emilien

Il est tard. Je devrais surement être déjà couché normalement à cette heure de la nuit. Comme toute personne normale. Mais bon, cette semaine je crois que le sommeil ne fonctionne pas en duo avec moi. Ça ne change pas vraiment de mes habitudes, par contre, je crois que c’est pire que tout. À chaque fois que je viens pour fermer les yeux, j’ai comme cette impression que je ne me réveillerai jamais. Et si souvent, j’aimerais que cette pensé soit vrai, mon corps lui ne peut tolérer cette idée. Alors je ne dors pas. Je pourrais retourner danser durant toute la nuit, mais ça aussi, je doute que se soit une bonne idée. Alors à la place, Je tourne en rond, je vais d’une pièce à l’autre en me disant que je tomberais peut-être sur quelqu’un et que je pourrais l’emmerder, me divertir, oublier tout ce qui me tracasse. Et c’est presque avec regret que je ne retrouve pas Emilien sur le balcon, incapable de dormir lui aussi. Oui, Emilien aurait été la meilleure personne à rencontrer ce soir. Non pas parce que j’aurais voulu faire ma chiante. Non. J’aurais juste voulu l’avoir à mes côtés. Mais bon... Je décide de regagner ma chambre avec regret, n’ayant plus d’autre option que de gagner un lit vide. Mais c’est alors que je pose mon regard sur le lit d’Emilien justement, voulant savoir s’il était bien couché. Il était là, mais pas sa partenaire. Et c’est sans réfléchir, prise d’une impulsion que je m’approche de son lit silencieusement, ouvrant les couvertures pour me glisser à ses côtés. J’imagine qu’il doit dormir et bon, maintenant que je suis là, je ne sais pas trop si je dois le réveiller. Je dépose ma tête sur son oreiller, lui faisant face, observant son visage si passif, innocent. Un faible sourire se glisse sur mes lèvres alors que je ne peux m’empêcher d’effleurer sa joue du bout des doigts. « Emilien... Tu dors ? » Je murmure, parce que si c’est le cas, je ne veux pas le réveiller finalement. Il a l’air trop bien. Et je me sens aussi déjà mieux maintenant que je suis près de lui.

Avant de s’endormir, Emilien avait lu quelques instants. Juste pour pouvoir trouver le sommeil. Le livre n’avait guère d’importance, il avait eu comme seul bénéfice de bercer le jeune garçon. A défaut d’avoir quelqu’un pour lui conter une histoire, même s’il avait passé l’âge pour cela. Lorsqu’il eut décidé d’interrompre sa lecture, il lança un regard sur l’oreiller qui se trouvait à sa droite. Oreiller qui était vide. Emmeline n’était pas là. Elle n’allait pas tarder. Elle ne lui avait souhaité bonne nuit de toute façon, si même fait son petit bisou de fin de journée. C’était ses petits rituels qu’il avait fini par affectionner. Après tout, ce n’était pas comme s’il ne l’aimait pas. Bien au contraire. Et il avait beau le répéter, il la considérait comme sa sœur. Pas comme autre chose. Emilien ne savait pas pourquoi certaines personnes pouvaient s’imaginer des tas d’histoires. Après tout, il n’y avait rien d’ambiguë entre eux. Ils s’appréciaient beaucoup et ils se le faisaient comprendre au quotidien. C’est tout. Emilien avait fini par s’endormir, seul. Pressant contre sa poitrine sa peluche. Sa peluche, il était heureux de l’avoir à ses côtés. Il avait un peu de sa Suisse natale avec lui, un peu de ses proches aussi. Beaucoup de ses proches, d’ailleurs. Il dormait. Comme un bébé, certainement. A vrai dire, il n’avait jamais su à quoi il ressemblait lorsqu’il dormait. Une chose était sûre : il ne bavait pas pendant son sommeil, il ne parlait pas, ne bougeait pas non plus, et ne donnait aucun coup à sa partenaire. Il ne prenait pas beaucoup de place en soi, dans le lit. Mais une voix vint le réveiller pendant son sommeil. « Emilien... Tu dors ? ». Oui, il dort. Ou plutôt il dormait… vu que ce frêle son mélodieux avait réussi à l’éveiller. Ca devait sûrement être Emmeline qui l’avait rejoint et qui n’arrivait pas à dormir. Alors, elle voulait savoir s’il dormait pour trouver un peu de compagnie dans son insomnie. « Tu m’fais un câlin ? » lâcha alors Emilien, les yeux encore fermés. Après tout, il n’avait pas eu son petit bisou avant de s’endormir. Il réussit alors à ouvrir les yeux. Pouvant apercevoir une silhouette dans le noir. Emilien cligna des yeux. Une fois, deux fois… Elle ne ressemblait pas à Emmeline, cette silhouette. Pas du tout. « Euh… Harlow ? » demanda-t-il alors dans un murmure. Que faisait-elle là à la place d’Emmeline. Pourquoi était-elle là. Plein de questions, trop de questions d’un coup. « Où est Emmeline ? … ».

