w/felice

Une fois n’est pas coutume, il a particulièrement mal dormi cette nuit. Il a utilisé le lit de la loveroom – béni soit Cupidon de lui avoir permis d’y accéder dès la seconde semaine, lui permettant ainsi d’avoir un semblant de sommeil de temps en temps – qui est, certes, bien plus confortable que le canapé auquel il était habitué, mais ça n’a pas suffi. Il a sombré dans les bras de Morphée trois ou quatre heures, avant qu’il ne se réveille en sursaut, comme à son habitude. Et ensuite, plus moyen de se rendormir, il s’est contenté de tourner dans le lit comme une âme en peine, maudissant ses pensées négatives, toujours présentes quand il ne le faut pas. Il n’y a pas que cela, il y a aussi une mauvaise humeur qu’il se traîne depuis le week-end dernier. Son humeur joue un peu aux montagnes russes depuis quelques semaines, passant d’un état relativement calme à un état où il est prêt à engueuler chaque personne qu’il croise son chemin. Et cette semaine, donc, c’est la deuxième option qui l’emporte, même s’il espère tout de même ne pas s’acharner sur quelqu’un qui n’a rien demandé. Mais il est parfois imprévisible et ne peut rien promettre. Quoi qu’il en soit, comme à chaque fois qu’il est énervé, il opte pour le sport. Aujourd’hui, c’est le gymnase et son sac de boxe qui l’emporte sur l’extérieur et ses chemins. Il débarque au gymnase aux alentours de neuf heures du matin, la salle est déserte, ça n’a rien de surprenant. Ses prunelles se posent sur le sac de boxe en question et dans la précipitation, il en oublie de se protéger les phalanges, préférant enfiler directement les gants de boxe qui traînent dans un coin. Il s’acharne sur le sac durant un bon moment, il perd la notion du temps depuis qu’il est ici. Mais ça le détend. Il faut dire que la perte de sa cagnotte ne l’a pas aidé à se sentir mieux. Il n’a jamais caché que l’argent était sa seconde motivation à sa participation ici, et voir cette cagnotte – fictive pour l’instant, certes – s’effacer en quelques secondes, lui a porté un sacré coup au moral. Parce que 40’000€, c’est pas beaucoup pour certains, peut-être, mais lui, ça lui aurait permis de rembourser définitivement ses parents, de pouvoir ainsi couper le dernier lien qui l’unit à eux et surtout, ça lui aurait permis de payer un loyer durant quelques mois. Même un appartement peu luxueux lui aurait convenu, pour le simple plaisir d’avoir un chez soi et de pouvoir s’y installer. Ça lui a donné goût à une vie posée, cette aventure. Et voilà que tous ses beaux projets s’effondrent. Alors il frappe sans s’arrêter sur ce sac de boxe, jusqu’à ce qu’une douleur aux mains se fassent sentir, mais il n’arrête pas pour autant, du moins pas avant que cela lui provoque enfin une légère grimace. Il enlève les gants de boxe, réalise son erreur de ne pas avoir protégé ses mains, puisque du sang perle de ses phalanges à la peau déchirée. Bien. C’est qu’une petite blessure, mais il va s’arrêter là, et retourner au nid pour désinfecter et y mettre un pansement. Il monte jusqu’à la salle d’eau, là où il est certain qu’une trousse de premiers secours traîne, rince ses mains abimées, se passe un peu d’eau sur le visage et quand il daigne enfin relever le nez, croise le reflet de Felice dans le miroir. « Putain. » Il lance sous la surprise, sursautant par ailleurs, mettant quelques secondes avant que les idées se remettent en place dans son esprit. Un léger sourire nait même sur ses lèvres, quand il repense à sa rencontre avec Andreja dans ces mêmes lieux, dans des circonstances légèrement similaires. « Les rôles se sont inversés, c’est toi la stalkeuse, maintenant ? » Plaisanterie récurrente depuis quelques semaines, mais il n’est pas mécontent que ce soit la jeune femme qui se retrouve dans ce rôle et non lui. « Je te laisse la place dès que j’ai fini. » Ce qui ne devrait pas tarder, puisqu’il est déjà à la recherche du désinfectant dans la trousse de premiers secours. « Et sinon, tu as pensé aux propositions des autres concernant ton prochain tatouage ? C’est laquelle qui l’emporte ? » Il ajoute, avec un léger rictus. Pour une fois, ça ne leur fera pas de mal d’avoir une discussion plus légère, on ne peut pas dire que leurs précédentes l’étaient, même si elles ont fait du bien à Alistair.

