7 novembre (18h), Alix.
J’avais exploré tout le nid sans trouver personne à qui parlait pendant des heures. Et pourtant, j’avais affreusement besoin de compagnie – comme toujours me direz-vous. Juste une présence à mes côtés, rien de plus. Même si c’était dans le silence. Enfin me connaissant, j’allais briser vite fait le silence pour parler de tout et surtout de rien avant de me coller à la personne comme à une bouée de sauvetage sans lui demander son avis. Mais bref, je n’avais pas non plus envie de déranger qui que ce soit et les seules personnes que j’avais trouvées lors de ma recherche désespérée étaient toutes occupées. Je me voyais mal quémander leur compagnie alors qu’elles faisaient totalement autre chose, surtout aux personnes que je connaissais très peu. Baissant les bras, je n’avais décidé de pallier le manque par autre chose, si bien que je me rendis dans la salle de musique. Je n’étais venu ici qu’une seule fois et je n’avais pas eu l’occasion d’écouter un des vinyles qui me tendaient les bras. Une fois arrivé dans la pièce, je retrouvais avec un sourire heureux les couleurs vives des murs de la pièce, me dirigeant tout de suite vers les différents vinyles, regardant avec précision les différents titres. Je me mordillais la lèvre, ne trouvant pas mon plaisir sûrement parce que le choix était trop grand par rapport à mon indécision maladive. Pour me mettre d'accord avec moi-même, et pour m'empêcher de me poser des questions, je me tournais vers les albums finalement, piquant un Muse, mettant tout de suite l'album à Feeling good. Je commençais à chanter avec en même temps que je me tortillais au milieu de la pièce. J'adorais cette chanson.

Une nouvelle semaine débutée et je commençais réellement à m'attacher aux personnes de ce jeu, mais également à l'aventure, à la maison elle même. Il m'était maintenant difficile d"imaginer quitter tout ceci dans une poignées de semaines, si bien que je chassais toutes pensées s'y aventurant d'un peu trop près. Mon secret était encore intact ce qui me ravissait réellement, d'autant plus que je doutais que les habitants puissent le trouver, surtout aux vues de leurs pitoyables exploits en la matière. Enfin, je disais ça, mais je n'avais pas été capable d'en trouver moi même un seul alors... En même temps c'était duuuur ! Et je me voyais mal partir voler les sous de mes compagnons favoris, par simple avidité. Enfin, au final ce n'était pas bien grave, ma cagnotte était déjà bien assez importante due aux sommes remportées notamment grâce aux votes du public chaque semaine. A un tel point que celle ci était une des plus importantes du jeu, espérons que je n'ai pas à la perdre avant la finale, tenté que j'y sois. De toute façon, je n'étais pas venu ici pour l'argent, comme la plupart le savaient -en fait non, personne hormis Wendy ne devait le savoir- dans ma famille l'argent n'avait jamais été un problème de taille, disons même qu'il comblait le bonheur de ces dames, et le bien, même si cela me faisait mal de l'admettre. Parcourant la maison d'un regard quelque peu embrumé, je sortais d'une siestes bien plus que méritée après une nuit blanche. Je ne sais pas pourquoi, depuis quelques jours, j'avais du mal à retrouver le sommeil, certainement du au fait d'avoir dormi sur la plage pendant une semaine, ça laissait des séquelles, hurmph. Arrivant un peu par hasard dans la salle de musique, je me plantais sur le pallier de celle ci, mettant bien dix bonnes secondes à réaliser ce qui se produisait sous mes yeux. Dion dansait comme un dératé sur une musique du groupe Muse -apparemment, c'est ce que j'avais pu en déduire du moins- un sourire se dessina sur mon visage, alors que d'un ton tout à fait amusé, je pris la parole « Ok, si tu veux, je vais effacer les dix dernières secondes de ma mémoire, histoire de te laisser un minimum de dignité. » un léger rire s'échappa de mes lèvres, en fait, ça ne le rendait que bien plus attachant.

