@Zélie

Elle s'était avancée au hasard dans la parc d'attraction. Elle ne connaissait pas bien ce genre d'endroits, on ne l'y emmenait pas souvent étant enfant. Elle n'en avait surtout vu que dans les films mais n'avait pas le souvenir de ne jamais avoir éperdument éprouvé le besoin d'aller y faire un séjour prolongé. Sa soeur, en revanche, aurait adoré. Bridget était plus "cool", toujours partante pour de nouvelles expérience. Moïra était plus classique, conventionnelle, et certainement "coincée". Fake Lover lui permettrait peut-être d'évoluer un peu sur ce point, comme sur d'autres. Elle ne plaçait pas trop d'espoir en l'aventure de peur d'être trop déçue par la suite mais elle restait lucide, tout avait de bons et de mauvais côtés, il suffisait de les trouver. Elle avait par exemple l'occasion d'errer dans un parc d'attraction, chose qu'elle n'aurait jamais faite d'elle-même sans être accompagnée d'un enfant qu'elle devrait garder à l'oeil. Cependant son regard n'avait pas été attiré par un des manèges mais par un visage familier qu'elle s'étonna de retrouver ici. Margaret, la cantinière des abysses se tenait derrière un stand de confiseries apparemment. Moïra avait arqué un sourcil et s'était approchée d'elle. « Bonjour. Je peux avoir... Une barbe à papa s'il vous plait ? » Il lui semblait ne jamais en avoir mangé auparavant, à moins que le souvenir n'eut été trop lointain. L'attente n'avait pas été trop longue. « Merci. » Avait-elle dit en souriant, attrapant ce qu'on lui tendait. Et elle s'était à peine retournée qu'une autre figure connue lui faisait face. Zélie, la jeune femme de l'équipe Rowan avait laquelle elle avait partagé un lit, superposé, et devant laquelle elle avait eu envie de faire son numéro de petite amie possessive envers son homme, se trouvait juste là. « Décidément, tu me rappelles de plus en plus ma soeur aînée. Elle est lesbienne elle aussi et elle adore me surprendre. » Alors que Moïra avait horreur de ça, bien évidemment.

Une grande enfant, je n'étais qu'une grande enfant, incapable de résister à la moindre sucreries. Ainsi, vous deviez vous douter non sans mal que le stand de confiseries de la fête foraine allait assez vite devenir mon lieu préféré du nid. Enfin, sauf quand une brune qui se croyait tout permis décidais d'y aller elle aussi. Là, l'ambiance était beaucoup moins à la fête. Moira puisque c'était bien d'elle qu'il s'agissait, venait de prendre une barbe à papa à notre charmante cantinière et s'apprêtait sans doute à aller la manger tranquille quand, pas de pot pour elle, elle tombait sur moi. Si je ne devais avoir qu'un gros défaut, ce serait sans doute la rancœur. J'étais quelqu'un d'extrêmement rancunier et j'avais encore du mal à avaler son attitude lors du prime. Enfin, pour être honnête, je n'arrivais pas à la piffrer tout cours et vu ses dires à mon égard, ça avait l'air d'être réciproque. Ne relevant pas sa remarque, je préférai contrattaquer à ma manière :
Bah moi, tu me rappelle… Hum, laisse-moi réfléchir… Pas grand-chose au fait…
Je détournais le regard quelques secondes avant de revenir vers elle :
À si suis-je bête, tu es pour moi le sosie parfait de certains monstres de foire qu'on croise dans les fêtes foraines. T'as déjà le nombre d'années nécessaires au compteur, ainsi que le caractère de chien. Il ne te manque plus que quelques bourrelets, mais continue de bouffer de la barbe à papa et cela apparaîtra comme par magie.
J'étouffais alors un léger rire. Comme je pouvais être vilaine quand, je m'y mettais, mais en même temps elle m'avait cherché, elle m'avait trouvé. Je n'avais pas voulu faire d'elle mon ennemi, cela c'était imposé tout seul, comme une loi inaliénable de Fake Lover. Que voulez-vous, ici plus qu'ailleurs, il y avait des gens avec qui le courant passaient bien et d'autres où le moindre contact déclenchait des étincelles.

