C'est la première fois que j'entre dans cette pièce depuis que je vis cette aventure un peu folle qu'est Fake-Lover. C'est bête quand on y pense mais je n'ai jamais réellement pris le temps de visiter les chambres voisines, je me suis principalement confinée dans la mienne. Là, une tasse bouillante entre les mains, j'essaie de repérer le lit de ma partenaire. Nouvelle partenaire. C'est la deuxième semaine que nous entamons ensemble toutes les deux et je n'ai pas encore l'impression que nous nous sommes réellement acclimatées à cette idée. J'ai l'impression qu'un second partenariat n'est jamais aussi évident que le premier. Après tout, je me suis retrouvée avec Errol dès le début, j'ai appris à l'apprivoiser, à le connaître et d'un coup, il s'est envolé. Je suppose que ça doit être la même chose pour elle. Mais si il y a une chose que je sais, c'est que nous devons avoir confiance dans notre partenaire, il faut que l'on soit soudées. La tasse, elle est pour elle. J'ai cru comprendre qu'elle aimait le thé et je me suis dis que ça pouvait être une assez bonne idée de lui porter une tasse au pied du lit. Silencieuse, je marche sur la pointe des pieds jusqu'à ce que je puisse la localiser. Un sourire satisfait s'étire sur mon visage lorsque je l'aperçois enfin. Je ne perds donc plus de temps et vais m'asseoir sur le bord de son lit et, m'aidant de ma main libre, je la secoue légèrement pour qu'elle se réveille. «Coucou, c'est moi.» Je parle à voix basse, je sais que ce n'est pas facile d'entendre quelqu'un parler fort lorsque l'on vient de se réveiller. Moi, quand ça m'arrive, je me sens agressée et je n'ai pas du tout envie de sortir la tête de la couette, ce n'est pas le but que je cherche à atteindre avec Jessica. Au contraire. Je pointe la tasse devant son visage, l'odeur du thé doit certainement lui caresser les narines. Je l'aime cette odeur. «Je t'ai apporté une tasse de thé»  J'aurais très bien pu lui amener les gâteaux ou des tartines au lit mais, si elle est comme moi, elle ne doit certainement pas apprécier de retrouver des miettes dans le fond de son lit... «A peine deux semaines qu'on est partenaires et nous voilà déjà nominées, on a pas de chance !» Je cherche à instaurer une discussion. Je pense que nous avons besoin d'approfondir notre relation et ce, même si elle risque déjà de s'écourter lors du prochain prime. Je ne suis pas pessimiste alors je me dis que l'on risque rien .. Mais y a quand même des pointures à nos côtés.

Je n'ai pas très bien dormi cette nuit. En même temps, je me suis couchée tard et avant de réussir à m'endormir, j'ai longtemps ruminé le fait d'être à nouveau nominée. Ça fait déjà deux fois, quand certains n'y sont jamais passés. Ah, que ça m'agace, mais bon, c'est comme ça, il faut bien se faire une raison. Il faut se faire une raison pour tout de toute façon. Et c'est sur cette dernière pensée que je suis parvenue à m'endormir enfin. Quelques heures plus tard, j'étais doucement réveillée par quelques secousses, une petit voix et une odeur de thé venue me chatouiller les narines. Je décide d'ouvrir un œil, j'aperçois ma partenaire, et j'ouvre le deuxième. Elsa est assise à côté de moi, sur mon lit et me tend une tasse de thé. « Oh, salut. Merci, c'est trop gentil. » Je dis dans un petit sourire en me redressant un peu pour m'asseoir à mon tour après m'être extirpée de ma couverture-cocon dans laquelle j'étais roulée en boule. C'était bien, j'avais chaud, et heureusement c'est toujours le cas, grâce à la veste d'Eryk que je porte toutes les nuits pour dormir, et puis grâce aussi à une première gorgée de la boisson bien chaude que m'a apporté ma nouvelle partenaire. D'ailleurs, elle me rappelle que ça fait déjà deux semaines, enfin une et demi techniquement, mais oui, en effet, et on est déjà nominé. « Vraiment pas de chance. » J'ajoute en hochant la tête à l'affirmative pour appuyer un peu plus cette remarque. Surtout que moi, j'ai fait nominer mon partenaire deux fois, puis je me suis nominée moi-même, puis j'ai rajouté des voix contre notre couple, et en fait contre mon équipe, mais même sans ça on aurait été nominée puisque c'est ce que quelqu'un nous a gentiment refilé au prime. « Et je pense que ce serait encore plus pas de chance que l'une de nous s'en aille sans qu'on ait pris le temps d'apprendre à se connaître. » Je lui fais remarquer. C'est vrai qu'en temps que partenaire, je devrais lui faire plus confiance qu'à n'importe qui d'autre dans le nid, mais c'est un peu compliqué quand j'ai l'impression de m'adresser à quelqu'un qui m'est plus ou moins inconnu. « Alors faisons connaissance, et c'est toi qui commence parce que je suis pas encore bien réveillée. » Oui, voilà, faisons ça, sauf si elle a une meilleure idée bien sûre, ou si elle a pas envie, y a pas de soucis.

