~ Eryk

C'était de plus en plus dur. Pas le fait d'être enfermée avec trente et une personnes. Non ça à force on s'y habitue. Enfin, on apprend à vivre avec. C'est juste que.. je ne pensais pas que la dépendance allait être si présente, si rapidement. Je devais faire gaffe, je n'avais pas d'autres choix de toute manière. Seule la cigarette réussissait à me faire penser à autre chose. Je sais que ce n'est pas la meilleure solution. Combattre une drogue contre une autre. On a vu mieux comme rémission. Je ne suis pas un exemple à suivre, ça je pense que les candidats tout comme les spectateurs l'ont remarqué depuis le dernier prime. Je ressasse le passé. Je n'aime pas le faire. Mais dans ce genre de jeu il est difficile de se projeter dans l'avenir. Ne sachant pas ce que nous ferons le lendemain, où nous serons la semaine d'après. Tout est incertain. Cela peut paraître effrayant et ça l'est. En tout cas pour moi. Je ne peux pas dire que j'aime cet endroit. Mais je commence à y prendre mes aises et j'aime avoir le contrôle de la situation. Ce qui vient au fait que les maths, la sciences me manque. J'ai pas arrêté de chercher un endroit calme où je pourrais me poser et réfléchir à des questions, des thèses impossibles à résoudre. Inventer des formules. Créer un nouveau système solaire. C'est impressionnant comme c'est facile de créer des choses dans son esprit, des situations, des mondes. Rien n'est réel. Tout est dans la tête. Je ne pense pas trouver une formule mathématique dans la cave. Mais n'ayant jamais eu l'occasion de la visiter et cherchant une bouteille de vin.. je me disais que c'était le lieu prédestiné. J'ai eu tort. Par chance j'avais pris ma lampe de poche. Je marche doucement, je ne sortirais pas de là sans ma bouteille. J'entends quelques pas derrière moi. Me retourne et me met en position d'attaque, ma lampe de poche faisant office d'arme. Je remarque très vite que ce n'est autre que mon binôme. Le rigolo de service. Eryk. Je soupire et le tape finalement. "Mais ça va pas. J'aurais pu te faire mal!" dis-je très sérieusement. "Tu me suivais?"

Je ne sais pas quoi faire. Je m’ennuie. Du coup, je me demande qui je pourrais bien embêter. C’est une de mes occupations favorites. Faire chier mon monde. Alors quand je vois ma chère partenaire se faufiler dans la cave, je décide de la suivre. D’autant que je suis intrigué, qu’est ce qu’elle peut bien aller faire là bas ? Il n’y a pas grand-chose à voir. C’est un euphémisme de le dire d’ailleurs, dans la mesure où on est souvent dans l’obscurité la plus totale. La lumière n’éclaire pas grand-chose, et ça c’est quand elle marche, ce qui est assez aléatoire. Je pense me faire discret, mais faut croire que non, Ana se retourne vivement, et pointe sa lampe torche vers moi, en position d’attaque. Je lève immédiatement les mains en l’air. « J’ai rien fais, je suis innocent, tirez pas ! Je suis trop jeune pour mourir. » Oui oui je suis trop jeune. Attendez, 33 ans, ce n’est pas un âge pour claquer. Non moi je compte bien vivre jusqu’à 100 ans, minimum. Elle me tape finalement, déclarant qu’elle aurait pu me faire mal. « C’est mignon de croire que tu pourrais me faire mal. » Halala. « Si je te suivais ? Noooon pas du tout. J’avais juste envie de faire un petit tour dans la cave. C’est un endroit tellement paisible tu trouves pas ? » Que je dis innocemment. Bon, je ne dois duper personne. « Et toi qu’est ce que tu fais là ? T’es venue cacher le corps d’un des candidats ? » Qu’elle aurait tué. « Personnellement, je te conseillerais plutôt la falaise, c'est plus efficace. » Hop, on le balance dans le vide, et l'océan jouera son rôle.

