Elle s’ennuie, elle ne sait plus quoi faire, et ça commence à la ronger, elle a l’impression qu’elle va finir par exploser. Hier elle a passé une après-midi à retenir les prénoms de tout le monde et ce matin, cette activité n’a plus lieu d’être, il semblerait que sa mémoire ne lui a pas fait défaut. Elle est dans la cuisine, appuyée sur le plan de travail, se creusant la tête pour trouver quelque chose qui pourrait l’occuper suffisamment longtemps. Finalement d’un pas décidé elle se dirige vers le frigo, l’ouvre et pose sur la table tout ce qui se trouve à l’intérieur. Elle commence à ranger les aliments par couleur, et regardant son œuvre, elle se rend compte que ça ne lui plaît pas. Tout est de nouveau posé sur la table tandis que la porte s’ouvre, ce qui fait automatiquement apparaître un sourire sur le visage de la blonde. « Salut … Mallaury. C’est ça, j’ai bon ? Je me suis entraînée hier à retenir les prénoms de tout le monde. » Elle espère ne pas s’être trompée, sinon ça remettrait en question tout son travail de la veille. « A toi, devine qui je suis ! » Il ne le savait probablement pas, mais ce petit jeu l’amusait beaucoup. « Et si tu te demandes pourquoi j’ai sorti tout ce qu’il y a dans le frigo, je m’ennuyais c’est tout. Je cherche à un moyen d’organiser tout ça. Qu’est-ce que tu penses d’un rangement par date de péremption ? J’avais pensé à le faire par couleurs, mais ça me plaisait pas au final. Mais si tu as une meilleure idée, je suis preneuse aussi. » Elle fronce les sourcils, réfléchissant à un meilleur moyen avant que ses yeux ne retrouvent ceux du jeune homme. Un grand sourire s’affiche sur ses lèvres, elle penche la tête pour l’observer en attendant sa réponse. « T’as une tête différente comme ça. » Ah mince, elle ne voulait pas le dire à voix haute. Sa tête retrouve sa place normale, comme si de rien n’était.

Ce frigo est en train de lui prendre la tête. Elle pourrait bien passer toute la journée à essayer toutes les combinaisons possibles pour essayer de le ranger correctement. Il faut qu’elle s’occupe l’esprit et les mains, c’est comme ça, c’est toujours comme ça, elle ne peut rester à rien faire. Et c’est pour cela que le frigo est son actuelle victime, avant qu’un candidat ne croise son chemin et qu’elle ne se mette à parler, à trop parler. C’est d’ailleurs le cas à présent quand elle aperçoit un jeune homme qui vient de faire, à son tour, son entrée dans la cuisine. C’est également l’occasion pour elle de tester sa mémoire et de voir si tout le temps qu’elle a passé hier à retenir les prénoms de tout le monde n’a pas servi à rien. Elle croit s’adresser à Mallaury, et elle ne s’est pas trompée. « Oh c’est pas grand-chose tu sais. » Son sourire ravie trahit sa véritable pensée. McKayla n’est pas spécialement fière de nature, mais ça lui fait plaisir qu’il se dise être épaté. Mais maintenant c’est à lui de l’épater, elle a envie de faire un petit jeu. Est-ce qu’il peut deviner son prénom à elle ? Elle pense que ce ne sera pas le cas, étant donné que c’est aujourd’hui la première fois qu’ils s’adressent la parole. Maddy, c’est comme cela qu’elle s’appelle selon lui, ce qui lui arrache un léger rire. « Bon t’avais au moins la première lettre de juste. C’est déjà pas mal. Mais c’est McKayla moi. » Maddy elle voit bien qui elle est mais selon elle, elles n’ont en commun qu’une couleur de cheveux. Elle en vient alors à lui exposer son idée de rangement, qu’il approuve. « Ah tant mieux, parce que ça commençait à me prendre la tête. C’est quand même tout un travail. J’avais aussi pensé à le faire par marques, comme dans les magasins tu vois. Même par formes, mais ça aurait été plus compliqué. » Elle fronce les sourcils, ça n’a pas d’importance ce qu’elle est en train de dire, elle s’en rend compte au fur et à mesure que les paroles sortent de sa bouche. Elle hausse les épaules et s’active à ranger le frigo par date de péremption comme prévu. Elle s’arrête un instant pour regarder Mallaury, penchant la tête pour l’observer. C’est qu’il a l’air différent vu sous cet angle. Elle redresse la tête et lui fait part de sa pensée. Il lui demande s’il est plus beau comme ça, elle remarque au passage qu’il la vouvoie. « Pourquoi tu me vouvoies ? T’es pas beaucoup plus vieux que moi je pense. » Ou alors c’est une question d’éducation, mais dans son esprit ça ne fonctionne pas de cette manière. « Non moi je trouve que c’est tout le temps beau, t’es juste différent comme ça, je pourrais pas te l’expliquer. Tu devrais pas penser de cette manière. » Dans son monde où tout est rose et tout est beau, elle pense que tout le monde est beau, ou d’une certaine manière en tout cas. « Sur une échelle de 1 à 10, combien tu te donnerais ? » Elle pose beaucoup de questions d’ordinaire, mais il lui donne matière à s’exercer. Simplement, elle n’aime pas que les gens soient dans cet état d’esprit, ça ne lui plaît pas.