Comment ne pas craquer pour un petit Emilien qui dort ? Non mais vraiment, ce garçon est beaucoup trop mignon. Et je me surprend à sourire toute seule en le regardant, l’examinant dormir. Et c’est à ce moment même que je me dis que ça pourrait paraître tout de même un peu déplacé et étrange comme comportement, alors je me décide à lui parler, juste pour l’informer de ma présence, mais aussi pour savoir s’il dort bien profondément. Et il semblerait que je l’ai réveillé puisque voilà qu’il me demande de lui faire un câlin. Euh, vraiment ? Je veux dire, ça ne me dérange pas vraiment de lui en faire un, bien que je ne sois pas de ces filles super affectueuses et tout. Mais c’est Emilien, alors je crois que ça ne me dérange pas de lui en faire un vu qu’il me le demande. Je trouve simplement que ça ne lui ressemble pas, que ce n’est pas le genre de chose qu’il me demande lorsqu’on est ensemble. Mais sans attendre, j’avance ma main en sa direction et la glisse contre sa taille pour atteindre son dos et ainsi me rapprocher considérablement de lui. Et c’est à ce moment même qu’il se décide à ouvrir les yeux. « Euh… Harlow ? » Oui, aux dernières nouvelles je m’appelle bien Harlow. « Où est Emmeline ? … ».Je fronce les sourcils, comprenant immédiatement qu’il m’a prit pour sa partenaire et que c’était surement à elle qu’il demandait de lui faire un câlin. Je pourrais très bien me reculer, mais maintenant que je suis près de lui, j’ai plus trop envie de faire marche arrière. « Emmeline ? Je l’ai poussé en bas du lit. Je voulais t’avoir juste pour moi. » Je souris faiblement, alors que mon bras est toujours autour de lui et que je viens caresser son dos timidement du bout des doigts. « Je plaisante... Je ne sais pas elle est où. T’étais tout seul... J’en ai profité un peu, je l’avoue. » Je baisse le regard le temps de quelques secondes avant de le regarder à nouveau, mes yeux s’habituant à l’obscurité de la pièce un peu mieux. Je viens à me dire que ça le dérange peut-être que je sois là, qu’il n’est pas à l’aise avec ma présence. J’espère tellement qu’il ne me demandera pas de partir.

Sa première question était de savoir où était passée Emmeline lorsqu’il constata que ce n’était pas sa partenaire à ses côtés, mais bien Harlow. Déjà qu’il ne l’avait pas vu se coucher, alors voilà maintenant qu’il se réveillait et qu’il constatait une nouvelle fois son absence. Peut-être qu’Emmeline n’était pas venue le rejoindre dans le lit, elle avait décidé de dormir ailleurs. Mais pourquoi ? Elle n’avait aucune raison de faire ça. Ce n’était pas comme s’ils ne s’entendaient pas. Au contraire. Elle avait sûrement dû se lever pendant son sommeil parce qu’elle avait une petite envie. Ou quelque chose du genre. Emilien fronça légèrement les sourcils lorsque la jolie Harlow lui expliqua qu’elle l’avait poussé du lit parce qu’elle le voulait juste pour elle. Cette explication était peu probable. Il était certain que si elle avait poussé Emmeline, cette dernière aurait émis un bruit, ou crié, enfin elle n’aurait pas resté silencieuse. Finalement, elle lui expliqua qu’elle plaisantait. Enfin, cela, il s’en était bien douté parce son explication ne tenait pas vraiment la route. Elle ne savait pas où elle était, ni lui. Il fallait donc conclure que personne ne savait où était passé Emmeline. A croire qu’elle s’était volatilisée pendant la journée. « T’étais tout seul... J’en ai profité un peu, je l’avoue. ». Un timide sourire se dessina sur les lèvres d’Emilien, alors. Il regarda le visage de la jeune fille qui se trouvait en face de lui, à quelques centimètres. « J’espère pour toi qu’Emmeline ne t’en voudra pas de lui avoir piqué sa place. Enfin… tu peux rester le temps qu’elle revienne. ». Si elle revenait un jour. Tant pis. Les absents avaient toujours torts de toute façon. Enfin c’était ce que l’on disait. Emilien se tut, quelques instants. Le temps d’essayer de percevoir comme il faut la jeune fille. Il faisait nuit et il avait un peu de mal à voir, sûrement parce qu’il n’était pas encore très bien réveillé. Il devait être dans un état mi-endormi, mi-réveillé. « Tu n’arrivais pas à trouver sommeil, encore ? » lui demanda-t-il alors, tout naïvement.

