w/@claudia
Le couloir dédicacé, elle l’a déjà eu l’occasion de l’emprunter à plusieurs reprises en l’espace de deux jours, sans jamais y arrêté. Parce qu’elle a mis un point d’honneur à le traverser en ayant les mains collées sur ses tempes pour éviter que ses yeux rencontrent les murs. Pas parce qu’elle a une soudaine phobie du noir et blanc, mais parce que ce couloir lui donne mal à la tête. C’est un bordel sans nom, des traces laissées au hasard un peu partout, se marchant parfois les unes sur les autres. C’en est trop pour Mylah qui ne peut se confronter à une telle horreur. Ce n’est pas symétrique. Elle en revient toujours à la symétrie, mais c’est un principe fondamental qui l’obsède. Pour elle, ce mur, c’est son pire cauchemar. Sauf qu’aujourd’hui, en passant pour la dixième fois de la journée dans ce couloir, son regard s’est confronté à un pan du mur et elle n’a pu aller plus loin. Elle s’est finalement approchée pour découvrir les dédicaces de ses propres yeux. Elle savait que ses tâches représentaient des autographes, mais ce n’est pas pour autant que cela rendait l’endroit plus agréable à ses yeux. Le problème, c’est que maintenant, elle a besoin de décrypter chaque signature laissée sur le mur, elle ne va pas pouvoir continuer son chemin tant qu’elle n’y sera pas parvenue. En vue du nombre de signatures sur ce mur, elle en a pour des heures, mais ce n’est pas comme si elle avait mieux à faire dans l’immédiat. Machinalement, elle sort son stylo et son carnet de sa poche arrière, puis ses lunettes de vue qu’elle évite de porter en public, mais vu l’écriture de certains, elle en a bien besoin. Elle s’agenouille – impossible pour elle de poser ses fesses sur ce tapis qui est déjà rempli de bactéries, heureusement qu’elle se balade toujours avec son gel désinfectant – et se met à analyser chaque graffiti. Elle note leur emplacement dans son carnet, cela lui permettra de les retrouver plus facilement et d’éviter de s’arracher les cheveux si un emplacement lui échappe. Elle reste ainsi une bonne heure, tandis que plusieurs personnes passent derrière elle sans lui prêter attention, jusqu’à ce qu’une silhouette s’arrête enfin. Mylah tourne légèrement la tête et constate qu’il s’agit de Claudia. « Je cherche la signature de Michelle Obama. » Elle ment, parce que c’est plus crédible que le fait qu’elle cherche à répertorier chaque signature. Et puis, maintenant qu’elle en a parlé, elle cherche effectivement du regard la signature de la femme la plus puissante des États-Unis. Ah Michelle, son idole absolue, la femme qu’elle voudrait être. Mais elle n’est pas sûre que la première dame soit passée dans cet hôtel, si l’on part du principe que ces signatures aux murs sont des originales. Qu’est-ce qu’une première dame viendrait faire ici ? Cet hôtel est luxueux, mais il y a mieux. Beaucoup mieux. « Ou celle d’Audrey Hepburn. » Elle revoit ses ambitions à la baisse, bien qu’Audrey Hepburn soit un modèle de classe et de réussite. Surtout que pour cette dernière, elle est assurée de trouver sa signature, il parait qu’elle a laissé son empreinte sur ces murs. « Merci pour les 500€. » Elle dit finalement, avec un léger sourire, daignant planter son regard dans celui de son ancienne cheffe d’équipe durant quelques instants avant de reporter celui-ci sur le mur pour continuer à remplir son carnet. Mylah remercie la brune, car bien que la somme soit maigre à ses yeux, ce n’est pas rien, et cela peut toujours être perçu comme un avantage. Et puis, c’est  grâce à son implication. Et même si elle fut vexée de ne pas être la cheffe – elle commence à se faire à la situation – ce n’est pas pour autant qu’elle n’a pas conscience des efforts de Claudia durant leur semaine passée aux abysses.