Elle fait beaucoup de choses lorsqu’elle s’ennuie, parfois des choses totalement inutiles. Hier elle avait cependant utilité son trop plein d’énergie à bon escient et connaissait désormais les prénoms de tous les candidats, ce qui n’était pas négligeable. Mais elle s’en moquait de savoir que certains n’avaient aucune idée de son prénom, surtout si elle ne leur avait jamais adressé la parole comme à Mallaury. Au fond Maddy, McKayla, c’était un peu semblable non ? Non, maintenant qu’elle y repensait mis à part le ‘m’ en début de prénom, la sonorité n’était absolument pas la même. « C’est pas grave, maintenant tu le connais comme ça. » La blonde lui offre un grand sourire, elle s’en moque, ce n’est pas grave. Elle enchaîne ensuite sur le rangement qu’elle a prévu pour le frigo. On pourrait se demander pourquoi elle y tient tant, pourquoi elle semble vouloir y passer toute sa matinée. La réponse est bien simple : elle s’ennuie, et quand McKayla s’ennuie elle fait tout ce qui lui passe par la tête, et là, maintenant ce qu’elle voulait faire c’était ranger les aliments par date de péremption, ce qui n’était pourtant pas une activité des plus amusantes. Mais Mallaury, lui trouvait que c’était une bonne idée, alors elle estimait qu’il y avait une part de légitimité dans ce qu’elle était en train de faire. Il lui parle d’ailleurs d’aller ranger sa penderie par couleurs, sans oublier de préciser que c’était une blague, ce qui lui décoche un léger sourire. « Oh non mais ça me dérangerait pas ! Si un jour je m’ennuie, je saurais vers qui me tourner. Parce que tu sais je m’ennuie souvent, donc si t’as un truc que tu veux pas faire, même tu peux me demander. » Elle fait un peu toutes les tâches ingrates, comme la vaisselle par exemple, ça ne la dérange pas parce que ça la tient occupée. La serpillère aussi ça l’occupe. Elle n’est pas maniaque, loin de là, simplement elle ne supporte pas de rester à ne rien faire. C’est maladif chez elle. Peu importe, elle fait remarquer à Mallaury qu’il n’est pas obligé de la vouvoyer, ce pourquoi il s’excuse. « Pourquoi tu t’excuses ? T’as pas à t’excuser pour ça, c’est pas grave. » Elle comprend que ça doit être dans son éducation, ou quelque chose comme ça, elle ne sait pas trop, elle ne lit pas dans les pensées, même si elle aimerait bien et qu’elle essaie parfois. Ce qu’elle devrait sans doute garder pour elle. Puis, elle fait remarquer au jeune homme qu’il a l’air différent lorsqu’elle penche la tête, parce que c’est la vérité. Elle n’a pas réellement pensé à la question de sa beauté, elle le trouve mignon de toute manière, beau même. « Oui c’est vrai, je suis myope, mais je porte des lentilles. Des lunettes le soir quand mes yeux sont trop fatigués, cela dit. » Mais ce n’est pas le sujet, elle s’égare. « Enfin c’est pas ce que je voulais dire à la base. T’es loin d’être moche. Et puis un ? Sérieusement ? Tu peux pas avoir aussi peu d’estime de toi. Moi je te donne un huit, allez un sept ou un six, même si ça peut te faire plaisir. » Quand même, et heureusement que la note n’était que sur dix. Elle se demandait même si elle avait autorisé les nombres négatifs, s’il ne se serait pas mis moins mille. Au moins jusque-là, oui. Elle penche la tête une nouvelle fois, pour observer sa tête de travers, et lance un grand sourire lorsqu’elle entend sa remarque. « Oh non c’est gentil, ça me prendra pas longtemps tu sais. » Disons qu’elle aime faire les choses seules, après elle a l’impression d’avoir trop de temps à occuper, et puis elle va vite de toute manière. « Hé, dis, tu viens d’où toi ? » Ca n’a aucun rapport, mais c’est soudainement la question qui lui vient en tête.

