On était dimanche, le soleil de fin d'après-midi me berçait de ses doux rayons. Bientôt ce serait l'heure, l'heure du prime, l'heure de me confronter une nouvelle fois aux votes du public et je le pressentais, de quitter définitivement l'aventure. En attendant, un bon livre policier en main, je profitais des derniers instants de repos avant la soirée qui s'annonçait mouvementé, quand j'apercevais Hugo passer devant moi. L'interpellant d'un petit signe de la main, je l'invitais à venir me voir et lui disais :

Hey Hugo, comment le sens-tu pour ce soir ?

C'était déjà sa troisième nomination. Il ne devait donc, normalement, plus être stressé. Enfin, plus autant que moi. Après savait-on jamais, ici plus qu'ailleurs, les gens pouvaient réagir de façon bizarre. Mais bon, passons… Au final, vu qu'on ne dormait pas ensemble, je l'avais que très peu vu cette semaine. Tentant de jouer l'intéressé, je lui demandais :

À part cela, ta semaine c'est bien passée ?

Je n'étais pas vraiment intéressé par son quotidien, mais c'était une manière comme une autre de faire la conversation. Avec Hugo, le courant semblait mieux passer depuis qu'on était en binôme. En même temps il me semblait qu'on mettait chacun de côté nos égos pour parvenir à un équilibre et éviter ainsi de s'étriper à chaque fois que l'on se croisait. Ce qui n'était, tout bien réfléchit, pas plus mal. En attendant, étrangement, si je devais partir, il me manquerait, son sourire narquois, ses petits piques, tout ce qui faisait de lui ce qu'il était… Je pense que cela m'ennuierait de ne plus avoir nos échauffourées quotidiennes.

Je tentais juste d'être agréable, de faire la conversation et d'ainsi passer le temps avant le prime à venir qui allait probablement marquer la fin de notre binôme. Sauf que voilà, comme à son habitude Hugo ne semblait pas très enclin à la conversation, bien au contraire. Sa première réponse me faisais sourire, la seconde ne mérita même pas à ses yeux une réponse, enfin si un ça va sans saveur, ensuite il me la renvoya :

De mon côté, enfin si cela t'intéresse. Je ne penses pas rester ce soir et ma semaine c'est pas trop mal passé, j'ai fait tout ce que je voulais faire… Je suis prêt à partir sans regrets.

Dis comme cela, ça faisait un peu vieux sur le point de crever certes… Mais au moins, cela avait le mérite d'être à peu près sincère. J'écoutais Hugo, me demander ce que je regretterai si je devais partir. En écho à mes paroles précédentes, je trouvais les mots sans problème :

Je ne regretterai rien… Enfin si quelque chose, ne pas revoir peut-être les gens que j'ai appréciés ici. Fake Lover c'est une jolie parenthèse dans mon existence, j'espère juste qu'elle se prolongera à l'extérieur …

Je n'aurais jamais dit cela en entrant dans le jeu, mais les règles que je m'étais fixées avaient quelques peu bougées avec le temps… J'étais toujours cet homme incertain et instable, mais une certaine humanité que je me efforçais de cacher, réapparaissais au grand jour. Je redevais celui que j'avais été il y longtemps et cela me faisait du bien. Je me sentais à nouveau, vivant.