La fin, Adélie ne pense plus qu'à ça, à la manière dont cette aventure va se terminer pour elle et ce qu'elle compte faire après l'émission. Elle ne se fait pas beaucoup d'illusions, elle sait que cette semaine est sûrement la dernière pour elle, préparée à l'évidence elle s'interroge sur l'après-jeu. Elle a eu dix semaines pour se dire qu'elle avait besoin de changer d'air, de partir loin de sa ville natale même si c'est un véritable crève-cœur de devoir quitter sa famille pour un avenir incertain. Tout à Chamonix lui rappelle Salomé, des moindres petits recoins de la ville où elles aimaient se perdre jusqu'aux regards des gens. Elle va partir c'est sûr, reprendre sa vie en main, tenter sa chance quelque part sûrement à la capitale, continuer à écrire son histoire celle qu'elle avait laissé en suspens après la mort de son aimée. Elle avait prévu cette éventualité depuis le début de l'aventure, durant les premières semaines de jeu, un idéal plus que réalisable qu'elle touchait à présent du bout des doigts. Mais elle avait fini par s'attacher, se laisser aller alors que la française s'était promis après quelques semaines d'aventure de ne pas le faire. Elle n'est sûre de rien, pas même des sentiments contradictoires qui l'habitent depuis quelques jours, elle a besoin d'en discuter et se met en quête du principal intéressé. La jeune femme parcourt le nid de fond en comble avant de se rendre à l'évidence qu'elle ne le trouvera pas à l'intérieur, elle finit par le retrouver près du bassin japonais, elle si glisse à ses côtés. « Viens ». Elle l'enjoint dans un souffle avant de l'entraîner par le bras jusqu'au salon de thé où ils seront plus tranquilles pour parler  sans compter qu'elle déteste ces horribles carpes. Elle le mène jusqu'aux banquettes du salon de thé où elle prend place en silence, cérémonieusement. « On a été stupide ». Commence-t-elle sans plus attendre. Elle le sait, elle le sent depuis qu'elle a pris conscience que la fin de l'aventure est proche et que bientôt ils seraient amenés à ne plus se croiser tous les jours au détour des couloirs. Elle en France et lui à l'autre bout du monde, c'était stupide de leur part de l'avoir oublié. « Mais je ne veux pas que tu m'oublies ». Qu'il la raye de sa vie une fois le jeu terminé, elle a le regard fuyant parce que ça lui pèse de devoir évoquer ce genre de sujets peu réjouissants.    

On approche de plus en plus de la fin. Enfin techniquement elle a déjà eu lieu pour moi. J’erre toujours entre ces murs, mais je ne suis plus un candidat. Mon parcours est terminé. Je n’ai plus aucune chance de valider ma cagnotte, et remporter le titre tant convoité. Non pas que je pensais avoir une chance de soulever le trophée (enfin y a-t-il un trophée d’ailleurs ?), mais j’espérais atteindre au moins les demies finales. Ça ne s’est pas fait, c’est ainsi. Pour autant, ça ne signifie pas que je suis encore prêt à retourner à ma vie à l’extérieur. Il y a des gens que je n’ai pas envie de quitter. Et comme la sortie a l’air si…définitive. Je préfère prolonger un peu encore le moment. De toute façon, dimanche je dois être là pour révéler mon secret. Alors autant rester ici, plutôt que d’avoir à trainer à Los Angeles durant une semaine, sans connaître personne ni d’avoir d’endroit où crécher. Alors cette après midi, je suis dans le jardin, assis sur le ponton, les pieds se balançant dans le vide. Et mon esprit vagabonde. Je pense à beaucoup de choses…Et celle qui a une grand part dans mes pensées entre justement dans mon champ de vision. Adélie. Elle m’attrape le bras. « Viens » Euh oui d’accord, plait il, c’est pour quoi ? Je n’oppose aucune résistance, et me laisse aisément guider jusqu’au salon de thé, où je m’installe. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens LA conversation arriver… Et je ne suis pas certain que ça va me plaire. Peut être pour ça aussi que je la repoussais. « On a été stupide » Hm ok. Ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais. Pourquoi…Qu’est ce que… Il peut y avoir deux interprétations à cette phrase. On a été stupide de ne pas assez profiter l’un de l’autre, surtout compte tenu du temps qu’il nous reste…Ou alors, on a été stupide de s’attacher. Et bien que tout mon être souhaiterait que ça soit la première interprétation la bonne, quelque chose me dit que c’est plutôt l’autre… Surtout quand je la vois fuir mon regard. « Mais je ne veux pas que tu m'oublies » J’ai déjà l’impression que c’est fini. Avant même que ça n’ait commencé. Alors c’est tout ? « Tu…Non. » Non quoi, on ne sait pas. « Je ne suis pas d’accord. » Je n’accepte pas ce qu’elle est en train de me dire. « Pourquoi on a été stupide ? Stupide de quoi ? De s’être embrassés ? De s’être attacher l’un à l’autre ? Parce que moi je ne regrette pas. » Pas une seule seconde. Mais apparemment, ce n'est pas son cas. « Ou alors si oui, on a été stupide. Stupide de ne pas faire ça plus souvent… » Sur ces paroles, je rapproche rapidement mon visage du sien pour lui subtiliser ses lèvres et l’embrasser. J’en ai marre de me retenir. Depuis la première fois, je ne pensais qu’à une chose : recommencer. Et elle peut bien croire que tout ceci est une erreur, elle va peut être bien me le faire comprendre dans quelques secondes d’ailleurs, mais moi je n’ai pas peur d’assumer ce que je ressens.