Je discerne un léger sourire sur le visage d’Emilien lorsque je lui avoue avoir profiter de la situation pour me glisser entre ses draps. Il ne peut pas m’en vouloir pour ça, non ? Non, je suis certaine que non. Et puis, je ne fais rien de mal en ce moment, sauf peut-être ma main qui caresse doucement son dos qui pourrait lui être déplacé, pour moi ce n’est qu’une petite attention. Le genre de chose que je ne fais jamais, mais qui me semble plutôt naturelle avec lui. Et ça vient à me faire penser à notre première soirée ensemble et à la façon dont je lui avais demandé de m’embrasser. Mais bon, ce n’est pas la situation actuelle. « J’espère pour toi qu’Emmeline ne t’en voudra pas de lui avoir piqué sa place. Enfin… tu peux rester le temps qu’elle revienne. » Je l’espère aussi, soudainement. Je souhaite vraiment qu’Emmeline ne mette pas les pieds dans cette chambre ce soir. Je ne sais pas elle est où, mais j’aimerais qu’elle y reste. Ce n’est rien contre elle personnellement, bien qu’elle est loin d’être ma meilleure amie dans le nid. « Alors j’espère qu’elle ne reviendra pas... Sans être méchante. » avouais-je d’une faible voix, comme si je me sentais légèrement coupable alors qu’au fond, je ne le suis pas vraiment. « Tu n’arrivais pas à trouver sommeil, encore ? » Il est perspicace. D’un autre côté, il a l’air encore tout endormie le pauvre. Et en plus c’est de ma faute si est réveillé maintenant. «Nan... incapable... » Je me mords légèrement la lèvre, en le fixant doucement. « Et j’ai pensé à toi. C’est un peu con... Mais... » Mon dieu, à m’écouter, on dirait une petite gamine toute timide. Elle est chiante cette gamine, je ne me reconnais pas tellement je suis douce. « Je crois que t’es un peu le seul qui arrive à m’apaiser ici. Je ne sais pas ce que tu as de spécial mais bon... » Je soupire en baissant mon regard, parce que j’aime pas trop avouer ce genre de choses. Et sans réfléchir un peu plus longtemps, je m’approche de lui un peu plus et viens nicher mon visage dans son cou, venant par le fait même coller mon corps contre son torse. Un nouveau soupire, mais plutôt de bien être cette fois-ci. Je suis silencieuse, par ce que j’ai peur encore une fois d’en avoir trop dit.

