« Princesse recherche prince » [9.01 à 15h30]

Il serrait un instant la peluche dans ses bras avant de la rendre à Alice, elle le regardait alors qu'il s'éloignait, il semblait malheureux mais elle ne pouvait pas non plus lui sauter dans les bras, elle voulait rester discrète. Elle n'oubliait pas qu'elle était dans un jeu, qu'elle devait mentir et ne rien laisser paraître, qu'elle devait jouer et jouer un rôle, aujourd'hui, elle serait en couple avec Nolan. Austin s'appuyait sur le mur, se retournant vers la jeune femme pour lui dire qu'il était heureux si elle l'était. Tournant le visage pour regarder ailleurs, elle laissa un nouveau silence s’immiscer entre eux. Elle se leva à son tour, s'approchant de Austin, elle lui tendit la peluche
« Je te la prête »

Jamais la jeune femme n'avait laissé quelqu'un d'autre toucher son trésor, jamais elle ne l'avait laissé à quelqu'un d'autre, la reprenant même à sa fille lorsqu'elle était partie. Revenant à la réalité, elle lui avoua
« Elle me permet d'échapper à beaucoup de souffrance, elle me permet de parler à travers elle, depuis toute petite »

Elle leva les yeux vers Austin, espérant qu'il prenne en main la peluche, peut être ferait-il comme elle et parlerait-il à travers elle. Lorsque, quelques secondes plus tôt elle lui avait dit que la peluche était jalouse, elle ne parlait pas de sa relation avec Nolan.

Je la voyais, je la sentais mais je ne pouvais la toucher, je ne pouvais réagir face à l'évidence même... je la perdais ! Je savais qu'elle m'échappait mais j'étais stoïque, immobile. Je ne pouvais rien faire d'autre qu'espérer la voir revenir, malgré tout, j'étais décidé à lui laisser la chance de s'envoler, de s'émanciper de moi et de la mauvaise influence que j'avais eu sur elle depuis le début du jeu. Nous avions été amants, ennemis et aujourd'hui, alors que je remarquais enfin la véritable nature de mes sentiments, nous n'étions plus que des amis. Elle s'avança, me regarda et me sourit, me tendit sa peluche avant de m'expliquer les vertus bénéfiques qu'elle avait eu sur elle, étant petite. Je me surpris à la voir, Alice, toute jeune, toute petite. Frimousse d'ange, caractère trempé mais sourire enjoleur auquel on ne pouvait rien refuser. Je secouai mon visage, reprenant pied à la réalité et pris du bout des doigts l'animal en peluche qu'elle me tendait. Je le pris contre moi, souris à peine en la regardant, toujours.

Tu me manqueras Alice.

lui murmurais-je alors doucement

Je m'avançais alors vers elle et doucement, je vins la serrer contre moi. Rien d'ambigüe, de confus, juste une étreinte amicale pour marquer le fin de tout espoir, de toute relation intime. Elle n'était plus mienne, je venais de la perdre définitivement et je devais m'y faire. Je glissai mes mains dans son dos, lovai mon visage contre le sien et humai une dernière fois l'odeur silencieuse qui émanait de sa longue chevelure blonde.

La peluche qu'elle lui avait tendu ne parla pas, à la place, il la prit dans ses bras, doucement et lui dit qu'elle allait lui manquer, la serrant dans ses bras, elle le poussa doucement, fronça les sourcils et lui fit une moue enfantine
« Je ne compte pas partir ... »

Il semblait mettre fin à son combat, un combat plein de souffrances qu'elle ne comprenait pas, mais elle s'en fichait, elle avait besoin de stabilité et elle avait besoin de Nolan, pas d'Austin qu'elle blesserait avec la découverte de son propre secret. Avec son partenaire, tout était transparent depuis le début, il savait à quoi s'en tenir avec lui, simplement. Elle toucha la peluche et lui répéta
« Elle aime les calins et puis là ... »

Elle tourna la peluche par les fesses où s'y cachait un bouton qu'elle ouvrit, laissant place à une petite place où se trouvaient les secrets d'Alice.
« Ca, c'est à moi, ... Tu as ... la preuve que je ne suis pas blonde et hum ... une dent, c'est dégueu je sais ... une photo .... »

Elle sortait quelques trucs, les montrant à Austin avant de les ranger et de fouiner dans le trou du pingouin où se trouvaient ses objets
« Tiens, tu as même un préservatif dedans ! »

S'exclama-t-elle surprise de sa découverte. Elle ne se souvenait plus l'avoir enfoui dedans, certes, c'était sans aucun doute elle qui avait fait ce geste.
« Et puis, n'oublies pas qu'il parle et renferme une partie de moi »

Elle refermait la peluche, laissant soin à Austin de chercher lui même ce qu'elle contenait, ou pas, selon s'il était curieux d'en apprendre plus sur la jeune fille qui lui tournait le dos pour se jeter sur le lit.
« On joue à sauter sur le lit? »

