Le coup de la météo en avance, c'est quand même une idée de génie même si je n'ose imaginer le prix que ça a pu leur coûter, un dôme de ce genre avec météo intégré. Certainement un gros paquet d'oseille. Mais c'est pratique, très pratique, surtout lorsqu'il s'agit de prévoir ses journées. Non pas qu'on soit overbooké ici, pas le moins du monde d'ailleurs mais au moins, je peux prévoir mes tenues à l'avance, c'est un avantage non négligeable. Enfin ça l'aurait été si j'étais du genre à choisir mes tenues, et à faire attention à les coordonner avec le temps qu'il fait à l'extérieur. Ce qui n'est absolument pas le cas. La preuve en est qu'aujourd'hui, il était sensé pleuvoir, donc il pleut vu que Miss Météo n'a jamais tort et je porte seulement un tee-shirt blanc avec un sweat à capuche gris, le tout agrémenté d'un jean. Mais heureusement pour les gens comme moi, la production a pensé à tout et alors que je m'apprête à sortir, mon regard se pose sur plusieurs parapluies alignés le long du mur, près de la sortie. Il ne pleut pas encore, pas assez pour me décourager tout du moins mais je préfère en attraper un, sait-on jamais, cela pourrait m'être assez utile. Je passe ma main sur ma poche arrière, histoire d'y vérifier la présence de mon paquet de cigarettes et je sors, assez confiant, peut-être un peu trop. Depuis mon arrivée dans le coin, je n'ai pas franchement eu le temps, ce qui est assez risible, de 'visiter' l'extérieur. Pistes de ski, patinoire, forêt... Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y a du choix, beaucoup de choix. Du coup, j'ai préféré m'attarder sur la maison cette semaine, chaque chose en son temps. Et à présent, il est temps de s'attaquer à l’extérieur. Sait-on jamais, si je sors demain, ça serait con de ne pas avoir tout découvert ici, au moins en surface. J'avance donc, sans réel but et finit par arriver à l'orée de cette forêt irlandaise. Pour sûr, le paysage n'a rien à voir avec mon Écosse natale mais ce n'est pas bien grave, au fond. La pluie par contre, j'y suis plus habituée et elle ne tarde pas à pointer le bout de son nez, accompagnée de la foudre pour terminer le tableau. J'ouvre mon parapluie, clope au bec mais ne me presse pas pour autant. La pluie quand on est au sec, ce n'est pas si désagréable je trouve. Mais quand on ne l'est pas, c'est un peu plus agaçant et ça, le candidat que j'aperçois à présent doit le comprendre. Je le vois qui s'avance, rapidement et sans un mot, qui se place sous mon parapluie. Il s'excuse, je souris et le reconnaît, lui le mec un peu excentrique, hauteur je crois mais surtout, anglais. - C'est à ça que ça sert, aucun problème ! Je tire une taffe sur ma cigarette et la récupère avec ma main libre. - C'est ça en effet, Fitz ! Par contre, même si je vois très bien qui tu es, j'avoue que ton nom m'échappe encore, désolé...  C'est fou ce qu'on a l'air con, un peu, à ne pas se souvenir des prénoms des gens comme ça et pourtant j'ai cherché, vraiment. Je reprends une nouvelle taffe et alors que le vent ramène la fumée vers le candidat, je passe ma main dans l'air histoire de la dissiper. - Tu me dis si ça te dérange surtout ! Tout le monde n'accepte pas forcément ça, ce que je comprends tout à fait.