Elle a mûrement réfléchi avant de prendre l'initiative d'aller parler à Leandro, elle a pris le temps de faire le point, elle s'est torturée l'esprit avant d'en arriver à une conclusion qui était loin de la satisfaire mais qui semblait être la seule issue envisageable. Ce n'était pas un sujet plaisant à évoquer mais pour cette fois elle allait prendre les devants, se montrer courageuse et ne pas se laisser démonter. La jeune femme le retrouve près du bassin japonais où elle le rejoint avant de l'entraîner dans le salon de thé, un lieu plus intimiste où aucune paire d'yeux indiscrets n'allait les scruter. Certes il y avait les caméras, mais ce détail elle l'occultait bien trop souvent depuis le début du jeu. Elle prend la parole, brise le silence, ce qu'elle a à dire est loin d'être plaisant mais elle se lance tout de même. Ils ont été stupide, il n'y a pas d'autres mots. De toute évidence, ils ont oublié qu'ici tout n'était qu'un jeu, que l'enfermement les forçait à se croiser chaque jour alors que ce ne serait plus le cas à l'extérieur. Bêtement, elle s'était attachée à lui et ses sentiments à elle étaient loin d'être seulement amicaux à son égard, au point qu'elle avait occulté le fait qu'un océan entier les séparait. Bien sûr, il faut qu'il rende les choses plus difficiles, elle s'était préparée à l'éventualité qu'il n'accepterait pas l'évidence. Il n'est pas d'accord, elle non plus ne l'est pas mais elle accepte juste le simple fait que les obstacles qui se dressent entre eux sont beaucoup trop nombreux pour les ignorer. Puis dans un geste inattendu, et alors qu'elle n'avait fait qu'éviter son regard pendant toute la durée de l'échange, il décide de couper court à la discussion avec un baiser. Elle s'arme de tout son courage en détournant son visage du sien même si elle crève d'envie que ses lèvres retrouvent le chemin de celle du jeune homme. Elle ne le fait pas, elle reste campée sur ses positions en éloignant maintenant son visage de celui de son camarade. « Non, c'est égoïste ». Elle murmure dans un souffle en essayant de se convaincre elle-même qu'il s'agit de la meilleure chose à faire. « On a quoi ? Une semaine maximum, sûrement beaucoup moins. Et après quoi ? Je rentre en France et toi au Texas. C'est pas raisonnable, tu le sais. ». La voilà la raison, cette distance, ce monde qu'il y a entre eux, cet obstacle insurmontable qui leur barre la route. Si elle avait été américaine, elle n'aurait pas hésité une seule seconde et n'aurait pas eu à lui infliger une telle discussion mais avec des « si » on pourrait refaire le monde. « Je ne partirai pas … enfin si, mais je ne quitterai pas la France. ». Elle annonce pas vraiment fière de devoir lui balancer la vérité à la figure. Ce n'est que la stricte vérité, elle allait partir de chez elle rien n'était moins sûre mais elle était incapable de partir loin de sa famille, elle ne pouvait pas leur infliger ça et ,plus que tout, elle ne voulait plus être séparée d'eux aussi longtemps. Mettre une distance entre elle et sa famille en déménageant à l'autre bout de la France était déjà dur à envisager. « Je n'ai rien de mieux à t'offrir ». Et c'était peu, bien trop peu pour qu'elle se montre optimiste sur la question. Avec Adélie, il n'a rien de plus qu'un avenir incertain parce qu'il a en face de lui la fille la moins courageuse au monde, celle qui préfère fuir avant d'être blessée dans la bataille.          

