Ils ont mit les petits plats dans les grands cette année. Ils se sont vraiment donné du mal pour nous construire un cadre de vie idéal. Que celui qui ne se sent pas bien ici m'écrive une lettre avec des arguments valables parce qu'il y a, selon moi, aucune raison de se plaindre. Rejoignant le second étage, je m'attarde volontiers devant le mur aquarium. Une merveille. L'univers marin a toujours réussit à m'apaiser alors je suis comblée qu'ils aient pensé à cela. Absorbée par ces poissons qui tourbillonnent gaiement dans l'eau, je ne remarque même pas la présence de Allen. Tout du moins jusqu'à ce qu'il fasse entendre le son de sa voix et son accent si particulier, m'obligeant à prendre conscience que non, je ne vis pqs seule dans cet hôtel. Un sourire gêné naît au coin de mes lèvres. Je suis gênée de ne pas l'avoir vu plus rapidement mais heureusement pour moi, il ne semble pas s'attarder sur ce sentiment qui rosit légèrement mes joues et entame une discussion. Une discussion qui concerne nos petits amis vivants dans l'eau, ceux que je regardais. «Des drôles de regard ?» Repris-je en rigolant un peu. «Tu as raison oui, il doit avoir faim» Et il a aussi raison en faisant remarquer que nous ne pouvons pas les nourrir. Ils doivent sans aucun doute avoir peur que des idiots aillent mettre n'importe quoi dans l'eau de ces petites bêtes, je ne vois que cela pour expliquer cette interdiction. «Cela nous aurait pourtant occupé, si nous avions pu les nourrir.» Pas durant des heures non, mais au moins cela nous aurait fait une responsabilité. La responsabilité est une chose bien rare au sein de ce château alors je n'serais pas contre. Mais soit. La phrase suivante qui s'échappe de ses lèvres m'arrache un franc sourire. «Tu crois ? Ce sont pourtant des caractéristiques bien banales. J'ai toujours préféré les rousses aux yeux verts» Articulais-je en sachant pertinemment qu'il s'agit de mes propres caractéristiques. «Puis, qui te dit qu'il ne préfère pas les barbus ?» Un nouveau sourire se dessine sur mon visage, je fixe mon regard dans celui du candidat. Peut-être faudrait-il qu'on ai une discussion plus sérieuse que cela ? Peut-être bien mais je n'en ai pas tellement envie. J'aime la légèreté de cette discussion alors je ne serai pas celle qui s'encombrera des habituelles discussions que l'on entend entre ces murs depuis que nous sommes arrivés. «Regarde celle-ci, on dirait qu'elle nous parle.» Il va de soit que pour moi, un poisson mauve est forcément une fille.

Du première aperçu que je peux avoir de lui, Allen me semble être quelqu'un d'amusant. Sa façon de m'abordé est assez surprenante mais pas déplaisante pour autant. Je me prends d'ailleurs assez facilement au jeu, imaginant que ces poissons pensent réellement tout cela des deux candidats un peu idiots qui les épient. Je lui souris, l'écoutant me dire que ce poisson n'est pas très subtil. «Je ne suis pas certaine que mon mari apprécie ces regards insistants.» Articulais-je finalement, haussant les épaules tandis que mon regard ne quittait pas le fameux poisson, celui qui nous occupait depuis que nous étions arrivés. «Enfin, à une époque il aurait pas apprécié.» Sans savoir pourquoi, je me sentais obligée de rectifier. Il est vrai qu'à une époque il avait été très possessif à mon égard alors que maintenant, j'ai l'impression que nous sommes parfois si loin l'un de l'autre. «Mais je vais quand même peser le pour et le contre parce que c'est très silencieux un poisson.» Un poisson, ça ne parle pas et ça tourne juste en rond dans l'eau alors je suppose que l'on ne peut pas trouvé un camarade plus calme que cela. Les pensées de Allen sont quant à elle orientées vers les tâches et les autorisations que nous pouvons avoir de la production. A l'écouter, je dois dire qu'il n'a pas totalement tord. Bien que je doute fortement qu'un candidat prenne un jour l'initiative de récurer les toilettes alors nous ne pourrons pas vraiment vérifier cette thèse-là. «Ils vont plutôt nous supplier pour qu'on nettoie tout ça au bout d'un mois» Je suis presque persuadé que la plupart des candidats sont des bordéliques nés et que l'on risque fortement de se retrouver dans un capharnaüm pas possible si personne ne se décide à ranger de façon régulière. Et finalement, je lui avoue avoir une préférence pour les rousses plutôt que les brunes que je trouve plus banales. Bien qu'il ne proteste pas, il m'explique qu'il existe peu de vrais rousses et conclus qu'il préfère une couleur de cheveux naturelle. «Tu n'as pas tord. Mais l'une des candidates, une rousse, est vraiment sublime je trouve.» J'ignore si il s'agit de sa véritable couleur ou non, je sais seulement que je la trouve vraiment ravissante. «Mon dieu, qu'est-ce que tu t'imagines ?» Je ris de bon coeur, à l'écouter on pourrait presque avoir l'impression que ce poisson parviendrait à me violer. L'idée est absurde. Tellement absurde que je pars dans un fou rire que je ne parviens pas à contrôler. Il me faut quelques minutes pour que mes épaules arrêtent de danser de haut en bas et avant que le silence reprenne sa place. «Tu crois qu'on les dérange ?» Je demande finalement. «Ils doivent se sentir un peu comme nous. Observés.»