maxence & jarek
☽Le silence régnait sur le nid. La plupart des candidats dormait et c'était là une bonne chose. Je rêvais d'avoir la salle de bain pour moi depuis le début de l'aventure. Cette baignoire me tentait depuis des jours et ce n'était pas dans mes habitudes de prendre un bain à plusieurs. Ou du moins avec du monde autour de moi. J'actionnais le robinet d'eau chaude et commençais à remplir la baignoire d'eau. Je déversais aussi un peu de gel moussant. Dans ma vie actuelle, je n'avais pas l'opportunité de me poser et de profiter d'un instant de détente comme celui-là. L'aventure Fake Lover me le permettait. Je mettais donc tous les moyens à ma disposition pour me détendre et entrais dans cette eau chaude avec mon maillot de bain. Je regardais alors à droite, puis à gauche, et une nouvelle fois à droite. Personne. Je retirais alors mon maillot et profitait pleinement de ce bain, protégé des regards indiscrets par toutes cette mousse. Je soupirais, me baissant un peu plus dans l'eau pour que seul ma tête dépasse...et mes pieds. Ma taille faisait que j'étais trop grand pour être totalement immergé. Je commençais à me reposer, à m'endormir même quand des pas me réveillèrent en sursaut. J'étalais alors la mousse un peu partout. « Moi qui croyait être seul... »

Lorsque j'avais regardé ma montre et vu qu'il était déjà plus d'une heure, je m'étais dit qu'il était quand même temps que je rejoigne mon lit. D'autant plus que je n'aimais pas me lever tard, ou disons de temps en temps, mais comme cela me donnait la sensation de bousiller la moitié de ma journée je préférais ne pas le faire trop souvent. J'avais assez étudié pour la soirée de toute façon, je commençais à confondre les symboles et à mélanger les conjugaisons ... C'était toujours le signe qu'il était temps d'arrêter, au moins un truc qui n'avait pas changé depuis mes années d'étudiant. Sans bruit j'étais donc remonté jusqu'à la chambre, posant mon livre sur la table de nuit et me glissant aussi doucement que possible sous les draps sans réveiller ni Mickael, ni Tixy. Un exploit. Pourtant une fois la tête posée sur l'oreiller, et malgré les étoiles accrochées au plafond et qui m'aidaient en temps normal à trouver le sommeil, impossible de m'endormir. Cela faisait plus d'une heure que je fixais le plafond et toujours rien, pourtant j'étais fatigué ... Mais je savais que le sommeil ne viendrait pas. Pas encore. Alors en désespoir de cause j'avais fini par me relever, et par prendre la direction de la salle de bain, pour me passer un peu d'eau sur le visage, voir même boire un peu. Je n'arrivais pas à me sortir de la tête la façon dont je m'étais réveillé en sursaut la veille, avec cette horrible sensation, oppressante ... Je n'avais pas besoin de me rappeler de quoi j'avais rêvé pour savoir que ce n'était pas agréable. Et je crois que quelque part j'avais peur de reproduire la même chose cette nuit ... Peut-être que je devrais prendre un somnifère ou deux. Mais ça m'emmerdait, j'avais pris la résolution de m'en passer en venant ici, et je n'avais pas envie de céder alors que j'étais là depuis une semaine et demi, à peine. J'étais tellement plongé dans mes pensées en atteignant la salle de bain que je n'avais même pas remarqué qu'elle était occupée ; Et c'est seulement en entendant « Moi qui croyait être seul ... » que je l'avais réalisé, sursautant par la même occasion tellement que j'avais du me rattraper au bord du lavabo pour ne pas tomber. Non mais putain j'avais failli avoir une crise cardiaque, il était marteau de faire ça comme ça ... Non mais j'étais tellement de mauvaise foi, il n'avait rien fait, c'était moi qui ne l'avait pas vu. Faut dire que je ne m'attendais pas à trouver quelqu'un prenant un bain au milieu de la nuit. « Putain, me refait jamais ça ... » avais-je tout de même laissé échapper par réflexe, une main sur ma poitrine, dans laquelle mon palpitant s'était subitement emballé. Parait-il qu'on se laissait surprendre de cette façon uniquement quand on n'avait pas la conscience tranquille ... Pourtant je n'avais rien qui tracassait ma conscience, mais bon dieu ce que je venais de flipper. Mais là je réalisais quand même que le type était dans son bain, et certainement pas tout habillé, hm. « Pardon, désolé, c'est juste que je pensais pas trouver quelqu'un ici à cette heure-ci ... » Lui tournant le dos, lui laissant par la même occasion la possibilité de sortir de son jus et de se couvrir s'il en avait envie, j'en avais profité pour ouvrir l'eau d'un des robinets, et m'asperger le visage d'eau. Voilà, je me sentais déjà un peu mieux ... Ça ne m'aiderait sans doute pas à trouver le sommeil, mais c'était mieux que rien.

