Je me balade à l'extérieur, logique puisque pour le moment, notre groupe n'a accès qu'à l'extérieure du nid et à l'aile Est. Encore heureux qu'on a accès à notre aile, ça serait vraiment débile si on pouvait pas avoir accès à nos lits, si ravissants, entourés de ces si jolies fleurs. Ce que je trouve profondément idiot, c'est le fait de nous interdire l'accès à la cuisine, surtout pendant une plage horaire où est censé prendre deux des trois (voir quatre) repas les plus importants de la journée. Oh, pas qu je manque à heure fixes et en quantité équivalente à chaque fois, non, je fais un peu n'importe quoi avec mon alimentation, mais j'aurais bien aimé pouvoir aller dans la cuisine quand bon me semble. J'ai une faim de loup, là, tout de suite et mon ventre me le fait remarquer. Je continue à marcher, de toute façon, à moins de manger mes ongles, mes crottes de nez, les fleurs du jardin ou des fruits des bois, je ne peux pas faire grand chose pour calmer ma fringale. J'arrive bientôt au Kiosque à Musique. Ce lieu ne m'intrigue pas vraiment, il n'y a rien à y faire. Mais j'y vais quand même, histoire de voir ce lieu de plus près. C'est tout en bois et puis ça sonne un peu creux, je trouve, mais c'est surement parce qu'il est un peu surélevé ce kiosque. Je me demande ce qu'il y a en dessous quand un de mes camarades que je ne connais pas encore s'approche également du petit édifice en bois. Me donner à manger ou être manger. Qu'est-ce que tu préfères ? Que je lui demande en le pointant du doigt. Non, je ne suis pas cannibale ou anthropophage, ouais, je connais des mots savants, mais j'aime bien faire peur aux gens en les pointant du doigt d'un air terrifiant, comme si j'étais capable de leur sauter dessus d'une minute à l'autre. Ah, mais j'en suis capable. En tout cas, j'espère pour ce cher monsieur qu'il a quelque chose à m'offrir, genre une barre chocolatée, parce que sinon...il va se passe quelque chose. Mais je sais pas quoi, faut que j'y réfléchisse.

Harry se faisait petit à petit au rythme très particulier imposé par la division du château entre les deux équipes en compétition. Le jeune homme avait ses petites habitudes, sur le plan sportif, mais également alimentaire, avant d'arriver dans le jeu. Qu'a cela ne tienne. Il aimait bien prendre l'air, ici, se changer les idées et voir de nouvelles choses. Le temps se rafraichissait, et Harry se disait qu'il n'aurait peut être plus l'occasion de faire de telles visites prolongées dans les semaines qui viendraient. Alors qu'il approchait du kiosque à musique, le jeune homme fut pris à partie par une candidate qu'il connaissait assez peu. Un mince sourire aux lèvres, il commença par répondre. Fais comme tout le monde, prend ton arc, et va chasser ton propre gibier ! Le métis pouvait comprendre les envies de meurtre de sa camarade. De son coté, il avait un peu de mal à s'ajouter au nouveau rythme, surtout pour les repas. Cela ne devait pas être très sain, de manger à des heures totalement décalées. Certes, la séparation devait être bénéfique pour casser les clans les plus évidents et se forcer à faire connaissance. Mais cette situation avait intérêt à ne pas durer trop longtemps, sinon, le candidat allait mal le vivre. Pourtant, le jeune femme ne semblait pas être aussi concernée par une hygiène de vie stricte ou de prendre ses repas à la bonne heure. Elle semblait plutôt déjantée. Mais l'habit ne fait pas le moine, et si ça se trouve, elle était une maitresse d'école avec les troubles obsessionnels du comportement.

