+@Sayid C'est tranquille, ici. C'est sympa. J'aime bien. Je crois que je vais demander Cupidon de renommer cette salle par mon prénom. Ziggy Zen. Ça claque trop. Oui, j'adhère, demain j'irai voir le patron au petit zizi et je lui imposerai mon idée, il aura pas le choix. Je veux que cet endroit s'appelle Ziggy Zen, et c'est tout. Et puis là, je vois un candidat arriver dans ma demeure. Ma demeure à moi, ouais. Mais c'est pas grave, je l'autorise. Je peux être généreux parfois, vous savez. « Eh, S-Saoud El Abibi ! » Quoi, ce n'est pas son prénom ? « D-Dis, les singes ils p-peuvent faire ça ? » je demande le plus normalement du monde avant de me mettre à toucher mon coude avec ma langue. Ouais, j'étais l'un des rares être humain sur terre à pouvoir toucher mon coude avec ma langue. Impressionné ? Vous devriez. C'était un de mes nombreux talent. Et puis, si je lui posais cette question, c'est parce qu'il devait sûrement connaître la réponse. J'avais cru comprendre qu'il était primatophile, un truc comme ça. Je juge pas moi, chacun fait ce qu'il veut de sa vie. S'il aime les poilues, ce sont ses affaires. Perso je les préfère épilées.

Une salle zen. Y'avait rien de plus con, aux yeux de Sayid, parce que dans son esprit ce genre d'endroits supposément relaxants lui paraissaient souvent oppressants et produisaient donc l'effet inverse de ce pourquoi ils avaient été créés. C'était comme cet abruti, là, le médecin qui l'avait forcé à suivre des cours de relaxation et de gestion des émotions pendant sa rééducation, pour qu'au final Sayid ne se sente jamais aussi bien que le jour où il avait décidé de ne plus y mettre les pieds. Du coup autant dire que celle salle zen dont était pourvue le nid, le britannique voyait cela comme la plus grosse arnaque des lieux, presque à égalité avec le fait qu'on leur avait fait miroiter un endroit tranquille et confortable lors du tout premier prime avant de les envoyer galérer dans des tentes pendant une semaine. Et puis sincèrement, qui avait envie de s'enfermer dans une salle qui portait un nom pareil ... ça n'inspirait pas confiance, et en en poussant la porte ce matin-là le barbu s'attendait presque à être agressé par de la fumée d'encens, de la musique d'ambiance horripilante et des photos d'orchidées placardées sur tous les murs de la pièce. Au lieu de cela il n'avait trouvé que Ziggy, le mec dont on retenait facilement l'identité à la fois parce qu'il fallait se farcir son visage en gros plan dans le hall de l'hôtel et parce qu'il avait depuis le début de la semaine précédente tendance à ouvrir sa bouche même quand le silence était préférable. Surtout quand le silence était préférable. Oh il n'avait pas l'air bien méchant, pourtant, raison pour laquelle même si certaines de ses manières avaient tendance à crisper Sayid ce dernier n'avait pas encore catégorisé le jeune homme dans un endroit ou dans un autre de son esprit. Car au même titre que chaque chose était à sa place dans un coin de sa tête, chaque candidat aurait à la longue une place prédéfinie lui aussi ; Il n'y avait qu'en catégorisant les choses que Sayid parvenait à les assimiler. « Eh, S-Saoud El Abibi ! » Pas méchant mais sans doute un peu lourd, en revanche. Et puis bon sang Sayid avait mis un point d'honneur à retenir rapidement le prénom de tout le monde, ce n'était pas pour se faire singer de cette façon. « C'est toi, le clown de la classe. » Ce n'était pas une question, ce n'était pas même un reproche, uniquement une constatation de la part de Sayid, qui observait cela d'une manière relativement neutre puisque naturellement très peu réceptif à l'humour. Le jeune homme en tout cas semblait ne pas l'avoir écouté, se contentant de demander « D-Dis, les singes ils p-peuvent faire ça ? » avant de se contorsionner pour aller lécher son propre coude, provoquant un haussement de sourcils chez le britannique, qui pourtant n'avait pas compris ce qui était probablement de la moquerie et s'était contenté de répondre à la question de façon aussi premier degré qu'il l'avait comprise « Ils sont plus intelligents et pratiques que certains hommes. Ils n'agissent que par besoin. » Autrement dit à moins qu'il y ait une raison particulière au fait qu'un singe ait besoin de se lécher le coude alors non, un singe ne faisait pas ça. Ziggy en revanche, avait un peur l'air d'un abruti, et tandis que l'éventualité que ce dernier était en train de se payer sa tête se frayait doucement un chemin dans l'esprit de Sayid, il s'était senti obligé de préciser d'un ton pincé « Et les singes ne sont pas des animaux de cirque. » Mais ça certaines personnes avaient beaucoup de mal à l'imprimer dans leur crâne. Et de toute façon aux yeux de Sayid aucun animal n'était fait pour le cirque, c'était de la maltraitance d'exploiter des bêtes de cette façon, et si cela ne tenait qu'à lui les animaux de cirque seraient purement et simplement prohibés. « Contrairement à toi, de toute évidence. » Est-ce qu'il avait à nouveau pensé à voix haute ? Il avait à nouveau pensé à voix haute.