Je suis un garçon assez discret quand je veux, je vous assure. En tout cas, je peux le prouver en ce moment même puisqu'en rentrant dans le gymnase, le mec qui y était déjà n'a pas encore capté ma présence. Bon, faut dire que je suis aidé, parce qu'il est concentré à faire un numéro de cirque. Il est clairement dans son monde là, et j'ai absolument pas le coeur à l'interrompre. J'en ai absolument pas envie de toute façon, il a complètement captivé mon attention. J'ai rarement vu quelque chose d'aussi sexy en fait. Oh, je ne parle pas de lui, pas que tout du moins... Parce que bon, je vais pas le cacher, rien que son physique est agréable. Alors mélanger avec son art, ça rend la chose totalement attractive, à mes yeux. J'aurais pu le regarder faire longtemps s'il ne m'avait finalement pas capté. Il plonge ses yeux dans les miens, et automatiquement je souris. Pas un sourire niais hein, un sourire confiant, pas le moins du monde gêné. J'applaudis, des petites tapes dans mes mains lentes mais fortes. « T'es beau. » je dis, malicieux. « C'est beau. » je me reprends, parce que ma langue a fourché, on va dire. Je lâche un léger rire en me grattant l'arrière du crâne. « C'est une passion n'est-ce pas ? » Parce que c'est pas possible qu'il me subjugue ainsi sur un coup d'essai, sur quelque chose qu'il n'a jamais fait de sa vie. Je ne suis pas superficiel à ce point, son physique seul aurait pas suffit. « Sacha ? » que je tente de deviner en m'approchant, pour lui tendre ma main.

Même si cette aventure ressemble à des vacances pour moi, je me dois continuellement de m’entraîner et de m’entretenir pour mon spectacle. Je ne sais pas combien de temps je vais rester en Australie et j’ai peur que ma doublure finisse par prendre ma place définitivement. C’est le risque. Normalement, ils devraient me reprendre à ma sortie mais s’il est meilleur que moi, il se pourrait qu’ils décident de le garder. Cela me peinerait vraiment surtout que j’adore ce spectacle, l’ambiance, les gens qui y contribuent et j’ai eu du mal à trouver ce job étant donné qu’auparavant je n’ai toujours été que dans un même cirque. Alors me voilà, torse-nu sur une poutre à répéter avec vitesse et précision ce que j’ai l’habitude de faire sur scène. Normalement, je suis censé être sur un fil mais le gymnase n’est pas équipé pour le funambulisme. Je ne comprends d’ailleurs vraiment pas pourquoi. Ils auraient pu prévoir le coup franchement. Bref, au bout de plusieurs minutes, je mets un terme à mon numéro en faisant un genre de salto vrillé arrière. Bon, clairement, ça a pas la même dégaine que ce que je fais d’habitude vu que la poutre est pas bien haute mais disons que ça passe. Je m’apprête à aller chercher ma bouteille d’eau pour me désaltérer quand mon regard croise celui d’un candidat. J’entends aussitôt des applaudissements de sa part. Il m’a vraisemblablement observé. Je ne l’avais pas remarqué tant j’étais concentré. Il me dit que je suis beau. Je m’apprête à le remercier, un tantinet étonné mais celui-ci se reprend aussitôt pour dire que c’était beau. Mon numéro apparemment. Je me contente de lui offrir un léger sourire en guise de remerciement et de m’emparer de ma bouteille non loin de là. « C’est plus que ça. C’est mon métier, ma vie. » Je ne sais pas quel est le mot le plus fort pour désigner ce que représente cette discipline pour moi mais si je le savais, je l’utiliserai sans aucun doute. Bref, je reviens sur mes pas pour me confronter à celui qui vient d’entamer la conversation. Il me sort mon nom instantanément, ce qui me surprend un peu. « C’est bien ça. Three Wishes ? » Je suppose qu’il connait mon nom grâce à l’aventure à laquelle j’ai participé il y a deux ans de ça. Mais peut-être que je me trompe après tout. En tous les cas, j’accepte sa poignée de main. « Et tu es ? » Beau. Indéniablement.