Se lever est un peu une épreuve aujourd'hui, mon lit est une enceinte rassurante, un rempart contre les autres. Ici, il n'y a personne pour vous observer, vous juger ou vous importuner. La chambre hivernale est déserte et le froid des murs s'accorde avec la brise glacée qui souffle sur le nid depuis la révélation du secret de Ghika. Les candidats en ont encore froid dans le dos. Je m'étais promis de ne pas juger sur les secrets mais je ne pouvais pas rester indifférente face à tout ça. J'ai du mal à accepter la vérité, sa vérité et je me pose beaucoup trop de questions. Je préfère éviter de descendre prendre un petit déjeuner car je suis sûre que tout le nid ne parlera que de ça et je ne tiens pas à ce que l'opinion d'un de mes camarades m'influence d'une quelconque manière. Je reste dans ce lit, seule et je me mets à dessiner. L'inspiration matinale est souvent la plus forte et la plus efficace de toutes. Mes doigts caressent le papier laissant derrière eux de petites marques indélébiles qui s'unissent pour former une délicieuse harmonie. J'ai envie d'exprimer ce que je ressens à travers ma réalisation, je veux coucher mes émotions sur un bout de papier. J'y laisse mes peurs, mes angoisses et mes doutes et lorsque le dessin est fini toutes ses mauvaises pensées se retrouvent prisonnières dans une cage de papier. C'est aussi ça la signification de mes tatouages, une sorte de thérapie par la sublimation du corps par le dessin. Je ne l'exprime pas souvent, peu de gens peuvent comprendre une telle démarche. Je ne sortirai pas de ce lit avant d'avoir fini, pas avant de laisser partir toute cette incompréhension suite à la révélation du secret. Je n'en ai pas pour longtemps, mes mains dansent sur le papier plus vites qu'à leur habitude. C'est incontrôlable et c'en est presque effrayant mais le dessin est très vite terminée. Je soupire, soulagée, cette journée commence maintenant sous les meilleurs auspices. Je suis prête à descendre. Je décide de faire un petit détour par la salle de bain pour me rafraîchir. Lorsque j'ouvre la porte, Alistair est déjà là occupé à se passer de l'eau sur le visage, il ne peut pas me voir. Lorsqu'il relève la tête, il voit mon reflet dans le miroir et sursaute tout en poussant un juron. « Je ne savais pas que je faisais aussi peur de bon matin ». Je ne m'étais pas encore vu dans un miroir ce matin, alors peut être que j'étais laide à faire peur. Peut être que pendant la nuit je m'étais métamorphosée en une créature hideuse et éffrayante, je ne pouvais pas savoir. Il remarque les rôles se sont inversés et je suis désormais sa stalkeuse, j'esquisse un léger sourire. C'était devenu une habitude, une plaisanterie qu'on ressortait à chaque fois que nos chemins se croisaient. « C'est vrai, je ne vis plus que pour t'observer te passer de l'eau sur le visage ». J'ajoute ironiquement, j'étais juste venue pour me donner bonne mine après ce passage éclair dans la salle de bain. Il n'en a plus pour longtemps, la place sera bientôt libre. D'ailleurs il se met bientôt en quête  d'un objet dont il a l'air d'avoir réellement besoin. Je me rapproche pour voir ce qu'il fabrique et  me rends compte qu'il se met à fouiller dans la trousse de secours du nid d'où il sort un désinfectant. « Tu t'es bléssé ? ». Cette question est un peu idiote, il ne compte pas le boire ce désinfectant. Mais s'il est sérieusement bléssé je doute que ce désinfectant soit la meilleure solution. Pourtant en le regardant, il n'a pas l'air d'être à l'article de la mort, ça me rassure un peu.  Il finit par me demander si les idées des autres candidats pour un future tatouage m'avaient inspiré. « On va oublier l'idée du portrait du gagnant de l'émission et celle sur l'angelot et  encore moins sur la partie de mon corps en question ». J'avais déjà dit à Eryk que je ne comptais pas me tatouer son prénom à ce même endroit alors je ne comptais pas accéder à la requête des autres candidats. L'idée d'Aaron est plutôt culottée mais impossible à réaliser et la suggestion de Sacha était la plus originale mais ça n'avait aucun sens pour moi. Les idées des candidats ne m'avaient pas été d'une grande aide et puis de toute façon, je n'avais pas envie de voir apparaître un nouveau dessin sur ma peau pour le moment. « Aucune de leurs suggestions ne me donne envie, je pense que tu comprends. Je crois que je préfère rester comme ça. ». Oui c'était très bien comme ça, pas besoin de rajouter un tatouage fait sur un coup de tête que j'allais sûrement regretter plus tard. Je ne prenais pas ça à la légère.        