@Mylah + L'hôtel dans lequel nous demeurions à présent regorgeait de pièces toutes plus extraordinaires les unes que les autres. J'avais l'impression de ne pas en avoir fait le tour du tout, j'avais encore de nombreuses choses à découvrir ici, cela m'impressionnait beaucoup. Je veux dire, dans l'appartement où je vivais à Dallas, il y avait trois pièces. Ici, il y en avait à peu près cinq fois plus... Oui on était trente-deux, mais quand même, ça faisait beaucoup... Bref, je n'avais qu'une peur, c'était de me perdre. Heureusement que j'avais quand même un certain sens de l'orientation qui me permettait de me repérer à peu près dans cet hôtel. Enfin s'il y a bien un endroit où je passais régulièrement, c'était le couloir dédicacé. Chaque fois que j'y passais, je me posais la question de savoir quelle grande star avait pu y laisser sa signature. C'était plus ou moins gratifiant de se dire qu'on marchait sur les pas de certaines grandes vedettes... Enfin bref, je me dis qu'il faudrait peut être que je me pose un moment là-bas pour identifier vraiment chaque signature. Oui, ce n'était pas une mauvaise idée, j'avais du temps à perdre là de toute façon. Direction le couloir dédicacé. Et quand j'y arrivais, je me rendis vite compte que je n'étais pas la seule à avoir eu cette idée. Une jeune femme blonde était agenouillée par terre à prendre des notes dans un carnet. Elle disait chercher la signature de Michelle Obama. « Tu crois que Michelle Obama est passée ici ? » disais-je un peu émerveillée. Ca serait le rêve de passer après la première dame des Etats Unis, le top ! Ou Audrey Hepburn, encore mieux. J'aimais déjà beaucoup cet hôtel, mais à l'idée de passer après autant de grandes femmes, je l'aimais bien d'avantage ! « De rien, je n'ai pas fait grand chose, mais je suis bien contente que tout le monde puisse en profiter ! » Je m'asseyais de l'autre côté du couloir, en face de la jeune femme. «Mylah, c'est ça ? »

Outre sa montre, les objets qui lui ont le plus manqué, c’est sans doute son carnet et le stylo qui l’accompagne. Ils sont toujours dans sa poche, prêts à être dégainer à tout moment. Car Mylah a la manie de constamment faire des listes et parfois les faire dans son esprit ne suffit pas, il faut qu’elle les couche sur papier pour être certaine de s’en souvenir. Il y aurait bien son gel désinfectant aussi, qui lui a particulièrement manqué, mais elle peut toujours – ou presque – trouver un point d’eau pour se laver les mains, contrairement à une feuille de papier qu’elle n’a pas toujours sous la main. En troisième position, elle dirait bien son téléphone, mais il lui est confisqué jusqu’à ce qu’elle soit éliminée et pour elle qui a constamment le nez fourré sur son clavier à trier ses mails et à répondre aux dizaines de messages et d’appels qu’elle reçoit par jour, c’est de plus en plus difficile à vivre. Elle est de la génération connectée, c’est ainsi qu’elle survit. Alors à défaut d’avoir son téléphone, elle peut compter sur son carnet, version moins élaborée, mais tout autant efficace en cas de besoin. Elle griffonne des pages entières, jusqu’à ce que son attention soit déviée sur Claudia, l’espace de quelques instants. Elle justifie son comportement en expliquant chercher la signature de Michelle Obama, ce qui a l’air d’illuminer le visage de sa camarade. « J’espère. » Elle espère, mais ses espoirs diminuent à mesure qu’elle décrypte les signatures sans pour autant reconnaître celle de la première dame. Et si elle doit revoir ses ambitions à la baisse, elle opte pour Audrey Hepburn, plus apte à se rendre dans un tel hôtel, à condition que celui-ci ait existé quand l’actrice était encore vivante. Mylah profite de se retrouver seule avec Claudia pour la remercier des 500€ qu’elle a fait gagner aux membres de son équipe. Question de principe, non pas par réelle joie car 500€ est une maigre somme aux yeux de Mylah. « Pas grand-chose peut-être, mais assez aux yeux de Cupidon. » Elle ne dit pas cela pour être méchante. Même si elle a eu du mal à s’habituer au rôle de Claudia, elle ne remettrait pas son implication en cause. C’est simplement que la blonde n’a pas été très investie dans l’équipe, alors elle n’est pas en mesure de confirmer à Claudia que ce n’était pas grand-chose. Peu importe si c’était le cas, puisque comme elle vient de le dire, cela a suffi à Cupidon. Mylah repose son regard sur le mur et continuer d’annoter son carnet. « C’est ça. » Elle répond à Claudia sans se retourner. Ça ne sert à rien qu’elle demande son prénom à la brune puisqu’elle a eu le temps de l’enregistrer. « Au fait, je te souhaite bon courage pour supporter ton partenaire. » Elle déclare, les lèvres légèrement pincées, en adressant un bref regard à Claudia. Bon courage, c’est encore faible comme terme vu l’énergumène dont elle a hérité. « Tu cherches une dédicace en particulier ? » Elle finit par demander, mettant un point final à ses notes concernant le pan du mur qu’elle vient d’étudier. Elle est tellement fière de son travail qu’elle se doit de le partager avec quelqu’un. En attendant, elle se retourne pour étudier le mur près de Claudia, impossible de ne pas terminer le travail.