☽« Putain, me refait jamais ça... » Maxence semblait bien plus surpris que moi. Je souris, amusé par son sursaut, et me disais qu'il n'avait pas vu le mien pour le coup. Tant mieux. Par contre, le sien n'avait pas pu m'échapper vu que je le regardais au moment même où j'avais prononcé mes premiers mots. « Pardon, désolé, c'est juste que je pensais pas trouver quelqu'un ici à cette heure-ci ... » « La même pour moi. » Lui répondis-je directement. Le trentenaire me tourna alors le dos. Je le suivais du regard et l'observais faire tandis que je profitais toujours de mon bain. Je n'avais pas l'intention de sortir. Pas maintenant alors que je réalisais la bourde que j'avais commise. J'avais oublié ma serviette. De là où j'étais, je l'apercevais. Elle me faisait l’œil la coquine... Pourtant, je devrais traverser toute la salle de bain complètement nu pour la récupérer. Et ce n'était pas possible. Pas devant Maxence, ni les caméras. Je n'étais pas le plus pudique mais j'avais tout de même certaine limite. « Et ça va, toi ? T'as pas l'air dans ton assiette, vieux... » Je croisais alors les jambes, faisant mine que tout allait bien, que je n'avais aucun problème de serviette, que j'étais l'homme le plus tranquille de toute la planète. Bien évidemment, ce n'était pas le cas.

Okay, donc note à moi-même à l'avenir, m'attendre à croiser quelqu'un dans chaque recoin de cette maison, et même de cette île, et ce quelque soit l'heure qu'il était, de jour comme de nuit. Surtout de nuit à vrai dire, parce que de jour on sursautait un peu moins au simple fait de trouver quelque dans la même pièce que soi. « La même pour moi. » Pour le coup je le croyais sur parole, et sans la moindre hésitation. Mais s'il était ici à une heure pareille, c'était sans doute parce qu'il avait envie qu'on le laisse tranquille, aussi avais-je décidé de ne pas m'attarder. Juste le temps de me rafraichir un peu, en espérant que mon esprit plus frais lui aussi serait plus à même d'arrêter de m'emmerder pour me laisser m'endormir. Tandis que je m'essuyais le visage en passant une main dessus, fixant un court instant mon reflet, j'avais entendu Jarek me demander « Et ça va, toi ? T'as pas l'air dans ton assiette, vieux ... » Si en plus ça se lisait carrément sur mon visage, j'étais pas sorti de l'auberge. Refermant le robinet j'avais secoué mes mains, j'avais attrapé la première serviette qui me tombait sous la main pour les essuyer, tout en me retournant vers l'autre homme et répondre en secouant légèrement la tête « J'ai juste un peu de mal à dormir, mais je suppose que c'est comme partout il faut un temps d'adaptation. » C'était sans doute une des explications de toute façon, autant j'avais en temps normal la capacité de m'endormir en dix secondes et ce n'importe où, et dans n'importe quelle position, autant je ne dormais vraiment bien que chez moi, et lorsque j'étais ailleurs il me fallait toujours un certain temps ... Ce qui somme toutes était une vraie catastrophe quand je partais en reportage ; Je savais généralement qu'entre le cinquième et le dixième jours j'étais fatigué. Mais je le savais, alors je m'organisais. Les secondes passant j'avais réalisé ce que je tenais à la main, et la façon dont le regard de Jarek s'était posé dessus « Oh merde c'était la tienne ? Je suis désolé j'ai pas fait attention ... » Disons surtout que j'avaus attrapé le premier truc qui venait sans vraiment réfléchir. Et quand on ne réfléchissait pas cela amenait souvent à faire des conneries, plus ou moins grosses. Là ce n'était qu'une serviette, y'avait pas mort d'homme, surtout que je ne m'étais essuyé que les mains avec ... Hm. « J'te la remet là. A moins que tu la veuille ? » Il me semblait un peu loin pour l'attraper lui-même disons, et je préférais la lui filer moi-même plutôt que de profiter d'une partie supplémentaire de son anatomie. Pas sûr que cela m'aide à dormir ensuite, disons.

