alix

J'étais désormais seule, sans personne sur lequel s'appuyer, personne, j'étais seule, célibataire dans un jeu où les couples avaient été formés par Cupidon. Soit la loose en somme, puisqu'il semblerait que le bébé joufflu ait voulu me torturer en omettant de préciser avec qui je me retrouvais à présent. Est-ce une réalité que j'allais devoir affronter jusqu'à la fin des temps, un signe divin ou une punition ? Non seulement on venait de m'arracher mon partenaire, mais en plus, on avait jugé bon de me livrer dans ce monde sans personne à qui m'accrocher, aucune bouée, aucun point d'ancrage, j'étais désespérément seule dans ce monde de requins. Après avoir réussi à trouver le sommeil malgré mes théories nébuleuses, j'avais ouvert les yeux, dans les alentours de dix heures, je le savais puisque c'était à cette heure là que la musique résonnait, nous indiquant de manière détournée que nous n'avions qu'à nous coucher plus tôt. De meilleure humeur que la vieille, j'avais rejoins la salle de bain, en me dandinant au rythme de la musique, d'un groupe français qui vantait les mérites de la marijuana, que je connaissais sur le bout des doigts ce qui m'étonnait c'était plutôt de l'entendre à travers les hauts parleurs de la maison. Comme si faire l'apologie d'un produit illicite était des plus banales en somme. J'avais ensuite profité de la quiétude des lieux pour prendre une douche. Pas plus de dix minutes sous l'eau, et quelqu'un pénétrait dans la pièce. Enfilant mon peignoir floqué à mon prénom, je n'eus pas de mal à reconnaître Alix, la tête légèrement dans le cirage. « J'avais bien précisé que je refusais de me battre avant le petit déjeuner, tu fous tous mes plans en l'air. » Une moue enfantine sur le visage, je m'emparais néanmoins de ma brosse à cheveux en guise d'arme, me mettant en garde. « Je suis armée à ta place, je ferais demi tour rapidement. » Aussi menaçante qu'un bébé chiot, je pointais pourtant mon arme de fortune contre lui. On était bien supposé agir ainsi non ? Puisque nous étions me semblait-il dans une guerre perpétuelle contre le clan adverse, à moins que j'avais extrapolé, oui c'était sans doute le cas.

Le matin n'avait jamais été mon truc, d'ailleurs je me levais souvent le plus tard possible pour ne pas me retrouver la tête dans le choux (ou pour ne pas que l'on me voit ainsi) car disons le, j'étais carrément flippant. Les yeux boursouflés, les mains branlantes, les cheveux ébouriffés, les pieds trainants et le pas lent, ouais, un vrai zombi. Et c'est ainsi que je m'étais dirigé dans le couloir, le longeant, épaule appuyée contre un mur pour éviter de faire une chute mortelle, comme si j'avais réellement besoin d'un troisième appuis pour soutenir mon corps qui ressemblait à cette heure ci, plus à un chewing-gum qu'autre chose -chose tout à fait navrante d'ailleurs. Les primes étaient toujours fatals au niveau des horaires, sérieusement ils ne pouvaient pas les faire en plein milieu de l'après midi ? Celui d'hier avait fini à presque deux heures du matin et je n'avais pas trouvé le sommeil avant quatre heures. Ouais, six heures de sommeil seulement, la mort en somme. Bon certes je n'étais pas l'homme le plus vaillant du monde et je doutais clairement d'être actif toute la journée, une bonne sieste m'attendrait certainement lorsque les autres habitants auraient le dos tournés. Une voix m'extirpa de mon sommeil « J'avais bien précisé que je refusais de me battre avant le petit déjeuner, tu fous tous mes plans en l'air. Je suis armée à ta place, je ferais demi tour rapidement. » c'est alors qu'une brosse se pointa son mon nez sans que je n'en comprenne la raison. Essayant de jouer le jeu, je me raclais la gorge « Je... Noooon. Pitié ? » mouais, je n'étais pas un grand comédien.

Sous l'effet de surprise, j'avais simplement agité ma brosse à cheveux en direction d'Alix avant de marmonner quelques stupidités qui me caractérisaient parfois. Bien qu'ici c'était mon côté joueur qui dominait, c'était sans compter sur l'air d'Alix qui me semblait peu enclin aux jeux à cette heure ci de la journée. Je ne pus m'empêcher de rire aux éclats tandis qu'il implorait ma pitié. C'était à mourir de rire vraiment. « On va vous laminer avec une attitude pareille. » Lançais-je railleuse, avant de jeter un oeil vers l'embrasure de la porte. « Mais comme je ne suis pas aussi sadique que j'en ai l'air, j'vais te laisser la vie sauve. » Hochant la tête comme pour me féliciter d'être une bonne adversaire, j'attrapais ma brosse à dent, le laissant émerger un peu avant qu'il ne me fracasse la tête avec ma propre brosse à cheveux pour avoir trop parlé. J'ouvris le robinet d'eau afin d'y plonger ma brosse puis attrapai le dentifrice que j'étalai sur celui-ci. « T'es pas du matin toi ? » Bonne déduction Sherlock, bah quoi c'était statistiquement impossible pour moi de rester silencieuse plus de deux minutes d'affilés si bien que je n'avais pas pu m'empêcher de lui parler une nouvelle fois après mon brossage de dent intensif.