@ziyan

Je me sens encore embrumée, y a un amas d’idées incohérentes qui s’entrechoquent dans la boîte crânienne à la vision de Bastian, endormi, tourné vers moi. Mes prunelles trop accoutumée à l’obscurité arrivent à détailler ses traits. Cette preuve suffit à démontrer que je suis trop près: Je me redresse en douceur, le coeur prêt à sortir par mes tempes, signe d’une nuit trop pleine de songes. Je ne suis pas pas habituée à dormir avec quelqu’un, je déserte le lit le plus tôt possible en offrant à Bastian le kit size pour lui tout seul. J’enfile les premiers vêtements qui me tombent sous la main, pas d’humeur à vérifier que le style est potable et que l’association des couleurs n’est pas criarde. Ecouteurs enfoncés dans les oreilles, je suis prête à filer dehors afin de commencer les explorations que j'ai négligé les premiers jours. J'erre jusqu'aux terrains de sport désespérément vides que j'ai envie de faire vivre mais pas toute seule. Je capte un candidat dont le nom m’échappe. Peu importe. Je m’avance d’une démarche détendue vers lui. Je vois en lui un adversaire idéal. « On se fait match ?  » je lui demande, un ballon de basket à la main. J'esquisse un sourire maladroit afin d'essayer de paraitre un peu plus avenante que ma première question presque trop brutale et sans légère introduction futile. « Je n’arrive pas à m’auto-suffire aujourd’hui » je justifie presque ma première interaction sociale de la journée. J’ai juste besoin de ma petite dose d’épuisement physiquement et courir toute seule en crachant mes poumons n’a jamais été came. « Je ne me souviens plus de ton prénom, désolée » j’amorce aussi dans la foulée bien que je sois plus intéressée par l’idée d’un match que celle de faire connaissance. On peut toujours essayer de combiner les deux.

Je me réveille plutôt tôt ce matin encore. Vous savez, je suis de ceux qui se lèvent tôt afin d'aller conquérir le monde. Depuis aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours détesté me lever tard. L'impression que cela me donne ? Une journée déjà gâchée, à peine levé. Je dors entre six et sept heures par nuit, je n'ai pas le temps pour plus. Je me suis adapté à ce rythme et je ne manque finalement pas de sommeil. Le réveil est toujours difficile quand on dort si peu, mais une fois levé tout va mieux. Le problème ici, c'est que je n'ai rien à faire, je suis levé et puis voilà, pour faire quoi ? Personne d'autre ne semble être debout, alors j'erre dans les couloirs vide du nid d'amour, sans but, sans savoir où aller. Je me décide finalement à sortir fumer une clope, me couvrant assez chaudement, je rejoins les terrains de sport. Clope au bec et sweat à capuche sur la tête, je me prends pour un sportif de haut niveau fumant une clope. Je peux apprécier la lumière encore fraiche du soleil récemment levé. Ceci est un spectacle réservé à ceux qui aiment trop la vie pour dormir. J'écrase finalement ma clope, ennuyé par ma solitude qui sera finalement comblée par l'arrivée d'une de mes camarades, Juliette, une jolie européenne, d'origine Française si je me souviens bien. Celle-ci me défi pour un match de basket. Sur mon visage se dessine un sourire joueur, je ne refuse jamais un défi. « Si tu n'as pas de problème avec la défaite, avec plaisir. » Parce que je vais gagner, aucun doute là dessus. Je suis un piètre joueur de basket, mais Juliette reste une femme, il n'est du coup pas question de perdre, question d'égo masculin. « Parce qu'en général c'est ton truc de t'auto-suffire ? » La Juliette serait-elle du genre solitaire ? J'aurais l'occasion de le découvrir tout au long de cette aventure, mais ce serait dans ce cas une personnalité qui dénote au milieu de cet endroit qui semble réunir des gens normalement plutôt sociaux – Je pense qu'il est difficile pour un introverti de participer à ce genre d'émissions - . « Ziyan et toi c'est Juliette. » Je m'en fous qu'elle n'ai pas retenu mon prénom, ce ne sera pas la première, ni la dernière, en tout cas, moi j'ai retenu le sien. « Ton prénom, ton accent, tu es française non ? Ca fait plaisir de pas être complètement dépaysé. » Je parle très bien anglais alors ça me pose pas de problème d'être ici, mais disons que c'est toujours cool d'avoir quelqu'un qui parle sa langue natale et qui finalement appartient au même pays que toi, même si le cas de Juliette l'expatriée, c'est particulier. « Bon c'est parti pour le match, je suis gentleman, je te laisse la balle, ça te laissera une mini chance de gagner. » dis-je finalement prêt à en découdre et remporter une première victoire à Fake Lover.

