14h00 feat mylah + Le temps est ensoleillé, l'air doux et chaud, l'idéal serait de se poser au bord de la piscine ou de piquer une tête pour se rafraîchir. Encore faut-il savoir nager. Ce n'est pas le cas de notre homme d'affaire. Gosse il n'a jamais appris, adulte, il n'a jamais ressenti le besoin de le faire. Il n'a de toute façon pas le temps. Trop absorbé par le travail pour se prendre une pause, se rendre à la piscine, plage. Ce n'est pas une honte, il l'assume et s'en fiche royalement. L'eau, il n'aime pas. Donc lorsqu'il se retrouve sur le toit de l'hôtel face au grand bassin, il préfère de loin s'installer sur un transat, bouquin sous le bras et le lire tranquillement. Alors qu'il aperçoit plusieurs candidats en maillot de bain ou en short/débardeur, lui s'affiche avec une chemise, pantalon. Attention, la chemise est légèrement déboutonnée. C'est sa façon de porter des vêtements « confortables ». Donc c'est sûr que dans le paysage il doit faire « tâche », mais tant qu'il peut lire son bouquin sans être dérangé, il n'a que faire de paraître à l'écart, hors contexte. Bien sûr l'idée de venir bouquiner en cet endroit n'est pas l'idée de l'année. Lui qui pensait y être au calme, c'était sans compter sur le boulet qui en sautant dans l'eau l'éclabousse. « Imbécile » Se dit-il tout en maronnant dans sa barbe.

La piscine est un endroit que Mylah a l’habitude de fréquenter. Ceci dit, il ne s’agit pas de la piscine municipale où le citoyen lambda se rend, parce qu’elle ne supporte pas cette foule oppressante et cette sensation d’être collée à son voisin. Les piscines qu’elle fréquente, ce sont celles des hôtels où elle passe une, deux nuits lorsqu’elle voyage pour son travail. Comme elle n’a pas l’habitude de se loger dans des hôtels de classe moyenne, les piscines qu’elle côtoie sont loin d’être prises d’assaut et la jeune femme peut s’y épanouir pleinement. Par curiosité, elle a décidé que son samedi après-midi serait consacré à l’exploration de la piscine mise à leur disposition. Comme elle a cru comprendre que cet endroit ne bénéficiait pas de cabines, elle se change dans le dressing, à l’abri des regards, enfilant une petite robe par-dessus sur maillot de bain, si l'envie de rester hors de l'eau lui prend, avant de prendre le chemin du toit, serviette de bain à la main. Mylah est comme à son habitude trop préoccupée par le fait de marcher sur des dalles qui ne se touchent pas directement, pour faire attention à ce qu’il se passe autour d’elle. C’est seulement quand elle entend des pas qui se rapprochent qu’elle a le réflexe – chose rare quand son esprit se concentre sur un détail – de relever les yeux et d’apercevoir un candidat qui s’apprête à sauter dans la piscine non loin d’elle. Elle a tout juste le temps de se reculer de quelques pas pour ne pas être éclaboussée – bien que l’eau l’atteigne malgré tout – mais le jeune homme tranquillement assis sur un transat n’a pas eu cette chance. Et il n’a pas l’air content, ce que Mylah peut comprendre. « Je suis bien d’accord. » Mylah répond, en passant sa serviette sur sa jambe mouillée. Heureusement qu’il ne s’agit que de la jambe, si elle ne s’était pas reculée assez rapidement, elle serait en train de marcher d’un pas décidé en direction du nid pour se changer, elle qui ne supporte pas d’être inélégante. « Que veux-tu, le savoir-vivre se perd. » Elle siffle entre ses dents, légèrement agacée. C’est quelque chose qu’elle a bien remarqué depuis qu’elle est ici, rares sont les personnes possédant encore un minimum de politesse. Elle n’en est pas choquée, elle côtoie des personnes loin d’être aimables dans son travail, mais ce n’est pas pour autant qu’elle apprécie cela. « Gekko, c’est bien ça ? » À vrai dire, elle connait pertinemment la réponse, mais c’est sa façon à elle de se joindre à lui. D’ailleurs, elle n’attend pas sa réponse ou un signe positif de sa part pour s’asseoir sur le transat à ses côtés. De toute façon, elle part du principe que sa présence est toujours acceptée et si elle ne l’est pas, elle rétorque que les lieux sont à tout le monde, elle peut bien se mettre où elle le souhaite.

