En fait, Mado devait avoir un petit coté suicidaire, ou un truc dans le genre, vu qu'elle trouvait le moyen de se rendre à la bibliothèque - pour la seconde fois de son aventure, de surcroît - alors que c'était assurément le lieu où elle était la moins à l'aise par ici. Il faut dire que Mado n'avait jamais été très copine avec la Littérature en général. Petite, on avait longtemps cru qu'elle était dyslexique, simplement parce qu'elle avait eu quelques difficultés d'apprentissage, qui avaient pourtant davantage résulté d'un manque évident de motivation que d'un quelconque problème de développement. Blasée de nature, et ce depuis son plus jeune âge, Mado n'avait jamais été particulièrement intéressée par la lecture. Il n'y avait en fait que les revues sportives qui trouvaient grâce à ses yeux - oui, oui - et l'on peut dire qu'elle vivait fort bien le fait de n'avoir jamais lu quelques uns des grands classiques de la littérature française et étrangère. Vraiment, elle n'avait absolument pas l'impression d'avoir raté sa vie, hein. Quoi qu'il en soit, si elle se rendait en ce jour dans la bibliothèque, disons que c'était principalement pour se retrouver au calme, loin de l'agitation ambiante et résultant de certains évènements des derniers jours. Elle ne fuyait personne, puisqu'elle fuyait tout le monde. Pourtant, en pénétrant dans ladite salle, elle ne tarda pas à tomber sur Maverick, visiblement entrain de bouquiner, ce qu'elle ne comptait personnellement ne pas faire, même si le lieu s'y prêtait effectivement. Toujours avenant et bien élevé - ce qui la changeait de Mickey, son impoli compagnon du prime dernier - le jeune homme ne tarda pas à lui adresser la parole. « Salut. Ça va plutôt bien, on va dire. Et toi, la forme ? » Et bizarrement, s'agissant de Maverick, ça l'intéressait un tantinet quand même. Il était sympathique, et assurément honnête, alors elle avait envie de s'intéresser véritablement à son cas. Le jeune homme lança alors un sujet, disons, délicat. La nomination de Bob. Elle, triste ? Non, ça n'était pas exactement ce qu'elle ressentait. « Triste, pas vraiment. Révoltée, surtout. Je trouve ça dégueulasse, et injuste. J'ai la putain d'impression d'être entourée de petits joueurs, mais surtout de gens complètement déloyaux. » Elle ne parlait évidemment ni pour Maverick, ni pour 75% du nid. Mais oui, effectivement, quelques énergumènes commençaient sérieusement à lui taper sur le système. Des erreurs de casting, à ses yeux, ni plus ni moins. « Mais j'ai perçu une certaine ironie dans ta remarque. Alors sache que je ne vois plus Bob de la même manière depuis quelques jours. Ironique, moi je ne le suis pas quand je dis que ça me ferait chier qu'il parte, parce que clairement, oui, ça me ferait chier. » Naturellement, elle avait bien conscience que sa relation avec Bob n'était pas facile à suivre. Mais il fallait simplement que Maverick sache que Mado souhaitait à ce jour garder son partenaire à ses cotés.

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Clairement, ça n'était pas tous les jours que quelqu'un s'intéressait véritablement à l'état de Mado. Ne serait-ce qu'ici, les discussions commençaient bien rarement par ce genre de banalités, et bizarrement, cela avait parfois un petit coté déplaisant. Parce que oui, sans forcément être du genre à aimer se plaindre, Mado pouvait parfois apprécier que l'on se soucie de son humeur, de sa santé ou de quoi que ce soit qu'elle n'évoquerait pas d'elle-même, c'est certain. En cela, elle avait eu un bon pressentiment au sujet de cet échange avec Maverick. Mais de toute façon, elle avait déjà eu l'occasion de constater que son camarade était quelqu'un avec qui il était relativement plaisant de converser. Lui, il se disait malade. Ça, c'était pas de bol. Pour autant, Mado avait bien une petite idée de ce qui avait pu causer cela, hm. « Si tu veux mon avis, c'est principalement à cause des différents changements de températures. » Clairement, les organismes n'étaient pas tous susceptibles d'apprécier de passer du froid au chaud et du chaud au froid en un rien de temps, alors oui, et sans avoir même la prétention de dire qu'elle était médecin - parce que, clairement, elle ne l'était pas - Mado ne pensait pas sa supposition idiote, hm. Les deux jeunes gens en virent alors rapidement à parler de Bob, et du fait que ce dernier ait été nominé d'office par Mickey, à l'issue du dernier prime. Clairement, c'était une chose que Mado ne digérait pas. A ses yeux, c'était tout bonnement injuste d'être mis en danger d'une pareille façon. Il y avait des choses à faire, et clairement, celle-ci n'en était pas une. Surtout que bon, pour avoir eu l'occasion de s'intéresser au différent qui avait opposé Mickey et Bob, elle avait bien vite compris que l'écrivain avait nominé son partenaire pour de sordides raisons. « Mickey l'a nominé par soucis d'égo, j'en suis convaincue. Donc lâche, oui, c'est bien le mot. Parce que bon, c'est très facile de nominer quelqu'un de cette manière. A mes yeux, c'est une