L'une de mes nouvelles priorité était d'apprendre à connaître un peu plus ma nouvelle partenaire. Nous nous étions parlé quelques fois depuis le début de l'aventure mais ces discussions étaient restées quelque peur superficielles. Le jeu avait décidé de nous réunir et de nous lier l'une à l'autre, je comptais bien prendre la décision de l'angelot au sérieux et commençais cette matinée en lui apportant une tasse de thé. Ce n'est qu'une petite attention mais j'espère que cela lui fera plaisir, que cela lui montrera que je ne prends pas notre partenariat à la légère. «Ça me fait plaisir.» lui dis-je comme simple justification de mon geste. Je lui souris et, m'installe sur l'un des bords de son lit. Je m'y mets simplement assise, gardant mes jambes pendant dans le vide.  «J'espère que tu l'aimeras en tout cas.» Ajoutais-je en faisant référence au thé que je désignais d'un geste du menton. Quelques minutes plus tard, je lui faisais remarquer qu'après seulement deux semaines de partenariat, nous nous retrouvions déjà sur la touche à cause de cette nomination. Une position pas nécessairement confortable puisque aucune de nous deux n'est certaine de revenir après le prime de dimanche prochain. Elle semblait partager mon avis et allait même plus loin dans la réflexion puisqu'elle précisait que ça serait bête de partir sans avoir réellement approfondie cette relation. D'un geste de la tête je lui montrais à mon tour mon accord et comme elle venait de me le demander, j'acceptais simplement de me livrer un peu à elle, de lui faire un peu confiance en lui parlant de moi.  «Je sais pas trop ce que je pourrais te dire...» Commençais-je en me grattant le coin de la tête à l'aide de ma main droite. J'ai des tas de choses à raconter mais je ne sais pas vraiment ce qui est susceptible d'intéresser la jeune femme.  «Et bien ... Je pourrais commencer par des banalités si tu veux. J'ai vingt-trois ans depuis le vingt-et-un octobre, ma fille en a eu six le vingt-six. Nous partageons toutes les deux le même mois de naissance et je suis très déçue de ne pas avoir été à ses côtés pour partager cette fête. J'espère qu'elle ne m'en veux pas trop et qu'elle comprendra ... Je suis coiffeuse depuis près de trois ans maintenant. C'était pas vraiment ce que je voulais faire à la base mais ma grossesse a bouleversée tous mes projets et je n'ai pas eu la chance de poursuivre des études de type universitaires. » C'était un bon début n'est-ce pas ? Elle savait déjà un peu plus de choses à mon sujet.  «Et avant que tu ne me poses la question, je ne suis plus du tout avec le père de ma fille. Je ne l'ai jamais clairement été et ... il est même pas au courant. Je sais que Amalys me posera des questions tôt ou tard mais je n'ai jamais eu l'intention de lui mentir ou de lui cacher la vérité. » J'ai beaucoup parlé maintenant non ? J'en ai assez dis à mon sujet je crois ...  «Si tu as d'autres questions ... Je peux y répondre. Et ensuite ce sera à toi. »

Elsa vient doucement me réveiller avec une bonne tasse de thé que je goûte dès que je l'ai en main. C'est une très gentille attention, quand on sait que même en étant partenaires, on est pas plus proche que ça, elle et moi. Elle dit que ça lui faisait plaisir et espère que je l'aimerai. « Il est très bon. » Je lui assure dans un sourire avant qu'on ne chance de sujet. On a pas eu de chance cette semaine, nous voilà toutes les deux nominées et si l'une de nous venait à partir dimanche nous n'auront été partenaires que pendant deux pauvres semaines. En plus, nous n'aurons pas eu le temps d'apprendre à nous connaître, ce qui est tout de même bien dommage. Je propose donc d'y remédier. Elle ne sait pas trop ce qu'elle pourrait me dire mais finit tout de même pas se lancer. J'apprends ainsi qu'elle est plus jeune que moi de cinq ans, qu'elle et sa fille son née en octobre, et si sa fille a six ans c'est qu'Elsa est une jeune maman, tombée enceinte même avant la majorité. La galère que ça aurait été si ça m'était arrivé, ça aurait changé ma vie pour sûr, en bien comme en mal sans doute. Elle espère que sa fille ne lui en veut pas de ne pas avoir été là pour son anniversaire. Puis elle enchaîne en disant être coiffeuse, bien que ce n'était pas ce qu'elle voulait faire à la base mais sa grossesse l'a empêché de poursuivre ses études. Elle tient tout de même à me préciser que le père de sa fille ne sait pas qu'elle existe, bien qu'elle n'est pas l'intention de cacher quoi que ce soit à Amalys quand elle commencera à poser des questions. La brune me laisse alors la parole, si je veux poser des questions ou parler de moi maintenant. J'avale le thé chaud que j'ai dans la bouche avant toute chose. « Tu sais, je pense que tant qu'elle sait que tu pensais à elle le jour