce geste presque naturel, presque normal. Il la regarda alors s’éloigner de lui, sans un mot. Un petit sourire se dessina alors sur ses lèvres. Elle ne perdit pas de temps pour choisir un film. Dirty Dancing, elle avait choisi… ou plutôt, elle avait pris au hasard dans l’une des piles de DVDs. Alors qu’elle lui jurait qu’elle n’avait pas triché, puis elle lui demanda si elle le croyait si elle lui disait qu’elle n’avait jamais vu ce film. Tout en s’approchant d’elle, d’un pas silencieux, il hocha la tête. « J’te crois… ». Après tout, ce film avait beau être mythique, certaines personnes n’avaient sûrement pas pris la peine de le regarder. Elle pouvait lui dire vrai, peut-être qu’elle faisait vraiment partie de ce groupe de personnes. Et il n’y avait pas de honte à cela. « …Mais on va y remédier, tout de suite ! » finit-il par dire. Sitôt dit, sitôt Harlow inséra le disque dans le lecteur DVD et lança le film. Emilien s’installa jusqu’à côté d’elle. C’était elle qui avait décidé de la place d’ailleurs. Après tout que ce soit assis en bas, en haut, à droite, à gauche, ou même par terre, ça lui était égal. Tant qu’il était en bonne compagnie. Il s’enfonça dans son siège, s’adossant contre le dossier confortable. « Est-ce que y’a un des personnages qui meurt à la fin ? » demanda-t-elle alors tout à coup. Emilien fit non de la tête, avant de tourner sa tête vers la jeune fille. « Non. Mais promets-moi une chose… lui dit-il, plongeant son regard azuré dans celui d’Harlow.Tu n’me demanderas jamais de faire leur danse finale. D’accord ? ». Ce n’était pas qu’Emilien était mauvais danseur. Il pensait juste qu’il ne devait pas avoir assez de force dans les bras pour la porter à la manière de Johnny. Il attendit une réaction positive de la jeune fille, avant de porter alors son attention sur l’écran. C’est marrant il ne se rappelait pas que le film débutait de la sorte. A croire que sa mémoire lui jouait défaut. Ou alors, il pensait l’avoir déjà vu, mais ce n’était pas vraiment le cas… Séance de rattrapage pour tous les deux, fallait-il croire.
Après quelques longues minutes de visionnage, il se sentit épier. Epier du regard. Certes, il y avait bel et bien la présence de quelques caméras. Mais ce n’était pas cela. Au bout d’une semaine, il les avait presqu’oublié. Ces regards venaient bien d’ailleurs. Il regarda alors du coin de l’œil Harlow, qui semblait plus concentré à le regarder que de regarder le film. En fait, peut-être avait-il une illusion. Peut-être qu’il pensait qu’elle le regardait, mais ce n’était pas le cas. Son cerveau devait sûrement lui jouer des tours. Il reposa alors les yeux sur l’écran, avant même de lancer un bref regard à la jeune fille. « Si tu as besoin de mon épaule, n’hésite pas… ce n’est pas comme si tu as décidé de te l’appropriée pendant la soirée. ». Un petit sourire amusé et candide se dessina sur le visage d’Emilien. Evidemment, il l’a taquiné, il n’y avait rien de méchant dans ses mots. Puis, Emilien, méchant, ce n’était pas possible cela. Et une énième fois, il tourna sa tête vers la tête, tentant de reprendre le fil de l’histoire.