Ça lui apprendra, à frapper comme un forcené sur ce sac de boxe qui n’a rien demandé. Bien que le sac soit en réalité innocent et qu’il ne s’agit que d’une erreur de débutant de sa part. Il a beau préféré la course à la boxe, ce n’est pas pour autant qu’il ne maitrise pas cette seconde activité. Ainsi, il sait pertinemment qu’il faut se protéger les mains avant d’enfiler des gants et de frapper sur le sac. Chaque personne normalement constituée le sait. Lui le premier, et pourtant, il a tout de même fait l’erreur d’enfiler les gants, dans la précipitation. Mais qu’importe, ce n’est pas non plus une grande blessure, un petit coup de désinfectant et un pansement, et l’affaire sera réglée d’ici quelques jours. Après avoir rincé rapidement le sang sur ses mains, il en profite pour se rincer également le visage, ça ne peut pas lui faire de mal puisqu’il s’est malgré tout dépensé, dans ce gymnase. Il prendra une douche dès qu’il se sera rempli l’estomac, puisque c’est la prochaine étape sur sa liste, la faim n’attendant pas. Enfin, c’est le plan s’il ne meurt pas avant, puisque le reflet de Felice dans le miroir, quand il relève la tête, manque de lui provoquer une crise cardiaque. Ou peut-être pas, mais le sursaut et l’injure y sont. Elle ne savait pas qu’elle faisait si peur au réveil, qu’elle lui dit. « Oh non, au contraire. » Pardon, qu’est-ce qu’il vient de dire ? Il réalise bien vite son erreur. Enfin, erreur, il l’a complimente de façon maladroite, mais après les diverses rubriques des animateurs et les suspicions qui pèsent sur eux, il est particulièrement gêné d’aller dans ce sens-là, ainsi il ne tarde pas à se reprendre. « Enfin, non, je veux dire… » Qu’elle fait effectivement peur de bon matin, mais que ça passe quand même, il a vu pire ? Ouais. C’est irrattrapable. « Bref. » Il conclut stupidement, préférant reporter son attention sur ses mains qu’il termine de nettoyer à l’eau. Et pour le coup, il est presque ravi de s’être blessé pour ne pas avoir à prétendre vaquer à une occupation qui n’existe pas. Il fait une tentative de plaisanterie sur le fait que les rôles se sont inversés, que c’est elle dans le rôle du stalkeur. La réponse de Felice lui tire un bref sourire. « J’imagine qu’il s’agit là de la vision la plus passionnante de ta journée. » À coup sûr. Quoi qu’il en soit, il n’en oublie pas ses légères blessures et ne tarde pas à se mettre à la recherche d’un désinfectant. Sait-on jamais, il ne faudrait pas prendre de risques inutiles. La question de la candidate le surprend. C’est si évident que ça ? Plus sérieusement, il se retient de faire un commentaire sarcastique, il a pu constater que cela est parfois mal perçu, comme ce fut le cas avec Jessica lors de leur première rencontre, ainsi se tient-il à une réponse sérieuse. « Oui. » Il répond simplement tandis qu’il verse du désinfectant sur sa chair à nue, grimaçant légèrement, comme un gamin, épongeant le surplus avec le reste d’une compresse. Et