JASMINE

La terrasse est l’un des lieux que je préfère ici. Je suis à l’air sans pour autant me choper coup de soleil sur coup de soleil – l’avantage d’avoir une peau sensible, haha – et la vue y est pas trop mal. Et puis, à chaque fois que je m’y rends, c’est pratiquement désert. Du coup, ça fait du bien à ma phobie de la foule, sans pour autant que je me retrouve complètement seule. Donc oui, on peut dire qu’il s’agit d’un lieu idéal pour moi. Enfin presque, il faut bien une ombre au tableau : je suis pas fan de l’odeur de cigarette qui règne après la pause clope des fumeurs du nid. M’enfin bon, je veux bien subir ça, je vais pas lâchement abandonner mon amie la terrasse pour si peu. Du coup, je profite de ce bel après-midi pour m’y rendre, histoire de glander un coup, toute manière on a que ça à faire ici. Je prends un bouquin et une bouteille d’eau et je m’installe sur une chaise à l’ombre d’un parasol, je compte pas encore me choper un cancer de la peau en grillant au soleil. Par la même occasion, je jette un coup d’œil aux auto-tamponneuses. J’ai pas pu encore les tester, il faut vraiment que je remédie à ça. J’y crois toujours pas n’empêche, on a des autos-tamponneuses ! Ça a dû couter un paquet quand même, j’ose même pas imaginer. Comme l’ensemble du nid en fait. Du coup, j’arrive même plus à me concentrer sur ma lecture, je suis bien trop intriguée par la valeur du nid. Je fais pas attention à l’argent, c’est pas quelque chose qui m’intéresse et je survis très bien avec mon salaire. Mais n’empêche, combien la production a gaspillé pour nous ? C’est typiquement le genre de réponses qui va me perturber jusqu’à ce que j’obtienne une réponse. Réponse que je peux potentiellement avoir, vu que mon regard se pose sur Jasmine qui arrive sur la terrasse. Elle doit savoir, elle. C’est genre une chanteuse méga connue, non ? Elle doit avoir des dizaines de biens immobiliers, elle doit pouvoir estimer un truc comme ça. M’enfin bon, je devrais la saluer d’abord, commencer une conversation de manière civilisée, tout ça, et après lui poser ma question. « Tu crois que ça vaut combien un immeuble pareil ? » C’est pas ce que je voulais dire, non du tout, je voulais commencer par un salut, et tout le blabla habituel. M’enfin bon, maintenant c’est fait, alors autant continuer. « Tu dois être au courant de ce genre de choses, j’imagine. Tu possèdes combien de biens immobiliers d’ailleurs ? » Je suis trop curieuse, je suis désolée pour elle, mais j’ai jamais rencontré de superstar, alors bon. Autant parler d’elle de toute façon, clairement j’ai rien à raconter sur ma vie, contrairement à elle. « Et hm, salut. » J'en oublie le plus important.