Je ne sais plus trop l’heure qu’il est, j’ai perdu le fil après mon troisième verre de vin. Je suis assise, pieds dans l’eau, seule, buvant du vin comme si ma vie était déjà devenue trop ennuyeuse pour faire autre chose que boire. Ce qui n’est pas le cas, il m’a juste suffi de ne pas trouver le sommeil pour décider de descendre les marches du palais et me diriger instinctivement vers les bouteilles d’alcool. Puis sans trop connaître la raison, j’ai décidé de m’installer au bord de la piscine pour noyer le temps dans l’ivresse. Habituellement, j’aurais pu proposer à @Lina de m’accompagner dans ce genre de soûlerie improvisée, elle aurait certainement même proposé qu’on passe aux alcools un peu plus fort. Sauf que le public a décidé qu’elle n’avait plus sa place ici, comme si ces idiots pouvaient réellement savoir qui a ou non sa place ici. Ils se contentent de garder des candidats niais qui se lance au bout de trois semaines dans des relations amoureuses qui seront terminé avant même qu’on désigne un gagnant. Ou juste après, pour dire de garder le public dans sa poche. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, je savais que l’attachement dans ce jeu d’enfermement était décuplé et qu’on s’ennuyait vite d’une personne qu’on apprécie. Perdue dans mes pensées, je suis rapidement ramenée sur la terre ferme par la porte qui s’ouvre pour laisser pénétrer @Cristopher. Mon visage se détend, surtout grâce à l’alcool, mais aussi parce qu’à une heure aussi tardive, je ne peux pas espérer meilleure compagnie pour m’éviter de ruminer dans mon coin. « J’ai perdu ma partenaire de beuverie dimanche soir, tu ne veux pas prendre sa place là, tout de suite ? » lui dis-je, en soulevant la bouteille de vin déjà bien entamé. « Si tu refuses, je jure de me jeter à l’eau et de me noyer. » Ce qui est parfaitement faux, je nage comme une vraie petite sirène, mais il n’est pas censé le savoir. « J’essaye de comprendre comment ils ont pu faire partir des gens comme Lina et Joaquim et qu’ils s’évertuent chaque semaine à sauver ta partenaire. Ça me dépasse complètement. » Oui, même cet idiot qui faisait tout pour me faire sortir de mes gongs méritait beaucoup plus sa place que Achana. Même si nos échanges ont été un peu plus apaisé la semaine passée, je ne porte toujours pas l’asiatique dans mon cœur. Je suis d’ailleurs curieuse de savoir comment se passe le partenariat du papi avec elle.

Alors que je menace Cristopher de me noyer s’il ne vient pas boire avec moi, il me répond que ça fera une candidate en moins. Si je n’avais pas qu’une bouteille en main, je lui jetterais sur sa tête. Il se rattrape quand même en disant qu’il accepte de reprendre le rôle de Lina, celui de pote de beuverie. Il espère que c’est du bon vin cependant. Il va vite déchanter. « Ne mets pas trop d’espoir là-dessus. » Et comme je m’y attendais, il tire la grimace. Je ne peux pas m’empêcher de ricaner face à sa réaction. « Tu t’attendais à quoi ? On est en Chine mon grand. » Pour avoir pu goûter du vin un peu partout dans le monde, je peux affirmer le vin chinois n’est pas le meilleur du tout. Et puis, je n’ai aucune envie de gâcher du bon vin alors que je souhaite juste boire jusqu’à ce que Cristopher me raconte des conneries plus grosses que lui. Je ne peux cependant pas m’empêcher de lui demander pour quel raison sa partenaire n’est pas parti face à des personnes comme Joaquim et Lina. Il me demande si je suis attristée par le départ de Lina. « Je n’irais pas jusqu’à dire triste non plus, que je sache, elle n’est pas morte. Mais disons que je vais m’ennuyer sans elle. » Bah oui, ce n’est pas comme si beaucoup de personne m’apprécie dans cette aventure et même si j’aime bien mes moments de solitude, de devoir toujours faire la guerre, ça peut être fatiguant avec le temps. Il m’explique également qu’il aurait gardé Joaquim à la place de Leon et je suis à deux doigts de m’étouffer avec le vin. « Parce que contrairement à ta partenaire, il ne fait pas du bruit juste pour faire du bruit.  Elle est fatigante et agaçante, j’avais même de la peine pour toi de toujours devoir te la coltiner. » Je ne mâche pas mes mots, je dis clairement ce que je pense d’elle. Après, ce soit normal qu’il ne pense pas la même chose, il a dû créer des liens avec elle et puis ils connaissent mutuellement leur secret, donc il n’a pas trop intérêt à dire du mal d’elle. Je plonge de nouveau mes lèvres dans le verre de vin. « Bon et alors, c’est quoi cette histoire avec la rousse ? César il n’avait pas l’air très ravi. » Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris de cette histoire, j’ai juste compris qu’ils ont passés un moment particulier au spa et que César même s’il n’a pas pu voir les images, n’avait pas très l’air content d’entendre tout ça.