puis, il réalise que sa réponse n’est pas des plus claires. Pas que Felice ait demandé des précisions, mais des réponses aussi courtes, c’est retomber dans ses vieux travers, cette brillante époque où il fallait lutter pour lui arracher la moindre phrase de plus de trois mots. « Combat acharné contre le sac de boxe du gymnase. » Il débute, se taisant ensuite l’espace de quelques secondes tandis qu’il fouille dans la trousse à pharmacie à la recherche de pansements. C’est un homme, il n’est pas capable de faire deux choses à la fois, hm. « Il a gagné. » Il termine enfin, résigné et en haussant les épaules. Oui, il a gagné pour cette fois, mais ce n’est que partie remise. Dès que ses mains iront mieux – d’ici trois/quatre jours, le temps qu’une nouvelle couche de peau apparaisse – il exigera une revanche en bonne et due forme. Il profite de l’avoir sous la main pour lui poser une question en rapport à celle qu’a posé Siomha lors de son bilan, à savoir où et comment sera son prochain tatouage. C’est plus une tentative d’entamer une discussion un peu plus légère que les précédentes, même s’il est curieux de savoir si une proposition l’a intéressée. Enfin, comme elle le fait remarquer quand elle lui répond, on ne peut pas dire que les propositions volaient très hauts. Entre le portrait du gagnant ou celui de l’angelot sur la fesse, le prénom des uns et des autres sur d’autres parties tout aussi intimes de son corps, il peut comprendre qu’elle souhaite laisser ses propositions dans le domaine de l’irréalisable. Finalement, elle ajoute qu’aucune proposition ne lui convient et qu’elle pense qu’il doit comprendre. Aussi, elle préfère rester ainsi. « Oui, je comprends bien. » Il répond aussitôt qu’elle a terminé, confirmant ses dires. Non, vraiment, les idées étaient toutes aussi saugrenues les unes que les autres, il aurait été étonné de voir Felice penser sérieusement à l’une d’être elle. « Je crois que je vais opter pour un second tatouage à ma sortie, pour ma part. » Puisqu’ils sont sur le sujet. Si elle compte rester ainsi, ce n’est pas son cas, bien même s’il lui avait dit le contraire il y a quelques semaines. « Ma cagnotte n’est pas assez élevée pour servir à ce à quoi je la destinais, autant que je me fasse plaisir, pour une fois. » C’est le seul point positif qu’il trouve à la perte de sa cagnotte. Il est tellement pauvre actuellement, que s’il vient à la valider, elle ne lui servira pas à grand-chose. Autant qu’il s’offre un tatouage, quelque chose pour marquer sa participation à cette émission et toujours s’en souvenir, puisqu’il ne pense pas être en mesure de revoir qui que ce soit. « À part ton voyage en Inde, tu comptes l’utiliser comment ta cagnotte, toi, si tu la valides ? » Parce que pour l’instant, tout en est au stade de projets, mais il est curieux. Peut-être un peu trop, il parait que ça ne fait pas, de parler d’argent. Dans quel cas il compte sur elle pour mettre un terme à sa curiosité mal placée.