Pendant une seconde elle avait cru que la jeune femme allait se montrer sobre et s'arrêter au fait que Moïra ne lui rappelait rien, ce qui lui allait très bien. Mais Zélie s'était sentie obligée d'en rajouter, et c'était plutôt amusant. D'ailleurs, l'irlandaise souriait parce qu'elle trouvait la brune ridicule. C'était de la méchanceté gratuite, voire de la fierté mal placée parce que Moïra avait osé la remettre à sa place, et encore elle avait été ultra soft. En plus si elle s'adressait à son homme lors du prime, ce n'était certainement pas à elle qu'elle en voulait pour quoi que ce soit. La petite avait vraiment pris la mouche pour rien. « Moi qui pensait être rancunière, je viens de trouver mon maître. » Elle continuait de sourire de son air de pimbêche et de manger sa barbe à papa. Elle pensait la narguer un peu, oui. « Tu sais c'était un compliment que je te faisais, de te comparer à ma soeur. C'est une fille très bien. » Mariée à une femme très bien, maman d'un garçon très gentil. Bridget avait réussi sa mignonne petite vie. « En revanche je crois que je viens de l'insulter. » Elle n'allait tout de même pas lui dire ce qu'elle pensait d'elle, elle ne ferait pas ce plaisir à une gamine qui l'avait traitée de monstre de foire, ce serait rentrer dans son jeu, c'était idiot. Elle n'avait rien à ajouter et comptait lui tourner le dos pour s'en aller quand la petite musique de Cupidon avait retentit à proximité des deux candidates. Moïra n'avait pas tout de suite compris qu'il lui fallait embrasser la brune. Puis elle avait levé les yeux au ciel. « Je ne compte pas t'embrasser. » Elle avait peur de se faire frapper, voyez-vous, vu l'état d'esprit dans lequel était la jeune femme. « Mais je t'autorise à le faire, du moment que tu ne me mords pas. » Et elle avait failli ajouter qu'elle ne devait pas trop mettre la langue non plus, mais il était déjà peu probable que l'autre se décide à l'embrasser selon elle. Après tout ce n'étaient jamais que mille euros de perdus, donc dix milles de retrouvés.

Elle me faisait doucement rire Moïra avec ses manières. On aurait dit un peu ma mère, à toujours vouloir avoir le dernier mot. Au-delà de ça, sa répartie était des plus déroutantes, mais il est vrai que tout bien réfléchit j'avais peut-être un peu dépassé les limites du raisonnable. Après, c'était ça de se laisser porter par ses émotions.
J'y suis peut-être allez un peu fort je suis désolé. Après comme le dit si bien le proverbe : "qui aime bien châtie bien".
Mon attaque avait été plus que gratuite puisqu'au fond, ne connaissant pas sa sœur, je ne pouvais en aucun cas savoir si ça comparaison était flatteuse ou non. J'allais malgré tout tenter de rajouter quelque chose quand une musique se faisait entendre. Cette musique pour l'avoir djà entendu aux côté de Lawrence le premier soir, je savais très bien ce qu'elle signifiait et cette fois-ci, cela ne m'enchantait pas du tout. La réaction de Moïra face à la nouvelle fut à la hauteur de mes espérances. Moi, par contre, je ne comptais pas perdre de l'argent si facilement.
1000 euros, c'est quand même une certaine somme.
Sans rien dire de plus, je venais poser mes lèvres sur celles de Moïra. Pas longtemps, juste assez pour que l'image soit bien enregistrée par la caméra qui semblait filmer la scène avec attention. Une fois le kiss terminé, souriant à la jeune femme je me permettais de rajouter :
On considère qu'avec ce bisou on enterre la hache de guerre ?
C'était de ma part, un petit pas que je faisais vers elle. J'avais commis des erreurs, en agissant avec elle comme une idiote et surtout en la jugeant surement trop vite. Maintenant, peut-être que pour elle tout ceci était trop précipité. Ce que je comprendrais parfaitement. Je tenais juste à faire un geste vers elle, c'est tout. Histoire de lui montrer que je n'étais pas aussi conne que je le laissais croire.

Moïra avait été un peu surprise du revirement de situation. Elle était d'accord avec la jeune femme, elle y était allée un peu fort, mais l'irlandaise ne s'attendait pas à ce que la brunette s'excuse. Elle continuait de grignoter sa friandise rose clair, dont elle détestait la couleur mais le goût n'était pas aussi affreux heureusement. « J'aime assez ce proverbe. » Elle en était un bon exemple, Owen et d'autres membres de son entourage pouvaient en attester. L'irlandaise aurait parié que la jeune femme aurait été trop fière pour l'embrasser à l'instant où la musique s'était faite entendre et elle aurait perdu. En effet, la demoiselle qui ne désirait pas perdre d'argent l'avait embrassée. Moïra avait déjà embrassé une femme par le passé mais cela n'en restait pas moins étrange, même si cela ne voulait rien dire et que ça n'avait pour intérêt que de divertir les téléspectateurs sans doute. Elle avait eu un mouvement de recul mais n'avait pas osé passé une main sur ses lèvres. La brunette proposait qu'elles fasse la paix par ce baiser. « Si tu veux. » Elle n'était pas contre l'idée mais elles ne risquaient pas non plus de devenir les meilleures amies du monde. Et puis tout bien réfléchi, avoir une ennemie, ou une fille qui la détestait ne déplaisait pas à Moïra, elle trouvait même cela plutôt intéressant. « Mais ne m'embrasse plus jamais, musique ou pas. » Tant pis, si elle perdait mille euros Moïra les lui rendrait de sa poche. « Et n'embrasse pas non plus Owen, tu seras gentille. » Elle n'était pas vraiment sérieuse, elle avait confiance en son homme, et Zélie leur avait dit ne pas être attirée par les garçons, mais on ne sait jamais. L'irlandaise avait incliné sa barbe à papa en direction de la candidate. « Tu en veux ? Ou tu redoutes de devenir aussi grosse que moi ? » Il valait mieux en rire qu'en pleurer, mais elle l'avait tout de même un peu mal pris. Ça lui resterait un moment en travers de la gorge avant qu'elle ne se décide à l'avaler ou à lui cracher à la figure, au choix, selon la façon dont peut évoluer leur relation.