Ranger le frigo, faire la vaisselle, passer la serpillère, c’est autant de choses qu’elle fait pour ne pas céder à l’ennui. Elle, ça ne la dérange pas, parce que c’est un moyen comme un autre de s’occuper. En soit, la poussière ne la dérange pas plus qu’à un autre, mais elle a besoin de faire tout cela pour utiliser son énergie à bon escient. Alors elle pourra bien ranger le dressing de Mallaury par couleurs, si c’est ce qu’il souhaite, s’il pense que c’est nécessaire, elle s’en occupera quand elle n’aura rien à faire, même si pour le moment elle a déjà un planning chargé. Sauf qu’il ne semblait pas réellement le vouloir. Oh c’était dommage, ça l’aurait sans doute beaucoup amusé de voir la garde-robe du jeune homme. « C’est comme tu veux, mais tu sais moi ça m’aurait amusé plus qu’autre chose. » Enfin, il ne le voulait pas, elle n’allait pas non plus insister pour ranger ses affaires, elle serait bien la seule à le faire. Il lui dit d’ailleurs avoir l’impression qu’elle en fait beaucoup dans le nid. « Oh je pense juste que c’est parce que je laisse pas le temps aux autres de le faire tu sais. Mais ça me dérange pas, vraiment, ça fait passer le temps. » Il ne fallait pas la plaindre pour toutes les choses qu’elle faisait pour ne pas devenir complètement folle. Le jour où elle en aurait marre, elle arrêterait d’elle-même. Ce qui n’était, sans doute, pas prêt d’arriver. Laissant de côté ce sujet, elle revient sur quelque chose qui l’a interpellé, à savoir qu’il ne semble pas avoir beaucoup d’estime de lui-même. Elle estime que sa vue n’est pas la problème ici, car même si elle est myope, sa vision est corrigée par ses lentilles de contact. Le réel problème ici, était le manque de confiance évident du jeune homme, qui d’ailleurs s’excusait d’avoir pu questionner sa vision. « Ah, mais ne t’inquiète pas, je ne l’ai pas pris comme une critique. » Il ne faut pas qu’il s’en fasse pour si peu, ce n’est pas de sa faute si sa vision est terrible. Celle de Mallaury doit sans doute être pire que la sienne pour qu’il se voit d’une telle manière en tout cas, il n’est pas moche, elle lui donnerait même un huit, enfin un peu moins pour lui faire plaisir, car elle est persuadée qu’il n’acceptera pas sa note. Et selon lui, six c’est encore beaucoup trop. « Non, non c’est pas beaucoup trop, c’est toi qui te sous-estimes. Cinq, tu veux un cinq ? J’irai pas plus bas. » Elle a l’impression de faire son marché, pour une simple histoire de note. Mais il faut aussi qu’il se rende compte qu’il n’est pas aussi moche que ce qu’il pense, même si elle a bien conscience que ce n’est pas elle qui le fera changer d’avis à ce sujet, mais elle essaie comme elle peut. En tout cas, elle n’a pas besoin d’aide pour ranger le frigo, elle s’active depuis tout à l’heure, et il ne lui faudra maintenant plus longtemps pour venir au bout de cette tâche. « Ah oui bien sûr, prends-en de la graine. » Elle dit cela sur un ton hautain, comme pour se donner plus d’importance qu’elle n’en a. Bien entendu, elle plaisante, il doit savoir aussi bien qu’elle comment classer des aliments selon une date précise. Examinant les différents emballages, elle lui pose une question qui n’a absolument aucun rapport, mais dont elle est curieuse de connaître la réponse. Il vient donc de Cork, en Irlande, ce qui lui fait ouvrir grand les yeux. « Oh, Cork, je connais ! Je l’ai vu dans Heroes, tu regardes Heroes toi ? Et d’ailleurs t’as vu mon prénom ça sonne un peu Irlandais comme ça commence par Mac. C’est joli l’Irlande sinon ? J’y suis jamais allée. » Il faut dire que ses parents ne roulent pas sur l’or, et elle non plus, et elle n’a jamais mis un pied en dehors du continent américain. Elle pouffe lorsqu’elle l’entend lui demander si elle vient d’un pays nordique. « Ah non pas du tout, je suis Américaine, je viens de Baltimore plus précisément. Mais c’est un peu dans le Nord des Etats-Unis, on peut dire. » Pour qu’il ne se sente pas totalement idiot de lui avoir posé cette question, parce qu’elle sent qu’il pourrait se sentir gêné pour si peu. Cela dit, ce n’est pas totalement au nord, mais on fera comme si de rien n’était.