Si j’avais eu à choisir, il est évident que je n’aurais pas prit un film de danse avec une histoire d’amour surement terriblement niaise. J’ai même un peu peur de m’endormir avant la fin du film. Ça n’arrivera pas, parce que je ne pense pas que nous allons nous concentrer sur le film ? Enfin, moi, je ne pense pas me concentrer sur le film. Nous sommes maintenant assis un à côté de l’autre et je lui demande si quelqu’un meurt à la fin. C’est ça qui est le plus important pour moi. « Non. Mais promets-moi une chose. Tu n’me demanderas jamais de faire leur danse finale. D’accord ? » Je le fixe, légèrement surprise pas cette demande. Je ne sais même pas à quoi ressemble la danse finale, mais s’il me dit ça, c’est que ce doit être un fantasme féminin connue. La plupart des filles sont tellement prévisibles, c’est d’un ennuie mortelle. « T’inquiètes, je danse comme une merde… Je suis certaine que le résultat serait désastreux. Je ne tiens pas à m’humilier devant toi. » Non, vraiment pas. Je n’ai pas besoin de ça pour me sentir mal dans ma peau, donc… Et finalement, le film commence, et comme prévu, je suis distraite par le simple fait qu’Emilien soit à mes côtés. Ça ne m’en prend pas beaucoup en général pour perdre le focus, je crois que se soir c’est encore pire. Je n’arrive pas à savoir s’il sait que je le fixe ainsi. J’imagine que oui, par les simples petits coups d’œil qu’il me lance. Je perd presque espoir d’attirer son attention, même si je ne fais rien précisément pour me faire remarquer, lorsqu’il se décide enfin à délaisser l’écran. M’approprier son épaule ? J’ai fait ça moi ? Heureusement, il me lançait une invitation à recommencer, ce qui devait être plutôt positif. « Et si je décide de m’approprier plus que ton épaule ? » Mon sourire s’agrandit légèrement alors que je me penche vers le jeune homme. Je ne sais jamais jusqu’où je suis prête à aller. Mais je me sens aussi quelque peu différente avec lui. Et à la place de pousser le vice, je viens seulement caller ma tête contre son épaule, mon bras venant se glisser contre sa taille de façon totalement naturelle. J’aime bien ressentir la chaleur de son corps contre le mien. Je me sens bien. Et après quelques minutes dans cette position, je relève doucement la tête, mes lèvres venant frôler de façon totalement innocente son cou puis sa mâchoire. Je ne sais tellement rien de lui, que je crois que c’est ce qui m’attire le plus. « Je n’ai jamais vu un film aussi captivant… » murmurais-je en me reculant de quelques centimètres, seulement pour pouvoir plonger mon regard dans le sien. Dirty Dancing ? C’est quoi ça ? Non, vraiment, je n’en ai rien à faire de ce film. Pas avec Emilien aussi près de moi.

Emilien ne savait pas vraiment pourquoi il lui avait dit cela. Peut-être y avait-il une raison sous-jacente à cela, une raison dont lui-même ignorée. Après tout, il aurait très bien pu se taire, continuer de regarder le film, et savourer en silence ce moment en compagnie d’Harlow. Et un sourire légèrement amusé se dessina sur les lèvres d’Emilien lorsqu’elle prit la parole. « Et si je décide de m’approprier plus que ton épaule ? ». Il supposait qu’elle n’était sérieuse dans ses propos, qu’elle plaisantait, qu’elle disait cela pour rire. Evidement, c’était pour rire. Emilien haussa les épaules, si elle le voulait, elle le pouvait –dans la limite du possible. De toute façon, elle rigolait juste. Donc il y aurait eu aucune mauvaise interprétation, aucun quiproquo. Les yeux rivés sur l’écran, il sentit alors un poids se poser sur son épaule. Il se doutait bien que cela devait être Harlow. Et comme s’il voulut en avoir le cœur net, il baissa très brièvement la tête. Pouvant alors remarquer la tête de la jeune fille blottit contre son épaule. Un discret rictus se peignit dés lors sur les lèvres du garçon. Avant de même de passer son bras autour d’Harlow, cette dernière venait de glisser son bras contre la taille d’Emilien. Ils étaient bien comme cela, n’est-ce pas ? Il se sentait bien avec elle. Avec Harlow. C’était peut-être bien la première personne, ici, avec qui il se sentait aussi bien. Il ne savait pourtant rien d’elle. Juste son prénom, et c’était déjà bien assez pour rassasié sa curiosité. Elle non plus, d’ailleurs, ne savait rien sur lui. Pourtant tous deux ne ressentaient pas l’envie de poser des questions à l’autre. C’était bien mieux comme cela… Ils auraient tout le temps d’apprendre à se connaitre, et non pas seulement par le biais de stupides questions. Emilien avait beau regarder les images qui défilèrent furtivement sous ses yeux, il semblait faire abstraction de tous les dialogues du film. La voix d’Harlow vint tirer Emilien de ses pensées. Elle n’avait jamais vu un film aussi captivant, selon elle. Le jeune Suisse détourna le regard de l’écran. Plongeant son regard dans celui de la jeune fille. Un petit sourire tira légèrement ses lèvres. « Vraiment ? lui demanda-t-il. Tant mieux si le film te plait alors. ». Le film la captivait, c’était plus bon signe, n’est-ce pas ? Au moins, cela voulait dire qu’elle ne s’ennuyait pas. Le petit sourire en coin d’Emilien s’élargit petit à petit, alors qu’il scruta le visage de la jeune fille.