En soi, ce n’était pas si grave qu’Harlow ait pris la place d’Emmeline, juste le temps de son absence. Après tout, ce n’était pas si c’était quelqu’un qu’il ne portait pas dans son cœur. Ou pire encore un garçon. Enfin qu’est-ce qu’un garçon viendrait faire dans son lit ? Rien du tout. Lorsqu’Emilien évoqua l’absence d’Emmeline et qu’elle pouvait rester là pendant ce temps, la jeune fille, qui avait remplacé sa partenaire, espérait qu’elle ne revienne pas. C’était ce qu’elle lui avait dit. Elle espérait qu’elle ne revienne pas, mais sans être méchante, comme elle l’avait ajouté. Emmeline ou Harlow, dans les deux cas, il n’était pas (ou plus) seul dans le lit. Emilien lui fit alors une remarque qui pouvait certainement expliquer sa présence dans son lit. Elle ne devait pas trouver sommeil, encore. Encore, ce petit mot avait son importance. La semaine passée, elle l’avait rejoignit sur le balcon, lorsqu’ils n’arrivaient pas à dormir. Après avoir pris la parole, il se frotta les yeux. Comme si ce petit geste lui permettrait d’ouvrir un peu plus ses paupières endormies. Elle était incapable de dormir, il ne s’était donc pas trompé. D’un côté, c’était peut-être la seule raison qu’il avait pu trouver pour expliquer la venue d’Harlow, ici. Ici, dans son lit. Puis, elle avait pensé à lui. Penser à lui. C’était ce qu’elle venait de lui dire. Emilien ne la quitta pas du regard, peut-être parce qu’il la trouvait jolie. Parce que oui, elle était jolie Harlow. Il l’écouta encore parler. C’est un peu con, avait-elle dit. Le jeune garçon fronça légèrement les sourcils. De quoi parlait-elle ? Si c’était du fait qu’elle pensait à lui, pourquoi ça devrait être con ? Elle continua de parler. « Je crois que t’es un peu le seul qui arrive à m’apaiser ici. Je ne sais pas ce que tu as de spécial mais bon... ». Et lui non plus ne savait pas ce qu’il avait de spécial. Il était plutôt banal comme garçon, non ? Un peu introverti, doté d’une assurance parfois transparente, respirant un peu trop la candeur et la délicatesse. L’archétype du non-séducteur. Il sentit alors Harlow s’approcher un peu plus de lui. Posant sa tête au creux du cou d’Emilien. Il passa alors timidement son bras sous la jeune fille, pour l’encercler de son avant-bras. La serrant doucement contre lui. Tout doucement. « Par contre… souffla-t-il dans un murmure. Je ne sais pas si j’ai un truc spécial pour te permettre de trouver le sommeil… ». Il finit alors par déposer un furtif baiser sur le front de la jeune fille. Il n’y avait aucune explication à cela. Peut-être qu’il en avait juste envie. Il ne faisait rien de mal, de toute façon.

Je ne suis pas certaine de l’utilité de mes paroles à l’encontre d’Emilien. Non mais c’est qu’il doit s’en foutre complètement de savoir qu’il a un certain pouvoir sur moi, qu’il réussit à me calmer, ou plutôt à apaiser les démons qui me rongent un peu plus chaque jour. Je ne sais pas au fond, parce que malgré tous les petits moments que nous avons passé ensemble, je ne le connais toujours pas plus. Je ne sais rien d’Emilien et de la façon qu’il me perçoit. Et c’est probablement mieux ainsi. Je me surprend à sourire lorsqu’il m’enlace et qu’il me sert contre lui. Il est si doux, s’en est déroutant. Mon visage niché contre son cou, je soupire, puisque je me sens bien ainsi, dans ses bras, sans demander plus. « Par contre… Je ne sais pas si j’ai un truc spécial pour te permettre de trouver le sommeil… » J’apprécie le baiser qu’il dépose sur mon front, me poussant à venir déposer mes lèvres contre son cou dans un baiser tout aussi doux que le sien. « Moi je crois que t’as un truc spécial pour bien des choses... C’est juste que tu ne t’en rends pas compte. » Et je suis franche en lui disant une telle chose. Et je dépose à nouveau mes lèvres contre son cou. Je ne sais pas s’il me croit trop entreprenante sur le coup, puisque pour moi, je ne fais rien de bien grave. Mes baisers sont plutôt anodins et pour une fois, je n’ai pas de seconde intention, dans le genre de glisser mes mains sur son corps et de le supplier de m’embrasser et plus encore. Non, je ne pense pas comme ça à ce moment même, et c’est mieux ainsi. Et Emilien mérite plus que la façon dont je pourrais être avec n’importe qui d’autre. Parce qu’il est trop gentil. Et je ne sais pas, j’imagine que je l’apprécie trop pour me comporter ainsi. Non, je crois que c’est juste différent, voilà. « De toute façon, ça ne me dérange pas trop de ne pas dormir... je suis bien comme ça... » ajoutais-je en me serrant un peu plus contre lui, venant même à entremêler nos jambes. Et je me met vraiment à penser que j’en voudrait à Emmeline de débarquer dans la chambre à ce moment même, bien que bon, c’est sont lit et qu’elle serait en droit de me demander de dégager.