Le résultat de cette petite heure de travail est plus que satisfaisant, toutes mes appréhensions ont désormais disparu. Coucher mes émotions sur papier m'a été d'un grand secours ce matin, plus aucun nuage gris ne vient désormais obscurcir mon horizon. Je suis prête définitivement prête. Pour affronter les conversations et les avis des autres candidats, je n'avais pas vraiment envie d'entendre tout ça mais cette discution serait forcément à l'ordre du jour. Mon dessin m'avait aidé à avoir les idées claires, je ne voulais que les paroles d'une autre personne vienne altérer mon jugement et ne m'oblige à faire un nouveau dessin pour me décharger de cette charge émotionnelle qui pesait sur moi. Avant de rejoindre tout le monde en bas je fais un petit détour dans la salle de bain pour me préparer. Je ne suis pas seule puisqu'Alistair est occupé à se passer de l'eau sur le visage si bien qu'il ne peut pas remarquer ma présence. En relevant la tête, il est surpris par mon reflet dans le mirroir tellement qu'il en sursaute. Je ne savais pas que je faisais aussi peur le matin, je pourrai presque jouer les vexées si j'étais le genre de fille à accorder une importance primordiale aux apparences. Ce que répond Alistair a le don de me surprendre. Je ne suis pas aussi terrifiante que je ne le pense, au contraire. Une fois la surprise passée, j'esquisse un léger sourire en le regardant s'enfoncer un peu plus en essayant de se justifier. « Tu sais qu'on est bon pour passer dans la rubrique d'Akela après ça ? » . J'ajoute avec un sourire malicieux. On va dire que depuis deux semaines, les suspicions sur la nature de notre relation allait de bon train. Entre Síomha qui pensait que je pouvais faire chavirer le coeur de l'insondable Alistair et Akela qui était convaincue que je lui tournais autour, nous pouvions être sûrs que les animateurs devaient se régaler en le voyant me complimenter de la sorte. « Mais j'apprécie, merci, c'est gentil de ta part d'essayer de me rassurer » . Maladroit ou non, son compliment avait au moins le mérite d'être sincère. Aujourd'hui, on dirait que les rôles se sont inversés puisque je me retrouve dans la position d'une stalkeuse, pour une fois. Et en bonne stalkeuse qui se respecte je n'irai pas manqué le moment où il se passe de l'eau sur le visage pour rien au monde. Ma remarque lui arrache un petit sourire et il surenchérit en ajoutant qu'il s'agit de la vision la plus passionnante de ma journée. « Assurément » . Je lui réponds alors qu'il se dirige vers la trousse de premiers secours. Il en sort un désinfectant. Je finis par lui demander s'il s'est blessé mais peut être que j'aurai dû préciser en lui demandant si sa blessure n'est pas trop grave. Apparemment il s'est battu avec un sac de boxe dans le gymnase et ce dernier lui aurait du fil à retordre. « Qu'est-ce qui te contrariait autant ? » . Je présumai qu'il fallait être sacrement énervé pour taper dans un sac de boxe jusqu'à en faire saigner ses phalanges. Un peu de désinfectant, des pansements et il serait comme neuf. « Tu comptes prendre ta revanche, hm ? » . Là aussi je présume, mais les hommes attachaient une importance particulière à la vengeance. Ils avaient l'esprit revanchard et ce n'est pas un sac de boxe qui allait l'effrayer. La conversation dérive ensuite sur un sujet beaucoup plus léger à savoir les suggestions de tatouages de mes petits camarades. Je ne peux pas prendre en considération des propositions comme celle de se faire tatouer le portrait du gagnant ou même une représentation de l'angelot, surtout pas sur mes fesses. Au vu de la médiocrité des propositions, je préfère rester telle quelle. Il comprend totalement mon point de vue. Aucune proposition n'est assez crédible pour que je m'y intéresse. Alistair, lui, songe à sauter le pas et se faire tatouer pour la seconde fois. « Ne demande pas l'avis aux autres ou tu vas te retrouver avec un petit Cupidon tatoué à un endroit incongru » . Il s'est finalement décidé à sauter le pas, lui qui souhaitait rester tel quel en début d'aventures. Sa cagnotte reduite à quelques poussières lui servira au moins à s'accorder un petit plaisir. « Tu as déjà toute ton idée en tête ? » . Peut être que c'était encore un peu confus dans sa tête, ce n'est jamais une chose aisée d'avoir une idée précise de ce que l'on va porter comme un bijou tout au long de notre vie. Alistair me demande ce que je compte faire avec ma cagnotte si j'arrive à la valider. Je hausse les épaules, je n'y avait jamais vraiment réfléchi. « Je ne sais pas, je ne suis pas venue pour ça. Je ne sais même pas si j'en ai envie après tout j'ai rien fait pour mériter ça » . Je n'avais fait que tirer à la roulette pour faire gonfler ma cagnotte en espérant que cette dernière me donne des indices plutôt que quelques euros en plus dans ma cagnotte fictive. « Mais je reste lucide, je ne suis pas sûre de la valider ou que mon secret ne tombe pas d'ici là. » . La fin était proche mais la chasse aux secrets étaient plus féroce que jamais. Je m'y étais moi-même illustré en découvrant le secret de Pia mais ça n'avait été qu'un coup de chance. Parler de validation de cagnotte me rappelle que la fin est proche, inévitable. « Tu pensais aller aussi loin dans l'aventure ? » . Nous en étions à notre dixième semaine d'aventure, c'était irréaliste de se dire que j'avais pu tenir aussi longtemps.