N'attendant pas la réponse de son amoureux, elle se leva et se mit à sauter sur le lit, riant aux éclats telle une enfant abandonnée dans son monde féerique

Je la serrais contre moi, marquant ainsi la fin de ma lutte. Je n'en pouvais plus et je n'avais pas la force d'essayer de la récupérer. Elle avait choisi Nolan parce que je l'avais forcé à m'abandonner, je lui avais demandé de partir et aujourd'hui... je le regrettais ! Mais mon silence valait mieux autant pour elle que pour le reste de la maison. Le oops du dernier prime avait mis en avant notre quatuor de manière assez... flagrante et c'était aujourd'hui évident que deux couples s'étaient formés dans la maison : Alice et Nolan, Cassandre et moi. Je n'allais pas tout foutre en l'air par égoïsme si tel était son choix, je me contenterais malheureusement de Cassandre qui, j'en étais sur, saurai me faire oublier la belle Alice avec le temps. Elle me confia quelque secret, me montra quelques images de son passé et j'en souris. Elle ne semblait pas vouloir me quitter, pourtant. Je la regardais avec tendresse, comme un père regarde son enfant. Elle était excitée, elle était heureuse, je le sentais... j'en souffrais. Elle se mit alors à vouloir jouer, je l'observais, harquant un sourcil, serrant sa peluche contre ma poitrine.

Je n'ai pas très envie de...

prononçais-je à voix basse, m'asseyant à même le sol.

... m'amuser. Désolé.

Néanmoins, mes yeux ne la quittaient plus. Elle, beauté perdue que j'avais laissé s'égarer dans la forêt sans protection. Aujourd'hui, elle avait préféré l'étreinte chaude du loup que celle du chasseur, elle n'était plus à moi, elle n'était plus pour moi et, consciemment, je comprenais que je ne la méritais plus. En tailleur, je fixai le pinguin en soupirant. Il était le seul souvenir de nous que j'emporterai, que je chérirai.

Alors qu'elle sautait sur le lit, il lui dit qu'il n'en avait pas envie, ss'asseyant à terre, il la regardait, malheureux, serrant la peluche sur son coeur. Elle s'arrêtait, se laissant retomber, elle s'approcha de lui, se mit à genou face à lui, levant son menton, elle déposait ses lèvres sur les siennes
« Je suis sûre que tu préfères celle de Cassandre, après réflexion?! »

Elle posa ses mains sur ses genoux et le regardait, espérant un sourire, espérant un mot, se demandant s'il était prêt à parler, apparemment pas, comme elle, il n'avait pas envie que la maison soit au courant de ses frasques, il ne croyait pas en la puissance de la peluche, elle soupira.
« Tu sais, quand je suis seule, j'aime beaucoup porter Pingu - oui parce qu'il s'appelle Pingu - je le câline, il est tout pour moi ... Depuis que je suis petite, il a su m'écouter, me réconforter, m'aider, me faire sourire, il a était là pour effacer mes larmes ... ici aussi en fait »

Il n'était pas sans rappeler qu'Alice avait de nombreuses fois pleuré dans la maison, elle posa ses fesses sur le sol, s'asseyant en tailleur face à lui, approchant ses mains de son visage, elle tira doucement sur le micro pour le retirer, elle l'avait faite à de nombreuses reprises, elle retira ensuite le sien, l'éteignit et le posa un peu plus loin d'eux. Elle se releva et dansait devant la caméra, enleva son gilet et la couvrit, se retournant vers Austin, elle lui signalait
« Maintenant nous sommes coupés du monde, toi et moi »

Fière d'elle, elle se dirigea vers la porte pour empêcher quiconque d'entrer, ils étaient seuls, lui et elle, en toute impunité.
« Je ne vais pas te violer, ne t'inquiètes pas »

Elle se recoucha sur le lit, attendant des confessions.

La magie nous entourait. Alice rendait mon monde merveilleux, teinté de couleurs pâles et rosées. C'était doux, confortable et délicieux. Elle s'assit face à moi, déposa même un tendre baiser sur mes lèvres et tenta de me détendre. Ce ne fut pas chose facile, mais ses remarques vinrent à bout de mes angoissent, de ma tension. Je parvins même, après avoir vu Alice m'enlever mon micro, à me détendre un peu. Elle s'installa sur le lit, me fixant en souriant doucement. Etions nous vraiment seuls ? Personne ne pouvait plus nous entendre ? J'en doutais. Cupidon nous avait fait comprendre par le oops que toute confession n'était pas toujours bonne à dire. Néanmoins, j'avias un poids si lourd sur le coeur qu'il m'était parfois dur de respirer. Toujours assis, je la regardai un instant, puis, montai le pinguin devant mon visage et lui souris péniblement. Elle avait raison, il était temps que je me confie un peu. Je posai alors Pingu sur mes jambes croisées et levai mon visage vers Alice, plantant mon regard dans le sien.

Te rappelles tu ?

commençais-je doucement.