Je m’arme de courage pour lui dire ce que je pense, et l’embrasser, malgré ses dires qui vont dans l’autre sens. Je me dis que peut être elle se laissera enfin aller et…Non. Elle me repousse, se détachant de moi. Elle ne veut pas de mon baiser. Ce qu’elle veut, c’est tout l’inverse, c’est mettre de la distance entre nous. Selon elle, je suis égoïste. Et puis elle me lance en pleine figure, qu’elle habite en France, moi au Texas. Que ça ne serait pas raisonnable. Pourquoi devrions nous être raisonnables ? Et si je n’ai pas envie de l’être pour une fois ? « Je ne partirai pas … enfin si, mais je ne quitterai pas la France. » Comme ça c’est dit. « Parce que tu crois peut être que je l’ai oublié qu’un océan sous sépare ? Bien sur que non, je ne l’ai jamais oublié. Et je ne te demanderais jamais de quitter ton pays. » Cela a toujours été dans mes pensées le fait que notre relation ait une date d’expiration. Et qui approche à grands pas. Parce que jamais je ne m’attendrais à ce qu’elle quitte tout, juste pour me rejoindre. Je ne suis pas naïf. « Comme je ne quitterais pas les Etats-Unis. » C’est chez moi. Il y a ma famille, ou ce qu’il en reste. Autant j’ai pu les quitter deux mois là, mais je ne me vois pas habiter à des milliers de kilomètres d’eux. C’est tout bonne inimaginable. Pour le moment en tout cas. « Tu trouves que c’est égoïste de vouloir profiter des derniers moments qu’on a ensemble ? De vivre pleinement les derniers jours qui nous restent ? » Gosh, une personne qui n’aurait rien suivi, à m’entendre, pourrait croire qu’il n’y a pas de vie après le jeu et qu’on va mourir. « Alors si c’est égoïste, toi t’es lâche. » N’ayons pas peur des mots. « Tu me repousses, tu mets des barrières, parce que t’as peur de souffrir. Alors quoi, ça va être ça toute ta vie ? Tu vas te laisser guider par la peur ? A ce moment donné on na qu’à rester enfermé chez soit et ne plus rien faire. » Bah au moins comme ça on ne risque pas d’être blessé. « Et puis devines quoi ? De toute façon c’est trop tard. » Je suis déjà blessé. Par ses gestes. Ses mots. « Au final, je me demande ce que je fais encore là… Cela aurait été plus simple pour toi que je m’en aille. » Oui, pourquoi m’avoir demandé de rester ? Juste pour qu’on ait cette conversation ? Au pire elle aurait pu me dire tout ça le soir du prime. Qu’elle regrette, et qu’on ferait mieux d’en rester là, pour notre bien à tous. C’est bien ce qu’a fait Sailor. Elle est partie. Seulement moi je ne fuis pas face à l’adversité. Des que les choses deviennent un peu trop compliquées. Plus maintenant en tout cas. Parce que cela n'a pas toujours été le cas par le passé.

Essayer de raisonner Adélie est peine perdue, elle est beaucoup trop têtue pour qu'on arrive à la faire douter. Elle fait ce qu'il y a de mieux à faire, pour lui mais surtout pour elle. L'embrasser n'y changera rien même si elle a l'impression d'être un monstre lorsqu'elle le repousse. Ça lui crève le coeur d'avoir à en arriver là mais ils se trouvent dans une impasse et Adélie est plutôt du genre à faire demi-toute qu'à foncer droit dans le mur. Elle préfère lui rappeler que c'est terriblement égoïste de lui voler un baiser alors que dans quelques jours elle serait dans un avion pour la France et lui vers le Texas. Alors à quoi bon s'acharner ? Préférer couper court à leur idylle naissante est sûrement la meilleure décision à prendre avant qu'ils finissent blessés. À ce stade, elle s'en remettra vite même si elle aura ce petit goût inachevé durant les prochaines semaines. La française espère qu'il comprendra mais au vu de ses protestations, elle comprend que c'est loin d'être le cas. Tout ce qu'il demande c'est de profiter des derniers jours qu'ils leur restent sans se poser de question, Adélie ne peut pas le lui offrir. « Oui ça l'est » . Ce serait égoïste de continuer à profiter l'un de l'autre en oubliant que la fin du jeu était trop proche. Elle ne veut pas que leurs sentiments l'un pour l'autre grandissent et que la séparation soit plus dure qu'elle ne l'est déjà. « Je peux pas faire semblant » . Elle ne peut pas occulter le fait que d'ici quelques jours un