La journée s'était écoulée tranquillement, je n'avais pas fait grand chose, comme à mon habitude. J'avais préparé des muffins pour toute la maisonnée le matin même, et il n'y en avait déjà presque plus. Au moins, je savais que ma cuisine était appréciée. Les choses étaient un peu plus étrange depuis le prime, avec Lennon, Catalina et tout le reste, je me retrouvais confrontée à une situation que je n'aimais guère. J'allais défendre notre couple autant que possible, car j'y croyais sincèrement, mais c'était étrangement épuisant. J'avais donc passé toute l'après-midi étendue sur mon lit à lire le livre que Skyler lisait l'autre jour à la bibliothèque - c'était assez intéressant, en effet, d'ailleurs il faudrait que je lui en parles - et à penser à cette émission. Je me demandais ce que Cupidon nous réservait encore comme surprise... Je levai les yeux lorsque je vis quelqu'un entrer dans la chambre, une belle blonde, Andrea. Celle qu'Adelaide avait confrontée juste avant de partir... au sujet de sa virginité, je crois. C'était bien bas, selon moi. Andrea avait bien le droit de faire ce qu'elle voulait, je ne voyais aucunement le problème. Je n'avais moi-même jamais eu une grande vie sexuelle, je devais l'admettre, alors je compatissais, d'une certaine facon, avec Andrea. Elle avait l'air préoccupée et vint s'installer, à ma grande surprise, sur mon lit. « Comment est-ce que tu arrives à lui faire confiance ? » Sur le coup, je ne répondis rien, surprise. Parlait-elle de Lennon ? Certainement. Je froncai des sourcils et me redressai doucement pour pouvoir mieux la regarder. « Ça vient naturellement, honnêtement. Mais la confiance se gagne, avec le temps. Personnellement, ça s'est fait tout seul. » Et c'était vrai. La confiance se gagnait, c'était certain, par des petits gestes, des attentions. « Y'a quelque chose qui ne va pas ? C'est un garçon ? » demandais-je doucement, observant sa mine inquiète.

« C’est toujours une histoire de garçons, non ? » J'eus un mince sourire. Elle n'avait pas tort. Les garçons... Souvent la raison numéro un des malaises des filles. Ou de leurs bonheurs. C'est fou de voir à quel point une personne, ses réactions et ses gestes, peuvent nous affecter personnellement. Un sourire ou alors un regard, l'ignorance ou la tendresse. Tout cela mettait un énorme poids sur les filles, et trop souvent cela tournait au vinaigre. Je posai doucement ma main sur celle d'Andrea, pour lui montrer mon soutien. Nous avions toutes déjà vécues une situation ou l'on se sentait complètement perdue, et j'avais pleuré plus d'une fois pour un garçon. Je l'écoutai donc attentivement, comprenant qu'elle parlait de Caleb. J'avais vu que les deux personnes s'entendaient bien, mais je ne les connaissais que très peu tous les deux. « J’ai l’impression d’avoir été plongée dans un mauvais film. Le pire dans tout ça, le pire c’est qu’il me manque. » Je l'observai doucement. « C'est souvent le cas pour les histoires du genre. Et disons qu'on n'est pas dans l'endroit idéal pour quelque chose de stable sans que personne ne s'en mêle » dis-je avec un rire léger. « Mais je comprends, c'est un choc... Mais à quelque part, on trouve toujours le moyen de pardonner, et on fait tous des erreurs. Si tu lui fais confiance... ou si tu veux lui faire confiance, tu devrais lui en parler. »