Il y a peu de temps en arrière, tu me demandais comme faire lorsqu'on aimait une personne mais qu'on savait que ce n'était pas réciproque.

Je la regardai en souriant. Peut-être ne s'en souvenait-elle pas, moi je savias parfaitement ce que nous avions partagé ce jour là. Je me rappelais de chaque instant en sa compagnie, de chaque moment avec elle et de chaque phrase prononcée pour elle.

C'est à mon tour aujourd'hui...

lui confiais-je alors

de te demander comment faire.

Alice avait fait en sorte d'être dans un monde parfait, elle savait qu'il serait plus détendu, qu'il lui parlerait plus franchement, du moins, elle l'espérait. Allongée sur le lit, elle avait le visage tourné vers lui, il jouait un instant avec la peluche, elle se mit à rire. Sérieusement, il lui renvoyait un souvenir, puis cette question qu'elle lui avait posé
« Je m'en souviens et je ne pourrais te demander la même chose ... En es-tu certain? Que ce n'est pas réciproque? Et puis je te donnerais le même conseil : dis le lui »

Elle se redressa, posant ses mains sur ses genoux et baissa les yeux, ajoutant tout bas
« Même si je suis certaine qu'il t'aime »

Etait-elle vraiment conne? Surement. Elle pensait là à Cassandre avec lequel elle l'avait trouvé fou amoureux. Enlacés chacun d'eux dans les bras l'un de l'autre dans la cabane, elle s'était enfui dans les bras de Nolan, et puis ils avaient remis le couvert lors du prime, jalouse, elle n'avait pas cherché, il n'était plus pour elle.

Elle venait de me faire comprendre clairement qu'elle ignorait tout de mes sentiments, pire encore, elle venait de me faire réaliser combien elle pensait que j'aimais Cassandre. Pouvais-je lui en vouloir après le cinéma que nous avions fait tous les deux ? Après le prime ? Après le reste ? La cabane ? Je soupirai. Elle avait raison sur un seul point, le lui dire m'aurait soulagé. Mais je ne pouvais plus revenir en arrière. Alice ne m'aimait plus, Alice ne me regardait même plus. Elle était juste heureuse de me compter parmi ses amis. Un arrangement que je pensais voir comme arrangeant au départ et qui me tuait finalement. Etais-je assez fort pour être à elle sans pour autant lui appartenir entièrement ? J'étais amoureux d'Alice. Je l'étais depuis notre première rencontre, et aujourd'hui, je me rendais enfin compte que ces sentiments que je croyais avoir avortés dans l'oeuf étaient bien réels et bien là. Déchirant ma poitrine, brûlant mon estomac et saignant mon coeur. Je baissai les yeux... Elle ne comprendrait pas, elle ne savait pas. Alors... Je regardais la peluche, lui sourit en coin.

Je t'aime !

lançais-je à mi-voix

La peluche ne me répondit pas, je restai un moment silencieux. Puis, souriant, je relevai mon visage vers Alice en éclatant de rire le plus franchement que je le pouvais.

Je t'avais bien dis que ce n'était pas réciproque.

lui avouais-je en riant doucement

Austin était un homme qu'Alice ne comprenait plus, il l'avait repoussé, elle lui avait demandé, quelques jours plus tôt, de lui dire sincèrement ce qu'il souhaitait, s'il décidait qu'elle devait partir, elle le ferait. Sans un sourire, il lui avait ordonné de partir, elle avait répondu à son appel, le laissant tomber pour ne plus se retourner. Aujourd'hui, la voyant dans les bras de Nolan, il ressentait une once de jalousie, il ne savait pas ce qu'il voulait, elle était peinée. Alors qu'il leva Pingu face à son visage, lui lançant à mi-voix un je t'aime sans confession, attendant en silence une réponse et finalement reposer la peluche en avouant qu'il était persuadé que ce n'était pas réciproque. Elle rit.
« Pingu n'a pas besoin de le dire pour aimer quelqu'un, au fond de lui »

Elle restait allongée là, le regardant, jouant alors avec ses pieds qu'elle tentait de rapprocher de son visage. Souple. Alice ne l'était pas

Je n'avais pas le droit d'espérer la retenir encore, la reprendre à Nolan. Je ne voulais plus être la cause de tant de chaos, elle méritait cent fois mieux que moi. J'étais indécis, complètement paumé et mon esprit était trop complexe pour que je lui trouve une place stable au milieu de mes problèmes. Je devais gérer ma vie autrement, aujourd'hui, apprendre à ne compter plus que sur certaines personnes et à en laisser d'autres de côté. J'avais demandé à Alice de me quitter, définitivement, et elle l'avait fait. Je n'avais pas le droit de me rétracter encore une fois. Je souris en coin, ris même un peu lorsqu'elle rit à son tour. Et puis, je calai mon visage contre le mur, regardant en l'air en baillant aux corneilles. Avant de la regarder à nouveau avec un air espiègle.

Tu crois qu'il accepterait un premier rendez-vous ?

lui demandais-je, taquin

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