Un anglais sans parapluie, il faut avouer que c'est assez drôle. Parce qu'avec la pluviométrie qu'on rencontre en Grande-Bretagne, sortir sans parapluie c'est un peu sortir sans son revolver aux Etats-Unis. On s'expose alors à des risques assez proéminents et pour être honnête, même Fitz, qui était bien loin d'être effrayé par la possibilité de se retrouver trempé, sort avec un parapluie, toujours. C'est la règle. Et c'est d'autant plus drôle qu'ici, la météo est annoncée à l'avance et avec une exactitude presque surnaturelle alors oui, Fitz est légèrement amusé de voir Mickey ainsi vêtu, dehors et surtout, sans parapluie. Pour le coup, il aurait été cruel de le laisser là, sous la pluie battante, à s'imbiber progressivement d'eau si bien qu'une fois enfin arrivé au chalet, même le fond de son caleçon aurait été trempé. Ça doit être ça, être artiste. La tête en l'air, ce genre de chose... On ne se rend pas compte, on divague, on sort sans parapluie et on se fait avoir. Il s'est fait avoir. C'est dommage. Mais heureusement pour lui, Fitz était dans le coin et bien évidemment que non, cela ne le dérangeait pas le moins du monde de partager son parapluie. Viennent alors les classiques présentations de la première semaine. A ce rythme, Fitz allait péter un câble. Tout se mélangeait, les visage, les noms, les gens. Il croisait sans cesse des personnes qu'il n'arrivait pas à replacer, engendrant chez lui une frustration assez intense. Mais heureusement pour lui, Mickey faisait partie des têtes qu'il avait imprimé dans sa mémoire. Son nom, pas encore mais ça ne saurait tarder. « Mickey. Mais je suis sûr que tu serais parvenu à le trouver en cherchant d'avantage. » Il n'avait certainement pas tord mais comme ça, c'était plus simple, aussi. - Peut-être, certainement même mais bon, comme ça c'est réglé. Enchanté Mickey. Et sur ses paroles, Fitz cala sa cigarette entre ses lèvres et tendit sa main libre à son compagnon de parapluie. Autant faire les choses en bonne et dûe forme, d'autant plus que Fitz sentait bien que Mickey était de ce genre. Pas comme la majorité des gars ici qui auraient largement préféré un check ou un truc du genre. « Pas le moins du monde. » Tant mieux, car Fitz se voyait mal jeter cette cigarette à peine entamée mais avant qu'il ait pu dire quoique ce soit, Mickey reprit la parole. « D'ailleurs, ça me dirait bien de faire de même. » Amusé, Fitz sourit à la demande à peine voilée de l'écrivain tout en allant chercher son paquet au fond de sa poche arrière. Après tout, ici, ce n'est pas comme si il les payait, ses clopes. Et d'ailleurs, même à l'extérieur, Fitz n'était pas moins généreux. Il tend donc son paquet à Mickey afin qu'il se serve et récupère sa cigarette, toujours calée entre ses lèvres histoire de pouvoir reprendre la parole. Le style vieux pirate avec mégot en coin, ce n'était pas vraiment son genre. - Par contre, tu m'excuseras mais je vais avoir du mal à t'attraper le briquet. Qui est dans l'autre poche, celle du côté où il tient le parapluie. Une nouvelle taffe, rapide. - Alors t'es écrivain ? C'est classe, tu écris quel type de bouquins ? Fitz ne lui demandait pas ça pour faire la causette mais par réel intérêt, après tout, les livres et lui, c'était une grande histoire d'amour.

