La salle de bal n’est pas un lieu qu’elle fréquente régulièrement. Ou du moins, en dehors de l’obligation de s’y rendre dès que Cupidon a quelque chose à leur annoncer. Ainsi, parfois elle ne s’y rend qu’une fois par semaine, pour prendre connaissance des nominations. D’ailleurs, c’est satisfaite qu’elle a constaté, la veille, qu’elle ne faisait pas partie des malchanceux. C’est qu’elle commence à se dire que son temps est compté ici. Même si elle n’aime pas la défaite, elle est consciente qu’elle ne fait pas l’unanimité et que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle et Léo se retrouvent sur le banc des nominés. Dans l’idéal, elle aimerait s’en passer, mais puisque les nominations dépendent de leurs camarades et non du public, elle sait qu'elle est en danger. Elle ne sait même pas si elle en a un, de public. C’est difficile de s’évaluer sans avoir le moindre contact avec le monde extérieur. Dans tous les cas, aujourd’hui elle n’a aucune raison de venir jusqu’à la salle de bal. Outre les annonces de Cupidon, elle l’emploie de temps à autre pour lire un livre, chose qu’elle commence à faire dans son lit, puisque celui-ci est tout de même plus confortable que les fauteuils que la production a mis à leur disposition ici. Et pourtant, la voilà qui traverse la salle de bal. Non pas pour s’arrêter, mais simplement pour se rendre jusqu’à la cuisine, puisque qu’elle a l’habitude de manger à heure fixe. Sauf qu’elle est arrêtée en chemin par la voix de Gigi qui s’adresse à elle. Si la brune ne lui avait pas adressé la parole, il est probable qu’elle ne se serait jamais arrêtée. Tout d’abord parce qu’elle ne l’a pas vue, et puis parce qu’elle ne sait pas quoi penser de Gigi. Elle lui parait sympathique, mais aussi trop proche du candidat qu’elle apprécie le plus ici. Elle ne la déteste pas, elle s’en méfie, tout simplement. Pourtant, quand celle-ci lui demande si elle souhaite jouer avec elle, Mylah bifurque pour se rapprocher de la candidate. Après tout, elle ne passe pas assez de temps avec elle pour connaître ses réelles intentions, ce ne serait pas négligeable d’apprendre à la cerner. Mais jouer avec elle ? Discuter, c’est dans ses cordes. Jouer, un peu moins. Mylah est pourtant joueuse, mais elle ne sait pas à quoi s’attendre avec Gigi. Si le fameux jeu consiste à sauter dans tous les sens ou à tourner en rond jusqu’à ce que l’une d’entre elle s’écroule au sol, très peu pour elle. Elle ne souhaite pas se rendre ridicule. Gigi ne tarde pas à préciser le fond de sa pensée. La bataille. « Cela fait longtemps que je n’y ai pas joué. » Précise-t-elle dans un premier temps, au cas où certaines de ses lacunes devraient être comblées. La vérité est qu’elle n’y a jamais joué, ce n’est pas le genre d’activités à laquelle elle s’adonnait plus jeune, avec ses parents. Ou même avec ses amis. Mais elle connait plus ou moins le principe, elle compte sur Gigi pour l’éclairer si elle se trompe. « Mais c’est d’accord. » Elle affiche un léger sourire tandis que la brune distribue les cartes. Une fois qu’elles ont chacune un tas, Mylah ne se fait pas attendre et retourne sa première carte, puisqu’il lui semble que c’est la première étape. Elle pince la lèvre quand elle découvre un deux de trèfle. « Je suppose que tu commences. » Il est plus probable que ce soit Gigi qui lui pose une question, même si elle n’a pas encore retourné sa première carte. Ce n’est pas difficile d’en avoir une plus haute qu’elle. Et puis, si c’est Gigi qui la questionne la première, cela lui laissera le temps de lister quelques questions à l’attention de la brune. Elle ne la connait pas beaucoup, elle a donc une multitude de choix qui s’offre à elle, mais il faut sélectionner les plus pertinentes.