Mouillé par le crétin venant de sauter dans l'eau, il constate que sa chemise blanche trempé vire au transparent. Se sentir sale ou débraillé, il déteste. Toujours propre sur lui, ce n'est pas anodin s'il n'a que de belles chemises bien lisses, bien repassées dans son dressing. Les joggings, jeans, t-shirt se font rares, voir sont inexistants. Ce n'est pas une façon de frimer, de monter au monde entier qu'il appartient à une certaine classe, qu'il possède un certain « statut », c'est simplement le style qu'il adopte tous les jours. Certains aiment les baggys, d'autres les vêtements plus sportifs et bien notre homme aime l'élégance. Donc se retrouver avec toute cette eau sur lui, l'agace au plus haut point. Une chance pour l'imprudent qui l'a éclaboussé qu'il se soit éloigné de la position de Gekko. Cependant une demoiselle qui arrivait à ce moment-là se joint à notre homme tout en s'adressant à ce dernier. Il jette un furtif regard vers son interlocuteur. « C'est bien ça, mais vous sembliez d'avance déjà connaître mon prénom. » Intuition ou l'intonation de sa voix qui l'a mené sur ce chemin. « Mais vous avez raison Mylah, le savoir-vivre se perd ... » Lui aussi se rappelle de celui de la demoiselle. Une femme d'affaire au caractère poignant, c'est évident qu'elle ne passe pas inaperçue. Ce n'est peut-être pas le cas pour tout le monde, mais c'est le type de personnage qui attire, plus ou moins, l'attention de notre homme. Les princesses qui gueulent comme des truies et qui manquent cruellement d'éducation, ce n'est pas ce qui attire. Et encore, attirer est un bien grand mot. Disons simplement que s'il devait aller vers une personne, encore il ne faut pas rêver pour que dans la réalité il prenne des initiatives, il irait vers des personnes ayant un minimum de classe. La jeune femme semble en être dotée. D'ailleurs il sort quelque peu des chantiers battus et engage sur un sujet de conversation. Habituellement ce n'est pas le genre à aller vers les autres pour faire la causette, mais il faut bien une première à tout. « Pardon, mais depuis la diffusion de votre portrait, je suis curieux de savoir le domaine d'activité de l'entreprise que vous dirigez ? » Lorsqu'il s'agit de parler affaire, ce muet se transforme en pie. Et il souhaite combler sa curiosité par la même occasion. En prime, il en apprend plus sur la personne. Même si ce dernier point importe peu.

Bien même si elle n’a pas été trempée de la tête aux pieds, elle apprécie moyennement la situation. Elle aime être élégante en toutes circonstances, autant dire que l’élégance en prend un coup si elle se retrouve mouillée à cause d’un imbécile qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de déranger tout le quartier en sautant dans la piscine. Elle n’a pas l’énergie ni l’envie de remettre sèchement à sa place le mal autrui, qui a déjà disparu, car elle sait pertinemment que cela ne servira à rien. Quelqu’un qui agit ainsi sans se soucier des autres recommencera de plus belles s’il se fait réprimander. Elle préfère se concentrer sur le jeune homme assit non loin de là qui a eu moins de chance qu’elle et qui n’apprécie pas la situation, à en croire l’air plaqué sur son visage. Elle peut parfaitement comprendre, raison pour laquelle elle se permet de percer sa bulle pour approuver ses propos. Elle lui demande de lui rappeler son prénom, bien qu’elle le sache pertinemment, mais il s’agit d’un moyen délicat de se joindre à lui, puisqu’il n’a pas l’air du genre très sociable. Malheureusement pour Mylah, son plan est percé à jour. « En effet. » Elle acquiesce, puisqu’il est inutile de mentir. Il approuve ses propos tout en la nommant par son prénom, ce qu’elle apprécie. C’est toujours agréable de savoir qu’elle n’est pas passée totalement inaperçue et que certains se souviennent de son prénom comme elle a mis un point d’honneur à se souvenir de celui des autres. Elle affiche un sourire sincère quand il en vient à lui demander le domaine d’activité de son entreprise. Personne ne lui a posé la question jusqu’ici et même si elle ne compte pas s’étendre sur la question – bien qu’elle soit fière de son entreprise – elle est en mesure de lui donner une réponse qui satisfera sa curiosité. « Nous faisons dans le nettoyage. » dit-elle en esquissant un bref sourire. Dit ainsi, ça n’a pas l’air glorieux, mais ça colle avec la personnalité maniaque de Mylah, cela ne surprend probablement personne que ce soit le but de son entreprise. Elle n’en dit pas plus, parce que cela est inutile et qu’elle en a dit assez pour qu’il cerne l’activité principale de son entreprise. En parlant d’entreprise, elle n’est pas la seule à évoluer au poste suprême, puisqu’elle a retenu du portrait du jeune homme qu’il dirigeait plusieurs grands magasins de luxe. « Et quel est le domaine de la tienne ? » Elle demande, curieuse. Le luxe, c’est vaste. Il peut s’être spécialisé dans les vêtements ou dans les accessoires, sans parler des cosmétiques. « Cela t’embête si je te tutoie ? » Elle finit par demander, un sourire bienveillant aux lèvres. Si elle est habituée à vouvoyer ses employés ainsi que les contacts qu’elle établit dans le monde des affaires, sans oublier les inconnus qu’elle rencontre lors des soirées, elle a mis cet aspect de la politesse de côté en venant ici. Parce qu’il s’agit que de rencontres temporaires et parce que personne ne se tient à ce genre de politesse, alors elle ne compte pas faire d’efforts. Mais si cela dérange Gekko, elle le vouvoiera sans peine, d’autant plus qu’elle ne compte pas mettre en péril une rencontre comme celle-ci, avec quelqu’un issu du même milieu qu’elle.