Spoiler:

« Merci bien coco. » Dans la bouche de Mickey, ces mots étonnèrent Fitz qui avait cru comprendre qu'il était assez... Angleterre pure souche. Ce devait être son petit côté décalé bien certainement mais Fitz ne put retenir un sourire franc. Pour autant, il n'avait pas manqué de remarquer que l'écrivain venait de lui piquer pas une mais deux clopes. Encore une fois, aucun soucis pour le tatoué, il n'était pas du genre possessif, pas pour des clopes tout du moins mais dans un endroit où les clopes étaient, miracle, gratuites, en piquer à ses camarades était un réflexe étrange. - Tu fais tes réserves ? Non parce que sinon, je pense que tu trouveras le bonheur dans le cellier tu sais. Pas que ça me dérange hein, c'est juste... enfin bref. Dit-il en lâchant un rire amusé sur la fin de ses paroles. Pour le briquet cependant, Fitz ne pourrait rien de plus pour lui. Bloqué dans la mauvaise poche, il était inatteignable et heureusement pour lui, l'anglais n'était pas aussi tatillon. Fitz lança alors la conversation sur toute autre chose ce qui, à ce stade de leur relation étant encore aisé, ne sachant rien l'un sur l'autre. Et vu la réponse, ce candidat n'était pas commun, définitivement et Fitz aimait ça. « Un peu de tout. Principalement des thrillers, des "polars" si tu veux. Je me suis également essayé au fantastique. Mais s'il y a bien un genre dans lequel je ne m'aventurerai jamais, c'est bien le roman de type romantique, l'eau de rose, tu vois. »  En même temps, Fitz voyait mal Mickey dans les romans à l'eau de rose, ce qui ne faisait donc que confirmer ses impressions. - Mon genre préféré. Avec la science-fiction. Je parle des polars quand je dis qu'il s'agit de mon genre préféré. Pas des romans à l'eau de rose, bien évidemment. Au cas où Mickey pourrait avoir des doutes. Puis ce fut à son tour de questionner Fitz. Ce dernier prit une nouvelle taffe sur sa cigarette presque terminée et réfléchit quelques secondes à la manière de présenter sa profession. - Avec les apparences. Réponse courte, efficace mais qui demandait un peu plus de précisions certainement. - Je suis conseiller en image, auprès de certaines personnes. Dans les médias, la politique, le monde artistique. Une 'profession' pas toujours comprise par la majorité des gens en réalité et c'est d'ailleurs pour cette raison que Fitz guettait la réaction de l'auteur qui avait l'air d'avoir un avis assez tranché sur la chose. Ce qui n'était pas pour déplaire à Fitz, loin de là.

Ce qui est un peu déroutant avec Mickey, c'est qu'on a cette impression constante de l'ennuyer à mourir. Un anglais en somme et les anglais, Fitz les connaît. Du coup, il n'est pas si gêné que ça et le gère plutôt bien, avec naturel et spontanéité. Ce qui le surprend un peu plus, c'est de le voir se servir comme ça dans son paquet de clopes. En soit, ce n'est pas bien grave mais juste étonnant, comme ça, et certainement une preuve que les apparences ne sont pas toujours à prendre en compte. Fitz prend une nouvelle taffe, puis une autre alors que Mickey lui répond. Là pour le coup, Fitz n'est pas surpris par l'aveu de ce côté maniaque de sa personnalité. - J'imagine qu'il serait donc de bon ton de te remercier alors. C'est toi qui t'occupes du dressing aussi ? Petite pic amicale, même s'il est vrai que le dressing retrouve souvent un état plus ordonné, comme ça, comme par magie. Fitz lui, s'occupe de ses affaires. Il a beau être moins maniaque que Mickey, il ne laissera jamais ses affaires partout et surtout pas dans son dressing. Tout comme il ne prête pas ses fringues d'ailleurs. La conversation vire alors sur leurs occupations dans la vie, Mickey expliquant à Fitz son type d'écriture. Être écrivain. Ça doit être passionnant en réalité. Surtout de pouvoir en vivre. Et puis, appréciant le type de roman qu'écrit Mickey, Fitz ne peut se retenir de partager ses goûts. Mickey ne répond, hochant seulement la tête. Peut-être qu'il s'en fiche. Au final, ce n'est pas bien grave. On verra bien plus tard. Fitz se livre ensuite à son tour et le moins qu'on puisse dire, c'est que la réaction de Mickey est assez mystérieuse. Il reprend ensuite la parole et Fitz, qui avait jugé qu'il n'avait pas besoin de donner plus de précisions se rend compte de son erreur. - En fait non. Je ne suis pas styliste. La tenue compte, c'est vrai mais ce que je fais à plus à voir avec l'attitude, le discours, ce genre de chose. Par exemple, un homme politique qui sort d'une polémique ou d'un scandale devra faire attention à ce qu'il dit, ce qu'il fait lorsqu'il est regardé. Fitz prend une nouvelle taffe, la dernière, écrase son mégot et le remet dans son paquet, histoire de ne pas le jeter à terre. - Donc pour ton look, je dirais qu'il colle parfaitement à qui tu es. L'écrivain. Le style dandy britannique, parfait pour un homme écrivant des polars. Aux yeux de Fitz en tout cas.