Je crois que je ne suis pas vraiment subtile. Mais de toute façon, ça sert à quoi la subtilité ? Et encore, je me trouve plutôt sage en ce moment. Parce que en temps normal, je me serais surement montré beaucoup plus entreprenante. Et pourquoi je ne le suis pas ? Je ne sais pas, j’aurais subitement l’impression d’être déplacé en agissant de la sorte avec Emilien. Et puis, être dans ses bras, dans cette position, me suffit amplement pour le moment. Oui, moi la fille qui en veut toujours un peu plus. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de laisser trainer mes lèvres contre la peau douce de son cou, comme quoi j’ai bien de la difficulté à ne pas aller plus loin. Mon sourire s’agrandit au même instant que le sien apparaît sur ses lèvres. Je crois que je suis contente qu’il délaisse l’écran pour me regarder moi. J’ai besoin de son attention, encore un peu plus. Et est-ce qu’il me croit réellement lorsque je lui dis que le film me captive. Pourtant, dans ma tête c’était plutôt clair que j’avais passé les dernières minutes à le regarder ou à me coller contre lui. « En fait… Je crois que je n’ai pas regardé une scène depuis qu’il est commencé… Je suis distraite. » Par quoi ? À lui de faire le lien maintenant. Je continue de le fixer, en profitant alors qu’il me regarde par la même occasion. Je ne comprend pas trop ce qui se passe, je ne sais pas pourquoi, depuis le moment où je me suis assise à ses côtés, j’ai su, en quelque sorte, que ce garçon me plairait bien. « Pourquoi c’est pas toi mon partenaire ? » Je ne lui pose pas vraiment la question, en fait, c’est juste une façon de parler. Et puis, Mickey ne m’en voudrait pas de m’entendre parler de la sorte, puisque de toute façon, je l’insupporte autant qu’il m’énerve moi. Je m’imagine seulement être jumelé avec Emilien, me disant que les choses seraient surement beaucoup plus simples. Et je dis ça, sans rien savoir sur lui. C’est qu’il y a vraiment un truc qui me fait donner toute ma confiance en ce jeune homme. J’approche mon visage du sien sans pour autant effectuer tout autre mouvement. « Alors… Qu’est-ce que t’attends pour m’embrasser ? » murmurais-je, ne lâchant pas son regard d’une seconde, donnant un sentiment de trop grande confiance en moi. C’est l’exception à la règle. Lorsque je désire quelque chose, je donne l’impression d’être au dessus de tout. Ça peut être positif, tout comme extrêmement négatif. Mais pour l’instant je suis seulement franche. J’aimerais bien qu’il fasse un moment de l’avant.

