- leandro et léo.

Léo a survécu au prime, et j'en suis plus que satisfait. Ça m'aurait sérieusement gonflé s'il était parti en plus de Ranja. Je me serais bien fait chier, vu qu'ils sont les deux candidats que j'investis le plus lorsque je trouve que le temps commence à devenir long. Enfin, que j'investissais, puisque Ranja a décidé de m'abandonner à mon triste sort. Mais je ne peux même pas lui en vouloir et ça m'emmerde encore plus. Je ne comprends que trop ses obligations et son besoin de l'extérieur, alors je me contente de conserver indifférence habituelle, qui me sied toujours à la perfection et dans laquelle je me complais très bien. Bref, on s'était dit qu'on allait faire un laser quest pour fêter l’événement, sauf qu'au lieu de ça, on se retrouve sur mon lit à faire un poker. À rien branler, en somme, parce qu'un poker à deux, on a connu plus marrant et plus exaltant. Et ça lui permet de me raconter les progrès fulgurants qu'il réalise avec Martin, qui s'éclate tranquillement à faire des sauts périlleux en plein vol, autour de nous. Il voue un amour incompréhensible à cet oiseau, allez savoir pourquoi. Déjà que les être humains me saoulent neuf fois sur dix, lui m'oblige carrément à être sympa avec un piaf. Je m'en préoccupe pas plus que ça, là, tout de suite, parce que je suis concentré sur la partie, comme toujours lorsque je joue. Ce n'est que lorsqu'un cri de piaf, suivi de l'habituel son de jet d'air se succèdent, faisant valser toutes les cartes au passage, qu'inévitablement, je suis dérange. « Putain Leandro » je grogne par habitude, parce que chaque fois que quelqu'un fait chier avec les grilles d'aération, j'accuse systématiquement Leandro. Oh j'ai rien contre lui, c'est simplement qu'il fait un coupable parfait, et j'en profite. Sauf que je lève la tête et que c'est vraiment lui. Enfin tant mieux, j'imagine. Le pauvre a l'air de s'être fait attaquer par Martin, qui est dans sa phase d'adolescent rebelle et qui n'obéit de toute évidence qu'à Léo. Je soupçonne le fait qu'ils soient de la même couleur d'y être pour quelque chose. « Bon, vu que t'as ruiné notre partie, tu participes à la suivante et c'est toi qui donnes » je soupire en récupérant les cartes éparpillées sur le matelas et par terre. Bien évidemment, il n'a guère le choix, puisque j'ai en ma compagnie le maître incontestable de Martin (Maha ça ne compte pas, c'est à peine si elle sait comment s'appelle son oiseau) et qu'il n'hésitera pas à s'en servir. « Poker. Avec mises. » j'indique avec un fin sourire moqueur, en lui tendant le paquet de cartes. Nouvelle règle qui entre en vigueur tout de suite. Mises de son choix, ça on s'en fout, tant que c'est intéressant.

J’suis emmerdé par mes affinités au sein du jeu. C’est plutôt con que les deux personnes avec qui je m’entends le mieux ne puissent pas se piffrer. Rien que le temps d’un laser quest ça pourrait devenir un gros bordel, non pas que ça m’gêne en temps normal mais quitte à éviter un combat entre Hugo et Maha autant le faire. Du coup j’ai laissé la brune pour le brun. Il est beau notre jeu, on était à la base censés courir et se tirer dessus, là c’est plutôt bluff farniente. J’éprouve aucun, on a signé pour ça et les gens allument leur télé pour regarder ça alors qu’est-ce qu’on s’en fou. Disons simplement qu’on fête mon retour comme deux mecs réfléchis. J’en oublie pas qu’Hugo a dû subir le départ de Ranja lors du prime. J’ai pas fait gaffe à c’qui pouvait se tramer entre eux, jouer les fouines c’est pas mon dada sur ce terrain là, mais j’en sais assez pour savoir qu’il l’aimait bien. Il a qu’à se rabattre sur Martin, c’est aussi une très bonne compagnie quand il veut. J’dis bien quand il veut car il a tendance à en faire qu’à sa tête. J’peux pas le blâmer pas puisque je l’encourage dans cette voie. Concentré sur le jeu en attendant le coup d’Hugo, je réagis à tout le raffut une fois les cartes envolées. Avec le jeu que j’avais j’étais persuadé de pouvoir lui foutre la branlée de sa vie… ce sera pour la prochaine. Mon regard pivote à l’entente d’un Martin agressif tentant des pics d’attaques vers lui. « Martin c’est pas une graine, reviens là. » La bonne tête ronde de Leandro l’a induit en erreur, ça arrive. En revenant vers moi je serais sûr qu’il arrête ses conneries. Hugo râle pour notre partie et ramasse ses cartes, moi je m’occupe de mon satané perroquet. Il faudrait que je lui apprenne comment m’aider au poker, ça pourrait être un bon atout puisqu’il pourrait se faufiler derrière mes concurrents sans trop de difficulté. Le ton est annoncé, ce sera un poker avec mises. « Je vous mise ma lessive. Autant vous dire que vous allez préférer perdre. » L’astuce, hein. Si j’gagne pas par la loyauté ce sera par la force. Mais bon j’suis à la ruine donc quitte à gagner autant en profiter pour récolter un peu de thune. « Plus 2000€. Me regardez pas comme ça c’est tout c’qui m’reste. » Sinon j’aurais mis plus, évidemment.