décision abusive. Je suis pour mettre en danger ceux qui ne font aucun effort, que ce soit d'implication ou d'intégration. Par contre, je condamne formellement le fait de nominer d'office un candidat simplement à cause d'un différent. Si tout le monde faisait ça, ce serait vraiment du grand n'importe quoi. » Et d'ailleurs, est-ce que Mickey apprécierait d'être nominé de la sorte, lui aussi ? Elle se permettait d'en douter. Parce que c'était partial et franchement injuste. En tous les cas, constater que Maverick trouvait ça tout aussi déloyal qu'elle, ça avait tendance à la rassurer un tantinet. Parce que bon, personne n'avait franchement manifesté son effarement, dimanche soir. Ah, pour tirer une tronche surprise, ils étaient tous forts. Mais pour dire tout haut ce qu'ils pensaient, là, ils étaient déjà un peu moins nombreux bizarrement. Elle, en tout cas, ne s'était pas gardée de faire comprendre à Mickey qu'elle le trouvait fourbe et perfide. Les propos de Maverick au sujet de la côte de popularité la firent en tout cas sourire légèrement. Mais ils l'intriguèrent quelques peu, également. « Tu es de ceux qui portent un réel intérêt à la côte de popularité ? Parce que moi non. Je trouve ça très, comment dire, subjectif. » Alors bien sûr, elle comprenait que quelqu'un comme Fitz se trouve être le candidat le plus apprécié, à ses yeux c'était naturel et mérité, mais se savoir par exemple en troisième position alors que beaucoup ici ne pouvaient pas la piffer, disons que ça la perturbait un tantinet. Mais bon, peut être se prenait-elle un peu trop la tête, aussi. Oui, c'était probable.

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Oh, on allait bien finir par comprendre que la nomination d'office de Bob contrariait Mado. Il est vrai qu'en tant que compétitrice née et férue de justice, elle ne supportait tout simplement pas un tel manque de fair-play. Mickey s'était montré perfide et avait opté pour la facilité. Mais le pire, c'était sans doute qu'il ait tout confondu, qu'il ait mélangé ses conflits personnels avec le jeu en lui-même, rendant public une divergence d'opinions d'ordre privée. C'était malvenu et complètement hors-propos, à ses yeux. Bien sûr qu'une nomination d'office pouvait être pratique pour mettre en danger quelqu'un de passif et de peu impliqué dans l'aventure, mais il était totalement injuste de nominer quelqu'un simplement à cause d'une altercation qui ne regardait personne d'autre que les intéressés. Nul doute que Mickey vivait très bien le fait d'être un petit joueur, mais il est vrai que du point de vue du jeu, c'était relativement dommage. Mais qu'importe, il était au moins plaisant que quelqu'un soit d'accord avec elle sur toute cette histoire. Maverick était comme une force tranquille, quelqu'un qui pensait beaucoup mais qui se faisait parfois relativement discret. Il était quelqu'un de spirituel, de logique, et c'était ce qui plaisait bien à Mado. Clairement, la personnalité de son interlocuteur, qui lui apparaissait comme une sorte de sage, contrastait nettement avec celle de la plupart de leurs camarades. Mais qu'en était-il de l'importance que Maverick donnait à la côte de popularité ? Se joindrait-il à Mado pour reconnaitre que c'était quelque chose de franchement subjectif et à laquelle il était sans doute préférable de ne pas porter trop d'intérêt ? Et bien, elle ne sut justement pas tellement quoi penser de sa réponse, qu'elle se contenta dans un premier temps d'écouter, le sourire aux lèvres, car ne tardant pas à comprendre ce qu'il voulait dire par là. Et dans un sens, elle était d'accord avec lui. Effectivement, ce genre de programmes favorisaient la jeunesse et l'excentricité. Pour autant, Fake Lover présentait globalement un certain nombre de candidats plus proches de la trentaine que de la vingtaine, et parfois relativement mûrs. Mais il est vrai qu'il n'avait pas tort sur plus d'un point. « Il y a des gens qui jugent partout, tu sais. Ici comme ailleurs. » Et ça, c'était tout autant valable au niveau des candidats qu'au niveau des téléspectateurs. « Je suis d'accord, il y a et il y aura toujours des dictats, et c'est bien malheureux. Je ne cautionne absolument pas le comportement de certains de nos camarades, tu sais. Mais il faut faire du pognon, et certains l'ont bien compris. Pour autant, je pense que ce genre de programmes ont besoin de personnes plus mûres, plus matures surtout. Toi, tu as de la conversation et tu es quelqu'un d'intéressant. Si vraiment ça ne plait pas, c'est désolant. » Parce qu'en plus, il ne passait pas son temps à se croire plus intelligent qu'autrui, ou en tout cas, il ne prenait pas Mado de haut, et cela en faisait quelqu'un de beaucoup plus appréciable que Mickey, par exemple, et dont il avait été question précédemment. « Je pense quand même qu'une côte de popularité n'est jamais pas tout à fait fiable. Les choses changent et évoluent, de toute manière. » Des places étaient gagnées, des places étaient perdues. Non vraiment, à ses yeux, il y avait plus sûr dans le genre.