Plongé dans mon monde, dans la danse, dans la musique, je ne faisais aucunement attention à mon environnement si bien que je ne vis pas la porte s’ouvrir, ni Alix rentrait. Je continuais alors à chanter – enfin, je gazouillais plus que je ne chantais – et à danser comme si j’avais le diable au corps. Ca faisait longtemps que je ne m’étais pas laissé aller ainsi, comme si plus rien n’existait que le mouvement, l’impulsion de l’instant. C’était atrocement revigorant que de se retrouver de cette manière, terre à terre, physique. C’était bien plus salvateur que l’introspection perturbante ou la méditation fatigante et ennuyeuse. J’avais envie de me défouler jusqu’à tomber épuisé de fatigue, un sourire d’extase sur les lèvres. La voix d’Alix se fit entendre et je me tournais brusquement vers lui, arrêtant tout mouvement. Je pouffais à ses paroles, pas du tout honteux de ce qu’il venait de voir. A la place, je m’approchais, me cramponnant à son bras, battant des cils comme une midinette. « Je n’étais pas mignon comme ça ? » Je plaquais mes lèvres sur les siennes en un baiser retentissant avant de m’écarter, éclatant de rire. Je recommençais à me tortiller dans une danse atroce, lui souriant comme un gamin. Je lui attrapais la main. « Tu ne danses pas avec moi ? »

Le jeune homme s'approcha avant de se coller à mon bras, tout en agitant ses cils. Un léger rire s'échappa de mes lèvres « Je n’étais pas mignon comme ça ? » me dit-il avant de déposer ses lèvres sur les miennes et de reculer comme un enfant « Mais tu es tout le temps mignon voyoooons ! » dis-je d'une voix mi-ironique, mi-amusée, bon il est clair qu'il l'était, il n'y avait aucun doute à avoir là dessus. Finalement, il se remit à danser comme un sauvage, à croire qu'il n'avait pas peur du ridicule, ce qui au fond, m'étonnait quelque peu le connaissant des plus discrets et calmes. « Tu ne danses pas avec moi ? » me dit-il alors en saisissant ma main pour m'entrainer avec lui. Bon, je suppose que je n'avais pas le choix, Ô paaaaauvre de moi ! Ahem. « Je suppose que je n'ai pas mon mot à dire. » lui répondis-je en un rire tout en levant son bras pour le faire tourner. Finalement, lorsqu'il finit de faire un tour sur lui même, je tirais son bras pour l'attirer de nouveau vers moi, déposant un doux baiser sur ses lèvres avant de rire quelques secondes après « Pas sûr que la valse soit la meilleure danse sur ce genre de chanson. » mais bon, j'aimais avoir sa présence à mes côtés, alors que voulez-vous, il fallait bien mixer les genres haha. Un sourire illumina mon visage alors que ma main serrait toujours la sienne. Je déposais ensuite une multitudes de baisers sur son front, descendant sur l'arrête de son nez avant de coller délicatement mon visage au sien. Nous continuions à tourner lentement sur nous mêmes, alors que la musique avait fin par s'adoucir, bien que ce n'était toujours pas dans le même registre. « Je pourrais rester comme ça dèèèès heeeeures ! »

Je ne le lui laissais pas vraiment le choix en fait, si bien que je lui fis simplement un sourire taquin quand il le fit remarquer. Je n’étais pas un tortionnaire, et je n’étais pas du tout du genre à dicter ma loi, à exiger, à faire des caprices, mais juste pour une danse, ce n’était pas la mer à boire non plus ! Et puis, j’étais dans ma lancée. J’avais ouvert les vannes, ce que je n’avais pas fait depuis longtemps. Je m’étais contenu tout le long de l’émission. Peut-être par manque de confiance ou parce que c’était un monde nouveau, mais avec lui, je pouvais bien me lâcher sans en avoir peur. C’est effroyable à quel point je pouvais faire abstraction des caméras qui nous observaient. Je me laissais tirer vers lui, adorant de toute façon être tout contre lui, profitant de sa chaleur et d’une sorte de sécurité. Et puis, j’aimais ses baisers, autant le dire. Je le regardais rire avec une certaine admiration. J’osais vaguement les épaules. J’étais bien là, et je pouvais bien remettre à plus tard mes envies de danse folle. De toute façon, je m’étais suffisamment défoulé comme ça. Je sentais que j’allais me coucher plus tôt que d’habitude. Dans le genre endurant, on fait mieux. Je riais doucement alors qu’il commençait à embrasser tout mon visage, appréciant sa tendresse. Oui, je me sentais dorloté et j’adorais ça, comme tout le monde je suppose. « On est tellement bien, là, tous les deux. » Je soupirais d’allégresse, répondant à son exclamation. Je lui fis un petit bisou esquimau avant de nicher mon nez dans son cou, enlevant ma main de la sienne pour l’enlacer, me blottissant un peu plus contre lui, sans jamais arrêter de tourner lentement. « Dis, moi j’ai du dire ce que je pensais de nous au dernier prime. C’est à ton tour, maintenant. » C’était une sorte d’ordre. Enfin, je n’avais aucune autorité de toute façon. Mais j’étais vraiment curieux de savoir. « Je veux dire … tu as dit que c’était réciproque mais … tu n’as pas dit ce que tu en pensais vraiment. »

