Contrairement à la majorité des gens qui maudissaient le dimanche, synonyme d'inaction, Louise l'avait toujours plus ou moins vénéré : il était le jour où elle s'adonnait aux activités qui lui plaisaient véritablement. En effet, sa semaine était plutôt chargée avec ses cours de médecine, et le samedi occupé à travailler dans une petite librairie old school plutôt sympa. Lula s'était souvent rêvée artiste, étudiante en art plastique, en musique, voire même en littérature classique. Un cursus qui lui ressemblait, en somme. Elle s'était souvent imaginée partir tout un été reconstruire des écoles à l'autre bout du monde ou s'attacher nue à un arbre de la forêt amazonienne pour lutter contre la déforestation. Mais ses lubies ne dépassaient jamais le stade du fantasme. La jeune anglaise avait abandonné ses rêves de gamines pour la médecine. La neurochirurgie plus spécifiquement. Ca ne l'intéressait pas des masses, la science n'était pas son truc. Mais l'optique de sauver des vies & d'être utile à la société était un but gratifiant pour une idéaliste de son cru. Bien sûr, il y avait une envie cachée : la brunette aspirait à devenir la meilleure, la plus appliquée. Celle qui parviendrait au miracle ultime : réparer son papa et le faire sortir du fauteuil roulant dans lequel il s'était cloué bêtement, son côté suicidaire aidant. Certes, être médecin n'était pas sa vocation première mais elle s'y accrochait tout de même. C'est pourquoi le dimanche lui permettait de peindre, de lire, de jouer du piano jusqu'à plus soif et de faire du bénévolat à la SPA. Aujourd'hui pourtant, Lula n'était pas motivée par grand chose et elle s'était isolée dans sa chambre, recherchant le calme tandis que tout le monde s'affolait au salon. Il était rare qu'elle provoque la solitude, extrêmement rare. Assise en tailleur sur son lit, Louise était plongée dans la contemplation de sa couette. Et ce fut l'arrivée de Sigride qui l'aida à se rendre compte qu'elle était totalement ailleurs. Relevant son visage fin vers sa colocataire, la petite brune lui offrit un sourire franc, avant de demander de but en blanc : « Oh, tiens, ma préférée. Je parie que tu meurs d'envie de me sortir de ma léthargie... Je suis bon public, tu peux même déblatérer des heures sur à quel point porter de la fourrure c'est inhumain ou sur l'horreur des abattoirs, je suis toute ouïe. » ajouta-elle d'un ton désinvolte, comme pour lui montrer qu'elle n'avait rien oublié de leur échange agréable mais fugace de la première soirée.