océan se dressera entre eux, elle n'en est tout simplement pas capable. Elle n'a jamais su mentir alors il lui demande l'impossible en lui demandant de se mentir à elle-même. Leandro la qualifie de lâche, elle ne l'a jamais caché mais l'entendre de sa bouche la blesse bien plus qu'elle ne l'aurait pensé. « Je l'ai toujours été » . Elle concède même si pour elle vouloir se protéger et mettre un terme à une idylle sans issue était tout sauf de la lâcheté. Elle aimerait bien partir, quitter le salon de thé pour aller trouver du réconfort auprès de son partenaire qui l'a toujours soutenu et qu'elle a eu du mal à remettre sur pied en début de semaine. Pourtant elle continue à l'écouter lui dire des choses blessantes, qui résonnent dans son coeur comme des milliers de coups de poignards. « Tu ne comprends pas » . Elle finit par souffler le regard fuyant se concentrant sur le mouvement des rideaux agités parle vent. « C'est pas de la peur, c'est de la lucidité. Ça ne sert à rien de s'acharner à faire semblant. Je ne suis pas la bonne fille pour ce genre de choses. » . Elle se défend d'un ton neutre, en traçant des cercles sur sa cuisse pour réprimer les frissons qui parcourent son échine. « Je ne voulais pas te blesser, désolée » . Non ce n'était certainement pas le but premier de cette discussion mais maintenant que le mal est fait, il est un peu trop tard pour s'excuser. « Je ne sais pas ce que je m'imaginais ... mais ce n'était sûrement pas ça » . Elle aurait aimé qu'il comprenne sans lui balancer des horribles vérités en pleine figure.

Oui ça l'est. J'ai bien envie de lui répliquer tout un tas d'argument comme quoi c'est stupide. Si t'es mourrant, et qu'il te reste plus que quelques mois à vivre, et bien il faut repousser l'autre et le laisser seul, parce qu'on sait que la relation a une date d'expiration ? Alors si je suis égoiste, elle l’est tout autant. Parce qu’elle decide à ma place ce qui est le mieux pour nous. Enfin en vérité, c’est surtout ce qui est le mieux pour elle. Elle ne peut pas faire semblant. Semblant de quoi ? Je pense que c’est plutôt lâche comme comportement. Ce que je n’hésite pas à lui confier, surement parce que je suis blessé. Et que j’espère lui faire prendre conscience qu’elle a tort de penser comme ça. Mais je me rends compte qu’elle a déjà pris sa decision. Avant meme de connaître mon ressentit, elle avait déjà décidé que c’était fini de toute façon. Selon elle ce n’est pas de la peur, juste une lucidité extrême. Bien, bien, si elle le dit. C’est bien une fille. Elle pense beaucoup trop. Elle ne peut pas se contenter de vivre l’instant présent ? Non il faut qu’elle pense à l’avenir. Ce qui efface toute possibilité de présent. Et meme si je sais pertinemment qu’il ne peut pas y avoir de futur avec nous deux habitant sur un continent different, je ne sais pas…J’aurais surement aimé qu’elle soit moins catégorique tout de suite. Pas qu’elle nous enterre immédiatement, sans meme y réfléchir à deux fois. Sans meme me demander ce que je souhaite faire une fois dehors. Sans meme ne serait ce qu’essayer. Au final, on a jamais eu la moindre chance. ”Oh si je comprends très bien. C’est moi qui suis stupide…D’avoir cru que t’étais…Que tu…” J’ai alors un sourire jaune. ”Je ne sais meme pas pourquoi on parle, puisque de toute façon, t’as déjà pris la decision de tirer un trait sur moi. Sur nous. “ Je sens bien que peut importe ce que je dirais ou ferait, l’issue sera la même. ” Faut croire que je compte pas tant que ça…Faut voir le bon côté des choses, tu m’oublieras bien assez vite.” Dans une ou deux semaines je serais déjà un passé lointain pour elle. Parce qu'au final, je ne suis quoi, qu'un flirt ? Je me suis fais des films tout seul. Mais après tout, j'aurais dû le savoir. Je ne suis pas à ma première désillusion. C'est une constance chez moi. Alors je ne doute pas qu’elle se remettra bien assez vite de ma personne. Je ne peux malheureusement pas en dire autant de mon côté. Parce que c'est là que je me rends compte que je suis attaché à elle bien plus que de raison. Sinon ça ne ferait pas si mal d'entendre tout ça. Mais je ne regrette rien.