A vrai dire, Fitz pensait réellement que c'était la production qui rangeait, la nuit, par exemple. Pour le cellier tout du moins, car concernant le dressing, il n'imaginait pas qu'ils puissent aller jusque là. Apprendre que c'était Mickey donc qui rangeait l'avait quelque peu surpris, bien que sa personnalité s'y prêtait, de ce qu'il en avait vu pour le moment, en effet. Le remercier paraissait donc être la meilleure chose à faire, la plus polie. Il n'était pas obligé, pas du tout et... il est clair que certains devaient bien s'en foutre, de l'état du cellier... Par contre, pour les dressings, Fitz n'était pas sûr que cela plaise à tout le monde. Parfois, les gens pouvaient se révéler légèrement agressifs lorsqu'on touchait à leurs affaires. - Pour sûr, tu n'auras pas à ranger le mien. Mais je serais toi, je ferais gaffe. Les réactions peuvent parfois surprendre... Autant le mettre au courant, vu qu'il semblait penser qu'il était normal de les aider et que tout le monde devrait lui être reconnaissant. Qu'il soit maniaque ou pas, ça Fitz s'en fichait. Après tout, il avait le droit d'aimer l'ordre et dans un lieu tel que le nid, le pauvre Mickey allait certainement souffrir alors si ranger l'apaiser, tant mieux pour lui. La conversation continua alors sur leurs métiers respectifs et c'est sans grand étonnement que Mickey se perdit un peu dans sa compréhension de la profession de Fitz. L'écossais était habitué, son métier était de ceux qu'on appelle les 'nouvelles carrières', celles qui mutaient en même temps que la société et dans une période comme celle ci où les médias sont rois, maîtriser son image devenait très important pour certaines personnes. Mickey lui-même pourrait peut-être en avoir besoin, plus tard, après le jeu par exemple mais sur ce point, il était son seul maître et ce serait à lui de voir. - Pas complètement non. Et si ça peut te rassurer, c'est souvent l'association erronée que font les gens lorsque je ne rentre pas dans les détails. Mickey s’enquit alors d'un avis sur son look, purement vestimentaire cette fois et Fitz lui répondit avec franchise. Mentir ne servait à rien. Surtout maintenant. Il sourit lorsque Mickey heureux de cette réponse. Bien évidemment qu'il n'avait pas à en changer et quand bien même Fitz n'aurait pas aimé son look, il n'avait pas à changer du tout au tout. L'écrivain relança ensuite la conversation sur les différentes rencontres faites dans le jeu ce qui fit réfléchir Fitz quelques secondes, histoire de remettre les choses dans l'ordre. - Principalement des candidates en réalité. Fitz en faisait tout juste le constat. - Ce qui n'est absolument pas voulu. Il y a Mado, avec qui j'ai pas mal parlé cette semaine je crois. Neila, la danseuse... Everleigh le second matin je crois. La petite Diana et Enora, dans la salle de projection. Oh et Carmen, l'italienne blonde. Et puis Emilien, j'espère ne pas me tromper de prénoms d'ailleurs. Même s'il pensait avoir fait un sans faute. - En tout cas, j'espère avoir la possibilité de rencontrer plus de monde la semaine prochaine. En espérant ne pas sortir demain. Et toi ? Demanda-t-il à Mickey, ayant fait une allusion loin d'être masquée sur sa nomination.