Elle était belle, s’était-il surpris à penser. Elle était belle quand elle souriait, quand elle prenait ses airs sérieux ou même songeurs. Il examina, attentivement, chaque trait fin du visage de la jolie Harlow. Il aurait sûrement pu passer des heures à la regarder, à l’admirer, à la contempler de la sorte. Une nouvelle fois, la voix de la jeune fille se glissa au creux de l’oreille d’Emilien. Elle lui faisait l’aveu qu’elle n’avait regardé aucune scène depuis le début du film. Distraite, elle disait l’être. Il pourrait lui demander pourquoi l’était-elle, mais cette question serait sûrement idiote, très idiote. Il ne fallait pas être bête pour le deviner, il l’avait pourtant bien remarqué. Elle l’avait regardé, elle l’avait fixé, longuement fixé. Mais il avait longtemps cru à une illusion, à un mauvais tour de son cerveau. Alors comme ça, il avait vu juste… Silence. Harlow demanda finalement pourquoi il n’était pas son partenaire. La raison était pourtant simple. Cupidon en avait décidé ainsi. C’est le jeu, comme dirait l’autre. Il y avait peut-être d’autres explications à cela, mais si c’était le cas, Emilien ignorait lesquelles. Puis ce n’était pas comme si Emilien avait à se plaindre de sa partenaire, et à regretter le choix de Cupidon. Il s’entendait bien avec Emmeline. Jamais ils ne s’étaient disputés, aucune prise de tête. Il s’entendait bien avec elle, oui. Tout comme il s’entendait bien avec Harlow. Mais c’était différent avec Harlow. Avec cette fille, c’était inexplicable. Il ne savait pas vraiment ce qu’il se passait. Tout semblait être devenu flou. Elle s’était approchée de lui, de son visage. Se trouvant alors à quelques centimètres, quelques décimètres, de lui. Il ne savait pas ce qu’il se passait, il ne savait plus. Elle semblait vouloir qu’il l’embrasse, à en croire ses paroles. Mais qu’est-ce qu’il attendait pour le faire ? Elle avait raison. Il déglutit avec difficulté. Devait-il le faire ? Ou non ? L’embrasser, faire le premier pas, devait-il ? Allait-il le regretter après cela ? Pourquoi parler déjà de regret, de malheur ou de toutes ces choses qui peuvent faire mal ? Ce n’était pourtant pas le moment approprié à penser à ce genre de choses. Pas du tout. Les secondes ne semblaient plus s’écouler. Le temps semblait figer. Plus rien ne semblait être en mouvance dans la pièce. Juste le film qui meublait, en fond sonore. Mais même cela ne semblait plus intéresser Emilien. Il semblait être captivé, être pris au piège par Harlow, par la jolie Harlow. Alors, mettant de côtés ses pensées, il l’embrassa. Déposant délicatement ses lèvres sur celles d’Harlow. Il ferma les yeux, savourant ce frêle et éphémère moment. Et toute bonne chose avait une fin. Il rouvrit les yeux, observant de nouveau le visage de la jeune fille. Tout cela semblait aller vite pour lui. Trop vite. A peine quelques heures auparavant, il ignorait qui elle était. Ignorant son prénom. Et voilà qu’il était dans cette pièce, avec elle, et l’avait embrassé. Tout cela allait trop vite. Il n’était même pas capable de comprendre, de savoir, pourquoi il l’avait fait. Après tout, il n’était pas obligé de l’embrasser. Si ?

Je ne suis plus certaine que rendu à ce point-ci, ce soit une impulsion. Je crois que c’est peut-être plus que ça. Par contre, une chose est certaine, c’est que je n’ai aucun contrôle sur ce qui adviendra de cette nouvelle relation. Qu’elle soit bonne ou mauvaise, je vais en perdre le contrôle aussitôt que les lèvres du doux Emilien entreront en contact avec les miennes. Si cela se produit. Parce que au moment ou je lance la question totalement sérieuse, je me dis qu’il n’a peut-être aucune envie de m’embrasser. Je suis resté sur ce principe depuis le prime, qu’il ne s’intéresse peut-être pas autant à moi que moi je peux m’intéresser à lui. Et c’est tellement étrange comme sensation. Je me met à penser à s’il me rejette, s’il m’avoue de pas vouloir m’embrasser, ne serait-ce que maintenant, parce que c’est beaucoup trop tôt. Et j’ai cette douleur qui me prend aux tripes, parce que cette peur du rejet est tellement dure à contrôler, à accepter. Puis je repense au fait que c’est totalement idiot, que je le connais que depuis quelques heures, et que s’il ne veut pas