Le jeune homme ne semblait opposer aucune résistance ce qui me fit des plus plaisirs. « On est tellement bien, là, tous les deux. » me répondit-il alors qu'un sourire naissait sur mon visage, encore. J'étais réellement bien en sa compagnie, et ne saurais d'ailleurs trop pourquoi l'expliquer. Et c'est d'ailleurs ce qu'il me demanda de faire. Aussi tôt mon regard se perdit sur le plancher de la pièce « Dis, moi j’ai du dire ce que je pensais de nous au dernier prime. C’est à ton tour, maintenant. Je veux dire … tu as dit que c’était réciproque mais … tu n’as pas dit ce que tu en pensais vraiment. » finalement, je posais mon regard dans ses prunelles, déposant un doux baiser sur ses lèvres. C'était une manière comme une autre de me rassurer, mais ça il ne le savait pas. Je n'avais jamais été doué avec les mots, et encore moins lorsqu'il s'agissait de parler de sentiments. Disons que j'avais une fâcheuse tendance à supposer ce que je ne pensais pas et ce par ma maladresse habituelle. Pourtant, cela me semblait simple de décrire ce que je pensais de nous. Ce nous qui prenait d'ailleurs un sens d'autant plus réel à ce moment précis, pour moi du moins. « Je hum.. » comme entrée en matière, il y avait mieux, mais que voulez vous haha « Ce que j'en pense c'est que... hum... j'ai de la chance ? Enfin dans le sens où être avec toi, passer tous ces magnifiques moments en ta compagnie, c'est quelque chose que je n'aurais jamais imaginé en entrant dans ce jeu. En fait je ne voulais même pas participer à cette émission... mais ça c'est une autre histoire, haha. » un sourire en demi teinte se dessina sur mes lèvres « J'me suis attaché à toi, bien plus que je ne l'aurais imaginé, peut être même plus que toi tu ne l'es à moi. » mon regard se vrilla presque instantanément sur le sol « Tu es parfait à mes yeux. » bon je ne sais pas si j'avais bel et bien répondu à la question, mais je crois qu'il avait saisi le message.

Je fermais les yeux lorsqu’il déposa ses lèvres sur le mienne, souriant légèrement. Etait-ce une sorte de réponse ? J’aimais l’implicite mais à cet instant, j’avoue que j’aurais préféré des mots. Même si ça devait rester vague, de toute façon, je l’avais été moi-même. Non ce que je désirais, c’était d’entendre de sa bouche, par sa voix, ce qu’il pensait. C’était sûrement stupide et peut-être même inutile, mais ça me semblait nécessaire. Après tout, je nageais dans le flou surtout parce que je ne savais pas ce qu’il en pensait, et que je faisais tout en fonction de lui. Je ne voulais pas me faire de film, me projeter en avant, ridiculement puisqu’il n’y aurait rien en face. Et puis, je me sentais trop proche de lui pour agir égoïstement et n’agir qu’en fonction de moi-même. Je ne marchais pas comme ça, surtout pas avec les personnes que j’appréciais, surtout à ce point-là. J’étais donc suspendu à ses lèvres. Je l’écoutais parler, rougissant de plaisir et de gêne, heureux qu’il pense cela et en même temps atrocement honoré. Comme quand on vous fait un compliment et que vous ne savez pas comment dire merci. Et là, c’était bien plus qu’un simple compliment. J’écarquillais légèrement les yeux à sa dernière phrase. Le mot ‘parfait’ était fort. Je ne pus m’empêcher de me tortiller nerveusement lorsqu’il le dit. Je ne savais que répondre à cela. Pour briser le silence, je déposais mes lèvres sur le sienne, approfondissant légèrement le baiser avant de me reculer et de nicher ma tête au creux de son cou. « N’importe quoi. Ce n’est absolument pas vrai que tu es attaché à moi plus que moi je ne le suis de toi. C’est impossible. » Je déposai de légers baisers sur la peau qui se présentait à moi. « Ca aurait été vraiment dommage si tu n’avais pas participé à cette émission … Tu te rends compte, on ne se serait sûrement jamais rencontré … » Et l’idée me semblait absurde à cet instant. A croire que j’avais l’impression que nous étions obligés à un moment ou à un autre de nous rencontrer. Comme si ignorer l’existence de l’autre ne pouvait être possible. Soudain, le CD revint au début, entonnant les premières notes de New Born. Je relevais la tête, un sourire splendide sur le visage. « Ma chanson préférée ! » Je nous faisais tourner un peu plus rapidement, bougeant légèrement des hanches pour suivre le rythme.