Je l'attends, le ballon coincé sur mes hanches en attendant que monsieur se décide à répondre à ma non-subtile invitation. « Aller viens jouer au lieu de crâner » Je glisse en souriant lorsqu'il me répond, je roule des billes au ciel avec une fausse insolence lorsqu'il conclut rapidement à une défaite de ma part. J'écoute d'une oreille distraite sa question. « J'ai mes moments » je glisse avec nonchalance en omettant le fait que j'ai une tendance à vivre la nuit, avec un rythme en vrac ce qui ne facilite l'idée d'essayer d'être entourée. Je ne suis pas l'animal le plus sociable qui soit, non pas par manque d'envie mais simplement par malaise généralement. Il se charge ensuite de faire les présentations lui tout seul, très pratique. J'hoche doucement la tête lorsqu'il me demande si je suis française bien que je me sens plus berlinoise désormais. Je n'ai pas remis un pied à Paris depuis plus d'un an maintenant. « Par contre on ne peut pas dire la même chose du tien » Je me permets en parlant de prénom. Ziyan. D'un point de vue objectif.  « Tu vis où ? » je lui demande. Je tends l'oreille lorsqu'il décide qu'il est l'heure pour moi de perdre. « C'est très généreux de ta part dis donc » je raille lorsqu'il déclare me laisser la balle afin de commencer. « En tout cas je note une réelle confiance en soi » sans même que le match n'ait commencé et que chacun ait pu évaluer le niveau de l'autre. C'est vrai que je n'ai pas la silhouette la plus sportive au monde, mais tout de même, au point d'être sûr de gagner. Je me positionne et après quelques secondes j'estime que la partie peut commencer. Je dribble vers son côté du terrain, lui offre mon dos en changeant d'angle, toujours en mouvement, lorsqu'il vient vers moi. « Sinon ça se passe bien les débuts avec ta partenaire ? » je lance, sorti de nul part, à mon image, mais aussi dans le but d'amoindrir sa concentration focalisée sur le ballon et le parasiter. Tout est bon comme technique.

La jolie brune ne semble donc pas avoir de problème avec la défaite. Je me rapproche alors d'elle en lui demandant si elle était du genre à s'auto-satisfaire, apparemment oui, elle a ses moments. « C'est bien d'être indépendant. » Ma foi, trouvons un aspect positif à cela, de toute façon je suis de ceux qui pensent que chaque critère peut-être tourné comme un défaut ou une qualité. Dès lors ces deux notions, sont pour moi des notions complètement vide de sens. Les présentations faites, je l'interroge finalement sur ses origines qui sonnent plutôt français. Comme Richard ou Lina, c'est agréable de trouver un point de repère te rappelant ton pays. Je suis très nationaliste dans le sens où j'aime mon pays, mes pays d'ailleurs, puisque je suis à moitié Turque. Inconsciemment j'aurai plus tendance à sympathiser avec des gens qui me ressemblent, et donc des gens qui partagent des critères communs aux miens, le partage d'une nationalité, d'une origine est pour moi un partage fort. Mais effectivement le mien, n'est pas un prénom à consonance française. « Je suis à moitié Turque. » lâchai-je alors. « Mon père tenait vraiment à me rappeler d'où je viens. » C'est important je pense pour un enfant métisse de ne pas perdre son identité culturelle, tout en ne négligeant pas non plus son identité nationale. Je suis fier d'être Turque, je suis fier aussi d'être français et c'est pourquoi je veux devenir un haut fonctionnaire de l'Etat, pour servir mon pays, avec ce que je peux lui apporter. « A Strabourg pour mes études à l'ENA, mais je compte bien vite revenir à Paris. » Parce que Paris aussi ça fait parti de moi, c'est la ville de mon enfance, de mon adolescence et du début de ma vie d'adulte. Je l'ai quitté pour deux ans, mais j'y reviendrai certainement si je ne me décide pas à une carrière pour l'Union Européenne. « Et toi d'où tu es ? » Finalement, je décide qu'il est temps de commencer cette petite partie de basket, alors, je lui laisse la balle, en vrai gentleman que je suis, et pour lui laisser une avance. Comme beaucoup d'autres avant elle, Juliette souligne ma confiance en moi. Je la savais réelle, mais pas aussi visible, ce qui me dérangerait presque. « A quoi ça sert de se rabaisser ? » Comme si la confiance en soi était une mauvaise chose, au contraire. Elle permet d'oser faire, de ne pas se bloquer, c'est une attitude positive. L'hypocrisie de la fausse modestie quant à elle ne fait qu'oublier aux hommes et aux femmes l'importance de croire en eux. Non ce n'est pas bien de douter de soi. Bien sûr si elle venait à gagner, j'aurai l'air ridicule à cause de mes propos, elle pourrait très bien être une grande basketteuse, mais je ne suis pas ce genre de personne qui mets une réserve sur ses dires. Mais le match commence, là voilà, qu'elle m'interroge sur ma partenaire, me déconcentrant quelque peu. « Disons que j'attends de voir, mais pour le moment je regrette qu'elle ne soit pas un peu plus visible. » Je l'ai dit, je veux une compétitrice et Fawn, pour ces premiers jours, elle se fait un peu discrète, mais l'aventure est encore longue, et son caractère laisse tout de même présager un potentiel intéressant. Pour ce qui est du reste, que j'aime son caractère ou pas, ça n'a aucune importance, je ne jugerai que son rapport au jeu. « D'ailleurs je peux sûrement dire la même chose du tien. » Bastian, Bastian, je suis pas certain qu'il se montre beaucoup pour le moment.. ce n'est pas positif pour elle et pour moi avant le début des nominations. Mais en attendant... j'intercepte la balle. « Va falloir être plus attentive sur tu veux pouvoir me concurrencer. » la taquinai-je. Je fanfaronne, je fanfaronne mais je galère à la faire rebondir cette balle.