Le garçon m'intrique, et pas seulement physiquement. Il dégage un truc quand même, très attirant et je fais la gaffe de lui dire mais bon, pour que ça passe mieux, je joue le gars détaché. Je le questionne sur le numéro qu'il vient de faire, supposons que c'est une passion pour lui. « C’est plus que ça. C’est mon métier, ma vie. » Ah oui d'accord, il est donc un artiste. Certains diraient aussi intermittent du spectacle, mais moi je le considère comme un artiste, lui comme tous ceux qui font son métier. Ça ne le rends que plus attractif en fait. Je pense qu'il s'appelle Sacha, mais je n'en suis pas certain à cent pour cent. « C’est bien ça. Three Wishes ? » Three Wishes ? Oh, maintenant qu'il en parle, c'est vrai que son visage me disait quelque chose, mais j'étais incapable de savoir où. Je me disais qu'inconsciemment, c'était au casting que je l'avais repéré, dans les locaux de la production. Maintenant, je sais d'où ça vient, puisque oui, j'ai du regardé cette émission il y a quelques années. « J'ai juste retenu ton prénom au prime. » De là à dire qu'il m'a carrément tapé dans l'oeil, il n'y a qu'un pas... « Et tu es ? » Oh, lui ne se souvient pas de mon prénom ? J'en suis vexé... ou pas. Non, je ne me vexe pas si facilement en fait. « Aaron. » Mon regard se perd vers la bouteille qu'il a saisit, sur ses lèvres, sur les gouttes qui perlent de son front puis ses yeux pour lui reparler. « Tu savais qu'il y allait avoir un endroit comme ça ici ? » Parce que franchement, c'est pas donné à tout le monde d'utiliser du matériel comme ça, bien que la majorité soit utilisable pour tout le monde. C'était peut-être l'une de ces conditions pour participer à l'émission ? Qui sait, c'était peut-être un privilégié. « J'aurais du demandé des toiles et des pots de peinture... » que je réfléchis à haute voix. Quoique ça, ça reste relativement facile à faire parvenir, la production pourra m'en fournir plus tard.

Le jeune homme qui m’a applaudit semble s’être déjà intéressé à moi. Du moins, il connait mon prénom. C’est une agréable surprise et ça me pousse davantage à m’intéresser à son cas. Quoi que j’imagine qu’il a dû me découvrir dans ma précédente émission : Three Wishes. Mais non, d’après ses dires, il a simplement retenu mon prénom lors du prime. « Ta mémoire est bonne dans ce cas. » Pas défectueuse du tout. Moi j’ai été incapable de retenir un nom lors des présentations des candidats. Il faut dire qu’avant d’être annoncé, j’ai pas tellement fais gaffe aux sélectionnés et après moi, encore moins vu que j’étais occupé à faire connaissance avec ma partenaire. D’ailleurs, à ce jour, c’est le seul prénom que je connais. Zelda. Et maintenant je me trouve donc face à... Aaron. C’est joli. « Tu viens d’où Aaron ? » Je ne saurai vraiment décerné l’origine de cette appellation. Ça pourrait être américain mais je connais aucun Aaron. Ou alors peut-être anglais. De toute façon, il peut venir de n’importe où et avoir juste une origine. « Un endroit comme ça ? » J’arque un sourcil en reprenant et analysant ses propos puis en empruntant un air intrigué. « Tu veux dire… un gymnase ? » Ça me paraît pas tant improbable que ça qu’il y en ait un. Je veux dire, on doit être plusieurs personnes à pratiquer du sport. En tous les cas, c’est certainement pas un privilège que la production m’a fait. Je n’y suis strictement pour rien. C’est le hasard et comme on dit, le hasard fait souvent bien les choses. « Tu peux toujours. » Je m’empresse de rajouter. Ça ne lui coutera rien de demander à la prod’ si c’est possible qu’il ait du matériel pour peindre. C’est pas comme si ça coûtait une blinde. « Tu es artiste peintre ? » Ou c’est juste une passion ? Je ne sais pas.