D’habitude, c’est plutôt lui qui débarque par surprise et qui fiche la frousse aux autres. Et maintenant que les rôles sont inversés et que la vision de Felice lui a provoqué un léger sursaut, il comprend à quel point ce n’est pas agréable, d’être surpris de la sorte. Vraiment, il espère bien que ça ne se reproduira pas. Mais que Felice se rassure, contrairement à ce qu’elle pense, ce n’est pas son aspect physique qui lui a fichu la frousse, c’est son apparition non signalée. Parce qu’au niveau de l’apparence, elle n’a pas à complexer, si elle vient effectivement de se réveiller, elle n’est pas désagréable à regarder, elle ne fait aucunement peur. Chose qu’il essaie de lui expliquer. Maladroitement. Très maladroitement. Ça lui apprendra à s’essayer aux compliments. Ce n’est pas un truc pour lui, il le sait, mais il ne peut s’empêcher de persister. Résultat des courses : il s’enfonce comme un imbécile face à Felice, situation qui lui déplait fortement, raison pour laquelle il décide de conclure sans être parvenu à terminer son explication. Ils sont bons pour passer dans le bilan d’Akela, encore une fois. « Génial. » Il soupire. Il ne l’aime pas beaucoup Akela, ou plutôt les commentaires que l’animateur peut parfois lui faire. « Je te présente d’ores et déjà mes excuses. » Comme ça, c’est déjà quelque chose qu’il n’aura pas à faire la semaine prochaine si Akela prend cela au pied de la lettre. Elle apprécie qu’il essaie de la rassurer. Il préciserait bien que ce n’est pas pour la rassurer et qu’il s’agit simplement de la vérité, mais vu le fiasco d’il y a quelques instants, il va s’abstenir de faire tout commentaire sur le sujet, dorénavant. Non, il préfère faire une remarque sur le fait que les rôles se sont inversés et que c’est elle la stalkeuse, maintenant. Et il se doute bien que la vision de lui se passant de l’eau sur le visage doit être ce qu’elle voit de plus passionnant et palpitant dans toute sa journée. Assurément, elle lui confirme. Il se concentre ensuite à nouveau sur sa blessure, passant du désinfectant avant de finalement terminer les soins en collant des pansements sur ses phalanges, ça lui évitera de se gratter comme un gamin qui ne sait pas tenir en place. Il lui explique la situation et la façon dont il s’est blessé, face au sac de boxe qui a gagné le combat. Quant à savoir ce qui le contrariait autant, il y a toujours son secret et les souvenirs de celui-ci, comme d’habitude, mais il faut ajouter un autre point cette fois-ci. « La perte de ma cagnotte. » Cela peut paraître stupide pour les autres, peut-être, qu’il accorde autant d’importance à une cagnotte fictive réduite à néant il y a déjà presque une semaine et qu’il n’était de toute façon pas assuré de valider. Mais dans l’hypothèse où il l’aurait validée, ça lui aurait fait un sacré pécule, non-négligeable pour démarrer une nouvelle vie ou du moins, un semblant de vie. Alors oui, aussi stupide que cela puisse paraître, il a du mal à faire le deuil de sa cagnotte, même si l’idée se fraie de plus en plus un chemin dans son esprit. S’il compte prendre sa revanche ? « Évidemment. » Il répond, un maigre sourire aux lèvres qui disparait rapidement. En réalité, la prochaine fois qu’il ira taper dans ce fichu sac de boxe, il n’aura pas sa blessure en tête, il aura sûrement d’autres préoccupations qui auront pris le dessus sur cette petite rancune, et leurs retrouvailles ne se feront donc pas dans l’optique d’une vengeance. Il lui parle ensuite des idées que les autres candidats ont eu quant à son prochain tatouage. Bien évidemment, aucune n’a retenu son attention, il faut dire qu’elles étaient… originales, c’est le mot. En parlant de tatouages, Alistair pense succomber à un second à sa sortie du jeu, puisque sa cagnotte peut lui servir au moins pour s’en payer un. Elle lui conseille de ne pas demander conseil aux autres, au risque de se retrouver avec un