de son anniversaire et si tu te rattrapes une fois de retour chez toi, ta fille elle dois pas t'en vouloir tant que ça de pas avoir été là. » Je dis pour commencer, un sourire se voulant rassurant sur les lèvres. « J'étais chez mon père pour tous mes anniversaires, moi, j'aurais voulu que ma mère soit là mais c'était pas possible, comme ils avaient divorcés tout ça, du coup bah elle me passait juste un coup de fil, je savais qu'elle pensait fort à moi, et quand je rentrais à la maison quelques jours plus tard, j'avais le droit à une petite fête, c'était chouette. » Je raconte le sourire aux coins des lèvres, les yeux brillants en revoyant quelques souvenirs défiler dans ma petite tête. « Et c'est cool d'être coiffeuse je trouve, j'en connaissais qu'un avant toi, un vieil ami gay du lycée qui habite à New-York et qui coiffe les célébrités maintenant, je crois. » Mais vraiment je crois parce que c'est pas comme si on se parlait souvent, puis c'était un "ami" mais vite fait. Faut dire que je suis pas restée longtemps dans la région de la grosse pomme, un trimestre peut-être, et après mon père nous a encore fait déménager ailleurs. Mais bref. « T'aurais voulu faire quoi si t'avais pu continuer tes études ? » Je suis curieuse un peu. Si ça se trouve elle avait de grands projets, sauf qu'elle est tombée enceinte et sa petite a un peu tout gâcher. C'est une des raisons qui me pousse à ne surtout pas vouloir d'enfants. Je suis en grande partie responsable du divorce de mes parents, je leur ai gâché la vie, et je veux pas qu'un enfant vienne gâcher la mienne et celle du père. Alors oui, on dit que les enfants donnent un sens à notre vie et un tas d'autres conneries, mais moi j'y crois pas. Pour ce qui est du père de sa gamine, je sais pas trop quoi dire. Si elle lui en a pas parlé c'est qu'elle avait de bonnes raisons, elle devait penser qu'il ferait pas un bon père, que ce serait pas une bonne idée de lui en parler, ça me regarde pas. Après je dis pas qu'elle a fait le bon choix, moi j'aurais bien aimé que ma mère me garde rien que pour elle, même si fatalement, à un moment, j'aurais eu besoin d'un père pour s'occuper de moi quand ma mère a plus pu, mais au tout début, avant que ça ne parte en vrille, on aurait très bien pu se passer de lui. Il a jamais vraiment été indispensable. Enfin bref. « Bon, donc à moi maintenant. » Je fais après avoir déjà terminé mon thé. Je réfléchis un peu à ce que je pourrais lui dire. « Alors, j'ai vingt-huit ans, je suis née le sept août 1986 à Chicago. Je vis toujours là-bas, mais seule, j'ai ni gosse, ni animal de compagnie, ni petit copain ou petite amie. Hm, mes parents ont divorcés quand j'étais toute petite, trop pour m'en souvenir. J'ai surtout vécu avec ma mère et très honnêtement, je pense que j'aurais pu me passer de mon père, même si je lui suis reconnaissante du peu qu'il a pu m'apporter. » Bon, j'exagère, il m'a quand même apporté pas mal de truc dans la vie, s'il s'était comporté autrement avec moi, je serais évidement pas la même, je serais peut-être quelqu'un de bien meilleur que je ne le suis aujourd'hui, ou quelqu'un de bien pire, mais ça je pourrais jamais le savoir. « Faut pas croire que c'est de sa faute que je suis devenue stripteaseuse, hein, je sais que c'est ce que tout le monde pense, genre le gros cliché que c'est la faute du père, et en fait oui, un peu sans doute, mais c'est surtout qu'après la mort de ma mère comme je voulais retourner dans ma ville mais que j'avais ni fric, ni job, ni appart, bah j'ai pris ce qui me tombait sous la main. C'est pas non plus ce que je voulais faire à la base. Je voulais être danseuse, mais un peu plus habillée, reconnue, dans une troupe qui fait des spectacles un peu partout dans le pays, dans le monde, sauf que je manquais de moyens, puis comme on bougeait beaucoup avec mon père à cause de son travail quand il m'a totalement prise à sa charge, moi je pouvais pas autant m'entraîner qu'il l'aurait fallu, du coup j'ai pas pu atteindre mon meilleur niveau, mais bon, aujourd'hui j'ai pas non plus à me plaindre, je suis pas sans rien. » Non, ça va, je suis pas au fond du trou, dans la rue, sous un pont sans le sous, alcoolique, droguée. J'ai pas à me plaindre. Je me rends quand même compte, au final, que si j'en suis arrivée là, c'est quand même un peu plus de la faute de mon père que je veux bien le laisser entendre. Bon, mais si on regarde le tableau de ma vie dans sa totalité, c'est autant de ma faute, que de la sienne, que celle de ma mère, et d'un tas d'autres gens, d'autres choses. Et je crois qu'en fait, c'est pareil pour tout le monde, alors je vois pas pourquoi je me plaindrais plus qu'un autre, non, vraiment pas. Mais bon, bref, pauvre Elsa, j'ai dû la saouler de paroles, là.