« Ta mémoire est bonne dans ce cas. » C'est vrai que j'ai toujours eu une bonne mémoire. « Ma mémoire visuelle surtout. » Je laisse apparaitre un sourire, laissant présager cette petite attirance que je pourrais avoir, sans réellement m'en rendre compte. C'est surtout grâce au visuelle que j'ai retenu son prénom après tout... Parce que j'ai du quoi, l'entendre une fois son prénom lors du prime, tandis que j'ai pu entendre trois quatre fois d'autres prénoms sans les retenir forcément. « Je me souviens mieux de toi dans cette émission, en y repensant. » Quelques vagues souvenirs me reviennent en tête, son caractère. Une partie de son caractère, mais pas la moins intéressante. « Je me souviens de quelqu'un de plaisant, de séduisant... » Je me souviens qu'il pouvait y aller très vite quand une personne lui plaisait. Mais le contexte poussait plus à ça qu'ici aussi. Je me présente ensuite. « Tu viens d’où Aaron ? » C'est vrai que mon prénom pouvait venir d'un peu partout. « De France, pas loin de la capitale. » Sans transition, je lui parle de cet endroit, et émet l'hypothèse qu'il est peut-être la cause d'un endroit comme celui là. Mon terme est assez mal utilisé, puisqu'il est vrai qu'il s'agit d'un gymnase comme il le signale. « Je parle de toute cette partie-là, avec ces équipements de cirque. » En tout cas moi, j'aurais bien aimé avoir des équipements qui me représentent, et même avoir une salle dédiée à cela. « Tu peux toujours. » Je suppose qu'il a raison. De toute façon, ça ne me coutera rien de demander quelques pinceaux, de la peinture et des toiles. « Tu es artiste peintre ? » qu'il en déduit. J'en suis un peu gêné à vrai dire, me grattant la nuque en regardant ailleurs, le sourire un peu vague. Je suis pas vraiment gêné, c'est difficile à expliquer. « Je préfère dire que j'ai une âme d'artiste, qui aime peindre oui. » Je me considère pas comme un artiste, c'est trop pour moi, même si je tente de gagner ma vie ainsi. C'est en forgeant qu'on devient forgeron après tout. « Est-ce que je peux avoir un autre tour ? S'il te plait ? » Je demande, regard suppliant tel un enfant.

Je suis agréablement étonné qu’Aaron se souvienne de moi ou du moins de mon prénom. Ça prouve que je ne suis pas assez passé inaperçu et que je peux paraître intéressant aux yeux de certain. C’est cool. Il a une bonne mémoire visuelle, oui. Il me confie cependant qu’il m’a aussi connu dans mon ancienne émission nommée Three Wishes. Je souris aussitôt, presque nostalgique de ce temps-là avec pleins de souvenirs qui remontent à la surface. Apparemment j’étais plaisant et séduisant. Je crois que c’est un compliment. Je regarde d’un peu plus près mon interlocuteur en émettant l’hypothèse qu’il puisse être attiré par la gente masculine. Ça m’étonne un peu vu son physique de tombeur de nana mais pourquoi pas. Je vais certainement pas m’en plaindre. Au contraire. « Merci. » Je vois pas quoi lui répondre d’autre par contre. Que je suis resté le même ? Non, je vais pas dire ça. Je suis un peu moins fougueux qu’avant et plus mature, je pense. Quoi que dans le fond, je suis resté un tantinet séducteur et plaisant. « Whaou. Tu as de la chance ! Ça a l’air super la France. » J’en ai entendu que du bien. Ça me plairait donc de m’y rendre un jour pour au moins visiter la capitale. Maintenant que j’ai pris l’avion, je crois que je pourrai le refaire sans problème. « Je... oui… j’avais pas remarqué. » Enfin si j’avais vu qu’il y avait quelques équipements de cirque mais ça ne m’avait pas du tout choqué. J’en avais même déduis que c’était normal. Mais non, il a raison, dans un simple gymnase, on trouve rarement tous ces équipements. Ceci dit « Je me sers pas de tout ça. » Enfin si, les trapèzes et la poutre éventuellement et je crois que c’est tout. A vrai dire, j’ai pas capté encore que la prod’ a installé un fil en hauteur. Je suis un peu perché comme garçon sans mauvais jeu de mot. « Je travaille essentiellement sur un fil de funambulisme. » Quant à lui, il peut très bien demander à la production des accessoires pour peindre. Je ne pense pas que ça posera un problème. Ça ne nécessite pas grand aménagement et les coûts des accessoires ne sont pas élevés il me semble. « C’est ton métier ? Ta passion ? Les deux ? » Une âme d’artiste, ouais, je comprends totalement ce terme. C’est plutôt pareil pour moi et ce, même si mon domaine n’a rien à voir avec le sien. « Je dois y aller. » J’affiche une moue et un air désolé pour le jeune homme qui voulait un autre numéro. « Une autre fois ? » Règle n°1 : ne jamais tout donner d’un coup. Et puis, si ça peut me permettre de passer un autre moment en compagnie du candidat, je préfère ça.