☽« J'ai juste un peu de mal à dormir, mais je suppose que c'est comme partout il faut un temps d'adaptation. » Je comprenais. Je n'avais pas ce problème mais je comprenais que certains puissent se sentir mal à l'aise dans un environnement nouveau. Je bougeais assez souvent, j'étais donc habituer à ne pas dormir chez moi. En attendant, je ne disais rien. Je fixais juste ma serviette, non loin de Maxence qui se passait un peu d'eau sur le visage. Jambes croisés et mousse bien éparpillée, je patientais. J'attendais surtout que le candidat quitte la salle de bain pour sortir de la baignoire. Je n'avais pas le choix et, encore heureux, je n'avais pas envoyé valsé mon maillot de bain. Il était à  mes pieds et rien ne m'empêchait de le récupérer. Je me penchais alors vers lui, essayant de l'attraper sans sortir. C'était impossible sans montrer ce qu'il ne fallait pas. Je replongeais donc dans le bain et fixais Maxence qui, contre toute attente, s'essuyait avec l'objet de ma convoitise. Grrrr... « Oh merde c'était la tienne ? Je suis désolé j'ai pas fait attention ... » Je lui souris. Il n'y avait pas de problème. Le trentenaire n'avait fais que s'essuyer les mains. Je ne lui en voulais. Pour ça, ça ne servait à rien. De plus, j'étais d'un naturel pacifiste alors la guerre, ce n'était pas pour moi. Je la laissais à d'autres candidats. « J'te la remet là. A moins que tu la veuille ? » Je grimaçais, finissant par acquiescer d'un signe de tête révélateur. « Oui, je la veux bien. C'est mieux que d'attendre ton départ pour la prendre en toute discrétion en cachant ce qu'il faut cacher. Et puis, je ne voudrais pas être la cause de tes futurs insomnies... » Je riais légèrement, barbotant encore un peu dans 'eau comme un gamin. « Allez, vas-y... Lances-la moi. Je vais sortir. »

Je pense qu'inconsciemment je m'étais aussi dit que passer quelques temps en immersion dans un endroit comme celui-ci ne pourrait que faire du bien à mon rythme de sommeil. Certes ce n'était pas pour cela que j'étais là, mais disons que je pouvais toujours essayer en quelque sorte de lier l'utile à ... l'utile, hm. Mais je pensais sincèrement bien dormir que ça en étant ici, parce que c'était un peu comme quand j'étais chez moi, je savais que je ne risquais rien et que rien d'autre qu'une journée à ne rien faire ou presque m'attendrait au réveil. Et vu les pays où je passais habituellement mon temps, autant dire que cette simple chose était un luxe ... Mais non, pourtant ici je dormais mal. Alors je prenais mon mal en patience, je me disais que cela passerait, et que c'était peut-être aussi simplement le fait de ne pas dormir seul. Chose dont il est vrai j'avais perdu l'habitude. Bref, pour l'heure cela ne m'aidait pas, et j'espérais simplement qu'à force d'attendre la fatigue finirait par m'assommer ... Je ne savais pas trop si c'était ce qu'attendait Jarek. Ou bien s'il craignait vraiment encore plus que moi de croiser quelqu'un dans la salle de bain à l'heure où il l'utilisait. Sans doute pas, parce que si c'était le cas il aurait sans doute l'air bien plus nerveux, alors qu'il semblait simplement attendre quelque chose. C'est là que j'avais compris, et que je m'étais empressé de lui proposer de lui rendre sa serviette, ou de la poser, ou que sais-je, bref de la lui rendre en tout cas. « Oui, je la veux bien. C'est mieux que d'attendre ton départ pour la prendre en toute discrétion en cachant ce qu'il faut cacher. Et puis, je ne voudrais pas être la cause de tes futurs insomnies ... » Rictus amusé de ma part, bien que oui, autant éviter ce genre de déconvenues gênantes. Même si bon, je doutais qu'il puisse à lui seul me provoquer une insomnie, et simplement parce que j'aurais vu un peu trop de chair. « Allez, vas-y ... Lances-la moi. Je vais sortir. » Puisqu'il était décidé, je m'étais simplement exécuté, lançant la serviette dans sa direction avant de me retourner tout disant « C'est mieux. Je m'en serais voulu de te voir te friper comme un pruneau simplement parce que j'aurais empêché de sortir de l'eau. » Je raconte n'importe quoi mais je me soigne, autobiographie par Maxence Namarra. Profitant de l'intermède j'avais rejoint le meuble où la plupart d'entre nous entreposions nos affaires de toilette, et fouillant dans ma trousse j'avais attrapé un Normison que j'avais fait passer avec un peu d'eau une fois revenu au lavabo. A quoi bon lutter, de toute façon, je n'avais plus qu'à attendre que ça fasse effet maintenant. Estimant lui avoir tourné le dos assez longtemps pour ne plus rien risquer de fâcheux, je m'étais retourné vers Jarek, et sur le ton de la conversation j'avais fini par lui demander « Une raison particulière au fait que tu attendes le milieu de la nuit pour utiliser la salle de bain, ou bien c'est le décalage horaire qui continue de te jouer des tours ? » Je me renseignais, je ne savais pas vraiment d'où il venait de toute façon. Si ça se trouve il allait faire comme Faust, m'annoncer qu'en fait il venait lui aussi d'Hawaii, et j'aurais l'air d'un imbécile, mais tant pis. Le décalage horaire en revanche je m'y faisais vite, l'habitude sans doute ... Et puis ce n'était pas dans ce sens là que c'était difficile, c'était surtout au retour en Europe que j'aurais éventuellement des raisons de douiller, hm.