Cristopher veut tenter de m’apprendre l’importation. Est-ce que j’ai la tête de quelqu’un qui a besoin de faire importer quoi que ce soit ? Je vis à Paris, le meilleur se trouve déjà sur place, donc je n’ai pas besoin d’importer quoi que ce soit pour mon petit plaisir personnel. Il m’explique qu’il a bu du bon vin il y a encore peu, plus précisément au dîner. « C’est que tu n’es pas bien difficile à satisfaire dans ce cas papi. » Je souris à mes propos, lui donnant un petit coup d’épaule amusant avant de boire de nouveau une gorgée de vin. Comme à son habitude, le quinquagénaire se vante d’être de meilleure compagnie que Lina. « Je n’en doute pas un seul instant, mais je me vois mal parler de seins et de mec avec toi. Quoique … » Bah oui, je suis sûr qu’avec son âge, il doit avoir pas mal d’expérience sur le sujet, donc je pense que je peux parler de ces choses avec lui également. On parle d’un sujet qui fâche, puisqu’il pense que mon partenaire est moins utile qu’un Joaquim ou pire, que sa partenaire. « Je suis désolé, mais ton asiatique elle doit en insupporter plus d’un devant son téléviseur. Enfin, je pense que moi aussi. » C’est vrai que je suis la moins loquace qui soit ici, donc je dois en irriter beaucoup également. « Toi tu dois faire chauffer les petites culottes de toutes les ménagères. » Il est bien parti pour nous détrôner Georges Clooney, je n’en doute pas une seconde. Il me demande alors si je devais faire un choix d’un autre partenaire qui je choisirais. « Je pense que Leon est vraiment le partenaire idéal, je n’aurais pas pu mieux tomber. Après, s’il n’avait pas fait partie de l’aventure, je pense que je t’aurais choisi toi. Pour ton esprit de compétition. » En effet avec Cristopher j’aurais pu être sûr qu’il ne fasse pas dans le sentimentalisme et qu’on aurait pu écraser les autres sans problème. J’en arrive à parler de l’histoire qu’il y a eu entre Anouchka, lui et César. Apparemment, il aurait vu cette dernière dans son plus simple appareil. « C’est vrai qu’il n’aura jamais l’occasion de voir la même chose, ça peut se comprendre. » Ça doit lui foutre un coup que les autres hommes puissent voir sa rousse, alors que lui ne peut que la sentir ou encore la toucher. « Innocent, je n’y crois pas tellement. » Je l’embête un peu, car je sais qu’il n’y est pour rien dans cette histoire, sauf d’être au mauvais endroit au mauvais moment apparemment. « T’y crois toi à ce couple au bout de trois semaines ? » J’avoue que je trouve ça assez bizarre de pouvoir déjà être si proche de quelqu’un en si peu de temps, mais à vrai dire, je n’ai jamais vécu de relation amoureuse, donc je ne sais pas trop comment ça se passe à la base.

