Ce costume changeait effectivement des sherwanis qu'il avait l'habitude d'arborer sur les primes, et bien que son style habituel reste celui dans lequel il se sentait le plus à l'aise, il avait tendance à se satisfaire d'avoir l'occasion de changer un petit peu, et surtout de ne pas se sentir trop ridicule à coté des tenues de ses camarades. @Lawrence, toutefois, restait d'une élégance remarquable et c'est un Naveen quelques peu amusé qui lui précisa que la costume qu'il portait appartenait à Lino, que c'était un présent qu'il lui avait laissé avant son départ, ce qu'il saurait sans doute s'il utilisait twitter. Mais visiblement, les réseaux sociaux n'étaient pas une chose qu'il affectionnait particulièrement. « C'était peut être le cas avant, mais ça peut encore changer. » Il souffla, de ce même ton optimiste qu'il réservait à Lawrence chaque fois que ce dernier était un peu négatif, parce que ça suivait finalement ce qu'il lui disait depuis quelques temps, à savoir que les moments compliqués par lesquels il avait pu passer ne devaient pas l'empêcher de vivre des choses plus belles, à l'avenir. Laissant quand même entendre qu'il aimerait lui apprendre à se familiariser avec twitter, l'indien esquissa bientôt un sourire timide et attendri, à la réflexion de son camarade. « J'espère que tu as raison, parce que je ne me sens pas prêt à rentrer. » Bien sûr, il s’accommoderait de son départ s'il devait avoir lieu à la fin de la soirée, mais pour toutes sortes de raisons il n'était pas encore prêt à reprendre l'avion et à retourner à des milliers de kilomètres d'ici. Retrouver sa famille, l'endroit où il vivait, ça rattraperait assurément la déception d'avoir quitté cet endroit et les personnes qui comptaient le plus pour lui, mais il garderait une profonde souffrance au fond de son cœur, et devrait la supporter jusqu'au moment où il serait autorisé à retrouver ses camarades. Ce serait donc une pénible attente pour lui. La suite concerna le coup de téléphone intercepté par Achille, mais aussi et surtout la révélation du secret de Colin, démasqué par Lawrence, et qui fit place à une certaine émotion à travers le plateau. Félicitant l'américain pour la perspicacité dont il avait su faire preuve, l'indien crut cependant noter qu'il ne se réjouissait pas d'avoir trouvé ce secret, lui. Il est vrai que Colin avait trouvé le moyen de faire quelques réflexions teintées d'une certaine mauvaise foi, pour autant Lawrence n'avait aucune raison de les prendre à cœur, ça n'enlevait absolument rien à son mérite. « Tu n'as rien à te reprocher, Lawrence. Et même s'il est amer ce soir, je suis certain qu'il ne t'en voudra pas longtemps. » Il ne connaissait peut être pas très bien Colin, mais il aimait penser qu'il n'était pas aussi mauvais perdant qu'il pouvait en avoir l'air, dans l'immédiat. Les awards commencèrent en tout cas à être remis, et c'est tout naturellement que l'indien se permit de préciser à Lawrence qu'il n'avait pas volé celui du candidat le plus charismatique, tandis que de son coté il se voyait remettre deux awards également, celui du plus sympathique et du plus attachant. Honoré, il quitta ainsi sa place et partit chercher ses récompenses avec une certaine sobriété, hésitant à faire de grands discours, mais y renonçant finalement. Il sourit tout de même avec enthousiasme à ses camarades, avant de revenir s’asseoir et d'esquisser un sourire ému en direction de Lawrence, lorsqu'il reprit la parole. « Et moi, que ferais-je sans vous ? » Que deviendrait-il s'il devait subitement les quitter, et retourner à l'autre bout du monde, sans avoir plus aucun moyen d'entrer en contact avec eux ? Probablement pas grand chose, d'autant plus qu'ici il avait compris bien des choses, obtenu bien des réponses. Lawrence se vit remettre un nouveau prix, auquel l'indien ne ferait pas référence dans l'immédiat, et son interview fut finalement diffusée, tandis que c'est sur un Lawrence des plus fébriles que son regard se posa lorsqu'il tourna son visage vers le sien. « Tout va bien ? » qu'il demanda alors, dans un souffle, et suffisamment bas pour que personne d'autre n'en profite à part eux. Il croyait voir que Lawrence n'était pas dans son état normal, et connaissait au moins deux des raisons pour lesquelles il était susceptible d'afficher cette mine défaite, ainsi il posa sur lui un regard des plus tendres, avant d'être appelé à recevoir de nouveaux awards. Ceux du plus fleur bleue, du plus chanceux, du plus sensible, et même de celui que l'on s'attendait à voir remporter l'aventure. Autant dire qu'il fut profondément flatté, lui qui n'était même pas certain de se voir remettre un seul prix, au départ. Se levant donc à nouveau, il se décida cette fois à énoncer quelques mots. « Merci pour … pour toutes ces jolies récompenses. Je ne pense pas les mériter, pas toutes en tout cas, mais c'est un véritable honneur. » Les bras chargés, il revint finalement s’asseoir auprès de Lawrence, et osa faire ce dont il avait envie depuis qu'il avait constaté qu'il n'était pas dans son assiette. Il laissa alors glisser l'une de ses mains jusqu'à celle de l'américain, la serrant avec douceur, sans plus le quitter des yeux. « Tu m'aideras à les remonter si … si l'issue est celle qu'on espère ? » Dans le cas contraire, s'il devait quitter l'aventure, il vaudrait mieux qu'il les pose dans un coin en attendant d'aller chercher ses bagages, histoire d'éviter de se charger pour rien. Gardant sa main dans la sienne pendant quelques instants, il la retira toutefois fébrilement lorsque fut remis l'award des candidats que l'on voyait finir ensemble. Car si d’y apparaître en compagnie de Lawrence emplit son cœur d'une agréable chaleur et lui valut de sourire avec tendresse et timidité, le fait que l'américain apparaisse aussi en compagnie de Khadija le plongea dans une torpeur qui le laissa muet et incapable de tout mouvement. Parce qu'il ne comprenait pas ce que ça signifiait, ou s'il y avait seulement quelque chose à comprendre en soi. Parce qu'il y avait Lino, le seul à qui Khadija pouvait être associé à ses yeux. Et parce que Khadija savait ce qu'il ressentait pour Lawrence, surtout. Alors il posa sur l'américain un regard perdu, presque affolé, dans l'espoir de lire sur son visage une réponse, ou quoi que ce soit qui l'aiderait à comprendre, et peut être à se rassurer.