m’embrasser… bah… ce n’est pas la fin du monde. Oui, c’était ce que je devais me répéter sans cesse, jusqu’à ce que je le comprenne merde. Le pire c’est que s’il ne se décide pas, je vais la prendre moi la décision, et là, oui là, se sera une impulsion. Mais je n’ai pas le temps de faire un seul mouvement que ses lèvres viennent finalement à la rencontre des miennes, ce qui est loin d’être déplaisant. Alors que je suis dans ses bras, je me rapproche encore un peu plus, ma langue allant même jusqu’à franchir la barrière de ses lèvres légèrement. Tout est en douceur, exactement comme je l’aurais imaginé. Et c’était agréable. Mais le vide que je ressentis lorsqu’il s’éloigna l’était beaucoup moins. Mais ça va, je crois que je suis habituée. Je le regarde alors que je ne suis aucunement gênée de ce qui vient de se produire, ayant même envie de recommencer. Mais n’était-ce pas un peu trop vite ? Et alors. Je lui souris, alors que je me souviens de quelque chose. Je me penche vers la droite pour atteindre la bouteille de vin que j’ai déposé sur le sol en m’assoyant et je reviens prendre ma place dans les bras d’Emilien. « Je ne l’ai pas apporté pour la laisser trainer sur le plancher ! » Heureusement, j’ai pensé à apporter un ouvre bouteille aussi, parce que sinon, ça n’aurait pas été d’avance. « T’en veux ? » Nous avions commencé à boire sur le prime, peut-être qu’il ne désirait pas boire plus. Je ne connais pas ses limites. Pour ce qui est de moi, je n’en ai pas, alors au pire, je la boirai seule. Je réussis à ouvrir la bouteille, fronçant le nez en me disant qu’on a ni coupe, ni verre. Pas grave. Je prend une gorgée de vin à même la bouteille, puis lève les yeux vers le jeune homme. « Est-ce que je te fais peur ? » Cette question sort de nulle part. Je n’y avais même pas réfléchi qu’elle avait déjà franchit mes lèvres. Peut-être parce qu’il me fait un peu peur lui. Enfin, pas lui personnellement, mais l’impact qu’il a sur moi plutôt.

Il détourna du regard. Il fixa, quelques instants, l’écran sans même s’y focaliser. Après tout, n’étaient-ils pas là pour justement regarder un film ? Peut-être pas, en fait. Peut-être les avait-elle emmenés là pour être au calme, pour passer un peu de temps ensemble. Passer du temps à parler. Emilien ne resta guère longtemps attentif aux images qui défilèrent. Il reporta son attention sur Harlow qui avait à présent une bouteille de vin. « Je ne l’ai pas apporté pour la laisser trainer sur le plancher ! ». Elle ne disait pas faux là. Après tout, elle avait quand même fait un détour jusqu’au cellier pour prendre cette bouteille de vin. Elle lui demanda alors si elle en voulait. A première vue, Emilien se contenta d’un haussement d’épaule. Du vin, pourquoi refuser. Connaissant les goûts assez luxueux de la production, ça ne devait sûrement pas être une bouteille bas de gamme. Vous savez ce genre de bouteille pas chère que l’on trouve dans notre supermarché préféré. « Pourquoi pas… ». Evidemment, Emilien n’était pas du genre à boire jusqu’à se rendre… pompette, c’est bien comme cela que l’on dit ? Être pompette ? Il buvait avec modération. Et cela n’allait sûrement pas être ce soir qu’il allait changer. Après avoir ouvert la bouteille et but une gorgée à même le goulot, Harlow se tourna vers Emilien. « Est-ce que je te fais peur ? » lui demanda-t-elle alors. Peur ? Lui faire peur ? A croire qu’il avait lire si intimidé, si craintif, si apeuré que cela. L’avait-il l’air, d’ailleurs ? Il ne le pensait pas lui. Il se sentait pourtant… à l’aise, ici. Il fronça alors un peu plus les sourcils. « Non… » dit-il brièvement, tout en se saisissant de la bouteille de vin. Il en profita pour consulter très brièvement l’étiquette. Comme si un garçon comme lui s’y connaissait en vin. Il leva les yeux, se détachant de la bouteille et observant finalement le visage de la jeune fille. « J’ai… j’ai l’air si… apeuré que ça ? » lâcha-t-il un peu hésitant. Il n’avait pas peur. Il avait juste l’impression de baigner dans l’incompréhension. Puis il finit par porter la bouteille à ses lèvres, buvant une petite gorgée de vin. Peut-être qu’un peu d’alcool allait l’aider à se détendre un peu. Parce qu’il avait beau dire, il était un peu tendu par tout ça.