Ca ne lui pose réellement aucun problème d’effectuer toutes ces tâches, il ne faut pas s’en faire pour elle. Elle ne fait que ce dont elle a envie. Et ranger le dressing de Mallaury par couleur aurait presque tendance à lui faire plaisir, si elle peut mettre son énergie au service des autres. Sauf qu’il ne veut pas, et elle ne compte pas le forcer. Selon lui il n’y aurait de toute manière pas de quoi faire, parce qu’il ne possède que très peu de vêtements de couleur. « Oh c’est trop triste. Tu pourras porter des vêtements colorés un jour tu crois ? Pour me faire plaisir. » Elle lui offre son plus beau sourire dans l’espoir que cela fonctionne. Pourquoi, aurait-il spécialement envie de lui faire plaisir de toute manière ? Elle ne sait pas, elle sait simplement que ça ne coûte rien de demander. Elle est certaine que ça égayera déjà un peu plus son visage. La blonde, elle, en tout cas affiche un large sourire lorsqu’il lui dit qu’ils ont de la chance de l’avoir ici. « Oh c’est gentil ça. » Et pour le moment ça lui suffira pour décréter qu’elle l’aime bien Mallaury. Même si, il a encore des choses à revoir, comme l’estime de lui par exemple. C’est terrible d’avoir si peu de confiance en soi, ça ne doit pas être évident à vivre tous les jours pour lui. Et il mérite au moins un cinq sur dix, elle n’en démordra pas, quoi qu’il puisse en dire. « Oui mais il faut le dire avec conviction hein. Va falloir travailler sur ça. » Mais clairement, ce n’était certainement pas elle qui réussirait à changer quoi que ce soit. Cela dit, elle espérait qu’il puisse changer un jour. En plus de cela, elle savait désormais qu’il vivait à Cork en Irlande, ville dont elle avait déjà entendu parler dans la série Heroes, pour l’avoir déjà regardé plusieurs fois. Sauf que lui n’en a jamais entendu parler. « Mais tu regardes jamais la télé ? » Certes, il y avait d’autres séries plus connues, mais pas selon elle. « C’est une série télé. Ça parle de gens qui ont des pouvoirs extraordinaires. J’aurais bien aimé en avoir un moi aussi. » Bien entendu, elle ne croit plus trop à la magie, mais ça ne l’empêche pas d’espérer parfois. Quant à l’Irlande, elle n’y a jamais mis les pieds, sauf pour son casting, mais elle n’a jamais réellement eu le temps de visiter. « Dis, tu pourras me faire visiter un jour ? » Puisqu’il disait que c’était un pays magnifique, elle voulait le voir de ses propres yeux. Et elle venait de demander ça à quelqu’un qu’elle connaissait depuis simplement une dizaine de minutes, c’est quelque chose qu’elle fait McKayla. Elle hoche ensuite la tête à la question de Mallaury. « Oui c’est ça. C’est joli tu sais, tu devrais venir visiter un jour. » Comme s’il n’avait que ça à faire oui, il y avait bien d’autres villes à visiter avant de faire escale à Baltimore de plus. Elle range le dernier paquet dans le frigo et se tourne vers le jeune homme, un grand sourire aux lèvres, qui lui demande si elle cuisine. « Oh oui, j’aime bien cuisiner. Je suis pas plus douée qu’un autre, mais ça me fait plaisir. » Il n’y a pas réellement de quoi s’extasier devant ses talents culinaires, mais elle apprécie faire la cuisine. « Au fait ! J’ai oublié de te demander ton métier. » Et c’est important pour que McKayla puisse cerner les gens qui l’entourent.