Cela fait un moment que je n'avais pas joué du piano. En fait, je n'avais jamais appris quoi que ce soit, ce que je connaissais, je m'étais débrouillé pour l'acquérir. Et de ce fait, j'avais clairement encore des lacunes dans cette matière. Mais bon, après tout on s'en foutait non ? Je veux dire, je ne comptais ni devenir un grand mélomane, ni un grand compositeur. J'étais strip teaser, je bougeais sur de la musique et me vendais, et non pas la fabriquais. De toute façon je ne savais même pas ce que j'allais bien pouvoir faire de mon futur. Donc à la limite cette conversation n'avait pas lieu d'être. Toujours est-il que j'étais un touche à tout, et que j'apprenais à être passionner par une nouvelle chose tous les deux mois venus. Ainsi, cela faisait quelques temps que je n'avais plus eu la chance de pianoter sur cet instrument, d'autant plus qu'il n'y avait clairement pas la place d'en loger un dans notre petit appartement à Mado et moi. De ce fait, la remarque que le candidat me fit ne m'étonna pas vraiment, après tout, je n'avais pas grand chose d'un pro. « Ca aurait pu être parfait si le rythme n'était pas légèrement en retard. » j'hoche la tête, sourire blasé « Ouaaais, je sais, et j'ai merdé deux, trois notes. Mais j'suis nul en piano de toute façon, c'est pas comme si j'avais déjà pris des cours ou quoi. » lâchas-je comme si de rien n'était. Ouais, ce n'était pas vraiment un métier pour moi ça, pianiste. C'était déjà à peine une de mes activités. « T'as l'air de t'y connaitre, tu sais en jouer ? »

L'homme ne tarda pas à s'approcher de l'instrument, l'effleurant du bout des doigts avant de finalement préciser quelques paroles « La dernière fois que j'ai touché un piano, je devais avoir vingt ans. » et la réfléxion naturelle fut de me demander quel age il pouvait bien avoir maintenant. Je lui donnais maximum trente cinq. Quelles raisons pouvaient pousser un homme dit plus mature à s'inscrire à ce genre d'émission ? Je n'en avais aucune idée, et peut-être tenterais-je de lui poser la question un peu plus tard. « Je doute que ce soit comme le vélo, ça ne revient pas aussi facilement après autant de temps sans jouer. » j'hochais la tête comme un gosse avant de prendre à mon tour la parole « Je n'y ai pas touché depuis que je suis parti de chez moi, à dix huit ans, alors tu sais. » ouais, en somme ça faisait certainement moins longtemps que lui, bien que cinq années pouvaient être longues. « Nadan. » se présenta-t-il finalement en me tendant une main que je saisi volontier. « Ezra. J'ai jamais répété mon nom autant de fois dans une journée, pourtant, ce n'est pas faute de l'apprécier. » ou de m'apprécier, au choix, en tout cas, un léger rire accompagna ces paroles. « Je me demandais... Qu'est ce qu'un gars comme toi, plutôt classe et tout, peut bien rechercher dans une émission comme celle ci ? » enfin, c'était histoire de faire la conversation quoi. « J'veux dire... Tous ces gens là, dans le nid, je doute qu'ils soient le genre avec qui tu traines en dehors d'ici. »

Une chose est sûr, cet homme était tout de même bien intrigant. Je savais qu'au fond, j'étais du genre super mystérieux moi même, genre regard de braise et tout, mais lui, il avait une aura plus... hum... mature ? Ouais, ça devait-être ça. « Disons que je traine beaucoup trop avec les même gens. » et je connaissais bien ce problème bien que je doutais clairement que nous fréquentions les mêmes milieux, ou même que nous ayons les mêmes métiers, oui, à vrai dire je crois qu'il y avait un réel faussé entre lui et moi. Peut-être du à l'expérience que chacun avait pu vivre. On empreinte tous des chemins différents, qu'on le veuille ou non. « Et si je ne veux pas finir comme eux, je ferais mieux de rencontrer du monde. » Dit-il avant de débuter une première tentative de mélodie, qui je dois l'admettre, était bien plus réussie que ma précédente. « Tes potes m'ont l'air passionnant maintenant que t'en parles. » dis-je en riant. J'ai toujours trouvé le milieu dit "riche" faux, dans le sens où tout était basé sur le relationnel, qu'il soit sincère ou non, et clairement, la plupart du temps, ça ne l'était pas. Du moins, c'est ce que j'avais constaté dans les séries à la Gossip Girl. Eh ! Attention ! J'regarde pas cette merde hein, c'est Mado. Ouais, voilà, c'est elle et pas moi, tss. « Je me suis enfermé dans le travail très tôt, au point d'en oublier ce que c'était d'être jeune et insouciant. Alors il n'est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu, tu crois pas? » « Mec, t'as bien fait de tomber sur moi alors ! » ou presque. En fait je ne savais pas si pour lui c'était une bonne chose ou non. Hm... A lui d'en juger. « Je suis le roi de l'insouciance. Je me laisse légèrement porter par les courants, fais ce qu'il me plait sur le moment sans trop me poser de question, ouais, je crois que je serais facilement capable de changer de vie du jour au lendemain. » enfin non, peut-être pas, puisque jamais je ne quitterais Mado et Aaron « Ou du moins de métier, de fréquentations, enfin tu vois. J'suis pas sûr que tout le monde ait la chance de pouvoir faire pareil, certains ont plus à perdre que d'autres. »

« Tu as de la chance. Je n'ai pas grand chose à perdre. On compte juste sur moi. » étrangement, je m'étais imaginé qu'il avait bien plus qu'il ne le disait à perdre, mais apparemment, il devait tirer les ficelles de sa vie, ce qui faisait qu'il n'était pas aux dépends des autres mais que les autres eux au contraire, dépendaient bien de lui. C'était intéressant. Moi les seules personnes qui dépendaient ne serait-ce qu'un peu de moi étaient Mado et Aaron, et encore, j'étais certain qu'ils pourraient s'en sortir seuls. Même si de toute évidence, je devenais vite indispensable pour qui que ce soit, haha. « Mais je pense qu'après 10 ans sans congés, je peux me permettre deux mois de vacances. » « Tu l'as dit. Perso, sans une semaine tous les deux mois, j'serais vite fatigué. » ouais, enchainer les shows soir après soir, ça restait quelque chose de bien compliqué à gérer à la longue, surtout au niveau de la fatigue, et ce même si je m'amusais bien dans ce métier. Au fond, je n'étais pas sûr qu'il me corresponde totalement. Mais bon, on fait avec ce qu'on a n'est ce pas ? Par derrière, y'a les factures à payer, toujours. Boulot ou pas. « Dis-moi, toi ce qui t'amènes ici. » je passe une jambe par dessus le banc, pour en avoir une de chaque côté de façon à me retrouver face au candidat, me grattant la nuque avant de reprendre « J'ai un neveu de quatre ans. On a pas forcément l'espace nécessaire ni les fonds requis pour vivre à trois, notre vie est un peu bordélique en ce moment. Donc j'suis là pour gagner un peu de sous, histoire que la sienne puisse s'améliorer par la suite. »