Si on écorche souvent son prénom ? Ghika ne va pas mentir, il lui arrive assez régulièrement que les gens se trompent, qu’on prononce le H comme un H, ce qui, il doit bien l’admettre, l’horripile légèrement. Guy, c’est quand même vachement ringard comme base, mais en général il suffit qu’il reprenne l’erreur une fois ou deux, trois pour les plus persistants, et les gens s’y font. « J’ai parfois besoin de montrer l’exemple, mais c’est assez aisément prononçable, je crois. » se contente-t-il de dire. Notant au passage qu’une fois qu’il est lancé, Alistair n’est pas si difficile à faire parler ou du moins qu’il n’est pas trop compliqué de tirer des questions de la bouche de son camarade. Un point qu’il garde dans un coin de sa tête, les gens silencieux sont parfois les plus dangereux, surtout dans le cadre d’un jeu où l’observation est clé. On en revient presque instantanément aux comics, et si Ghika a bien une liste de favoris, il ne peut décemment pas les lui donner pour attaquer, on pourrait croire que toutes les publications se valent, mais certaines demandent une certaine expertise. Il passe en revue celles qui sont assez abordables, pour ne pas décourager Alistair, sans pour autant l’ennuyer. « Si tu as vu les films, qui sont en dessous de la valeur du comics, j’te conseille de t’attaquer à X-Men. Il y a vraiment de grandes qualités dans cette parution. » En ayant connu un peu les films, il n’aura aucun mal à reconnaître les personnages et à se prendre à l’histoire, découvrir leur profondeur réelle, leur passé. C’est un assez bon conseil qu’il lui donne. Et puis… qui n’a jamais rêvé d’être doté de pouvoirs ? Même s’ils proviennent d’une mutation génétique ! Avant que Ghika n’ait pu tirer un trait sur son petit trip à memory lane, Alistair répond à sa question sur son job. Il n’a pas plus vague comme réponse ? Qu’est ce que ça veut dire « pas de travail fixe » ? Enfin, Ghika comprend ce que ça veut dire, mais il n’a pas une formation ? Quelque chose de concret à lui donner comme réponse ? Parce que là ça relève carrément de l’énigme et Ghika les énigmes ça l’agace rapidement. Il préfère les briser que de les garder dans un coin de sa tête. Il n’y a qu’à voir combien Tilda et lui se prennent la tête avec le labyrinthe du nid pour comprendre à quel point il aime percer les mystères. « Je suis étudiant, j’attends d’avoir mon diplôme pour me trouver un vrai job, mais en attendant j’suis barman le soir, histoire de mettre quelque chose dans le frigo, de payer le loyer tout ça. » Il avoue que barman c’est pas le job de ses rêves. Mais ça fait l’affaire pour l’instant. D’ici la fin de l’année scolaire il devrait obtenir son diplôme et réussir à trouver un emploi plus rentable. Il aurait bien aimé se dire qu’il va gagner des sommes à cinq chiffres tous les mois, mais faut pas rêver, s’il réussit à changer d’appartement , à manger convenablement tous les jours et à sortir une fois de temps en temps ça sera déjà un exploit. « Pas trop stressé pour l’annonce des nominations ? » demande-t-il de but en blanc. Il est un peu préoccupé, pas qu’il ait un sixième sens ou quoi, mais la logique veut que les plus populaires du nid échappent à la nomination –parce que personne ne veut risquer de se retrouver contre eux– et que les moins populaires ont déjà été éliminés. De façon rationnelle, Ghika se dit qu’il est quand même dans la moyenne haute du nid et que même s’il est nominé il devrait avoir ses chances de rentrer... mais au fond il préfèrerait éviter de tester le goût de la nomination aussi tôt dans l’aventure. Enfin… Cupidon annoncera les résultats dans une paire d’heure, il ne peut plus rien faire pour y changer quoi que ce soit, alors autant attendre sans se prendre la tête.

Il pourrait lui poser une question en rapport avec l’histoire plutôt mouvementée de son prénom, mais il préfère opter pour une question sur la prononciation de celui-ci. Lui-même ne veut pas s’essayer à l’exercice, il a bien trop peur de s’y casser la figure, même s’il ne peut pas le massacrer autant qu’Andreja pourrait le massacrer. Autant éviter d’agacer son camarade maintenant, eux qui sont sur une si bonne voie pour l’instant. Ainsi, ce n’est pas un gros problème à en croire son camarade. Bien, tant mieux pour lui. Il ne rebondit pas plus sur l’histoire de son prénom parce qu’il ne sait tout simplement pas sur quelle matière rebondir. Et puis, ils en viennent à parler de comics, un truc qui a l’air d’être une passion pour Ghika – du moins Alistair l’interprète comme cela. Lui ne s’est jamais découvert une passion pour cette forme d’art, même s’il ne faut jamais dire jamais. Il prend quand même note de l’idée et demande même des conseils à son camarade. Il lui conseille la série des X-Men, une bonne idée compte tenu du fait qu’Alistair a vu les films – enfin, la première trilogie, il ne s’est pas encore attaqué aux récents. « J’en prends note. » Il ne dit pas cela simplement pour lui faire plaisir, il en prend vraiment note. Quand il lui pose la question de savoir ce qu’il fait dans la vie, Alistair ne peut que lui répondre qu’il n’a pas de travail fixe. Il pourrait lui faire l’énumération des jobs qu’il occupe le temps d’un mois ou deux avant de se faire virer, mais la liste serait beaucoup trop longue. Alors il se contente de retourner la question à son camarade qui, lui, est toujours aux études bien qu’il soit barman à côté de cela. « Tu fais quoi comme études ? » Il demande et sans être faussement intéressé. La réponse l’intrigue tout particulièrement. Il n’a pas eu la chance de faire des études, du moins pas plus poussées que l’obtention de son A-Level et il doit reconnaître que c’est quelque chose qui ne lui aurait pas déplu. Mais les circonstances ont voulu qu’il opte pour un autre chemin qui n’était pas compatible avec les études. À vue de nez, il est bien incapable de deviner de quelle matière universitaire Ghika excelle, même si son sixième sens pencherait pour une branche en rapport plus ou moins direct avec la psychologie. Enfin, il se gardera bien de lui dévoiler son hypothèse. Son camarade change ensuite de sujet pour évoquer les nominations. « Pas plus que ça. » Il déclare en haussant les épaules. La semaine dernière, il avait des raisons légitimes de craindre pour sa peau grâce à l’implication plus que minime de sa partenaire au sein du jeu. Cette semaine, s’il est nominé, il sait qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui et à son mauvais caractère et cette raison ne provoque par le moindre stress chez lui. Même si, bien évidemment, ce serait mentir que de dire qu’il n’a pas une pointe d’appréhension à l’idée de découvrir les nominés de la semaine. « Tu es du genre à stresser pour ça, toi ? » Alistair ne nie pas être parfois pris d’une légère crise d’angoisse, mais c’est généralement pour des raisons un peu plus importantes qu’une potentielle élimination. Certes, aux yeux des gens qui sont dans ce nid ce dernier motif peut être une très bonne excuse pour stresser, mais lui ne voit pas cela comme une raison suffisante pour se prendre la tête. Peut-être que Ghika, si. C’est bien pour en savoir plus qu’il lui pose la question.