@Mylah + Le couloir dédicacé me fascinait, mais c'est vrai que je n'avais pas vraiment pris le temps de décrypter les signatures, et puis finalement, ça pouvait être bon de savoir qui était passé par là... On ne sait jamais, je pouvais toujours tomber sur de bonnes surprises. Mais finalement, je n'allais peut être pas tant fouiller que ça puisque je n'étais pas toute seule. J'acquiesçai ce qu'elle disait, sans vraiment réagir. Elle m'intimidait un peu. Elle était plus grande que moi, blonde, très élégante, et elle avait cet air un peu hautain... Enfin, non, pas hautain, mais je ne sais pas... Elle m'impressionnait en quelques sortes. Je ne m'étais pas trompée sur son prénom, et je n'avais pas beaucoup entendu parlé d'elle pour le moment, mais je ne savais pas, elle dégageait quelque chose qui... Enfin on était très différente, évidemment. Je ne comprenais pas vraiment sa remarque à propos de mon partenaire. Elle semblait avoir quelque chose contre lui plus ou moins. « Sayid ? Ca va, ça se passe très bien, je pense que c'est plus à lui d'avoir le courage de me supporter. Tu as eu l'occasion de lui parler déjà ? » lui demandais-je. Après tout, je ne connaissais pas non plus sa vie par cœur, parce que bon... Ca ne faisait même pas deux jours qu'on se parlait... « Et toi, c'est qui déjà ton partenaire ? » Ma mémoire de poisson rouge me jouait de nouveau des tours. Je ne savais pas vraiment comment répondre à sa question. J'étais là tellement... Au hasard. « Hum... Non, pas vraiment. Je passe souvent par ici, mais je ne me suis jamais vraiment attardée donc bon, juste histoire de regarder qui était passé par là... » Je n'avais pas encore trop remarqué qu'elle tenait un crayon et un carnet dans sa main. « Et toi ? Qu'est-ce que tu écris dans ce carnet, si ce n'est pas indiscret ? »

Elle s’imaginait que Claudia était plus bavarde que ça. Peut-être parce que lorsqu’elle avait organisé la réunion pour attribuer les tentes la jeune femme s’était montrée bavarde, mais dans ce couloir, elle montre une autre facette à Mylah. La blonde parle et elle a l’impression que ses paroles se heurtent à un mur. Même quand elle lui fait un semi-compliment en évoquant l’intérêt qu’elle a suscité auprès de Cupidon. Semi-compliment, parce qu’il peut être pris comme tel ou à l’inverse, comme une critique. Mais peu importe, Mylah ne va pas l’obliger à parler si elle ne le veut pas, elle arrive très bien à supporter le silence. Ceci dit, elle ne peut s’empêcher d’émettre une remarque sur le partenaire de la brune, souhaitant à celle-ci bon courage pour supporter Sayid. La réponse de la jeune femme surprend la blonde, qui tourne brièvement la tête en sa direction. « Tu m’as l’air facile à supporter, pourtant. » Peut-être qu’elle s’avance un peu trop, puisqu’elle n’a que brièvement côtoyé la jeune femme, mais elle lui semble être de ceux qui ne sont pas prises de tête et plutôt facile à vivre. Alors ça l’étonnerait fortement qu’elle soit difficile à supporter, pour preuve, Mylah qui s’énerve très vite quand un caractère ne lui plait pas, ne s’est pas encore agacée de la présence de la jeune femme. « Oui, j’en ai eu l’occasion et ça ne s’est pas très bien passé. » C’est le moins que l’on puisse dire. Mais inutile d’en venir plus sur le sujet, cette petite phrase doit suffire à Claudia pour comprendre que le courant ne passe pas vraiment entre son partenaire et la blonde. « Léo. » Elle répond simplement à sa question, avant de réaliser que balancer un prénom comme ça, au pif, ça ne va peut-être pas l’aider à mettre un visage sur ce prénom. « Asiatique. Un peu agaçant sur les bords. » Dit-elle, toujours les yeux naviguant entre le mur et son carnet. C’est une fidèle description de son partenaire. Des asiatiques, il n’y en a pas beaucoup, et si l’on se limite au sexe masculin, il n’en reste plus que deux. Un type sérieux et Léo, qui, pour ce qu’elle a vu, semble beaucoup moins sérieux que le premier.  