A force de trop vouloir être drôle, je me demande bien s'il ne s'ennuie, s'il ne se fatigue pas lui-même ? C'est une véritable question que je me pose en ce moment. En fait il n'a jamais grandi, le pauvre... Quoi qu'en y réfléchissant bien cela doit avoir ses avantages, forcément, il y en a toujours. Je continue de le fixer, ma lampe de poche éclairant toujours son visage. Oui j'attends qu'il parle, qu'il continue, qu'il s'explique. C'est comme un interrogatoire, sauf que nous nous trouvons dans une cave mal éclairée, où si nous cherchons bien nous pouvons être sûr d'y trouver de l'humidité. Q u'il fait froid, que je n'ai rien d'une policière et lui... je ne vais pas continuer. « Je pourrais te faire mal. » dis-je un peu plus froidement que d'habitude. «Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas ce que j'ai vécu ou... » Je préfère me taire, ne pas trop en révéler, car ce serait lui faire confiance et je ne peux le faire pour l'instant, tant bien même c'est mon binôme. « Après c'est sûr qu'il faudrait que je te prenne par surprise pour que tu puisses véritablement avoir mal. » Je ne suis tout de même pas naïve. Vu sa carrure et vu la mienne. Pas besoin de calculer pour savoir que je ne suis qu'un chimpanzé et lui un gorille. Ses petites insinuations me surprends tout comme elle m'interroge. J'ai une aussi mauvaise réputation ? Ou je ne comprends vraiment pas le second degrés ? Lorsque ce n'est pas le mien c'est plus dur de le discerner. « Je n'ai jamais pensé à ça... Cacher les corps. » dis-je en baissant ma lampe en direction de son torse. C'est vrai que c'est plus malin. « Mais ce n'est pas pour ça que je suis là. Je viens chercher du vin. » dis-je très sérieusement. "tu veux chercher avec moi? J'aimerais bien du rouge, mais si tu trouve du rosé..."

 « Je pourrais te faire mal. » Qu’elle me dit limite froidement.  «Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas ce que j'ai vécu ou... » Peut être. Même si je suis le candidat qui doit en savoir le plus sur elle par ici. Bien que connaître son secret ne veut pas pour autant dire la connaitre elle. Bon ceci dit je parlais au niveau de la force physique là. Entre elle et moi niveau carrure y a quand meme pas photo. ” Mais je ne demande que ça te connaitre.” que je lui rétorque. « Après c'est sûr qu'il faudrait que je te prenne par surprise pour que tu puisses véritablement avoir mal. » Oui là elle aura déjà plus de chances. ” De toute façon, je vois pas pourquoi on parle de ça, puisqu’on ne bat pas son partenaire. Encore moins quand il est aussi exceptionnel que celui que t’as.” Donc bon. Bref, je parle de cacher les corps de candidats qu’elle aurait tuer. ” Et bien tu devrais y penser la prochaine fois, si jamais un candidat t’emmerde trop. Je pourrais t’aider si tu veux.” Parce que je suis un partenaire sympa. Toujours prêt à aider. Plus sérieusement elle me parle de la vraie raison de sa presence. Elle vient chercher du vin. ”Euh d’accord, je veux bien chercher, mais je suis meme pas sur qu’il y ai du vin dans cette cave en fait.” J’en ai encore jamais vu. Bon vous me direz, vu que la dernière fois que je suis venu, j’étais dans le noir total, c’est un peu normal. Et je n’ai pas spécialement chercher dans les alentours pour voir ce qu’il y avait. Mais maintenant c’est le moment. Avançant à tatons, je commence donc à chercher si je trouve une bouteille.

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Mais tu veux me connaître pour de mauvaises raisons et c'est certainement pour ça que ça me bloque. Parce que même si je suis au courant que nous sommes dans un jeu et que la majorité des candidats pensent faire du copinage. L'idée est de discuter avec les personnes, de même s'attacher à eux. On doit être proche de notre binôme, rien lui cacher. Mais il ne m'a pas choisi. C'est un ordinateur, c'est un "Cupidon" ou plutôt une équipe technique qui a choisi pour lui, tout comme ils ont choisi pour moi. Tout est calculé pour faire du buzz. Comment je peux être sûr de sa sincérité quand on sait qu'il est là, à faire des blagues à longueurs de journée. Il ne sait pas tenir une discussion sérieuse, sauf peut-être lorsque nous avons échangés sur nos secrets... et encore. Nous sommes tellement différents que je n'arrive pas à me mettre en confiance à ses côtés. Alors oui il arrive à me décocher des sourires, comme en ce moment-même. Mais j'attends quelque chose, un signe qui me montre qu'il n'est pas que nonchalant. Je sais aussi que de mon côté je devrais faire des efforts, être plus avenante, moins distante. Mais sans cette sûreté, je me vois mal faire le premier pas. "Tu as donc décidé de jouer mon protecteur? C'est... sympa." Le sympa étant dur à dire. Je le vois par la suite s'atteler à la tâche. Il ne lui faut même pas cinq minutes pour découvrir une bouteille. Rapide et efficace. Je me dirige alors vers sa direction. Un peu trop vite, ce qui me vaut de m'empêtrer les pieds dans je ne sais quoi et de glisser littéralement sûr Eryk. Bien que je sois un poids plume, je le sens faire de même et nous voilà, tous les deux à terre. Ma première préoccupation à ce moment-là: "Tu as réussi à sauver la bouteille?" dis-je en tapotant son torse, me retrouvant, oui allonger dessus.

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