Le surnom de papi que je me tue à lui donner semble l’agacer. J’en prend note. « Vieux aigri. » dis-je, avec ce petit sourire narquois qui apparaît bien plus souvent quand je consomme de l’alcool. Voilà peut être la solution pour me rendre beaucoup plus appréciable auprès du public, me soûler chaque matin pour paraître beaucoup plus joyeuse et aimable avec les autres candidats, c’est là, la clé d’une victoire. Sauf, que je me vois mal supporter des gueules de bois chaque jour à venir et puis, je n’ai aucune envie de changer de caractère. Celui que j’ai actuellement me convient très bien et si ça embête les autres candidats, je ne demande rien de mieux. Cristopher affirme être le mieux placé pour parler de seins et de mecs. Tiens, je n’en doutais peut-être pas pour les seins, mais pour les mecs j’avais un petit doute. « L’expérience, je présume. Du coup, tu trouves qu’ils ont une taille convenable ? » J’attrape ma poitrine cachée par un simple maillot de bain avant de rire, pour qu’il comprenne que c’est une boutade et qu’il n’a plutôt pas intérêt de répondre, surtout si c’est pour les critiquer. On parle de sa partenaire qui a une personnalité bien trop exubérante à mon goût. J’ajoute que je sais que mon caractère n’est pas non plus très facile. Il me félicite de m’en rendre compte avant d’ajouter que c’est cool de plaire aux ménagères, mais qu’il n’est pas sûr qu’elles votent. « Y a bien les adolescences qui doivent fantasmer sur toi, un peu comme le fantasme du professeur. » Généralement à cet âge-là, c’est ce qui arrive non ? Elles se font tout un film sur le mec plus vieux et plus expérimenté. Enfin, c’est comme ça que j’imagine les adolescences, j’en suis sortie il n’y a pas si longtemps que ça et je n’ai jamais connu réellement ce cas de figure. Je réponds son nom lorsqu’il me demande avec qui j’aurais aimé être partenaire si ça n’avait pas été Léon et il pense également qu’on aurait fait une bonne équipe. « Oublie pas, on était les deux choisis en avant-première, ce n’est pas pour rien. » Et oui, nos castings ont été préféré avant tout ceux des autres. Et puis je suis curieuse quant à l’histoire qui s’est passé entre Anouchka et lui, qui n’a pas trop plu à César. Il pense que l’aveugle a eu peur que le quinquagénaire saute sur la rousse. Toute une histoire. « Et alors, tu voulais vraiment lui sauter dessus ? » Bah quoi, je suis sûr que César lui-même n’a pas posé simplement la question, au moins comme ça y n’y aurait jamais eu tout ce drame pour si peu. « Bien sûr, on ne fait pas plus innocent que toi. Comme on ne fait pas plus adorable que moi. » Ça ressemble surtout à un gros mensonge tout ça, autant pour lui que pour moi. Je lui demande son avis sur ce couple naissant et je crois que j’ai un avis assez similaire sur la question. « Je pense comme toi, sauf l’histoire du mignon, trop niais. » Non, l’amour n’est pas quelques choses que je trouve beau ou indispensable. Je pense même que d’autres sentiments sont bien plus palpitants que l’amour. Il me demande alors si ça ne m’est jamais arrivé de craquer pour un mec ou une femme au premier regard. « Tiens, tu m’imagines m’intéresser à une femme ? » J’ai l’air d’être prise entre deux rives, bien que ce soit la mode cette génération de ne plus trop regarder le sexe de son partenaire, je garde des valeurs assez classiques. Malgré l’alcool que j’ai dans le sang, je reprends très vite mon faciès sans expression. « Non, je n’ai jamais craqué pour personne. Je suis du genre à toujours voir le mauvais côté des gens et je pense qu’ils n’ont pas le temps d’apprendre à me connaître que moi, j’en ai déjà vu assez d’eux. » C’est bien pour ça que je n’ai jamais eu la moindre relation amoureuse. « Si tu veux savoir, j’ai perdu ma virginité avec un ancien partenaire de musique au conservatoire, juste pour qu’il me laisse sa place. » Je fixe intensément l’autre côté de la piscine, me perdant en réalité dans mes pensées. « Et toi alors, tu as ressenti dès le début beaucoup d’amour pour ta femme ? » Je sais qu’il est marié, on le sait tous ici, mais ce que je ne sais pas, c’est qu’elle est la vraie relation qu’il entretient avec elle. Est-elle sa femme juste sur le papier ou alors cet engagement signifie réellement beaucoup pour lui ?