w/eryk

Il s’apprête à prendre les escaliers pour monter à l’étage quand son regard s’arrête sur l’ascenseur. Il s’est décidé à le prendre une première fois la semaine précédente et finalement l’expérience s’est avérée moins dramatique que ce à quoi il s’attendait, bien qu’il soit resté coincé un certain temps avec Andreja. Autant dire qu’aujourd’hui, la solution de facilité que représente l’ascenseur l’attire quelque peu. Il jette un coup d’œil autour de lui, constate qu’il n’y a pas le moindre candidat dans les parages. C’est qu’il est prêt à prendre l’ascenseur un peu plus souvent, mais ce n’est pas pour autant qu’il souhaite se retrouver coincé à chaque fois avec quelqu'un. Il entre dans la cabine quand celle-ci arrive, mais malheureusement pour lui, à peine les portes s’apprêtent-elles à se fermer qu’un candidat franchit celle-ci in extremis. Un très léger soupir s’échapper d’entre ses lèvres, une chose est certaine, malgré son envie de prendre l’ascenseur, on ne l’y reprendra plus et il se contentera des escaliers comme il est parvenu à s’en contenter les deux premières semaines. Enfin, l’ascenseur n’est pas encore tombé en panne, si ça se trouve le voyage ne va durer que quelques secondes et ne se verra pas rallonger. C'est sans compter sur la malchance qui poursuit Alistair puisque la cage ne tarde pas à trembler pour finalement s’arrêter. « Pas encore. » Il déclare d’un air blasé tandis que sa tête vient rencontrer le mur derrière lui. Pas encore, parce qu’il pensait être tranquille cette fois en ayant déjà donné la semaine dernière concernant la crise de l’ascenseur. Sauf que c’est mal connaître la bête qui a décidé de faire des siennes, à nouveau. À moins que ce soit la production derrière un tel coup fourré, ce qui ne l’étonnerait pas. En attendant, il adresse un bref regard à son camarade Eryk, coincé dans la même galère, sans pour autant prendre la peine d’entamer une conversation. La semaine derrière, Andreja en a profité pour en apprendre plus sur lui et l’ascenseur est resté immobile longtemps, bien trop longtemps. Alors peut-être que si cette fois il fait la grève de la parole, il redémarra rapidement. Autant dire qu’il l’espère.

Il se demande bien ce qu’il a fait pour mériter une telle malédiction. Deux fois qu’il prend l’ascenseur, deux fois que celui-ci décide de jouer au capricieux. Ou peut-être est-ce un coup de la production pour le punir de ne pas être le plus ouvert des candidats et qu’ils essaient de forcer le destin. D’autant plus que cette fois-ci, il se retrouve coincé avec Eryk. Ils ne se connaissent pas vraiment, ils ont peut-être échangé quelques mots à l’occasion mais rien qui n’ait marqué l’esprit d’Alistair. La seule chose dont il est sûr concernant son colocataire, c’est qu’il est bavard. Et donc pas du genre à rester silencieux, même si les premières minutes ici lui ont laissé penser le contraire, c’est avant que la nature de son camarade reprenne le dessus et que, par conséquent, il se décide à parler. Dans l’immédiat, il essaie de résoudre le mystère du silence d’Alistair.  « Demande à Lou, il a une théorie intéressante sur la question. » Onze mots en une phrase, ça lui vaudrait l’équivalent de douze fessées (puisqu’il y a celle offerte par la maison) de la part de Lou, pour qu’il se sente ‘’comme à la maison’’. La théorie du candidat – exposée pas plus tard que la veille – consiste en effet à croire que les parents d’Alistair avaient tendance à le frapper à chaque fois qu’il avait le malheur d’ouvrir la bouche. Théorie totalement infondée, par ailleurs. Eryk évoque ensuite la possibilité d’une issue de secours, ou plutôt la possibilité de ne pas en trouver. Alistair s’en doutait déjà, lorsqu’il est resté coincé la semaine dernière il n’a pas eu le plaisir de pouvoir s’échapper d’une quelconque façon.  « Le pire ? » Il répète, pour qu’il lui donne un peu plus d’informations. Quelle est la définition du pire selon le candidat ? Alistair est en mesure de supporter beaucoup de choses, mais il préfère être fixé dès le départ sur les intentions de son camarade.  « Si tu veux parler, parle. » Quoi que, ce n’est pas s’il veut, il l’a dit lui-même, parler c’est comme respirer, c’est d’une importance capitale pour le candidat. Donc il n’a pas forcément besoin qu’Alistair lui en donne l’autorisation. « Je t’écoute. » Puisqu’à choisir, il préfère de loin le rôle de l’oreille attentive que celle du beau parleur. Et puis, si lui n’aime pas se dévoiler, il n’a rien contre le fait d’en apprendre plus sur Eryk.