nora

En grande maniaque qu'elle était, Evadne avait soigneusement nettoyé l'étage du nid d'amour, elle s'y était pris tôt le matin, et n'avait fini que dans les alentours de quinze heures. Elle avait conscience que malheureusement, demain à son réveil, le chaos régnerait à nouveau, mais au moins, elle avait bonne conscience. Elle détestait vivre dans la crasse, c'était même une sorte de phobie. Un toc, appelez ça comme vous voulez à vrai dire. Elle s'en moquait pas mal. Pour autant, elle n'avait pas terminé ses petites affaires puisqu'il lui restait bel et bien sa lessive à faire. Elle descendit les escaliers son énorme panier à la main, elle ne voyait pas vraiment où elle avançait puisque le panier était vraiment très gros. Et ce qui dû arriver, arriva, puisqu'elle glissa. Elle dévala les escaliers sur les fesses, tandis que son panier parti dans les airs, et se renversa un peu partout sur les escaliers et ensuite sur le sol dans le hall d'entrée. Elle poussa un léger cris mais n'essaya pas de se retenir. Elle se massa le poignet qui avait pris cher dans cette chute aussi, elle n'essaya pas de bouger puisque son dos la faisait souffrir également. Elle se sentait stupide, après sa cheville et sa chute mémorable lors d'un prime, elle venait de tomber un nouvelle fois. Elle sentit des larmes rouler le long de ses joues, c'était le summum du ridicule.

Evadne avait fermé les yeux à cause de la douleur, et lorsqu'elle les rouvrit, elle se rendit compte qu'elle n'était plus seule au pied de ces escaliers. Une jeune femme qu'elle avait reconnu comme étant Nora était arrivé rapidement. Elle ne devait pas être trop loin pour être aussi rapide. Même s'il est vrai que la chute lui avait paru durer une éternité. C'était un peu comme dans ces films où la vie des protagonistes est raconté au ralenti. Pour Eva aussi c'était bel et bien le cas, elle avait vécu tout ceci au ralenti, pourtant la douleur n'était pas atténué pour autant. Elle commença à paniquer, et la voix de Nora l'apaisa en quelque sorte puisque cette dernière lui disait de respirer, c'est ce qu'elle faisait, elle avait l'impression que ça fonctionnait plutôt bien. Elle s'était rapidement saisi du poignet endolori de la blonde qu'elle massa. Aussitôt, une question traversa l'esprit de la blonde. « Tu es médecin ? » Demanda-t-elle entre deux sanglots, alors qu'elle essayait de se calmer aussi de ce côté là. Elle sanglotait et automatiquement ses sursauts se répercutait dans sa colonne vertébrale qui la faisait souffrir. Elle l'interrogea ensuite sur la source de sa douleur. « Là au poignet, et puis au dos aussi. Je crois que je me suis cogné la colonne vertébrale lorsque j'ai chuté. » C'était particulièrement douloureux, elle était déjà tombée, ce n'était pas le problème, souvent c'était dû au choc et au bout de quelques heures, la douleur passait, elle espérait que ce soit également le cas présentement. Elle était plus inquiète pour son poignet qui la lançait atrocement. « Je ... Je suis tellement maladroite, je me sens ridicule. » Elle fit la moue. Elle se sentait vraiment stupide d'être tombée une nouvelle fois.

Andreas et moi, on avait finalement terminé par sortir de ce foutu cabanon. Pas trop tôt. Pas que je m'étais fait chier, mais un vicieux sentiment de claustrophobie s'était insinué en moi en même temps qu'un profond dégout pour la pluie et le sable. C'était pas de sitôt que j'allais refoutre les pieds près du lac par un temps pareil. Déjà, n'importe quel crétin de base normalement constitué ne le faisait pas en règle générale mais non, il avait fallut que je me fasse remarquer, encore ! Bah, au moins, ça m'avait permis de taper la discut au chleuh - c'est affectueux, si si - de service un peu et d'apprendre à un peu plus le connaître, de me faire ma propre idée sur le personnage. Bref, je revenais de la cabane, dans laquelle j'étais resté pas loin d'une heure, et je comptais aller directement jusqu'à dans la salle de bain pour retirer mes godasses et mes chaussettes trempées et essuyer mes cheveux, mon visage et toute autre partie de mon corps susceptible d'être mouillée. Bârk. En fait, c'était dégueu la pluie. La pluie et le sable. Le sable et la pluie. Le sable mouillé en fait, comme celui qui faisait coller le sable fin, juste au bord de la mer. Les doigts dans les cheveux, je trifouillais négligemment dans ma chevelure encore un peu humide en passant en vitesse la porte d'entrée du nid. Mais à peine j'ai fais un pas dans le hall que j'entends une voix m'appeler, d'un peu plus loin. Sursautant à moitié, je vrille les prunelles dans la direction qui me semble être celle d'où provenait la voix, c'est-à-dire droit devant moi, et je vois Eva, ma partenaire, par terre, Nora à ses côtés. Euh ? Vas-y, d'où elle essayait de tuer ma partenaire ! Je m'apprête à me jeter sur elle pour la plaquer au sol comme au rugby, pour qu'Eva ait le temps de s'enfuir, mais je catche alors que c'est la Nono en question qui m'appelle. L'utilisation de tous les surnoms bizarres qu'elle me donne m'intrigue et les mains dans les poches, j'approche. Regard braqué sur ma pauvre blondinette, je m'apprête à la bombarder de "mon dieu Eva, ça va? t'as mal quelque part? qu'est-ce que je peux faire?" et autres joyeusetés mais Giselle prend les devants. Aussitôt, je me redresse et me mets à au garde-à-vous. « Chef, oui chef ! » Et je fais volte-face. Du bandage. Putain, où ça pourrait bien être rangé ça ? Le cellier ? La salle de bain ? Le cellier ? La salle de bain ? Le cellier. C'est là qu'on avait trouvé des sparadraps avec Anouck. Ainsi, je pars jusqu'au cellier, farfouille un instant dans la pièce, fini par trouver un gros rouleau de bande, le scotch pour le faire tenir et mes les espèces d’agrafes qui étaient bien plus utiles que le scotch. Mon butin entre les mains, je retourne aussi sec vers la blessée et je tends ma trouvaille à la future-médecin de service. Je m'accroupis au côté d'Eva, lui attrape sa main valide avec toute la douceur dont j'étais capable. « Elle va s'en sortir ! Elle va s'en sortir ? Dis-moi qu'elle va s'en sortir ! » je miaule en direction de Giselle. Ma pauvre partenaire, qui ne tenait pas sur ses jambes. Mais vraiment, malgré la blague, j'étais inquiet. Elle allait finir par se rompre le cou.