Cupidon à un endroit incongru. Il esquisse un bref sourire avant de répondre. « Je n’y comptais pas. » Il déclare simplement, haussant les épaules. Oh non, très peu pour lui de demander leur avis aux autres, il n’est pas du genre à se soucier de ce que les autres peuvent penser, du moins sur un sujet aussi superficiel que les tatouages. Superficiel, mais personnel, il ne laissera personne décider pour lui. Quant à savoir s’il a déjà toute son idée en tête, on ne peut pas dire ça, non. « Pas vraiment. J’aimerais juste avoir un souvenir définitif de cette aventure. » C’est la seule chose qu’il sait pour l’instant. Parce qu’il ne pense pas revoir qui que ce soit – bien même si le détecteur lui a collé un doute à cette question – pas par choix, mais par obligation. Car si ça ne dépendait que de lui, il n’hésiterait pas à garder contact avec certaines personnes. C’est un peu violent, en y réfléchissant, ce qu’il s’est infligé. Il a participé à cette émission pour se prouver qu’il n’était pas totalement un inadapté social contrairement à ce qu’on lui répétait, il a su se prouver qu’il peut effectivement s’attacher aux autres et finalement, il sera obligé de couper les ponts avec eux. Mais inutile de se faire de mal avec cela, il pourra suffisamment le faire dans les jours à venir. En tout cas, il est motivé à graver cette aventure sur sa peau, puisque sa maigre cagnotte ne lui permet pas vraiment de réaliser ses projets de base. Puisqu’il parle de cagnotte, qu’est-ce qu’elle compte en faire de la sienne, Felice, excepté le voyage en Inde ? Elle ne sait pas vraiment, puisqu’elle n’est pas venue pour cela. Elle ajoute aussi qu’elle ne sait pas si elle en a envie, puisqu’elle n’a rien fait pour mériter cela. « Tu as trouvé un secret, ce n’est pas rien. » Elle a joué le jeu, au même titre que Paloma et Andreja. Lui ne peut pas en dire autant, avec zéro secret trouvé à son actif. Sa cagnotte, il l’a eue par chance à la roulette – avant que sa chance ne tourne – contrairement à ces trois candidats qui ont mérité d’engranger autant d’argent. Elle ajoute qu’elle reste lucide, qu’elle n’est pas sûre de valider sa cagnotte ou que son secret ne tombe pas d’ici là. Ce n’est pas faux, tout peut arriver. Il espère toutefois pour elle que ces cas de figure ne se présenteront pas à elle. Felice lui demande ensuite s’il pensait aller aussi loin dans l’aventure et la réponse ne tarde pas. « Absolument pas. » C’est le moins que l’on puisse dire, puisqu’il avait assuré à Peter qu’ils se reverraient d’ici deux semaines. Les deux semaines se sont transformées en deux mois. « Je pensais que mon caractère me ferait défaut. Et puis, ma première partenaire, aussi. » Quand il a débarqué ici, il ne se sentait pas à sa place. Pas qu’il s’y sente aujourd’hui, mais il s’est habitué à cette vie en communauté, chose qui était mal partie les premières semaines. Il n’avait jamais vu l’émission avant de participer, mais il a vite compris que son caractère renfermé et silencieux n’allait pas l’aider. Il a fait des efforts pour s’ouvrir aux autres (c’était son but) tout en restant fidèle à lui-même, et il faut croire que cela a payé, aussi surprenant que cela puisse paraître. Il est le premier surpris d’être encore ici, dix semaines après son entrée dans le jeu. Surtout en sachant que Taylor l’avait tout de même emportée dans sa chute, avant que Clémentine le sauve de la nomination. Si elle ne l’avait pas fait, peut-être qu’il serait sorti à l’issue de la seconde semaine. Cela aurait été une issue logique, puisqu’à ce moment-là, il ne faisait pas d’efforts particuliers avec qui que ce soit. Mais ce ne fut pas le cas et il s’en estime chanceux. « Et toi ? » Peut-être qu’elle est plus confiante que lui sur le sujet, sachant qu’elle a été la première candidate sélectionnée, avant même le premier prime, c’est signe qu’il s’agit d’une candidate à ne pas sous-estimer, pas vrai ?