J'avoue que j'y suis pas allée dans la délicatesse avec le beau mec qui est arrivé vers moi, mais bon, c'est moi en même temps, donc c'est pas étonnant que je saute pratiquement sur les gens, surtout quand j'ai faim. Il me dit d'aller chercher ma bouffe moi-même avec un...arc ? Non mais il s'est trompé d'époque ou quoi le mec ? Ah, ouais, c'est de l'humour, une petite blague. Ok. Le temps que ça monte au cerveau, vous comprenez. Je souris malicieusement. Attends là deux secondes, je vais chercher mon arme. Tu bouges pas, hein, ça sera plus facile de te viser comme ça. Bah oui, je lui ai demandé de la bouffe ou ça serait lui la bouffe. Non mais je vais pas le bouffer, enfin, ça dépend quoi et dans quel sens du terme. Je lui ai pas encore trouvé de surnom et je connais même pas son prénom, ça m'énerve. Je m'avance vers lui. Bon, trêve de plaisanterie. Je prends un air très sérieux d'un coup. Dis moi, truc-muche, t'as pas quelque chose à manger, parce que je crois que je vais faire une crise si j'ai rien à me mettre sous la dent rapidement. Oui, parfois j'ai des grosses envies de bouffes alors que je peux ne rien manger pendant des jours entiers. Bon, j'exagère pour la crise, si je mange pas je vais juste avoir faim et puis c'est tout. T'as un prénom, j'imagine ? Que je lui demande. Bah ouais, je me renseigne, j'aime bien savoir qui j'ai en face de moi. Non, en fait j'avoue, je m'en fous, c'est histoire de voir si je peux pas lui trouver un surnom à partir de son p'tit nom et puis ça me ferra un peu oublier que j'ai faim de parler d'autre chose.

La jeune femme avait l'air très particulière, à première vue. En fait, même en lui parlant, elle était space. Que ce soit bien ou pas, il fallait bien avouer qu'elle attirait le regard et qu'elle avait un profil atypique. Harry lui sourit brièvement avant de répondre. « Tu te trompes de cible, il n'y a rien à manger chez moi. Reviens dans deux mois, la moitié des candidats seront bien dodus, là, il y aura un vrai garde manger. C'est juste un conseil, hein. » Bon, clairement, rencontrer quelqu'un et parler de cannibalisme, c'était particulier. En clair, cela allait bien avec le personnage. Mais elle semblait avoir très faim. Et d'expérience, Harry pouvait dire que dans ces conditions, les filles pouvaient être dangereuses. Après un moment d'hésitation, il sortit la barre de céréale légère en calories qu'il avait dans sa poche. « C'est ma dernière ressource. Si tu la prend, tu me seras redevable, réfléchis bien. » En effet, le métis avait tenté d'anticiper les problèmes causés par la séparation du nid en deux parties distinctes et les inconvénients que cela pouvait poser pour les repas. Cependant, pour le moment, il n'avait pas particulièrement faim, c'est pourquoi il acceptait de céder une partie de ses réserves à sa camarade. Un mince sourire au coin des lèvres, il répondit. « Mes parents ont trouvé quelque chose d'un peu plus joli que truc-muche. Enfin, je trouve. Ce n'est que mon avis, après tout. Je suis Harry. Et toi ? Si tu t'appelles vraiment truc-muche, je m'excuse d'avance, c'est quand même un joli prénom, en fait. »

La remarque du mec a le mérite de me faire sourire et d'être vraie. Très bon conseil. Que je rétorque. C'est vrai que si j'étais cannibale, j'aurais plus à manger si j'attend quelques semaines, vu qu'il y a bien moins de gens qui vont à la salle de sport que dans la cuisine ça me parait logique, mais bon, moi et la logique, on a jamais été copine. J'ai jamais été copine avec beaucoup de monde de toute façon. C'est pas tout ça mais javais faim, moi et puis je lui avais pas encore sauté dessus au type donc il ferait mieux de se grouiller avant que je le fasse. Heureusement pour lui, il sort une barre de céréales. Je la fixe du regard un instant avant qu'il me dise que si je la prend je lui devrais quelque chose. Je le fixe lui à présent. Je prends le risque, merci mon chou. J'ai trop faim, alors même si je dois être son esclave pendant une semaine, je m'en bat les seins, et puis ça peut être marrant. Donc voilà, j'ai sa barre, qui est maintenant mienne dans les mains, je l'ouvre et je commence à l'engloutir. Je lui demande comment il s'appelle entre deux bouchées. Harry qu'il me dit en vannant un peu parce que la façon dont j'ai posé ma question était un peu spéciale, je l'avoue. T'es parents ont bon goût, comme la barre d'ailleurs. Et puis t'inquiète, hein, j'm'appelle pas truc-machin. Moi c'est Betty. Que je lui dis la bouche pleine, oui je suis dégoûtante, je sais. Et puis j'avale ma bouchée et je souris, surement avec des trucs entre les dents, mais elles sont déjà dégueulasse à cause de la clope et du reste, donc c'est pas non plus très grave.