Tandis que Mylah s’oriente vers l’autre mur, elle en profite pour demander à Claudia si elle recherche une dédicace particulière. C’est peut-être le cas, même si jusqu’ici Mylah a remarqué que beaucoup passait dans ce couloir sans s’arrêter et prêter la moindre attention aux graffitis qui ornent les murs. Et puisque Mylah est toujours prête à aider son prochain, ahem, voilà pourquoi elle lui pose une telle question. Ou peut-être que c’est juste pour se sentir utile, elle qui n’a pas l’habitude d’être un simple élément du décor. La réponse de Claudia lui provoque une légère moue déçue, accompagné d’un haussement d’épaules. C’est dommage, assurément. Quant à la question qui s’en suit, Mylah marque une légère pause, ne sachant pas si elle peut lui dire la vérité, au risque de passer pour une idiote qui n’a rien de mieux à faire. « Je liste les signatures pour mieux les retrouver. » Elle opte finalement pour la vérité. Parce que Claudia ne lui semble pas être de ceux qui la jugeront, ou du moins pas à haute voix. Elle l’espère. « J’aime l’ordre. » Qu’elle termine de se justifier, sans réellement savoir pourquoi. « Quelles sont tes premières impressions, jusqu’ici ? » Elle finit par demander, parce qu’il faudra bien qu’à un moment ou à un autre elle daigne s’intéresser aux autres, autant commencer maintenant.

@Mylah + Je me sentais si petite face à Mylah. Cette fille en imposait pas mal. Elle était grande, blonde, élégante. Elle avait un visage... Pas sévère, mais avec des traits strictes. On n'avait juste pas du tout envie de la contrarier en fait... Non, je n'avais vraiment pas envie de la contrarier, et de toute façon, il n'y avait pas de raison que je la contrarie au fond... Mais je souris à sa remarque sur le fait que je ne semble pas être difficile à supporter. Cela se voyait qu'on n'avait pas encore passé beaucoup de temps ensemble. « Je ne suis pas si difficile que ça, mais je monte plus ou moins facilement dans les tours... » Pas toujours, mais c'est vrai que ça m'arrivait de monter vite dans les aiguës pour brailler après quelqu'un. Ici, ça ne m'ait pas trop arrivé encore, excepté peut être avec Ronan, et encore, j'aurais pu être bien plus méchante que ça en fait...  Enfin peu importe, mais il ne fallait quand même pas qu'il soit trop pénible, parce que sinon... J'étais surprise de savoir que ça ne s'était pas bien passé avec Sayid. J'hésitai à lui poser la question, mais finalement, je me dis que ça pouvait toujours me servir peut être... « Ah mince, comment ça se fait ? Tu n'es pas obligée de répondre si c'est trop... personnel. » Léo... Ca ne me disait vraiment rien du tout. Je la regardais avec un air interrogateur et je vus bien qu'elle avait compris. Mais la description ne m'aidait pas vraiment... « Pour le coup, non, je ne vois vraiment pas... » Comme quoi, j'avais encore beaucoup de personnes à rencontrer apparemment... Mais peu importe. J'étais plus intriguée parce ce qu'elle était en train de faire avec son carnet et son crayon. Lister les signatures... Pourquoi pas ! Elle aimait l'ordre, je souriais discrètement parce que bon, même si elle aimait l'ordre, le fait qu'elle les note dans un carnet n'allait pas les remettre en place, mais peu importe. « Tu as beaucoup de patience pour toutes les lister ! Je t'admire pour ça ! » lui dis-je. C'est vrai que personnellement, je ne prendrai certainement pas le temps de le trier comme elle le faisait... Elle me demandait ensuite qu'elles étaient mes premières impressions, et je ne savais pas vraiment quoi dire, on n'était que mardi de la première semaine de jeu... « Hum... pas grand chose pour le moment en réalité... » lui dis-je en jouant avec mes cheveux. « Le temps de prendre mes marques ici, je n'ai pas trop eu le temps de parler avec grand monde... Si ce n'est la semaine dernière dans la forêt, mais à part pour une ou deux personnes, ce sont des impressions plutôt basiques. Et toi ? »

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